Crimes et délits (Woody Allen - 1989)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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John Constantine
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Message par John Constantine »

Alcatel a écrit :Cela dit la blague m'a un peu échappé, vu que quand une affiche présente ce genre de film (réalisateur + titre + accroche), je fuis à toutes jambes. :o
Résumé du film :

Cécile et Alain vivent ensemble depuis vingt ans. Il est le patron d'une petite entreprise de haute technologie à Grenoble, qui fonctionne plutôt bien, tandis qu'elle est prof. Tous les deux forment un couple modèle, épatant, indestructible, au grand désespoir de Georges, un ami médecin, qui convoite Cécile.
Celle-ci, de nature inquiète, a l'impression qu'Alain lui cache quelque chose. Ce dernier pense en effet que ses jours sont comptés. Georges devrait l'opérer prochainement pour en avoir le coeur net.


Ca fout les boules! :shock:
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Alcatel
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Message par Alcatel »

John Constantine a écrit :Cécile et Alain vivent ensemble depuis vingt ans. Il est le patron d'une petite entreprise de haute technologie à Grenoble, qui fonctionne plutôt bien, tandis qu'elle est prof. Tous les deux forment un couple modèle, épatant, indestructible, au grand désespoir de Georges, un ami médecin, qui convoite Cécile.
Celle-ci, de nature inquiète, a l'impression qu'Alain lui cache quelque chose. Ce dernier pense en effet que ses jours sont comptés. Georges devrait l'opérer prochainement pour en avoir le coeur net.
Ayez pitié ! :shock:
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Alcatel a écrit :
John Constantine a écrit :Cécile et Alain vivent ensemble depuis vingt ans. Il est le patron d'une petite entreprise de haute technologie à Grenoble, qui fonctionne plutôt bien, tandis qu'elle est prof. Tous les deux forment un couple modèle, épatant, indestructible, au grand désespoir de Georges, un ami médecin, qui convoite Cécile.
Celle-ci, de nature inquiète, a l'impression qu'Alain lui cache quelque chose. Ce dernier pense en effet que ses jours sont comptés. Georges devrait l'opérer prochainement pour en avoir le coeur net.
Ayez pitié ! :shock:
Si on remplace Grenoble par Tatooine et Cecilia, Alain, Georges par Luke, Chewie et Han ça devrait aller mieux.
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

Crimes et Délits - Woody Allen
Chef d'oeuvre de justesse, d' intelligence, de sensibilité et d'une grande beauté plastique. Le fait que je partage un grand nombre des idées dévéloppées par Allen dans ce film n'est sans doute pas étranger à mon adhésion totale à ce film. Mon préféré parmi ses oeuvres dramatiques même si l'humour est loin d'être absent.
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Major Tom
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Message par Major Tom »

Crimes et délits, Woody Allen

En racontant deux histoires parallèlles, la vie de deux hommes (un ophtalmologiste et un réalisateur de documentaires), une histoire dramatique et une histoire plus drôle, Woody Allen a fait un film touchant et intelligent, relevant des questions philosophiques comme sur le rôle de la religion en tant que base solide à toute moralité. En plus d'être réussi visuellement, il y a des séquences très habilement réalisées au niveau technique (avec notamment un plan-séquence lorsque Judah a une conversation avec sa maîtresse qui se transforme en dispute), qu'au niveau scénaristique (les flash-backs bien imbriqués dans l'histoire). De ce Woody Allen-là, réalisateur de films sombres, je ne connaissais que Match Point qui m'avait plu au point d'adorer, même si ce dernier ne comportait pas d'humour à la différence de Crimes et Délits. J'ai regardé Crimes et Délits après une re-vision de Bananas (ce qui m'aura permis de voir ce soir deux films du même réalisateur aux antipodes l'un de l'autre). Je donne mon sentiment à vif ; j'ai vraiment aimé ce film. Allen prouve ici qu'il excelle aussi bien dans les comédies satiriques décalées que dans les drames beaucoup plus sérieux. Je dis ça, mais je me passionne pour Allen en néophyte ; je ne connais que très peu de ses films en fonction du nombre qu'il a déjà réalisés. Match Point reste mon préféré mais j'ai besoin de le revoir. Bananas et Woody et Les Robots sont des comédies burlesques fort jouissives, j'ai un souvenir vague de Prends L'Oseille et Tire-toi, Guerre et Amour et Radio days (mais je me rappelle avoir bien aimé ce dernier), j'ai nettement moins aimé Escrocs mais Pas Trop, mais adoré Accords et Désaccords, Lily La Tigresse où deux ou trois de ses séquences remaniées m'ont fait rire jusqu'aux larmes.
Dans ceux que je possède et que je n'ai pas encore vu, j'ai La Rose Pourpre du Caire, Le Sortilège du Scorpion de Jade, Ombres et Brouillard, Hollywood Ending et Tout Ce Que Vous Avez Voulu Savoir Sur Le Sexe... Semaine Woody Allen en perspective.
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MJ
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Message par MJ »

Oupe.

