ennio
morricone
Ennio Morricone est né à Rome le 10 novembre 1928. Il étudie la trompette à partir de l'âge de dix ans à l'Académie Santa Cecilia de Rome et devient l’élève d'un compositeur de référence dans la musique italienne, Goffredo Petrassi (1904-2003). Reconnu pour son talent, Ennio décroche tous les premiers prix de composition, d’orchestration et de direction d’orchestre. Un an plus tard, il compose les musiques d'un théâtre musical. Il réalise des arrangements avec des compositeurs vers le milieu des années 50. En 1958, Morricone est engagé comme assistant musical à la télévision italienne (RAI) mais quitte le job dès le premier jour. Il a écrit le « Concerto per orchestra » qui est joué en 1960 par la Fenice Opera School de Venise, puis travaille pour la maison de disques RCA, parfois sous les pseudonymes de Leo Nichols ou Dan Savio. Il est trompettiste dans les boîtes de nuit, et démarre officiellement sa carrière de compositeur de musiques de films en 1961 avec Il Federale de Luciano Salce, même s'il a déjà participé (sans être crédité) à la musique de Morte di un amico (1959, de Franco Rossi). Il continue de jouer de la trompette dans un groupe expérimental d'improvisation, "Nuova Consonanza", qu'il rejoint en 1965 alors qu'il a déjà composé plusieurs musiques de films, dont celle de Prima della revoluzione (1964) de Bernardo Bertolucci, et surtout Pour une poignée de Dollars en 1964, sous le pseudonyme de Don Savio (une grande partie de l'équipe du film est créditée sous des pseudonymes pour américaniser). Le film, réalisé par son ami Sergio Leone, alias Bob Robertson, est considéré comme l'initiateur du "western-spaghetti". C'est un énorme succès. Alors inconnus, Sergio Leone, Ennio Morricone et Clint Eastwood obtiennent aussitôt une renommée internationale. Morricone signera les bandes originales de tous les autres films de Leone : Et pour quelques dollars de plus (1965), Le Bon, la brute et le truand (1966), Il était une fois dans l'Ouest (1968), Il était une fois la Révolution (1971) et Il était une fois l’Amérique (1984) qui est considéré par beaucoup comme sa meilleure composition. Composée avant le tournage des films, la musique a une place essentielle dans les intrigues (l'harmonica d'Il était une fois dans l'Ouest, la boîte à musique dans Et pour quelques dollars de plus...). Morricone compose également les BO de Mon nom est personne (1973) et Un génie, deux associés, une cloche (1975), tous deux produits par Leone.
- "La Trilogie des Dollars"
Pour une poignée de Dollars (1964)
Curro Savoy est un musicien espagnol connu à ses débuts sous le pseudonyme de Kurt Savoy. C'est lui le fameux siffleur qu'on entendra beaucoup dans les compositions à venir de Morricone et dans celle-ci. Le film contient également tous les éléments que réutilisera le compositeur dans les autres westerns de Leone: la guitare électrique, la trompette ou les chants qui sont pour l'époque très audacieux dans le western. La musique fait partie intégrante du film, elle magnifie tout l'ensemble, admirable de bout en bout, à la fois touchante et inquiétante.- Spoiler (cliquez pour afficher)
Et pour quelques dollars de plus (1965)
Morricone abandonne son pseudonyme de Don Savio et réalise un autre chef-d'œuvre de musique de film, incluant les chants étranges, des sons de cloches ou un fouet qui claque, et le siffleur qui accompagne l'arrivée du désormais célèbre "homme sans nom". C'est une partition inimitable savamment utilisée, où explose son goût très prononcé pour l’expérimentation mélangé à un classicisme pur.- Spoiler (cliquez pour afficher)
Le Bon, la brute et le truand (1966)
Monument musical grandiose et score charnière dans l'histoire de la musique de film, servi par une instrumentation toujours aussi inventive, la musique démarre d'entrée de jeu par son célèbre cri du coyote repris par le siffleur dans le générique. C'est l'aboutissement d'un style à part entière et d'une forme cinématographique propre à Leone. Chef-d’œuvre indiscutable, Le Bon, la brute et le truand est tout simplement un des sommets de sa carrière, un disque où tous les thèmes sont beaux à pleurer. En 2001, une nouvelle version italienne du disque est parue. Absolument complet, c'est un disque indispensable dans lequel on retrouve toutes les musiques utilisées dans le film, avec la version longue (7’14) de "Il Triello (The Trio)"...- Spoiler (cliquez pour afficher)
