Assurance sur la Mort (Billy Wilder - 1944)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jipi
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Message par Jipi »

Basé sur la narration, le repentir et le flash back « Double idemnity » pierre angulaire du film noir décrypte un mécanisme de séduction menant vers le bas un amant complètement enlisé par sa passion.

Le piège prend l’image d’une bombe à retardement en jupons, bracelet à la cheville, presque dénudée dominant d’un regard pervers un mouton en puissance, un instrument qu’il suffit de formater pour le crime par son emprise et la force d’un parfum dont on ignore le nom.

L’exécution d’un meurtre se devine sur le visage d’une jolie blonde presque révulsée par la jouissance ressentie. Appât du gain et péché vénal se tisse sur un faciès portant des lunette noires afin de mieux dissimuler un regard fasciné par le mal.

Cette créature aussi belle que monstrueuse active un processus interne de manipulation par le désir intéressé itinéraire menant un esprit malade vers l’assouvissement de besoins intérieurs rendus encore plus pervers par les mécanismes de la jalousie.

Phyllis Dietrichson dans un état lucide et second en alternance vit un orgasme intérieur machiavélique et crapuleux déformant un visage happé par le plaisir éprouvé.

Walter Neff manipulé consentant exécute un schéma meurtrier sans illusion dans une inconscience admirant en miroir l’échéance d’une tragédie.

Barbra Stanwyck diaboliquement envoûtante impose sur le marché cinématographique le mythe de la garce par un coté féminin manipulateur, hyper dangereux, déterminé rendant complètement inoffensif un mécanisme de défense complètement grippé.
Chaque individu a le devoir de se réaliser par l'esprit dans le contexte historique de son époque.
joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Jipi a écrit :Basé sur la narration, le repentir et le flash back
:shock:

Si tu fais allusion au personnage de Neff, je ne suis pas du tout sûr qu'il y ait le moindre soupçon de repentir chez lui... Au contraire, comme tu le dis plus bas, il consent à être manipulé dans cette histoire.
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cinephage
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Message par cinephage »

joe-ernst a écrit :
Jipi a écrit :Basé sur la narration, le repentir et le flash back
:shock:

Si tu fais allusion au personnage de Neff, je ne suis pas du tout sûr qu'il y ait le moindre soupçon de repentir chez lui... Au contraire, comme tu le dis plus bas, il consent à être manipulé dans cette histoire.
En effet, plutôt que de repentir, je parlerais plutôt de transfert et d'emprise, deux notions très récurrentes chez Wilder, et déclinées dans la plupart de ses films...

Neff est totalement sous l'emprise du personnage de Barbara Stanwick, comme, ailleurs, Joe Gillis est sous l'emprise de Nora Desmond (Sunset Boulevard), ou, plus comiquement, Tow Ewell est sous celle de Marylin Monroe (7 ans de reflexion)... Mais, en poussant l'analogie un peu plus loin, c'est un lieu qui emporte Jack Lemmon sous son charme dans Avanti, et la bouteille qui règne en maitresse sur la vie de Ray Milland dans The lost week-end.
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Message par Jipi »

cinephage a écrit :
joe-ernst a écrit :
:shock:

Si tu fais allusion au personnage de Neff, je ne suis pas du tout sûr qu'il y ait le moindre soupçon de repentir chez lui... Au contraire, comme tu le dis plus bas, il consent à être manipulé dans cette histoire.
Repentir envers son copain et patron Edward G Robinson certainement
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Re: Assurance sur la mort (Billy Wilder, 1944)

Message par someone1600 »

Apres coup, c'est sur, quand il s'est finalement apercu qu'il a été manipulé et qu'elle n'avait que faire de lui.
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cinephage
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Re: Assurance sur la mort (Billy Wilder, 1944)

Message par cinephage »

someone1600 a écrit :Apres coup, c'est sur, quand il s'est finalement apercu qu'il a été manipulé et qu'elle n'avait que faire de lui.
Je ne crois pas, pour ma part... Il y a une forte dose de perdition, de course en avant, d'avancée à sa perte en toute lucidité. A un moment donné, mais très tôt lorsqu'il décide de céder à B.Stanwick (mais peut-être le sait-il dès le début : après tout, il énonce que ce type de gruge est impossible à réussir, que les criminels se font toujours pincer), il sait qu'il paiera un jour son choix, qu'il trompe ses anciennes valeur, trahit son ami et patron... Mais s'enferre dans l'erreur, par obsession pour B. Stanwick. A mon sens, ce n'est pas un gogo qui découvre à la fin qu'on l'a attrapé, qu'une femme s'est moquée de lui. Il a au contraire très tôt conscience d'être manipulé, et admire son savoir faire (she's good !). Très vite, il sait qu'il ne refusera pas les gestes inacceptables qu'elle lui demandera d'accomplir. Il poursuit au contraire son action, parce qu'il est totalement sous l'emprise de cette femme, emprise à laquelle il ne peut, ni ne veut, échapper. C'est justement ce qu'il y a de tragique dans le film, à mon sens.