Le film? Un chef-d'oeuvre. La plus grande réussite d'Allen avec Manhattan. J'ai trouvé ça drôle, terrifiant et magnifique à la fois. La fin est si simple, mais si juste et émouvante dans le même temps.

Sinon, une idée tordue mais...
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Martin Landau accaparé par la panique -existentialiste- quand il réalise que son crime ne sera pas puni. Est-ce qu'au fond, ce n'est pas ça la punition divine?
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

+1. Un film admirable, complet, émouvant et sincère.
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MJ
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Message par MJ »

Honey, you're the one who stopped sleeping with me, ok. It'll be a year come April 20th. I remember the date exactly, because it was Hitler's birthday.
Woody Allen est grand.


J'ai revu le film depuis et vraiment, c'est ce qu'il a fait de meilleur. Toute la symbolique sur la cécité est absolument fascinante. J'ai pensé à Isaac aveugle, bénisant Jacob plutôt qu'Esau. D'ailleurs tout le film marche sur un principe de dualité: Judah qui réussit alors que Cliff échoue, certes, mais à l'intérieur de leur histoire se retrouve aussi ce procédé... Judah face à Ben le rabbin, icône spirituelle totalement aveuglé. Judah encore face à son frère, caïd amoral qui est paradoxalement le personnage semblant avoir le plus les pieds sur terres. Et évidemment Cliff face à Lester, son beau-frère aussi peu finaud qu'imbu de lui même, mais à qui tout semble réussir. La soeur de ce dernier mise en oposition avec celle de Cliff, qui malgré toute la meilleure volonté du monde se fait déféque dessus.
Pourtant ça n'est en rien caricatural. Judah le meurtrier est un personnage à qui l'on reste attaché de bout en bout et Woody Allen ne s'éparge pas beaucoup, son personnage étant loin d'être un modèle de maturité ou de béatitude. Finalement Lester n'est pas non plus un "mauvais bougre".
Enfin, sur le fond comme sur la forme c'est magnifique. Difficile de faire plus pessimiste, et il s'agit assurément du film le plus sombre de son cinéaste, mais c'est une oeuvre salutaire, dont je suis sorti comme grandi et qui me hante vraiment de jours en jours.
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murphy
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Message par murphy »

Je ne crois pas avoir vu ce film depuis sa première vision en salle. Faut absolument que je le revoie, si ça tombe au jeu des captures, à coup sur je reconnaitrai pas. :?
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Message par pascal45 »

murphy a écrit :Je ne crois pas avoir vu ce film depuis sa première vision en salle. Faut absolument que je le revoie, si ça tombe au jeu des captures, à coup sur je reconnaitrai pas. :?
dispo a 5€ sur dvdprimetime

A mes yeux le dernier grand Woody Allen et peut être le seul à marier comédie et drame avec ce final si desenchanté
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Message par Frank T.J. Mackey »

J'ai adoré le personnage de Jason Biggs !!

Une sorte de Woody Allen mais en plus jeune, avec les tic qui vont avec !
Et il y'a le personnage de Christian Ricco qui est absolument craquante !!
sans parler de Danny De Vito pétillant dans son rôle qui lui va comme un gant, il en fait des tonnes et c'est absolument jouissif et génial, c'est vraiment LE personnage touchant du film !!

Moi je dit, un grand film sur la mort et sur le sexe !! bravo Woody continue comme ça l'artiste !
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Message par ed »

Il avait un certain style, ce troll...
Salut l'artiste :lol:
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Griff Bonnell
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Message par Griff Bonnell »

Jordan White a écrit :Un Woody Allen que j'avoue avec humilité ne pas avoir vu. Il faut dire que j'en suis resté à Manhattan, Hannah et ses soeurs et ses quelques autres perles de la fin des années 70-début des années 80. Je suis passé à côté de pas mal de films qu'il a réalisé, car je trouve qu'après La Rose pourpre du Caire, il y a quelque chose de répétitif dans son cinéma et ses derniers films hormis Accords et désaccords ( sans lui) et Tout le monde dit I Love you m'ont laissé circonspect. Vasymollo c'est bon tu peux me flinguer.
Je serai pas loin de penser comme toi, sauf que je placerai le début de la fin presque dix ans plus tard au niveau de "Meurtres mystérieux à Manhattan". Entre "La rose pourpre du Caire" (un de mes préférés) et ce dernier, il y a eu "Une autre femme", "Alice", "Hannah et ses soeurs", "Maris et femmes", "Radio Days", "September"... Des films que j'adore. Et bien sûr "Crimes et délits", un de ses meilleurs assurément.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Frank T.J. Mackey a écrit :J'ai adoré le personnage de Jason Biggs !!