Après le succès de Pour une poignée de Dollars, Ennio Morricone est très sollicité par les réalisateurs et signe les musiques à un rythme impressionnant. Il commence à composer pour des films d’horreur avec Gli amanti d’oltretomba (1965) de Mario Caiano avec Barbara Steele, et il rencontre Franco Zeffirelli en 1966 sur son documentaire Per Firenze. La même année, Morricone débute sa collaboration avec un autre grand cinéaste italien, le provocateur Pier Paolo Pasolini sur le film Des oiseaux petits et grands, et continue d’écrire régulièrement de la musique pour le réalisateur Luciano Salce avec lequel il entretient une collaboration régulière et productive. Il compose en 1966 la musique de Navajo Joe de Sergio Corbucci avec Burt Reynolds (une partition que Quentin Tarantino réutilisera bien plus tard dans la bande-son de Kill Bill Volume 2). Morricone poursuit dans des domaines de plus en plus divers, touchant à tous les genres. Extrêmement productif, il va faire une rencontre importante avec Henri Verneuil quand ce dernier fait appel à lui pour La bataille de San Sebastian en 1968. Les deux hommes travailleront ensemble pour encore cinq films: Le clan des Siciliens (1969), Le casse (1971), Le serpent (1973), Peur sur la ville (1975) et I comme Icare (1979).
- Morricone et Verneuil
Le Clan des Siciliens (1969)
On retrouve les instruments qu’utilise Morricone dans les westerns, tels qu’un orchestre à cordes, des guitares, une batterie, une guimbarde qui brise les silences ou la mélodie du thème principal (sifflée par un homme), etc. La musique garde un ton dramatique et rythmé avec de temps en temps un côté plus sombre, et parfois des petites touches de légèreté avec sa guitare très "années 60". Je trouve cette BO particulièrement réussie. C'est peut-être ma préférée du compositeur dans la série des polars français. Quant au succès du film, il doit beaucoup à Morricone.- Spoiler (cliquez pour afficher)
I... Comme Icare (1979)
Pour cette musique, Morricone a reçu un César en 1980. Le thème principal qui inclue violons, hautbois, percussions ou orgue, reste très étonnant dans ce thriller. Cela dit ce n'est pas mon préféré. Il y a des morceaux que je trouve vraiment brillants, comme l'étrange "City at Night" et son début calme au piano et dont l'air est repris dans "Night Thoughts", ou "Desperate Search", un peu funky et bizarre, qui montre que Morricone a toujours envie d'expérimenter.- Spoiler (cliquez pour afficher)
Peur sur la ville (1975)
Le compositeur offre ici une musique à la fois sombre et envoûtante, sans doute un des scores hypnotisant des plus noirs qu'on ait entendu dans le paysage cinématographique français. Morricone débute avec des percussions rappelant un battement de cœur, puis fait intervenir un harmonica. L'ambiance est glaciale, jusqu'aux cordes stridentes et les fausses notes des cuivres, créant une ambiance étrange... L'album témoigne du don certain de Morricone à savoir musiquer un genre quel qui soit. Il arrive à faire exprimer la peur, la solitude, la crainte par sa musique.- Spoiler (cliquez pour afficher)
Le casse (1975)
Il y a principalement deux thèmes importants, le reste du score sont des variations de ces mêmes titres (chantés en italien par Astrud Gilberto et en français par Mireille Matthieu) à quelques exceptions près : le thème du générique et le thème d'amour. Le premier est efficace, il répète indéfiniment les mêmes notes en variant les instruments et en montant crescendo du plus grave au plus aigu. Le deuxième est une très belle ballade sereine et simple. Je ne crois pas l'avoir entendu dans une des nombreuses compilations du compositeur. C'est étonnant.- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Morricone et Leone : "Il était une fois..."
