It's a Free World... (Ken Loach, 2008)
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It's a Free World... (Ken Loach, 2008)
Eh bien alors, tout le monde se fout du dernier Ken Loach ?
On a beaucoup parlé l'an dernier de son précédent opus primé à Cannes, The Wind That Shakes the Barley, qui pourtant s'apparentait selon moi à une forte baisse de régime de la part du réalisateur anglais...tandis qu'ici, son dernier film est venu me rappeler pour quelles raisons j'aimais son cinéma : retour au cinéma social, plein de rage, de fureur et de justesse (3 éléments qui manquaient singulièrement à son précédent film...toujours selon moi, hein !), porté par des comédiens étonnants, avec en premier lieu Kierston Wareing qui ne manque pas d'énergie.
En plus de cela, Loach nous offre un très beau portrait de femme, tout en ambiguïté : d'habitude, chez Loach, les personnages principaux sont vus comme des victimes du système et de la lutte des classes...ici, on assiste en quelque sorte à une inversion de tout cela, et certains comportements de son "héroïne" sont loin d'être glorifiés . Vraiment marquant.
Bref ceux qui aiment Loach mais qui avait été quelque peu refroidi par sa Palme d'Or, devraient largement préférer ce It's a Free World....
On a beaucoup parlé l'an dernier de son précédent opus primé à Cannes, The Wind That Shakes the Barley, qui pourtant s'apparentait selon moi à une forte baisse de régime de la part du réalisateur anglais...tandis qu'ici, son dernier film est venu me rappeler pour quelles raisons j'aimais son cinéma : retour au cinéma social, plein de rage, de fureur et de justesse (3 éléments qui manquaient singulièrement à son précédent film...toujours selon moi, hein !), porté par des comédiens étonnants, avec en premier lieu Kierston Wareing qui ne manque pas d'énergie.
En plus de cela, Loach nous offre un très beau portrait de femme, tout en ambiguïté : d'habitude, chez Loach, les personnages principaux sont vus comme des victimes du système et de la lutte des classes...ici, on assiste en quelque sorte à une inversion de tout cela, et certains comportements de son "héroïne" sont loin d'être glorifiés . Vraiment marquant.
Bref ceux qui aiment Loach mais qui avait été quelque peu refroidi par sa Palme d'Or, devraient largement préférer ce It's a Free World....
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Re: It's a Free World... (Ken Loach)
Bon...ben je crois que j'ai ma réponse !Ratatouille a écrit :Eh bien alors, tout le monde se fout du dernier Ken Loach ?
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Non, non, non...je m'en fout pas. Pas eu le temps d'aller le voir encore, mais ça me tente bien.
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Moi je ne l'ai pas vu, et je suis d'accord, j'avais trouvé son précédent film bien décevant, content que ce film ne suive pas cette voie visiblement.
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« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
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Vu aujourd'hui, c'est un bon Ken Loach. Il n'y a peut être pas l'intensité émotionnelle d'un Ladybird mais la peinture sociale est juste et l'actrice principale fait une grosse performance. En fait on dirait presque une sorte de documentaire animalier, une "panthère" dans la jungle ultra-libérale prête à tout pour sa propre subsistance, qui évite notamment tout manichéisme. Un bon cru.
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Après avoir tant de fois adopté le point de vue des opprimés Ken Loach se place maintenant de celui des oppresseurs, sans manicheisme et avec la justesse qui lui est coutumière (après tout l'héroïne de "Ladybird était loin d'être irréprochable). Angie le personnage principal est ainsi tour à tour attachant par sa volonté, sa rage de réussir et ses bonnes intentions puis vraiment detestable lorsqu'elle cède au plus bas instinct libéraliste qu'elle dénonçait une fois installée. Kierston Wareing est une vraie révélation, très grande interprétation d'un personnage particulièrement ambigu. Un aperçu glaçant également de la situation des immigrés clandestins en Angleterre qui semble encore plus sinistre que celle pourtant pas bien réjouissante des même en France. Hormis un rebondissement thriller pas bien convaincant sur la fin encore un très grand Ken Loach. 5/6
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Mon premier Loach au ciné.
Très bon film et sans doute juste qui fait mal.
En fait je n'ai pas grand chose à dire tant la démonstration est claire que le système actuel est de plus en plus dur pour tout le monde et que le chacun pour soit risque de s'amplifier dans les années à venir.
Très belle performance de l'actrice principale.
Très bon film et sans doute juste qui fait mal.
En fait je n'ai pas grand chose à dire tant la démonstration est claire que le système actuel est de plus en plus dur pour tout le monde et que le chacun pour soit risque de s'amplifier dans les années à venir.
