Ombres et Brouillard (Woody Allen - 1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Anorya
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Ombres et Brouillard (Woody Allen - 1991)

Message par Anorya »

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Et bien voilà, je me suis revu tranquillement ce petit Woody hier soir et voulait vous faire partager mon enchantement sans cesse renouvelé pour le cinéaste a grosses lunettes de New York. :)

La première fois que je l'avais vu, j'avais été surpris par le casting dantesque du film...
Spoiler (cliquez pour afficher)
* Woody Allen (Kleinman)

* Mia Farrow (Irmy)

* John Malkovitch (le clown)

* Madonna (Marie)

* Donald Pleasence (le docteur)

* Jodie Foster (prostituée)

* Kathy Bates (prostituée)

* John Cusack (Jack l'étudiant)

* Lily Tomlin (prostituée)
...Mais un revisionnage permet de s'apercevoir d'encore plus de choses dans le film notamment le casting où l'on trouve dans un très court second rôle, ce cher vieux William H. Macy (acteur que j'adore depuis Pleasantville où je l'avait découvert) entres autres.

Pour l'histoire, Woody s'inspire ingénieusement de Kafka (Kleinman son personnage est plongé dans une histoire des plus absurde. Personnage des plus légers et craintif, on ne le met au courant de rien, il est le grand laissé pour compte que son nom veut bien donner : le K comme Kafka bien sûr mais aussi la retranscription de son nom, Kleinman qui donne si je ne me trompe pas, quelque chose comme "homme propre", du moins lavé de tout soupsçons, qui n'a rien a se reprocher mais précisément, qui sera soupsçonné pendant tout le film.) mais aussi de Jack l'éventreur (d'ailleurs au passage le film m'a redonné une folle envie de me lire le comics d'Alan Moore :D ) en reprenant des situations (nuit, brouillard, rues désertiques ou trop étroites et plongées dans la pénombre), un assassin et des prostituées, élements lui permettant une fois de plus, judicieusement d'évoquer les rapports hommes-femmes, le désir et/ou l'amour à travers des dialogues une fois de plus ironiques et follements jouissifs.

Mais ce film, c'est aussi l'occasion de voir le travail formidable du regretté directeur de la photo Carlo Di Palma qui fait ressortir précisément (plastiquement je pourrais dire) le côté brumeux de ce film, sorte de songe étrange presque dérangeant, porté par de grands acteurs ainsi qu'un énième hommage de Allen a son maître Bergman, du moins je le pense, n'ayant pas vu le film (*) qui m'y fait penser, "la nuit des forains".

Et qui dit forains dit cirque et même si ce n'est pas là le sujet principal d'Allen, l'hommage pourtant rapide est sincère et bouleversant au possible. Kurt Weill en musique le plus souvent, Bertold Brecht pas loin, la condition du forain comme artiste et un nouveau clin d'oeil malicieux du New Yorkais sur le monde de la magie (après Alice et la rose pourpre du Caire) et cette phrase finale qui résume non seulement le film mais aussi notre condition humaine, qui dit que :

"Dans la vie, tout n'est qu'illusions mais elles nous sont souvent nécessaires pour vivre"

C'est simple, mais ce n'est que trop vrai et beau.
Grand film.






(*) J'ai un gros retard dans ma filmo Bergman que je rattrape a vitesse grand V en ce moment.
:wink:
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Nicolas Brulebois
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Re: Ombres et Brouillard (1992)

Message par Nicolas Brulebois »

Anorya a écrit : un revisionnage permet de s'apercevoir d'encore plus de choses dans le film
Et pour cause : il y a beaucoup de choses à réévaluer, dans ce qui avait été considéré à l’époque comme des « petits Woody Allen ».

(alors que, paradoxalement, j’aurais tendance à trouver les « triomphaux » Match Point ou Harry Dans Tous Ses Etats un poil surfaits…)
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Un excellent Woody Allen, encore une fois, l'un de ses films les plus référencés, entre pastiche et vraie trasncription de genres ou mouvements cinématographiques, qui est mené sur un rythe d'enfer !

A redécouvrir !
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

J'ai le souvenir d'un des Woody Allen les plus laborieux.
Jugement peut-être à réviser (mais pas sûr).
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Xavier
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Message par Xavier »

Idem, un des 2-3 Woody que j'aime le moins, mais vu une seule fois, à réessayer.
Jean Claude Dus
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Message par Jean Claude Dus »

Vu y'a longtemps, mais j'en garde un très bon souvenir.
J'avais aimé le côté brumeux du film.
Tu m'as donné envie de le revoir, tiens :D
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Eusebio Cafarelli
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Message par Eusebio Cafarelli »

