La Honte (Ingmar Bergman, 1968)
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- MJ
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La Honte d'Ingmar Bergman
Certainement l'un des films les moins aimable qu'il m'ait été donné de voir. Même pas l'un des plus dérangeant, mais si glacial et clinique qu'on en sort de loin pas avec la banane au visage.
La guerre qui sert de trame à la première partie du film est très clairement l'expression du malaise dans le couple Ulmann/von Sydow et chaque scènes, objets prend un sens très particulier (la radio et le téléphone en panne comme pour signaler l'absence d'écoute et de communication entre les deux protagoniste, le mari incapable de réparer les ustensiles ménagers, impuissance qui prend une ampleur humiliante terrible face à sa femme).
Les rafles, attaques et consorts sont traitées parfois maladroitement, les inserts se voient, les raccords sonnent faux et pourtant on est happé par le récit, par la violence de ce qui se passe à l'écran et l'intensité est incroyable.
Puis vient la fin de la guerre, le soulagement ne dure pas, les choses vont en s'empirant. Les mots font mals, les gestes aussi, les rapports entre les personnages sont d'une violence sans pareil, il n'y a aucun espoir. On l'attendait cette fin du conflit (très enraciné dans l'histoire du vingtième siècle, le film est à la fois universel et politique), mais quand elle est là c'est encore pire. On n'avait pas vu l'obscurité au bout du tunnel. Et la fin nous offre la vision faussement ouverte d'un couple partant pour des terres meilleures, mais actuellement à la dérive.
Violent, sans concession, un film qui gratte là où ça fait mal. Très désagréable.
Certainement l'un des films les moins aimable qu'il m'ait été donné de voir. Même pas l'un des plus dérangeant, mais si glacial et clinique qu'on en sort de loin pas avec la banane au visage.
La guerre qui sert de trame à la première partie du film est très clairement l'expression du malaise dans le couple Ulmann/von Sydow et chaque scènes, objets prend un sens très particulier (la radio et le téléphone en panne comme pour signaler l'absence d'écoute et de communication entre les deux protagoniste, le mari incapable de réparer les ustensiles ménagers, impuissance qui prend une ampleur humiliante terrible face à sa femme).
Les rafles, attaques et consorts sont traitées parfois maladroitement, les inserts se voient, les raccords sonnent faux et pourtant on est happé par le récit, par la violence de ce qui se passe à l'écran et l'intensité est incroyable.
Puis vient la fin de la guerre, le soulagement ne dure pas, les choses vont en s'empirant. Les mots font mals, les gestes aussi, les rapports entre les personnages sont d'une violence sans pareil, il n'y a aucun espoir. On l'attendait cette fin du conflit (très enraciné dans l'histoire du vingtième siècle, le film est à la fois universel et politique), mais quand elle est là c'est encore pire. On n'avait pas vu l'obscurité au bout du tunnel. Et la fin nous offre la vision faussement ouverte d'un couple partant pour des terres meilleures, mais actuellement à la dérive.
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Un des Bergman qui m'a le plus marquée.MJ a écrit :La Honte d'Ingmar Bergman
La guerre comme révélatrice des failles de l'âme humaine (sentiments et moralité), bien davantage que comme corruptrice. Une fable puissante, qui transforme Max von Sydow en bête sauvage et Liv Ullman en animal domestique effrayé par trop de liberté.
Effectivement, comme tu le dis MJ, c'est un film qui n'est pas là pour faire plaisir (mais quel film de Bergman est "gentil"?), et qui nous met de manière inconfortable en face de nos lâchetés.
La Honte (Ingmar Bergman, 1968)
Jack Sullivan nous propose sa quatrième chronique traitant de l'oeuvre du maître de Farô.
Aujourd'hui, un film impressionnant et vénéneux mettant en scène le couple Liv Ullman / Max Von Sydow, La Honte. Un long métrage qui devrait susciter quelques débats (pour ceux qui l'ont vu... les autres, on les y encourage fort !).
La Honte
Aujourd'hui, un film impressionnant et vénéneux mettant en scène le couple Liv Ullman / Max Von Sydow, La Honte. Un long métrage qui devrait susciter quelques débats (pour ceux qui l'ont vu... les autres, on les y encourage fort !).
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- MJ
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Le film le plus dérangeant de Bergman, ce qui n'est pas peu dire.