Il était une fois dans l'Ouest (1968)
Morricone s'autorise quelques expériences sérielles dans la lignée des musiciens contemporains de son époque, et dépasse ici le simple cadre du western pour offrir une partition absolument forte au niveau émotionnelle, portée par une sensibilité exacerbée. La musique devient un personnage à part entière dans le film auquel elle apporte une dimension humaine étonnante. Ce disque imaginatif regorge aussi de moments d'une très grande noirceur. Le fameux motif de trois notes que joue le personnage de Charles Bronson à l'harmonica est une sorte de signature musicale du protagoniste, une mélodie sur la vengeance. Ce motif abouti sur l'épique et tragique "L'Uomo Dell'Armonica", un thème magnifique où la traditionnelle guitare électrique chère au compositeur est encore une fois incluse dans la formation instrumentale. Un disque incontournable du compositeur...- Spoiler (cliquez pour afficher)
Il était une fois en Amérique (1984)
Chef-d’œuvre au lyrisme poignant, la partition d’Il était une fois en Amérique est considérée comme un très grand classique de l’histoire de la musique de film. Le compositeur parvient encore à traduire le sentiment de nostalgie très présent dans l’œuvre de Leone et créer une musique vibrante et touchante. Entre des thèmes confiés à des cordes et un piano dont la sonorité évoque les vieux saloons du Far West, une utilisation tout à fait inattendue de la flûte de pan de George Zamfir, et des mélodies mélancoliques comme le thème "Friends" (que Morricone décline tout au long du film), il se dégage du disque un véritable pouvoir émotionnel, un envoûtement suscité par les cordes, comme le "Deborah’s theme", l’un des plus beaux titres où émane un sentiment de nostalgie poignante.
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- Morricone chez Argento
L’oiseau au plumage de cristal (1970)
Dans la partition italienne, une fois encore Ennio Morricone frappe fort. Il nous prouve qu’il sait comment traduire les plus fortes émotions en musique avec une profondeur musicale toujours aussi viscérale et poignante. Débutant par un thème principal qui ne laissera aucun auditeur indifférent, "Piume di cristallo" (une sorte de berceuse chantée doucement par une voix féminine presque rassurante), l'album avance progressivement vers un son plus confus, avec l'introduction d'instruments ou de sons insolites au sein de la formation orchestrale (voix humaines étranges, hurlements, corne de brume, cliquetis... des effets que Morricone affectionne). La voix féminine change de registre, devenant angoissée, en transe ou simulant une agonie quasi-orgasmique dans "L'uccello dalle Piume di Cristallo" (track 8).- Spoiler (cliquez pour afficher)
Le syndrome de Stendhal (1996)
Morricone articule sa partition qui mêle sonorités cauchemardesques et voix entêtantes, autour d’un thème principal répété pendant les 7 premières minutes de film. Morricone représente parfaitement à travers cette musique hypnotique toute la fascination morbide et malsaine d’Anna, le personnage du film interprété par Asia Argento. Quand même incroyable de se dire qu'il fait chanter "La, la, la, la" à la soliste Alexys Schwartz (avec une économie d'effets) et ça suffit à créer un malaise.- Spoiler (cliquez pour afficher)
Le trio infernal (1973)
C'est de passage à Paris que Morricone rencontre Francis Girod qui lui montre une vingtaine de minutes de son film. Morricone apprécie l'humour noir et il décide de composer la musique. Il utilise une clarinette basse obsessionnelle tout au long de la partition, et compose notamment le morceau le plus célèbre du film, le "Requiem à l'acide sulfurique" ("Requiem All' Acido Solforico"). C'est un disque assez plaisant.- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Des expériences difficiles...