Pour moi, il y a peut-être du regret sur la fin, que les choses doivent finir ainsi, mais aucun repentir chez ce personnage. Ce serait à refaire, il referait tout à l'identique (c'est ce qui se passe, quelque part, sous la forme de ce flash-back/compte-rendu). Il ne jure certainement pas qu'on ne l'y reprendra plus.
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Re: Assurance sur la mort (Billy Wilder, 1944)

Message par joe-ernst »

someone1600 a écrit :Apres coup, c'est sur, quand il s'est finalement apercu qu'il a été manipulé et qu'elle n'avait que faire de lui.
Non, ce n'est pas sûr. Je parlerais plutôt de dépit et de bravade...
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Re: Assurance sur la mort (Billy Wilder, 1944)

Message par someone1600 »

Ce que je veux dire c'est justement qu'il ne se repenti pas de ce qu'il a fait... seulement qu'il semble vouloir excuser son geste a son patron auquel il a certainement causé une vive déception.

Pour ce qui est du meurtre, je suis sur moi aussi qu'il aurait tres probablement refait la meme chose si la situation s'etait représenté.
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Cathy
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Re: Notez les films de mars 2008

Message par Cathy »

Double Indemnity (Assurance sur la mort) - 1944,Billy Wilder

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Un vendeur d'assurances Walter Neff (Fred MacMurray) s'éprend de la femme d'un de ses clients Phylllis Dietrichson (Barbara Stanwyck). Afin de toucher la prime d'assurance, elle entraîne son amant à tuer son mari. Celui-ci accepte, ils commettent alors le crime parfait !

Chef d'oeuvre absolu du film noir ! Que dire tout y est, l'inspecteur d'assurances séduisant Neff qui raconte, en voix of,f son histoire à un dictaphone, l'ambiance noire des années 40-50, la garce de service impeccablement jouée par une Barbara Stanwyck métamorphosée en blonde fatale telle qu'on les imagine. Sans doute aujourd'hui ce film pourrait paraître une caricature du film noir tant tous les "clichés" du style y sont. Il ne manque que le détective ou le policier, mais ce rôle est mené quelque part par la manière dont Neff raconte son histoire et aussi par les interventions d'Edward G. Robinson, en roublard assureur qui finit par comprendre toute la vérité. Une ambiance exceptionnelle, filmé de manière magistrale, quasiment toujours de nuit ou dans des endroits clos ! Il ne faut pas oublier les seconds rôles si importants dans l'intrigue que sont Lola (la fille du premier mariage de la victime) et son petit ami Zachetti.
Un chef d'oeuvre de plus signé Billy Wilder, un réalisateur que j'apprécie vraiment énormément !
Dernière modification par Cathy le 21 mars 08, 10:13, modifié 2 fois.
Nestor Almendros
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Re: Assurance sur la mort (Billy Wilder)

Message par Nestor Almendros »

Grand plaisir de revoir hier ce grand classique. Pourtant, j'ai été déçu de ne pas avoir été aussi transporté que je l'espérais. Car si le scénario est malin, l'atmosphère réussie, l'intrigue captivante (surtout dans sa deuxième moitié, passée la mise en place), j'ai souffert d'avoir vu, depuis, maints exemples de films noirs reprenant ces codes à l'identique. Il a beau être l'un des premiers du genre, la recette a été tellement reprise que je n'ai pas eu assez de surprises devant ce film. C'est très subjectif, j'espère un meilleur visionnage futur, mais l'impression est là. Par exemple, j'ai beaucoup pensé au FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS de Garnett, tourné 1 ou 2 ans après mais qui a beaucoup de points communs avec le Wilder. Ca brouille l'appréciation.

