Femme Fatale (Brian De Palma - 2002)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Re: Femme Fatale

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ah mince. je croyais que le sujet du topic était Tropico :oops:
sac en toile de jute + rivière = ?
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Colqhoun
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Re: Femme Fatale

Message par Colqhoun »

Blue a écrit :boulgakov, aimes-tu aussi "Knock Off" de Tsui Hark ?
Je ne suis pas boulgakov mais je répond quand même: j'adore.
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Re: Femme Fatale

Message par Blue »

Colqhoun a écrit :
Blue a écrit :boulgakov, aimes-tu aussi "Knock Off" de Tsui Hark ?
Je ne suis pas boulgakov mais je répond quand même: j'adore.
Revu récemment, et en le prenant pour ce qu'il est, c'est-à-dire une contrefaçon made in china du blockbuster d'action yankee - ce qui rend cohérent la "mauvaise qualité" de l'interprétation et du script tout autant que moins et moins donne plus -, cela devient une grande farce jubilatoire digne d'un "Starship Troopers". D'autant plus que le découpage du film et son maniérisme à outrance en font un objet cinématographique de qualité et un p*tain d'actionner virtuose préfigurant le révolutionnaire "Time & Tide".
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Colqhoun
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Re: Femme Fatale

Message par Colqhoun »

Blue a écrit :Revu récemment, et en le prenant pour ce qu'il est, c'est-à-dire une contrefaçon made in china du blockbuster d'action yankee - ce qui rend cohérent la "mauvaise qualité" de l'interprétation et du script tout autant que moins et moins donne plus -, cela devient une grande farce jubilatoire digne d'un "Starship Troopers". D'autant plus que le découpage du film et son maniérisme à outrance en font un objet cinématographique de qualité et un p*tain d'actionner virtuose préfigurant le révolutionnaire "Time & Tide".
Tu viens de résumé ma pensée... surtout pour la 2ème partie de ton texte, parce que je n'irais peut-être pas jusqu'à dire que c'est aussi jubilatoire qu'un Starship Troopers (dont la jubilation provient autant de la forme que du fond et de leur incroyable synergie). Knock Off est jouissif, mais ce n'est pas un film qui me poursuit, contrairement à Starship vers lequel je reviens assez régulièrement.
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Boubakar
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma)

Message par Boubakar »

A y est, enfin découvert, et bon, si De Palma s'auto-cite quand même pas mal, on passe un bon moment, mais sans atteindre les sommets de L'impasse ou Carrie, entre autres, à l'exception de la superbe (et longue) intro avec les montée des marches, jusqu'à la scène aux toilettes, le tout accompagné d'une superbe musique.
Par contre, on dirait que les scènes de strip-tease de R. Romjin ont été doublées (la couleur de peau change légèrement, ainsi que la taille des cheveux), mais le casting français (avec Edouard Montoute :lol:) est aussi une sacrée curiosité, tout comme ce film. :)
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma)

Message par MJ »

Boubakar a écrit :A y est, enfin découvert, et bon, si De Palma s'auto-cite quand même pas mal, on passe un bon moment, mais sans atteindre les sommets de L'impasse ou Carrie, entre autres, à l'exception de la superbe (et longue) intro avec les montée des marches, jusqu'à la scène aux toilettes, le tout accompagné d'une superbe musique.
Grande introduction en effet. Et croiser Sandrine Bonnaire dans un film du barbu Safari ça a un petit côté surréaliste. :lol:

Ps: Rie Rasmussen qui passe de De Palma à Luc Besson... wôw, elle fait pas dans le bénévolat.
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Demi-Lune
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma, 2002)

Message par Demi-Lune »

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SPOILERS. A l'instar du Dahlia Noir, la révision de Femme Fatale fut pour moi presque synonyme de redécouverte. Il est vraiment singulier que la revoyure de certaines œuvres de De Palma, avec quelques années de recul, puissent tant modifier notre perception sur celles-ci. Femme Fatale, parenthèse parisienne décriée en forme de retour aux sources (le thriller à suspense), ne déroge pas à ce constat : ce que je tenais pour un bon film contenant des séquences marquantes, mais pas un grand De Palma, m'apparaît maintenant comme un opus excellent, dans lequel le cinéaste, tel au temps des outrances jubilatoires des 80's, prend un malin plaisir à revisiter les fondamentaux de son cinéma avec une grosse dose d'ironie et de virtuosité, et à les pousser sur des terrains relativement neufs. D'un point de vue technique, la mise en scène, bien que la photo soit un peu terne et pâlotte, se révèle une nouvelle fois extraordinaire, aussi bien dans les "temps forts" que constituent le premier quart d'heure, anthologique, la mort de la mystérieuse femme habillée en militaire, que, plus discrètement, au détour de scènes d'apparence plus modestes (plans séquences lors de l'interrogatoire de Bardo, ou encore lorsque Bardo monte chez lui pour y découvrir le mail posté depuis son PC, etc.). A ce titre, les fameux split-screens chers au réalisateur sont mémorables (ah, ce découpage sur le parvis de l'église avec ce travelling arrière qui nous montre, à l'identique, la même image !) et ne me semblent pas être purement gratuits, comme pouvaient l'être par exemple ceux de Pulsions : ce procédé me semble participer d'un point de vue visuel à l'entreprise de reconstruction/déconstruction opérée par De Palma.