Très belle performance de l'actrice principale.
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Une oeuvre anti-didactique, subtile, compréhensive et sèche qui contraste agréablement avec l'académisme et la lourdeur de son précedent film porté par une superbe actrice principale, Kierston Wareing. Un Loach plus complexe que d'habitude, sans doute parce que le cinéaste a fait taire ici ses habitudes dénonciatrices. Très belle fin...
- Flol
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C'est clairement le plus beau film de Loach que j'ai vu depuis des lustres !
Une oeuvre subtile, sans concessions, sans fioritures, ni esprit de dénonciation primaire !
Ce remarquable film réussit en tous points à nous faire comprendre le propos du cinéaste, celui de l'inexorabilité d'un système tranchant amenant à l'immoralité pour s'en sortir !
Les comédiens sont formidables et on en ressort avec un désespérant enthousiasme, comme si les solutions vitales, dans le monde d'aujourd'hui, sont dénuées de normalité !
Un très grand film !
Une oeuvre subtile, sans concessions, sans fioritures, ni esprit de dénonciation primaire !
Ce remarquable film réussit en tous points à nous faire comprendre le propos du cinéaste, celui de l'inexorabilité d'un système tranchant amenant à l'immoralité pour s'en sortir !
Les comédiens sont formidables et on en ressort avec un désespérant enthousiasme, comme si les solutions vitales, dans le monde d'aujourd'hui, sont dénuées de normalité !
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Contrairement aux avis précedents, ce nouveau Loach m'a déçu. J'ai surtout été gêné par une mécanique dramatique inutilement alambiquée et tortueuse, à l'image d'un final bâclé et assez manipulateur.
Si le sujet est particulièrement intense, le personnage d'Angie manque sérieusement de nuances : à la fois manipulatrice, séductrice, arriviste, revancharde, dépassée par rapport à son enfant...c'est trop à la fois pour être crédible. Loach ne se repose que sur elle et cela finit par étouffer son propos. Les manifestations de sécheresse et d'agressivité sont intéressantes mais c'est au détriment de perspectives de réflexion. Il n'y a pas de recul face à la ténacité brutale d'Angie et trop de scènes privilégient la facilité à la finesse. Loach se débarasse beaucoup trop facilement de ces seconds rôles (notamment le Polonais amoureux d'Angie) et son film s'achève dans la confusion. S'il montre une situation dramatique et inextricable, son portrait est vite fragile et caricatural car il ne parvient pas à réunir les aspirations sociales d'Angie et ses difficultés familiales. Dans ses conditions, ses choix restent illisibles et le personnage reste distant et finalement peu convaincant.
Si le sujet est particulièrement intense, le personnage d'Angie manque sérieusement de nuances : à la fois manipulatrice, séductrice, arriviste, revancharde, dépassée par rapport à son enfant...c'est trop à la fois pour être crédible. Loach ne se repose que sur elle et cela finit par étouffer son propos. Les manifestations de sécheresse et d'agressivité sont intéressantes mais c'est au détriment de perspectives de réflexion. Il n'y a pas de recul face à la ténacité brutale d'Angie et trop de scènes privilégient la facilité à la finesse. Loach se débarasse beaucoup trop facilement de ces seconds rôles (notamment le Polonais amoureux d'Angie) et son film s'achève dans la confusion. S'il montre une situation dramatique et inextricable, son portrait est vite fragile et caricatural car il ne parvient pas à réunir les aspirations sociales d'Angie et ses difficultés familiales. Dans ses conditions, ses choix restent illisibles et le personnage reste distant et finalement peu convaincant.
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Joe Wilson a écrit :Contrairement aux avis précedents, ce nouveau Loach m'a déçu. J'ai surtout été gêné par une mécanique dramatique inutilement alambiquée et tortueuse, à l'image d'un final bâclé et assez manipulateur.
Euhhhh, je ne vois absolument pas ce que tu veux dire: manipulateur ?!
Et quant à l'aspect dramatique non-linéaire, j'aime assez: ça change de la saucisse en croùte qu'était le Vent se lève !
Joe Wilson a écrit : Si le sujet est particulièrement intense, le personnage d'Angie manque sérieusement de nuances : à la fois manipulatrice, séductrice, arriviste, revancharde, dépassée par rapport à son enfant...c'est trop à la fois pour être crédible.
Tu reproches au personnage de manquer de nuance et pourtant tu énonces un certains nombres d'attributs de sa personnalité qui permettent de dire le contraire. Elle n'est pas toujours très sympathique et recommandable, Loach est neutre; voilà ce qui choque. Tu aurais préféré que le film comme le personnage principal soit plus simple à appréhender et à réduire.