Heureusement que, passée l'intrigue, le reste procure également beaucoup de plaisir, et beaucoup de singularité. Comme les dialogues de Wilder, souvent bien vus (les répliques de Stanwyck quand McMurray la drague trop directement, par exemple), ou effectivement la relation entre McMurray et Robinson avec le jeu sur les allumettes. A propos de Robinson, je l'ai trouvé épatant ici. S'il y a vraiment eu une très bonne surprise pendant ce visionnage c'était pas mal grâce à lui. Je me souviens encore de cette tirade à son supérieur, ou plus globalement à sa présence. Si McMurray s'en sort avec les honneurs c'est Stanwyck qui m'a un peu déçu, je dois dire. Je ne l'ai pas trouvé aussi vampirisante que je l'aurais souhaité. Je connais mal cette actrice (j'attends un éventuel coffret métal pour Noel???) mais j'ai eu l'impression qu'elle était en dessous de ses possibilités. Impression subjective. Wilder a beau jouer avec son bracelet de cheville, etc., ce genre de personnage, là encore probablement brouillé par les innombrables reproductions futures, m'a laissé un peu sur ma faim.
Profondo Rosso (15 novembre 2007) a écrit :Assurance sur la Mort de Billy Wilder (1941)
Une des oeuvres fondatrices du film noir qui se revoit toujours avec autant de plaisir. Dès les premières secondes où tonne le score lourd et funèbre de Miklos Rosza, le héros chancelant passant péniblement aux aveux, le tout baignant dans la photo sombre de John F. seitz, on sent déjà peser le poids de la fatalité. Mille fois copié par la suite, (la structure en flashback, narration voix off désabusée et omnisciente...) le film conserve toute sa puissance grâce à la qualité de l'interprétation et à la mise en scène inspirée de Wilder. Fred McMurray est typique du héros de film noir (et évoque sur certains point le William Holden de Sunset Boulevard), arrogant et sûr de lui (sa seduction des plus offensive de Barbara Sanwick lors de la première rencontre) alors qu'il est déjà pris au piège. Barbara Stanwick est véritablement LA femme fatale. Sans être d'une beauté exeptionnelle, elle impose une présence et un sensualité de tout les instants, Wilder lui offrant une première apparition des plus affolantes uniquement vêtue d'une serviette de bain (il n'y a bien que lana Turner en mini short dans "le Facteur sonne toujours deux fois pour faire mieux). Wilder illustre parfaitement son côté manipulateur en la cadrant de façon bien particulière à chaque étape son plan diabolique : legere contre plongée elle assise lorsqu'elle regarde son mari signer la fatale assurance vie, gros plan sur son visage et son regard excité lors du meurtre hors chanmp du mari en voiture, et la caméra qui se rapproche de nouveau de son visage dans le magasin vers la fin lorsque Fred Mc murray se fait avoir en disant qu'il endossera le crime en cas de malheur. Très bon Edward G. Robinson également qui lachait pour un temps ses rôle de gangsters hargneux pour se mettre du bon côté de la loi. Et dire que ce n'est que le 3e film de Wilder ! 6/6
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Re: Assurance sur la mort (Billy Wilder)

Message par Griffin Mill »

Je me suis rendu compte récemment que "Assurance sur la Mort" et "La Grande combine" ont en fait la même thématique.
Dernière modification par Griffin Mill le 14 juil. 14, 11:18, modifié 1 fois.
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Brody
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Re: Assurance sur la mort (Billy Wilder, 1944)

Message par Brody »

Découvert hier soir ce grand classique du film noir, film fondateur du genre si j'en crois les commentaires ci-dessus. Merci pour eux d'ailleurs car ils m'éclairent sur certains choix (casting notamment) et me permettent de mieux apprécier l'excellent spectacle qui m'a été offert par le grand Monsieur Wilder (décidément l'un des réalisateurs que je préfère).
Assurance sur la mort, de la même façon qu'il a mis en place de nombreux codes du film noir (à la fois dans la construction, dans l'inéluctabilité du tragique, ou dans l'introduction de certains types de personnages : le type normal qui devient criminel, la femme fatale), devrait idéalement être le premier film du genre qu'il soit donné de découvrir par tout spectateur. En effet, il a influencé tant de films depuis que sa découverte tardive m'a donné l'impression d'assister à un précis du genre. Formidable quand j'y repense, lors de la vision du film le sentiment d'avoir vu et revu les personnages et situations a sans doute un peu émoussé le plaisir que j'ai pris sur le moment.
De la même façon, je trouve qu'il manque un peu de caractère vénéneux à Phyllis pour comprendre pleinement la rapidité avec laquelle elle envoûte sa proie, et n'ai donc pas pleinement adhéré aux premières scènes entre les deux amants criminels (le jeu de Fred Mc Murray m'ayant semblé un peu monolithique dans la première demi-heure : phrasé rapide et peu expressif, attitude désabusée un peu rigide).

Ces petites réserves sont vite balayées par la qualité du scénario, qui ne laisse pas respirer, même dans quelques interludes romantiques (la balade avec la belle-fille de Pyllis, qui commence comme un moment de repos puis s'avère être un ressort essentiel dans l'histoire avec la révélation de la vraie nature de l'amante (la mante). Et un gros coup de coeur pour les dialogues qui me sont apparus comme merveilleusement écrits, d'une puissance rare sans paraître artificels : immenses !
Je retiendrai enfin quelques plans/scènes mémorables, comme celui du couloir à la tension implacable (même si c'est la première fois que je vois une porte s'ouvrir vers l'extérieur...) ou encore la très belle scène de fin avec un Keyes (joli jeu de mot sur le nom de celui qui décode les clés des arnaques) magistralement interprété par E.G. Robinson.
Un bon gros 8/10 (et un candidat plus que sérieux pour le film du mois).