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Reconstruction car après le ratage Mission to Mars, De Palma s'exile et cherche un second souffle (une seconde chance, comme le personnage principal féminin ?) en revenant à un genre maintes fois visité qu'il maîtrise parfaitement. Et déconstruction simultanée en pariant sur un postulat délicat : les 3/4 du film sont le rêve de Laure Ash. Pari scénaristique extrêmement casse-gueule car se prêtant facilement au flanc de la critique : facilité, perte d'inspiration, etc. Bien que le rêve ait été souvent utilisé dans ses histoires (Sisters, Carrie, Pulsions...), De Palma tente ici quelque chose de complètement inédit dans son cinéma : un film-rêve à la David Lynch épousant de complexes théories sur les vies parallèles, le déjà-vu. Déconstruction de son cinéma qui s'accompagne en outre d'une déconstruction du personnage mythique de la femme fatale : peut-on faire un film noir du point de vue de la femme fatale ? En relevant ce défi et en faisant de cette icône du cinéma des années 1940-1950 le personnage principal de son film, De Palma en casse l'imagerie fantasmée : bien que manipulatrice et sensuelle, la femme fatale de De Palma - campée par une Rebecca Romijn-Stamos affolante et fascinante - n'en reste pas moins quelqu'un de vulnérable, presque montrée comme une victime des hommes, ayant besoin de recourir à des coups tordus dans un seul instinct de survie et dans un espoir de libération : voir à ce titre la scène où Laure, en sauvant Lilly, espère elle-même une seconde vie. De Palma, ne revenant donc au film noir que pour mieux l'aborder sous un angle déconstructif, ira plus loin encore dans cette démarche démysthifiante et distancée avec son film suivant, Le Dahlia noir : Laure Ash, fantasme/stéréotype de femme fatale qui se fissure peu à peu, préfigure presque les glaciales réminiscences fantasmées d'Hollywoodland (c'est-à-dire plus largement du film noir), avec ses flics qui se révèlent atrophiés, ses femmes fatales qui se révèlent ridicules, ses starlettes qui se révèlent perverties. Et encore une fois, j'ai eu l'impression que De Palma, décidément hanté par Vertigo, en proposait une sorte de lecture inversée... mais là, c'est plus un étrange sentiment que je ne saurais expliquer (certains morceaux de Sakamoto ressemblent à du Herrmann). Peut-être parce que le film fonctionne sur le modèle de la répétition, à l'instar de Vertigo.

En définitive, c'est pour moi un film aussi jouissif à regarder (Femme Fatale s'apparente à un bon gros doigt d'honneur trash tendu par un De Palma plus cynique et survolté que jamais) qu'intéressant à décortiquer ; un film imparfait, excessif (le deus ex machina final! :o ), décrié mais génial, et surtout diablement envoûtant.
Dernière modification par Demi-Lune le 16 févr. 13, 20:46, modifié 4 fois.
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Phnom&Penh
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma, 2002)

Message par Phnom&Penh »

Demi-Lune a écrit :Et encore une fois, j'ai eu l'impression que De Palma, décidément hanté par Vertigo, en proposait une sorte de lecture inversée... mais là, c'est plus un étrange sentiment que je ne saurais expliquer (certains morceux de Sakamoto ressemblent à du Herrmann). Peut-être parce que le film fonctionne sur le modèle de la répétition, à l'instar de Vertigo.
Je trouve aussi qu'il y a quelque chose de ça, même si le film est bien sûr autre chose qu'un remake inversé.
En tout cas, il y a un hommage musical clair et définitif à Vertigo: au moment -clé du film, qui revient deux fois, lorsque Lily se réveille dans la baignoire et pour toute la durée de la scène, la première comme la seconde fois, la musique est une reprise mélodique du Tristan & Isolde de Wagner, qui inspire toute la bande-son de Vertigo faite par Hermann :wink:
C'est assez discret et on ne comprend pas le rapport immédiatement, mais effectivement ça laisse une trace dès le premier visionnage.
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Demi-Lune
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma, 2002)

