Luchino Visconti (1906-1976)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Max Schreck a écrit :Ainsi les scènes qui nous montrent le penchant tragique d'Helmut Berger pour les petites filles, ou bien la loooongue partie de campagne au grotesque assumé des S.A. sont moins convaincantes. Le film n'est vraiment passionnant que lorsqu'il revient à cette vaste et terrifiante demeure familiale, véritable théâtre du drame.
La fête orgiaque des S.A. est en effet un peu longue, mais je ne pense pas que Visconti s'y perde : dans Ludwig, il y a le même type de séquence, qu'il semble apprécier. En tout cas c'est, je trouve, très parlant pour sa démonstration de la déliquessence d'un monde, d'une idéologie bâtarde (les S.A., extrêmistes mais pas assez nazis pour Hitler). Et ce qui est d'autant plus glaçant, c'est que ce passage, avec l'arrivée des S.S. et le massacre des Longs Couteaux, a été reconstitué sur les lieu même de ce sinistre évènement.
Pour ce qui est des scènes un peu à part d'Helmut Berger, si l'on peut mettre ça sur le compte de la fascination qu'il exerçait sur Visconti, je trouve qu'elles ont également un sens dans ce portrait d'une Allemagne jeune qui se fourvoie dans des dérives et plonge dans la décadence.
Max Shreck a écrit :Partition pas très marquante (ou mal utilisée) de Maurice Jarre qui donne un peu l'impression de refourguer son Lara's theme de Jivago.
Comme le dit Profiler juste avant moi, Jarre a été imposé par les dirigeants de Warner ; c'était son heure de gloire, Warner devait penser que ce serait un moyen d'attirer plus les foules, je sais pas. En tout cas, dès le générique de début, c'est catastrophique/cacophonique. Heureusement Visconti a pu laisser quelques morceaux classiques (comme celui que joue le jeune Gunther von Essenbeck, je ne sais plus ce que c'est), mais c'est dans l'ensemble plutôt quelconque ; je n'en ai d'ailleurs que peu de souvenirs, alors que d'habitude, dans un film de Visconti, la musique est un élément marquant.
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Tancrède
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Message par Tancrède »

-Kaonashi Yupa- a écrit : (les S.A., pas complètement nazis, mais pas vraiment neutres non plus).
:shock:

première nouvelle
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Tancrède a écrit :
-Kaonashi Yupa- a écrit : (les S.A., pas complètement nazis, mais pas vraiment neutres non plus).
:shock:

première nouvelle
Pas assez pour les S.S., c'était ce que je voulais dire.
Merci pour la remarque, j'édite.
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MJ
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Message par MJ »

Rocco et ses Frères de Luchino Visconti
Film noir néo-réaliste aux résonnances dostoïevskiennes (difficile de ne pas penser à l'Idiot), un film de transition pour Visconti, qui passe ici du naturalisme de ses premières oeuvres au faste baroque des suivantes. La fable biblique de Caïn et Abel y est revue sous un angle moderne: au bon et mauvais frère, au cadet porteur d'espoir, sont ici rajoutés Vincenzo l'échec bourgeois et -le pâle- Ciro représentant l'idéal marxiste.
Des longueurs et certaines interprétations outrée (la mamma plutôt cliché...), mais dans l'ensemble c'est très convaincant. Etonnant comme le film bascule de l'ambiance initiale à la déchéance finale, carrément éprouvant même.
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Message par Tancrède »

MJ a écrit :Rocco et ses Frères de Luchino Visconti
Film noir néo-réaliste aux résonnances dostoïevskiennes (difficile de ne pas penser à l'Idiot), un film de transition pour Visconti, qui passe ici du naturalisme de ses premières oeuvres au faste baroque des suivantes.
je parlerais plutot d'un retour à l'esthétique néroréaliste après les années 50 et les deux purs films de studio que sont Senso et Nuits blanches.
La fable biblique de Caïn et Abel y est revue sous un angle moderne: au bon et mauvais frère, au cadet porteur d'espoir, sont ici rajoutés Vincenzo l'échec bourgeois et -le pâle- Ciro représentant l'idéal marxiste.
en quoi Ciro incarne t-il un quelconque idéal ?
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MJ
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Message par MJ »

Tancrède a écrit :en quoi Ciro incarne t-il un quelconque idéal ?
Le dialogue qu'il a avec son petit frère à la fin du film sur le progrès, en fait quand même un parangon communiste.
Et il est assez vite représenté comme "l'honnête ouvrier" en opposition à Vincenzo et son ménage en désordre, Simone le voyou ou le quasi-angélisme de Rocco qui reçoit les coups sans jamais les renvoyer. C'est d'ailleurs lui en premier qui décide de jouer les délateurs.
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Message par Tancrède »

MJ a écrit : Et il est assez vite représenté comme "l'honnête ouvrier" en opposition à Vincenzo et son ménage en désordre, Simone le voyou ou le quasi-angélisme de Rocco qui reçoit les coups sans jamais les renvoyer. C'est d'ailleurs lui en premier qui décide de jouer les délateurs.
c'est vrai, mais je ne vois pas en quoi ça en fait un révolutionnaire, pour moi, c'est plutot l'incarnation de la résignation -ou de la raison c'est selon- face au monde nouveau.
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MJ
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Message par MJ »

Tancrède a écrit :c'est vrai, mais je ne vois pas en quoi ça en fait un révolutionnaire, pour moi, c'est plutot l'incarnation de la résignation -ou de la raison c'est selon- face au monde nouveau.
Non, il n'a rien du révolutionnaire, mais ça ne l'empêche pas, je crois, d'incarner cet idéal marxiste.
Et c'est là que le film me semble ambigu: il filme une crâde déchéance mais se conclut sur un protagoniste expliquant à son frère qu'un monde meilleur va naître par ce système, plein d'opportunités pour les travailleurs intègres, etc..
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Message par Anorya »

