Et bien voilà, je me suis revu tranquillement ce petit Woody hier soir et voulait vous faire partager mon enchantement sans cesse renouvelé pour le cinéaste a grosses lunettes de New York.
La première fois que je l'avais vu, j'avais été surpris par le casting dantesque du film...
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Pour l'histoire, Woody s'inspire ingénieusement de Kafka (Kleinman son personnage est plongé dans une histoire des plus absurde. Personnage des plus légers et craintif, on ne le met au courant de rien, il est le grand laissé pour compte que son nom veut bien donner : le K comme Kafka bien sûr mais aussi la retranscription de son nom, Kleinman qui donne si je ne me trompe pas, quelque chose comme "homme propre", du moins lavé de tout soupsçons, qui n'a rien a se reprocher mais précisément, qui sera soupsçonné pendant tout le film.) mais aussi de Jack l'éventreur (d'ailleurs au passage le film m'a redonné une folle envie de me lire le comics d'Alan Moore ) en reprenant des situations (nuit, brouillard, rues désertiques ou trop étroites et plongées dans la pénombre), un assassin et des prostituées, élements lui permettant une fois de plus, judicieusement d'évoquer les rapports hommes-femmes, le désir et/ou l'amour à travers des dialogues une fois de plus ironiques et follements jouissifs.
Mais ce film, c'est aussi l'occasion de voir le travail formidable du regretté directeur de la photo Carlo Di Palma qui fait ressortir précisément (plastiquement je pourrais dire) le côté brumeux de ce film, sorte de songe étrange presque dérangeant, porté par de grands acteurs ainsi qu'un énième hommage de Allen a son maître Bergman, du moins je le pense, n'ayant pas vu le film (*) qui m'y fait penser, "la nuit des forains".
Et qui dit forains dit cirque et même si ce n'est pas là le sujet principal d'Allen, l'hommage pourtant rapide est sincère et bouleversant au possible. Kurt Weill en musique le plus souvent, Bertold Brecht pas loin, la condition du forain comme artiste et un nouveau clin d'oeil malicieux du New Yorkais sur le monde de la magie (après Alice et la rose pourpre du Caire) et cette phrase finale qui résume non seulement le film mais aussi notre condition humaine, qui dit que :
"Dans la vie, tout n'est qu'illusions mais elles nous sont souvent nécessaires pour vivre"
C'est simple, mais ce n'est que trop vrai et beau.
Grand film.
(*) J'ai un gros retard dans ma filmo Bergman que je rattrape a vitesse grand V en ce moment.