Message par Demi-Lune »

Phnom&Penh a écrit :En tout cas, il y a un hommage musical clair et définitif à Vertigo: au moment -clé du film, qui revient deux fois, lorsque Lily se réveille dans la baignoire et pour toute la durée de la scène, la première comme la seconde fois, la musique est une reprise mélodique du Tristan & Isolde de Wagner, qui inspire toute la bande-son de Vertigo faite par Hermann :wink:
C'est assez discret et on ne comprend pas le rapport immédiatement, mais effectivement ça laisse une trace dès le premier visionnage.
Je n'avais pas fait attention à ce clin d'oeil musical. En tout cas, cela me conforte dans mon idée qu'il y a quelque chose à creuser du côté de la filiation avec Vertigo - à gratter serais-je tenté de dire, pour reprendre le questionnement d'Obsession sur les couches de peinture de Bernardo Daddi.
Je crois que Femme Fatale, oeuvre fascinante, n'a pas encore délivré tous ses secrets. :)
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Phnom&Penh
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma, 2002)

Message par Phnom&Penh »

Demi-Lune a écrit :Je n'avais pas fait attention à ce clin d'oeil musical.
C'est discret quoique fort puisque cela est répété deux fois, au sein d'une scène majeure du film. Je n'avais pas revu Vertigo depuis longtemps (et je n'avais jamais fait le rapport avec la musique de Wagner ou alors je ne m'en souvenais même plus). En revoyant Femme fatale, j'ai pensé très fortement à Vertigo, sans savoir vraiment pourquoi. Du coup, j'ai revu Vertigo et noté l'inspiration de la musique. Et c'est en revoyant à nouveau Femme fatale que j'ai réalisé que la musique de Vertigo était reprise durant cette scène.
C'est finalement un parfait exemple de la bonne influence d'un auteur sur un autre, bien loin des "copiages" dont on nous rabat les oreilles: l'histoire n'a pas grand chose à voir et les influences filmiques dans Femme fatale sont nombreuses. Mais là, de façon assez magique en utilisant l'atmosphère générale d'une scène, il parvient à faire penser fortement à un autre film sans que le moyen utilisé saute aux yeux.
Demi-Lune a écrit :Je crois que Femme Fatale, oeuvre fascinante, n'a pas encore délivré tous ses secrets.
J'ai du le revoir dix fois, c'est devenu mon de Palma préféré et je ne m'en lasse pas :)
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Demi-Lune
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma, 2002)

Message par Demi-Lune »

Phnom&Penh a écrit :
Demi-Lune a écrit :Je crois que Femme Fatale, oeuvre fascinante, n'a pas encore délivré tous ses secrets.
J'ai du le revoir dix fois, c'est devenu mon de Palma préféré et je ne m'en lasse pas :)
Il y a encore du chemin pour qu'il devienne mon De Palma favori, mais plus j'y pense, plus je l'adore. Je suis persuadé qu'il sera dans quelques années reconnu à sa juste valeur ! :wink:
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AtCloseRange
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma, 2002)

Message par AtCloseRange »

Phnom&Penh a écrit :
Demi-Lune a écrit :Je n'avais pas fait attention à ce clin d'oeil musical.
C'est discret quoique fort puisque cela est répété deux fois, au sein d'une scène majeure du film. Je n'avais pas revu Vertigo depuis longtemps (et je n'avais jamais fait le rapport avec la musique de Wagner ou alors je ne m'en souvenais même plus). En revoyant Femme fatale, j'ai pensé très fortement à Vertigo, sans savoir vraiment pourquoi. Du coup, j'ai revu Vertigo et noté l'inspiration de la musique. Et c'est en revoyant à nouveau Femme fatale que j'ai réalisé que la musique de Vertigo était reprise durant cette scène.
C'est finalement un parfait exemple de la bonne influence d'un auteur sur un autre, bien loin des "copiages" dont on nous rabat les oreilles: l'histoire n'a pas grand chose à voir et les influences filmiques dans Femme fatale sont nombreuses. Mais là, de façon assez magique en utilisant l'atmosphère générale d'une scène, il parvient à faire penser fortement à un autre film sans que le moyen utilisé saute aux yeux.
Demi-Lune a écrit :Je crois que Femme Fatale, oeuvre fascinante, n'a pas encore délivré tous ses secrets.
J'ai du le revoir dix fois, c'est devenu mon de Palma préféré et je ne m'en lasse pas :)
J'aime bien ce film mais quand même...
La musique pompière de Sakamoto, la photo plutôt laide, les acteurs à la ramasse (et je ne parle pas des acteurs français...).
Je sais bien que de Palma, c 'est d'une certaine façon, le mauvais goût et que ce film peut être le paroxysme de ce point de vue mais le fait de dire que tu le considères comme ton préféré revient pour moi à dire que tu ne le considères vraiment pas comme un grand metteur en scène, ni comme un auteur important.
Comme si l'autoparodie de lui-même serait ce qu'il a de meilleur à offrir, je ne peux vraiment pas te suivre là-dessus.
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Phnom&Penh
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma, 2002)