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Re: Assurance sur la mort (Billy Wilder - 1944)

Message par Federico »

Je n'avais encore jamais vu ce classique des classiques et j'en ressors avec un sentiment mitigé.
Je sais qu'il est considéré par la plupart des exégètes et amateurs comme l'un des top 10 du film noir, mais non, je ne peux pas les imiter.

Je passe sur l'intrigue qui (à mon avis) ne tient pas debout, parce qu'après tout, ce n'est pas toujours le plus important au cinéma.

La construction en flashes-back était alors très à la mode (Citizen Kane, La femme au portrait, Laura, Les tueurs...) et annonce bien sûr celle de Sunset Bvd. Je dois avouer que l'idée de la confession sur dictaphone est plaisante, bien qu'elle n'aurait jamais pu tenir sur un seul rouleau, (c'est que ça tournait vite ces engins-là !).

Fred MacMurray n'est pas le plus charismatique des acteurs mais il s'en sort plutôt honnêtement. Il n'est après tout qu'un simple courtier en assurances et on imagine mal Burt Lancaster dans le rôle. En plus, pour avoir un temps bossé dans ce type de boîte, il est plutôt dans le ton. Cet aspect assez commun de grand costaud sûr de lui mais pas très fin fera de lui un parfait boss de Lemmon dans La garçonnière (mon top wilderien perso).

Barbara Stanwyck fait partie de ses grandes actrices dont le talent va au-delà du simple look. Elle n'a pas besoin d'être belle pour être attirante et j'imagine que son bracelet de cheville a du pas mal faire fantasmer les spectateurs de l'époque. Son personnage est par essence ambigu mais la confrontation finale m'a laissé (sans jeu de mot) un goût d'inachevé. A moins que ce soit voulu et que ça me dépasse. Pour faire simple, je ne la trouve pas assez garce. Et le couple-meurtrier pas bien malin puisqu'ils passent leur temps à se retrouver, y compris dans des lieux publics alors qu'ils devraient jouer la discrétion totale. Leurs premiers dialogues sont assez chauds et culottés, même si ceux de Bogart-Bacall chez Hawks restent ma référence.

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Bon, maintenant, ce qui m'a vraiment plu... Un nom, un seul : Edward G. Robinson, extra en petit assureur-limier obsédé par son métier, qui se moque de son apparence, grande gueule mais brave type, mâchonnant un éternel cigare et s'accrochant aux indices comme un bull-terrier. Et qui n'a pas peur de dire ses quatre vérités à son supérieur hiérarchique (sa géniale envolée lyrique sur les statistiques d'accidents rares). A se demander si il n'aurait pas servi de modèle pour créer Columbo ?

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Comme plus tard dans Sunset Bvd, qui n'est pas non plus dans mon top du genre, je dois reconnaître que Wilder a su composer un superbe et inoubliable final où, une fois de plus, le petit Robinson est grand.

Très belle scène nocturne où MacMurray et la belle-fille de Stanwyck observent le Hollywood Ball du haut d'une colline de Los Angeles. D'ailleurs, la photo de John F. Seitz est remarquable du début à la fin.

Un détail tout bête mais que j'ai trouvé très original pour l'époque. Plutôt que de suggérer une scène de chambre en montrant MacMurray reboutonnant sa chemise tandis que Stanwyck s'allumerait une clope dans le lit, une autre ellipse (fallait pas plaisanter avec le code Hays) montre les amants décontractés sur un canapé mais il est clair qu'ils n'ont fait une partie de cartes. :wink:

Je me suis aussi dit que le très cinéphile Corneau avait repensé à la scène où MacMurray se retrouve malgré lui confronté au témoin du meurtre et tremble d'être reconnu pour la fameuse séquence identique avec Montand dans Police Python 357.
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Re: Assurance sur la mort (Billy Wilder, 1944)

Message par Federico »

Brody a écrit : Je retiendrai enfin quelques plans/scènes mémorables, comme celui du couloir à la tension implacable (même si c'est la première fois que je vois une porte s'ouvrir vers l'extérieur...)
Bien vu ! C'est plus courant dans les films japonais citadins modernes à cause de la surface réduite des appartements.
Ceci dit, j'ai vu récemment une scène-gag avec portes s'ouvrant vers le couloir dans Dr Jerry & Mr Love (bon, en même temps, il s'agit d'une salle de classe, pas d'un appart'). :wink:
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Demi-Lune
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Re: Assurance sur la mort (Billy Wilder - 1944)

Message par Demi-Lune »

Un authentique chef-d'œuvre pour ma part. Peut-être le meilleur film noir hollywoodien. (Pas le temps de développer plus)
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