Je l'ai vu début août et j'avais écrit ceci :
Hommage (?) aux films en N&B et en particulier à M le Maudit et d'autres de l'expressionnisme allemand (et peut-être à Freaks ?), qui tourne à la farce. Beau N&B mais un film ni dramatique ni drôle, plutôt vain et ennuyeux. J'y suis resté complètement étranger.
Kleinman signifie "petit homme". K comme référence à Kafka certes.
Je pense à Freaks à cause du cirque, et je crois que l'assassin est plutôt une référence à M le Maudit qu'à Jack L'Éventreur, même s'il est incontestable que l'ambiance du film (le brouillard en particulier) fait penser à des films américains comme Dr. Jekyll et Mr. Hyde.
Mais je n'ai pas changé d'avis sur le fond : hommage laborieux et, de mon point de vue, assez raté, à tous ces films en N&B (expressionisme allemand et autres), bref un mauvais Allen.
Anorya
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Message par Anorya »

Jean Claude Dus a écrit :Vu y'a longtemps, mais j'en garde un très bon souvenir.
J'avais aimé le côté brumeux du film.
Tu m'as donné envie de le revoir, tiens :D
ça fait plaisir à lire ça ! :D

Eusebio Cafarelli a écrit : Kleinman signifie "petit homme". K comme référence à Kafka certes.
Ok je ne le savais pas. Je devais néanmoins pas être trop loin... ;)

Et pour la référence a Kafka, je viens de repenser a un truc...La similitude entre la fiancée de Kafka et celle de Kleinman, pas au sens physique non mais plus dans la description des caractères des personnages. Je m'explique, bon ça fait une paye que je ne me suis pas relu un Kafka (même si j'adorais "la métamorphose" pendant un temps) mais je crois que la fiancée de Kleinman est telle que dans les écrits de Kafka ou ce qu'on savait de lui, une relation d'amour peu désirée. Je ne sais d'ailleurs plus si il a été (ou fut) marié de force.... :?

M'enfin c'est qu'un détail... :lol:

Nicolas Brulebois a écrit :Et pour cause : il y a beaucoup de choses à réévaluer, dans ce qui avait été considéré à l’époque comme des « petits Woody Allen ».

(alors que, paradoxalement, j’aurais tendance à trouver les « triomphaux » Match Point ou Harry Dans Tous Ses Etats un poil surfaits…)

En effet, en effet mais de là a les trouver surfaits, ça fait plus partie de notre subjectivité personnelle envers le film qu'autre chose.

Je sais que Match Point a bénéficié d'une certaine "campagne" justifiée en ce sens que pour moi ce film est véritablement un tournant chez Woody Allen. Beaucoup (et pas seulement sur ce forum mais aussi mes amis et des proches) ont fait remarquer que pour ce film, Woody semblait "ne plus jouer" et j'ai aussi ressenti celà : un film glacial et froid, qui laisse cette fois vraiment un malaise et cette fois, l'humour Allenien semble presque évacué au profit d'un pessimisme des plus noirs. Encore jamais auparavant chez Allen j'avais été pris aux tripes a ce point.

Harry surfait...Là aussi j'aurais tendance a nuancer le propos. Je me suis revu Harry lors d'une séance personnelle à mon université et on peut en dégager des choses intéressantes. Par exemple le fait qu'Allen commence par ce film a se mettre en retrait (il le sera certes largement plus avec Anything else ou Scoop) et, fait que j'ai beaucoup aimé, fasse parler les personnages du roman de l'écrivain joué par notre New-Yorkais pour mettre une nouvelle fois en scène ses passions et sujets préférés. Le tout donnant un certain décalage où l'auteur peut même parler avec ses personnages. Presque comme dans Match Point où Rhys Meyer parle avec Scarlett ou la vieille dame "dans le noir" (évitons de trop spoiler), sauf que là, il est vrai que ce ne sont pas des personnages de fiction mais des personnes vivantes disparues...Le fossé est largement plus vertigineux que pour Harry...

M'enfin ça c'est ma subjectivité à propos de mon Woody adoré hein... C'est mon point de vue qu'on peut facilement me reprocher ou contester... :D
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Eusebio Cafarelli a écrit :Je l'ai vu début août et j'avais écrit ceci :
Hommage (?) aux films en N&B et en particulier à M le Maudit et d'autres de l'expressionnisme allemand (et peut-être à Freaks ?), qui tourne à la farce. Beau N&B mais un film ni dramatique ni drôle, plutôt vain et ennuyeux. J'y suis resté complètement étranger.
Kleinman signifie "petit homme". K comme référence à Kafka certes.
Je pense à Freaks à cause du cirque, et je crois que l'assassin est plutôt une référence à M le Maudit qu'à Jack L'Éventreur, même s'il est incontestable que l'ambiance du film (le brouillard en particulier) fait penser à des films américains comme Dr. Jekyll et Mr. Hyde.
Mais je n'ai pas changé d'avis sur le fond : hommage laborieux et, de mon point de vue, assez raté, à tous ces films en N&B (expressionisme allemand et autres), bref un mauvais Allen.
Le film est nourri de références mais ce n'est pas l'hommage qui offre les qualités du film mais bien le regard qu'a Woody Allen sur une certaine histoire du cinéma. Chez le cinéaste, la vie va aussi vite que ses films, que tout un pan du septième art ! Il ne faut pas en perdre une miette !
Bref, ce n'est pas un des sommets alleniens, mais de la à dire qu'il est mauvais, il n'y a qu'un pas, qu'il me semble impossible à franchir !
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Eusebio Cafarelli
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Message par Eusebio Cafarelli »