Message par Phnom&Penh »

AtCloseRange a écrit :La musique pompière de Sakamoto, la photo plutôt laide, les acteurs à la ramasse (et je ne parle pas des acteurs français...).
Je sais bien que de Palma, c 'est d'une certaine façon, le mauvais goût et que ce film peut être le paroxysme de ce point de vue mais le fait de dire que tu le considères comme ton préféré revient pour moi à dire que tu ne le considères vraiment pas comme un grand metteur en scène, ni comme un auteur important.
J'ai découvert de Palma assez tardivement, à l'époque de la sortie de L'Impasse, je crois, et j'ai vu ses films des années 90 avant de voir ceux de la première partie de sa carrière (exception faite pour Obsession, le seul que je connaissais déjà). Donc, non seulement je le considère comme un auteur important et l'un de mes réalisateurs favoris, mais je prends plus au sérieux sa seconde carrière que la première, qui me paraît très forte mais aussi un peu trop mauvais goût...un peu adolescent attardé pour tout dire, du moins pour certains films (Carrie, Body Double par exemple). Non pas que cela me gêne, mais je trouve que ces oeuvres sont un peu vieillies à cause de cela.

En ce qui concerne Femme fatale et puisque tu es un peu choqué que je le place si haut (cela dit, j'ai dit que c'était mon de Palma préféré, pas le sommet de son oeuvre), je te dirai pour équilibrer que:
- de Palma me paraît satisfait de ce film du moins dans ce qu'il en dit
- il a eu une totale liberté pour le réaliser et c'est un film très personnel
- de son propre aveu, c'était une des périodes les plus agréables de sa vie
AtCloseRange a écrit :Comme si l'autoparodie de lui-même serait ce qu'il a de meilleur à offrir, je ne peux vraiment pas te suivre là-dessus.
et que je pourrai alors te répondre que voir dans ce film une énième autoparodie de lui-même est peut-être un peu réducteur pour quelqu'un qui l'apprécie vraiment, comme s'il n'avait été capable que de cela à cette époque de sa vie :wink:

Si j'insiste sur le fait que j'ai découvert tardivement ses premiers films, c'est parce que je ne suis jamais rentré dans le schéma "artiste voyeur / sadique" que je ne nie pas mais qui ne m'intéresse pas. J'aime les films de cette période mais je n'ai pas envie de creuser.

Ce qui me passionne chez Brian de Palma, c'est sa vision du monde moderne et de la place de la femme dans ce monde moderne (à travers les médias). Après avoir, jeune, beaucoup joué de cela, je pense qu'il a opéré un tournant majeur avec Outrages en 1989. Je sais que ce film est considéré comme un machin à oublier dans le Lagier, mais pour moi, ce film est fondamental et central dans sa filmographie. Les premières minutes du film me semblent assez parlantes sur ce point: on ne rigole plus (absence de générique).

Femme fatale me semble être une seconde étape dans cette lignée, le film n'est pas une autoparodie, c'est une réflexion sur son cinéma et le fait que ce type de cinéma ne lui est plus possible dans le monde actuel. C'est au contraire totalement différent. Ce n'est pas le film qui est de mauvais goût, c'est le monde dans lequel ce film est tourné.

Si Femme fatale est mon préféré, je dirai qu'actuellement, Le dalhia noir est celui que je considère comme le plus abouti. de Palma rejoint Ellroy dans ses obsessions sur le thème de la femme sacrifiée dans un monde de plus en plus fantomatique et, si le film nécessite aussi d'être vu plusieurs fois pour être apprécié, je pense qu'il est majeur dans sa filmographie.

Redacted, dans un genre furieux qui rejoint Outrages, est un peu le pendant "réaliste" de Femme fatale / Dahlia noir, dans cette même veine.