Nullement. Mais c'est un film assez terrible qui laisse assez peu de choix à l'individu. Loach priviliégie une réponse systémique. Là aussi c'est surprenant. Les lois du marché, la réalité du niveau de vie, sa vie affective, ses dettes, son licenciement, son âge, sont tels que, dans l'urgence, elle décide de se faire du pognon rapidement mais elle se laisse dépasser... jusqu'à imiter ces même lois discriminantes. C'est parfaitement compréhensible et humain.Joe Wilson a écrit : Loach ne se repose que sur elle et cela finit par étouffer son propos. Les manifestations de sécheresse et d'agressivité sont intéressantes mais c'est au détriment de perspectives de réflexion. Il n'y a pas de recul face à la ténacité brutale d'Angie et trop de scènes privilégient la facilité à la finesse. Loach se débarasse beaucoup trop facilement de ces seconds rôles (notamment le Polonais amoureux d'Angie) et son film s'achève dans la confusion. S'il montre une situation dramatique et inextricable, son portrait est vite illisible et caricatural car il ne parvient pas à réunir les aspirations sociales d'Angie et ses difficultés familiales. Dans ses conditions, ses choix restent illisibles et le personnage reste distant et finalement peu convaincant.
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Je sais que je vais pisser sur un violoniste, mais en quoi une saucisse en croûte a-t-elle a voir avec la dramaturgie ?G.T.O a écrit :Et quant à l'aspect dramatique non-linéaire, j'aime assez: ça change de la saucisse en croùte qu'était le Vent se lève !
Quitte à demander aux autres d'expliquer ce qu'ils veulent dire, autant utiliser soi-même des images parlantes...
Ou peut-être était-ce juste pour faire une formule, un bon mot ayant autant d'esprit qu'une - essayons - salade niçoise...
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- Entier manceau
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Je détaille donc sur le final :G.T.O a écrit :
Euhhhh, je ne vois absolument pas ce que tu veux dire: manipulateur ?!
Et quant à l'aspect dramatique non-linéaire, j'aime assez: ça change de la saucisse en croùte qu'était le Vent se lève !
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Tu me prêtes un avis que je n'ai absolument pas exprimé. Je ne suis vraiment pas du genre à privilégier ce qui est simple, lisible, facile à réduire, en tout cas ce n'est pas ma vision du cinéma...G.T.O a écrit : Tu reproches au personnage de manquer de nuance et pourtant tu énonces un certains nombres d'attributs de sa personnalité qui permettent de dire le contraire. Elle n'est pas toujours très sympathique et recommandable, Loach est neutre; voilà ce qui choque. Tu aurais préféré que le film comme le personnage principal soit plus simple à appréhender et à réduire.
Le personnage manque de nuances à mon goût car Loach lui prête des traits trop contradictoires à force d'être brutalement affirmés. Et je vais revenir à la césure que j'ai ressenti entre vie familiale et vie sociale. Son côté manipulatrice et séductrice est ambigu et vite mis à l'écart. Sa relation à ses parents est elle-aussi expédiée.
Et tu parles de neutralité, c'est là que le bas blesse...Loach s'abrite derrière Angie, expédie ces actes et cède plusieurs fois à la facilité.
Cela n'a rien à voir avec un caractère sympathique ou recommandable...je ne vais pas au cinéma contempler des bénis oui-oui (et cette césure positif/négatif me parait toujours caricaturale).
Ce Loach me parait justement assez faible car il laisse l'individu de côté, et reste dans une démonstration généralisante et fragile. Tous les facteurs que tu évoques, on les connaît...et Loach, à force de tout superposer tous les soucis, en fait trop et son film reste à mes yeux une note d'intention.G.T.O a écrit : Nullement. Mais c'est un film assez terrible qui laisse assez peu de choix à l'individu. Loach priviliégie une réponse systémique. Là aussi c'est surprenant. Les lois du marché, la réalité du niveau de vie, sa vie affective, ses dettes, son licenciement, son âge, sont tels que, dans l'urgence, elle décide de se faire du pognon rapidement mais elle se laisse dépasser... jusqu'à imiter ces même lois discriminantes. C'est parfaitement compréhensible et humain.
Mais tant mieux si tu as apprécié, les avis contradictoires sont toujours intéressants même si j'aime assez peu expliciter à tout prix. Et il n'y a certainement pas d'opinion toute faite.
En tout cas, sur la filmographie récente d'un Loach, It's a Free World... me parait assez loin de Sweet Sixteen ou à un degré moindre de Just a Kiss.
Dernière modification par cinephage le 9 mars 08, 18:51, modifié 1 fois.