Le professionnel (1981)
Lautner pense d'abord engager son vieux camarade et néanmoins excellent compositeur Philippe Sarde, lorsque Jean-Paul Belmondo propose Ennio Morricone en raison de son travail sur les films d'Henri Verneuil. Lautner a tout juste mis la main sur la musique du film de Jerzy Kawalerowicz, Maddalena, que Morricone a composée en 1971. Il est emballé. Il contacte puis engage Morricone mais malheureusement, sa partition originale ne réussi pas à convaincre Belmondo et la production. Lautner a choisi de remonter le film avec la musique de Maddalena, plus particulièrement le désormais célèbre thème de "Chi Mai". Ce thème se retrouve présent tout au long du film, à tort et à travers, et devient plus tard rien de mieux qu'une bonne blague avec la pub pour "Royal Canin" qui l'a dégradée. Quant à la partition originale, une bonne partie a filé à la poubelle. Une mauvaise expérience qui sera renouvelée un an plus tard avec John Carpenter sur The thing...- Spoiler (cliquez pour afficher)
The thing (1982)
Film génial, scénario glauque et musique glaciale, synthétisée, à la fois envoûtante et lugubre... The thing est une réussite dû à cet alliage. La partition contribue donc à donner la chair de poule que procure déjà le film: parfois déprimante, elle reste assez lente mais efficace. Lorsque Carpenter rencontre Morricone à Rome, les deux hommes sont emballés à l'idée de travailler ensemble : Morricone aime le film, compose quelques titres synthétisés susceptibles de plaire à Carpenter et s'envole vers Los Angeles. Là, Carpenter choisit le thème qui est maintenant celui du film en rejetant tout le reste. Un thème fantastique, hypnotisant, où le motif est répété à l'infini et qui évoque la peur, la fin de l'humanité. Le reste de la partition? Il figure sur le disque à défaut d'être dans le film, sans quoi les seuls thèmes du films en auraient fait un album plutôt mince...- Spoiler (cliquez pour afficher)
Avec Sergio Leone en 1985
S’ensuit une série de partitions pour des films français: Espion, lève-toi (1982) d'Yves Boisset, Le ruffian de José Giovanni (1983), Le marginal (1983) de Jacques Deray avec qui il travaillera à nouveau sur Le solitaire en 1987, et des films américains comme White Dog (1982) de Samuel Fuller, Sahara (1983) d’Andrew V. McLaglen (avec Lambert Wilson) et même des navets comme Red Sonja (1985) avec Arnold Schwarzenegger. Il signe également la musique du troisième Cage aux folles: "Elles" se marient (1985) réalisé par Georges Lautner. Mais on retiendra surtout l'année 1986, où la bande originale du film de Roland Joffé, Mission, s’est vendue à des milliers d’exemplaires et est devenue l’une des plus célèbres partitions du compositeur.
Mission (1986)
La musique de ce film est une tentative de Morricone à exprimer toute sa foi en Dieu et sa spiritualité. Il recherche par ses orchestrations qui incluent principalement des cordes, une guitare, des flûtes de pan et flûtes indiennes (et bien sûr un hautbois) à atteindre une beauté musicale profonde et des harmonies divines, comme ce dernier titre, "Misere", chanté par un petit garçon. Bien que je lui reconnaisse quelques qualités, comme "On Earth as It Is Heaven", les deux versions de "Gabriel's Oboe" ou même "Falls" qui sont très beaux, j'avoue ne pas être particulièrement séduit par ce score. Pour beaucoup un chef-d'œuvre incontournable, pour ma part une petite déception.
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- Morricone chez De Palma
Les incorruptibles (1986)
On reconnaît dès le thème du générique le style de Morricone, son goût pour les percussions nerveuses, le piano et les cordes en fond. La bande originale comporte des thèmes triomphants ou d'action, comme des thèmes tristes ou nostalgiques. Al Capone possède son thème propre qui évoque l'univers mafieux, et le thème principal est très émouvant, représentant l'amitié entre les quatre incorruptibles. Morricone a composé là une de ses grandes œuvres.- Spoiler (cliquez pour afficher)
Outrages (1989)
Je ne suis pas particulièrement fan de celle-ci. Là, Morricone m'a déçu. Bien qu'il nous offre ici une nouvelle partition lyrique, dramatique et mélancolique, décrivant une ambiance de désespoir, cela reste très en-dessous de ce qu'il a pu faire auparavant. Parmi les thèmes importants, l'un est joué par une flûte de Pan asiatique et il décrit la douleur, le désespoir, et un thème final imposant où apparaissent violons et chœurs. Là ça devient tout à coup assez solennel, emphatique. Outrages est l’album que j’aime le moins de son auteur.- Spoiler (cliquez pour afficher)
Mission to Mars (2000)
La musique de Morricone est tour à tour mystérieuse, plaisante, poétique, entraînante... C'est une belle composition qui alterne les passages dissonants et les moments harmonieux, avec un côté paisible, spirituel. Le compositeur utilise un orchestre avec quelques chœurs (qui rappellent le final d'Outrages d'ailleurs) et rajoute des sons électroniques, notamment un synthétiseur sur quelques titres. C'est une BO riche, bien meilleure que la précédente citée et que je réécoute avec plaisir.