La terre tremble (Terra Trema - 1948)

Second film de Visconti aux allures quasi-documentaire qui oscille constamment entre documentaire et fiction. Filmé à Aci Trezzi en Sicile, dans le dialecte des villageois (le film sera doublé en Italie lors de sa ressortie en 1950, sans plus de succès que lors de sa sortie) et doté d'une histoire et de dialogues concertés avec les non-acteurs du lieu même (Visconti ne fait que reprendre les "malavoglia" d'un écrivain du XVIIIe), le film est passionnant quand d'un point de vue neutre on observe les scènes de pêches, des cadrages passionnants et léchés mais blesse un peu au niveau de la fiction : de fait si le commentaire voix-off donne parfois des informations bigrement intéressantes (le salage des anchois par exemple, les conditions de pêche), il devient rapidement lassant en appuyant volontairement l'aspect fataliste dont on se doute bien qu'il va arriver forcément à la fin (citez moi des films néo-réalistes italiens qui finissent très très bien :mrgreen: ), exemple : Après s'être révoltés avec Antonio, la caméra pivote lentement pour nous montrer alors le point de vue des exploitants et soudain là, la voix-off lâche : "Mais Lorenzo sait bien qui est le patron, ce n'est qu'une question de temps". :|

Au final je suis partagé, malgré que j'ai dû étudier ce film dans le cadre d'un petit dossier de cours j'ai quand même pris un certain plaisir à le visionner : cadrages formidables et assez beaux (cf ma signature qui est une de mes captures d'ecran), plans fixes englobant l'action avec mouvements de caméra sobres quand il le faut, peu de musique de fosse (sauf vers la fin quand ça devient dramatique, sinon ça reste diégetique et l'on a toujours quelqu'un qui chante ou joue de la flûte à l'écran, renforçant l'impression documentaire de la première partie) mais la seconde partie en fait trop dans le fatalisme et perd l'aspect documentaire tellement prenant du début. Dommage.

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Message par -Kaonashi- »

Le documentaire Visconti / The Life and Times of Count Luchino Visconti, produit par la BBC en 2002 et réalisé par un certain Adam Low (également aux commandes d'un Kurosawa en 2001, coprod. BBC & NHK), est disponible sur youtube en 12 parties. Il s'agirait plus de témoignages sur l'homme et sa vie que d'un documentaire centré sur sa carrière de cinéma. Je ne l'ai pas encore regardé, mais voici les liens :
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Re: Notez les films naphtalinés d'octobre 2008

Message par LéoL »

Mort à Venise de Luchino Visconti (1971)

Visconti dépeint toujours d’une manière remarquable la haute bourgeoisie, ses loisirs, ses coutumes, son quotidien en définitive, même si ce quotidien ne sert que de trame de fond au mal-être et au désespoir d’un chef d’orchestre malade, qui a perdu goût à la vie. C’est parfois trop contemplatif et l’on pourrait vite se lasser si Dirk Bogarde (que je n’avais jamais vu avant) n’était pas si bon dans son rôle. La dernière scène est vraiment de toute beauté et si son amour interdit ne m’avait guère convaincu, les derniers plans ne m’ont pas laissé indifférent.
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Re: Notez les films Naphtas- Janvier 2009

Message par Joe Wilson »

Les nuits blanches (Visconti)

De très belles choses, mais j'ai été un peu déçu car j'en attendais beaucoup. Le jeu de Maria Schell, notamment, m'a un peu fait sortir du film. Fébrile mais affecté, un peu surjoué, son personnage ne m'a pas touché, ce qui a empêché une adhésion forte à la dynamique du récit. Et certaines ruptures de ton, au niveau du quotidien de Marcello Mastroianni, m'ont semblé faibles, cassant un peu une unité.
Mais il y a aussi des éléments remarquables... évidemment le décor et la mise en scène, créant un climat onirique, fantasmé, solitaire. Les êtres contemplent le vertige de leur idéalisme et affrontent le doute, l'effondrement de leurs espérances. Certaines séquences trouvent un équilibre magistral (la première rencontre de Mario et Natalia), dans la continuité, et pourtant Visconti parvient à surprendre, à émerveiller. L'apparition de la neige, prélude au final, prend une dimension régénératrice particulièrement émouvante, justifie une euphorie à la fois bancale et miraculeuse.
Enfin, Jean Marais tient un rôle aussi sec qu'indispensable, sa présence suit les contours d'une ombre fantomatique...le passage où Natalia évoque le contexte de son amour naissant est superbe précisément grâce à son jeu sobre et rude.
Et suite à l'importance des enjeux de leur relation, j'ai du mal à être saisi par le vécu du couple Mario/Natalia. Marcello Mastroianni est très intense, mais son jeu, dans l'urgence, l'hésitation, me semble aussi un peu exagéré. Des passages sortent pourtant du lot, à l'image de la longue et fascinante scène de danse, mais je suis plus marqué par la force des contacts physiques que par les mots et les discours, Visconti perdant alors en suggestion, en évocation.
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Jack Carter
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Re: Luchino Visconti...

Message par Jack Carter »

je signale la sortie chez Actes Sud/Institut Lumiere de

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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Luchino Visconti (1906-1976)

Message par Profiler »

Trés beau livre à un prix inabordable....
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Manolito
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Re: Luchino Visconti (1906-1976)

Message par Manolito »

"L'étranger" ressort au cinéma le 11 novembre, notamment au Champo à Paris ! :D :D :D :D

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_g ... 27797.html
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