Bon, je jette tout ça un peu en vrac, ça mériterait plus de réflexion, je reconnais que c'est une vision un peu iconoclaste du réalisateur, mais au moins seras-tu, je l'espère, persuadé du respect que j'ai pour son oeuvre :wink:
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma, 2002)

Message par boulgakov »

Phnom&Penh a écrit :
AtCloseRange a écrit :Comme si l'autoparodie de lui-même serait ce qu'il a de meilleur à offrir, je ne peux vraiment pas te suivre là-dessus.
et que je pourrai alors te répondre que voir dans ce film une énième autoparodie de lui-même est peut-être un peu réducteur pour quelqu'un qui l'apprécie vraiment, comme s'il n'avait été capable que de cela à cette époque de sa vie :wink:

Ce qui me passionne chez Brian de Palma, c'est sa vision du monde moderne et de la place de la femme dans ce monde moderne (à travers les médias). Après avoir, jeune, beaucoup joué de cela, je pense qu'il a opéré un tournant majeur avec Outrages en 1989. Je sais que ce film est considéré comme un machin à oublier dans le Lagier, mais pour moi, ce film est fondamental et central dans sa filmographie. Les premières minutes du film me semblent assez parlantes sur ce point: on ne rigole plus (absence de générique).

Femme fatale me semble être une seconde étape dans cette lignée, le film n'est pas une autoparodie, c'est une réflexion sur son cinéma et le fait que ce type de cinéma ne lui est plus possible dans le monde actuel. C'est au contraire totalement différent. Ce n'est pas le film qui est de mauvais goût, c'est le monde dans lequel ce film est tourné.
Très bien dit! C'est vrai que c'est dommage de ne voir dans ses derniers films qu'une forme d'auto-parodie. C'est aussi réducteur que les critiques condescendantes qu'il a essuyé dans sa première période sur le mode élève ingrat mais appliqué d'Hitchcock. Comme toi je préfère les films qui suivent Outrages. Par contre j'aime beaucoup Body Double parce que c'est le film qui prépare l'émancipation de la grammaire Hitchcockienne à venir, comme le démontre assez bien Lagier dans son bouquin (mais on sent quand même qu'à part Mission Impossible et l'Impasse, il regrette ce changement de cap).
Phnom&Penh a écrit : Si Femme fatale est mon préféré, je dirai qu'actuellement, Le dalhia noir est celui que je considère comme le plus abouti. de Palma rejoint Ellroy dans ses obsessions sur le thème de la femme sacrifiée dans un monde de plus en plus fantomatique et, si le film nécessite aussi d'être vu plusieurs fois pour être apprécié, je pense qu'il est majeur dans sa filmographie.
Tiens, j'ai lu dans une interview qu'Ellroy rejette le film aujourd'hui, qu'il ne l'avait défendu que pour le fric. Mais bon, il est tellement frappadingue qu'il changera probablement d'avis à la sortie de son prochain livre... ou peut-être même dans sa prochaine interview.
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Re: Femme Fatale (Brian De Palma, 2002)

Message par Phnom&Penh »

boulgakov a écrit : Par contre j'aime beaucoup Body Double parce que c'est le film qui prépare l'émancipation de la grammaire Hitchcockienne à venir, comme le démontre assez bien Lagier dans son bouquin (mais on sent quand même qu'à part Mission Impossible et l'Impasse, il regrette ce changement de cap).
Je trouve Body Double très agréable à regarder, très bien fait et très intelligent. Simplement, ce n'est pas cette veine là qui me touche le plus et je la trouve moins intemporelle, plus marquée dans son époque. Mais ce n'est pas un bien grand reproche et c'est un jugement personnel.
Faudra que je fasse un Top dans le topic idoine, ce sera plus parlant sur mes goûts :wink:
boulgakov a écrit : Tiens, j'ai lu dans une interview qu'Ellroy rejette le film aujourd'hui, qu'il ne l'avait défendu que pour le fric. Mais bon, il est tellement frappadingue qu'il changera probablement d'avis à la sortie de son prochain livre... ou peut-être même dans sa prochaine interview.
J'avoue que je ne prête pas trop attention aux propos d'Ellroy, quand il s'exprime en interview. Dans le DVD, il tient des propos cohérents et élogieux sur le film, ça me suffit. De toute façon, il dit lui-même qu'il ne va jamais au cinéma, si ça se trouve, il ne l'a même pas vu :mrgreen:
Plus sérieusement, il y a un lien très fort entre le travail d'Ellroy et cette partie de l'oeuvre de Brian de Palma, donc il était logique que le film soit important.
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