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- Réunions d’un seul film: Polanski et Almodóvar
Frantic (1988)
C’est un très beau disque, plus méconnu et difficile à trouver mais que j’affectionne particulièrement. On retrouve en instruments principaux la basse et la trompette. Il y a aussi en fond cet air d'accordéon tristement nostalgique à l'instar du personnage d'Harrison Ford, air qu’on entend notamment dans "On The Roofs Of Paris". Morricone offre de très beaux passages de solo de trompette, certains passages ont un rythme plus rapide, comme "In The Garage" où il fait intervenir un saxophone. Il est dommage que les deux maestros n’ont pas été amenés à retravailler ensemble, surtout lorsqu’on connaît la musique très moche pour le film suivant de Polanski, Lunes de fiel, composée par Vangelis (que j’apprécie en dehors de ça).- Spoiler (cliquez pour afficher)
Attache-moi! (1990)
Pour sa rencontre avec Pedro Almodóvar, Morricone signe ici une partition assez simple mais efficace, où l'utilisation assez particulière de quelques sonorités électroniques me font penser à son futur Syndrome de Stendhal où il utilise un son identique dans le thème principal. Toujours ce goût prononcé pour l'étrange, le bizarre et les expérimentations sonores où il mélange toutes sortes d'influences (Bernard Herrmann notamment).- Spoiler (cliquez pour afficher)
Morricone retrouve Guiseppe Tornatore sur Ils vont tous bien (1990) ainsi que Franco Zeffirelli sur Hamlet (1990). Il est membre du jury à la Mostra de Venise de 1992 (où Qiu Ju, une femme chinoise de Zhang Yimou gagne le Lion d’Or). Sinon, des années 90, on retiendra les partitions de Bugsy de Barry Levinson (1991), Dans la ligne de mire de Wolfgang Petersen (1993), Wolf de Mike Nichols (1994), U Turn d’Oliver Stone (1997), Lolita de Adrian Lyne (1997), Bulworth de Warren Beatty (1998), La leggenda del pianista sull’oceano de Guiseppe Tornatore (1998), Le fantôme de l’opéra de Dario Argento (1998). Il retrouve Roland Joffe à deux reprises, d’abord pour La cité de la joie en 1992 et Vatel en 2000. Ces dernières années il compose notamment pour la télévision italienne (Padre Pio 2001, Cefalonia 2005). Il a été récompensé plusieurs fois: deux Golden Globes, un Grammy Award, trois ASCAP, un César, etc. À partir de 2001, le compositeur ralentit son travail pour le grand écran, souhaitant aller à la rencontre du public, et c'est ce qu'il a fait avec une tournée musicale où il s'est produit à Verone puis Paris en 2002, à Londres au Royal Albert Hall en 2003, à Tokyo, Moscou... À la tête de l'Orchestre Symphonique de Rome, il a joué à cette occasion quelques-unes de ses plus belles compositions. En 2004, il enregistre un disque avec le violoncelliste Yo Yo Ma contenant ses thèmes à succès. Son avenir cinématographique sera peut-être les retrouvailles avec le réalisateur Giuseppe Tornatore pour Leningrad ou peut-être avec Brian de Palma pour Capone: rising.
A l’instar d’autres compositeurs pour le cinéma, tels que Bernard Herrmann, John Williams ou Jerry Goldsmith entre autres, la carrière d’Ennio Morricone est constituée de chef-d’œuvres qu’on a adoré et écouté en boucle à un moment donné dans notre vie. En ce début 2007, la 79ème cérémonie des Oscars rattrapant déjà son retard en récompensant Martin Scorsese, lui décerne à lui aussi son premier Oscar après cinq nominations (en 1978 avec Les moissons du ciel de Terence Malick, en 1986 avec Mission de Roland Joffé, en 1987 avec Les incorruptibles de Brian de Palma, en 1991 avec Bugsy de Barry Levinson et en 2000 avec Malena de Giuseppe Tornatore). Le prix le récompense non pas pour un film mais pour sa carrière. Un Oscar d'honneur pour une immense discographie impérissable à la fois novatrice, imaginative, inspirée, remarquable, inégale, qui en a influencé beaucoup et qui continuera de stimuler l’imagination.