Comme lui, je le scinde en deux parties: la première moitié qui souffre de handicaps et maladresses divers et la seconde dès la fin de la guerre, qui est un très grand film. La guerre en est d'ailleurs le dernier des sujets, on parle finalement bien plus ici de la destruction d'un couple.
Une oeuvre électrique et nauséeuse, absolument détestable, et en cela je l'admire.
Comme lui, je le scinde en deux parties: la première moitié qui souffre de handicaps et maladresses divers et la seconde dès la fin de la guerre, qui est un très grand film. La guerre en est d'ailleurs le dernier des sujets, on parle finalement bien plus ici de la destruction d'un couple.
Une oeuvre électrique et nauséeuse, absolument détestable, et en cela je l'admire.
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- MJ
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Pour moi leur quotidien s'effrite à cause du malaise qui est, dès le départ, présent en eux.Philip Marlowe a écrit : Néanmoins je suis resté assez distant de l'histoire de ce couple égoïste détruit par la réalité du monde qui les entoure, et donc je me suis un peu ennuyé.
Mais c'était déjà sous-jacent dans mon premier message, donc je vais m'arrêter là.
Ralala cette intégrale Bergman, à chaque fois je me sens obligé de ramener ma fraise.
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Je ne suis pas d'accord avec vous concernant cette séparation en deux parties distinctes.
La Honte a une véritable unité et ce que je trouve fort dans le traitement de ce sujet, c'est le raport du couple au conflit. On pourrait parfaitement voir la guerre comme à la fois la dernière émanation de l'antagonisme caractérisant les deux époux et à la fois comme la condition in fine de leur existence - la vie de couple est une guerre permanente, qu'il convient d'accepter pour la "réussir" (du moins accepter qu'elle ne soit qu'une source de conflits sans fin). Ce n'est pas très gai, mais nous sommes chez Bergman en même temps.
Je surinterprète peut-être un peu, mais c'est l'effet que m'a donné le film la première fois que je l'ai vu, une allégorie incroyablement violente du couple et des frustrations que cette vie engendre (que je sois d'accord ou non avec le cinéaste est un autre problème). Je ne pense pas m'égarer complètement à ce niveau.
La Honte a une véritable unité et ce que je trouve fort dans le traitement de ce sujet, c'est le raport du couple au conflit. On pourrait parfaitement voir la guerre comme à la fois la dernière émanation de l'antagonisme caractérisant les deux époux et à la fois comme la condition in fine de leur existence - la vie de couple est une guerre permanente, qu'il convient d'accepter pour la "réussir" (du moins accepter qu'elle ne soit qu'une source de conflits sans fin). Ce n'est pas très gai, mais nous sommes chez Bergman en même temps.
Je surinterprète peut-être un peu, mais c'est l'effet que m'a donné le film la première fois que je l'ai vu, une allégorie incroyablement violente du couple et des frustrations que cette vie engendre (que je sois d'accord ou non avec le cinéaste est un autre problème). Je ne pense pas m'égarer complètement à ce niveau.
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Tiens, tu as lu Images En même temps, s'il fallait prendre Bergman au pied de la lettre pour se faire une idée de son œuvre.... on pointerait tous aux Dépressifs Anonymes!MJ a écrit : Comme lui, je le scinde en deux parties: la première moitié qui souffre de handicaps et maladresses divers et la seconde dès la fin de la guerre, qui est un très grand film. La guerre en est d'ailleurs le dernier des sujets, on parle finalement bien plus ici de la destruction d'un couple.
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moi aussi (peut-être même plus que toi)...Jack Sullivan a écrit :Tu as beaucoup en commun avec ed, je suis désolée de te le direRatatouille a écrit :J'en ai récemment fait l'acqusition (en même temps que quelques autres dans le coffret rouge), mais je ne l'ai pas encore vu. La honte...
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Ses conversations avec Björkman et Assayas surtout.Jack Sullivan a écrit : Tiens, tu as lu Images
Roy, je trouve ton commentaire tout à fait pertinent, même si perso je trouve quand même cette première partie inégale: la scène chez le marchand de vins, la succession des évènements durant la guerre, toutes des scènes réussies mais qui s'assemblent parfois mal, donnant une certaine incohérence -pas thématique, hein!- à cette partie.
Sinon, suis-je le seul à y avoir vu un parallèle avec le Sacrifice d'Andréi Tarkovski, et ce pas que par le sujet de la guerre? C'est d'ailleurs le film que j'avais l'intention, avec la Teu-Hon de passer à mon anniversaire pour mes petits camarades.
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