Une sorte de Woody Allen mais en plus jeune, avec les tic qui vont avec !
Et il y'a le personnage de Christian Ricco qui est absolument craquante !!
sans parler de Danny De Vito pétillant dans son rôle qui lui va comme un gant, il en fait des tonnes et c'est absolument jouissif et génial, c'est vraiment LE personnage touchant du film !!

Moi je dit, un grand film sur la mort et sur le sexe !! bravo Woody continue comme ça l'artiste !
:) Ici on parle de Crimes et délits pas de Anything else !! :wink:

Mais bon ce film-ci est bon alors ça va .
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Demi-Lune
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Re: Crimes et délits (Woody Allen, 1989)

Message par Demi-Lune »

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Vertigineux.

En quittant le film hier soir, je m'étais dit à brûle-pourpoint que son descendant londonien, Match Point, conservait ma préférence pour son implacabilité narrative. La construction en deux intrigues de Crimes et délits me paraissait, sur le coup, plus "fragile", plus "chancelante", que la progression de Match Point que j'admire dans ce tour de force consistant à concilier mécanique de l'inéluctable et contrepoint des aléas, qui sinon invalident, du moins nuancent, une éventuelle prédestination. Il n'y a en fait de destin que dans la trajectoire des choix que l'homme opère, bons ou mauvais. Ces choix impliquent de fait une part d'imprévisibilité, de hasard, pouvant être complices ou traîtres, mais questionnant aussi, en filigrane, l'idée d'une Justice morale et universelle. Si le hasard peut sourire à la faveur de celui qui commet le mal, où est la Justice, et où est la figure divine qui est censée l'incarner et la faire respecter dans le cœur des hommes ?
Tout en dévoilant déjà ces interrogations, Crime et délits met notamment fortement l'accent sur le second versant de cette question, abordant une religiosité - en l'occurrence judaïque - avec son cortège moral qui est absente de Match Point.
Mais pour y avoir réfléchi, Crimes et délits et Match Point, malgré leurs ressemblances, demeurent finalement plutôt dissemblables et donc équitablement appréciables. Si les deux films s'interrogent, avec un certain effroi, sur la possible injustice du hasard, sur la tentation commode du crime comme résolution de la part d'hommes qui se veulent être leurs propres maîtres et donc réfutent le poids social et spirituel d'une conscience de bien, et sur l'éventualité que leur amoralité ne soit pas châtiée, Match Point est une fable édifiante sur l'arrivisme social tandis que Crime et délits est plus une tragicomédie sur les mystères de l'âme humaine.
Comment en arrive-t-on à concevoir le crime comme unique porte de sortie ? Comment en arrive-t-on à se suicider inexplicablement quand on a vanté longuement les mérites de la vie ? Comme l'indiquait fort justement John Constantine en début de topic, ce film est l'écrin d'une angoisse existentielle vis-à-vis de la nature non universelle de la justice. Dans Crimes et délits, les "méchants" gagnent effectivement - soit qu'ils échappent à la Justice des hommes, soit qu'ils ravissent le cœur de femmes -, et les efforts des personnages qu'on pourrait qualifier de moraux ne sont pas récompensés.
Je serais d'ailleurs presque tenté d'y voir le signe d'une crise de foi... le film est écartelé entre le poids de la morale religieuse, qui doit guider les hommes dans le bien et dans le regard transcendantal de Dieu, et son affranchissement patent, à la clé duquel ne se trouve aucune punition, aucun châtiment. Le personnage de Martin Landau a commis un crime mais ses profonds remords s'estompent à mesure que sa crainte viscérale de Dieu, et de la Justice qu'il incarne, prend la mesure de sa non intervention, et donc, possiblement, de son inexistence...
De la même manière, le regard d'autrui, gênant car juge, donc impliquant des facteurs de moralité, tend à disparaître comme pour mieux faciliter la complaisance des fautifs dans la vie telle qu'elle en résulte par leurs choix : le probe rabbin devient aveugle tandis que son frère vantard et superficiel reçoit tous les honneurs, l'ophtalmologue criminel est confronté à l'inexpressivité mortelle des yeux de sa maîtresse, laquelle croyait pourtant que son âme serait visible derrière eux. L'émouvant criminel et l'intègre cinéaste (cocufié par sa femme, en plus, comme on l'apprend à la toute fin) ne peuvent au final que partager, dans une conjonction de trajectoires qui rend finalement plus fine que je ne le pensais la construction bipartite du film, leur incompréhension face au vide angoissant d'un ordre moral supérieur, qui devrait punir les fautifs et être juste avec les dignes.
La mise en scène (belle photographie de Sven Nykvist) de Woody Allen emballe avec énormément de classe cette nouvelle page d'une Comédie humaine que le cinéaste n'oublie pas de rendre amusante par moments, notamment par le recours de bons mots dont lui seul a le secret.
Dernière modification par Demi-Lune le 13 mai 13, 12:29, modifié 1 fois.
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