Watkinssien a écrit :Le film est nourri de références mais ce n'est pas l'hommage qui offre les qualités du film mais bien le regard qu'a Woody Allen sur une certaine histoire du cinéma. Chez le cinéaste, la vie va aussi vite que ses films, que tout un pan du septième art ! Il ne faut pas en perdre une miette !
Bref, ce n'est pas un des sommets alleniens, mais de la à dire qu'il est mauvais, il n'y a qu'un pas, qu'il me semble impossible à franchir !
Pourtant je le franchis (mais c'est un avis personnel, bien sûr). Ne le franchirait-on pas si le film n'était pas signé Allen ?
Je n'ai pas vu "le regard... sur une certaine histoire du cinéma", sauf à travers des références dont l'accumulation ne me semble pas faire un film.
Sur la fin, le miroir, on pourra parler de poésie, j'y suis resté totalement étranger. Je ne vois pas (ou n'ai pas compris) où il voulait en venir.
Je découvrai le film, j'aime en général les films d'Allen, mais je me suis profondément ennuyé. Même son numéro habituel du personnage anxieux et comique, bavard, un peu lâche et perdu, ne m'a pas semblé fonctionner. Je ne sais pas comment l'écrire, mais il manque peut-être l'angoisse de l'époque de ses références.
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Message par rosebud »

Il reste pour moi un des trés bons Allen pour son atmosphère et l'utilisation du noir et blanc.Vu il y a bien longtemps mais le souvenir est toujours aussi vivace.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Eusebio Cafarelli a écrit :
Watkinssien a écrit :Le film est nourri de références mais ce n'est pas l'hommage qui offre les qualités du film mais bien le regard qu'a Woody Allen sur une certaine histoire du cinéma. Chez le cinéaste, la vie va aussi vite que ses films, que tout un pan du septième art ! Il ne faut pas en perdre une miette !
Bref, ce n'est pas un des sommets alleniens, mais de la à dire qu'il est mauvais, il n'y a qu'un pas, qu'il me semble impossible à franchir !
Pourtant je le franchis (mais c'est un avis personnel, bien sûr). Ne le franchirait-on pas si le film n'était pas signé Allen ?
Je n'ai pas vu "le regard... sur une certaine histoire du cinéma", sauf à travers des références dont l'accumulation ne me semble pas faire un film.
Je ne veux pas paraître rabat-joie, mais j'en ai un peu marre de cette fausse excuse de "et si c'était pas signé par untel".

Mais je vais répondre quand même, si le film était fait par un autre (moins talentueux donc), je pense que j'aurais apprécié l'exercice de style.
Mais le fait est que cette remarque n'est pas un argument puisque la présence de Woody Allen, autant devant que derrière la caméra, est bien là, jusque dans les pastiches cinéphiliques dont ce n'est pas la première utilisation (cf Broadway Danny Rose ou La Rose Pourpre du Caire) !Ce film est significatif de Woody Allen dans le bon sens du terme.

Pour en revenir avec le fait qu'un cinéaste comme Woody Allen peut faire des mauvais films, dans le vrai sens du terme, est tout à fait possible (même si je n'en vois aucun dans sa filmographie) mais cet Ombres et brouillard, s'il n'est pas une oeuvre majeure, me semble loin du mauvais film.

Et en plus , on peut remarquer une différence entre mauvais film et mauvais Woody Allen ! :wink: (Mais là, c'est l'inconditionnel qui parle !)
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Message par AtCloseRange »

Watkinssien a écrit :Woody Allen peut faire des mauvais films, dans le vrai sens du terme, est tout à fait possible (même si je n'en vois aucun dans sa filmographie)
Si ça n'est pas une balle dans son propre pied...
Faut arrêter un peu avec les filmographies immaculées.
Ce que tu décris n'existe pas surtout quand on a une filmo aussi pléthorique que celle de Woody.
Allen a fait des mauvais films, Huston aussi, Lumet, etc...
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Xavier
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Message par Xavier »

Il y en a de moins bons que d'autres, mais franchement, des mauvais films... dis-moi lesquels alors.
Tancrède
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Message par Tancrède »

Xavier a écrit :Il y en a de moins bons que d'autres, mais franchement, des mauvais films... dis-moi lesquels alors.
Accords et désaccords
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