Les Infiltrés (Martin Scorsese - 2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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7swans
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Les Infiltrés (Martin Scorsese - 2006)

Message par 7swans »

Donc, the departed, petites notes sur le film, après la projection du grand rex, peut contenir quelques légers spoilers (aucun pour ceux qui auraient vu l'original)

On pourrait penser que le film est tout a fait anodin et plutôt mauvais jusqu'au plan de fin, qui nous laisse a penser que pour scorsese lui même, il ne s'agit que d'une grosse blague. Le film ne se prendrait donc pas au sérieux comme le honk kongais, mais comme une dérive semi comique de son moi, quête d'identité de personnages qui se dédoublent (la ressemblance physique - coupe de cheveux, vestimentaire - de damon et caprio est troublante).

SI on rentre dans les détails, le film est assez décevant (voir plus). Le plus grand atout de scorsese, reste son art a dépeindre un groupe de personnage, et leur liens, leur importance des uns aux autres, mais aussi leur influence par rapport au groupe. Ici, la figure de "chef" est interprété par un nicholson qui nous livre un grand moment de bouffonnerie. A aucun moment on ne ressent ce qu'aurait pu ressentir henry hill face a polly ou face a jimmy conway dans les affranchis. Nicholson n'est a aucun moment une figure emblématique ou séduisante (sans parler du reste de l'équipe, dont son bras droit M.French, qui ne sert a rien...)
De l'autre coté, un martin sheen qui n'a pas grand chose a se mettre sous la dent, son rôle n'est pas du tout étoffé. C'est un personnage fantôme qui ne laisse aucune trace.

Damon et Caprio s'en sorte bien, même si pour le premier, on pourrait penser qu'il n'arrive pas a nous faire comprendre qu'il pourrait pencher du bon coté, on a l'impression que se sont plutôt les événements qui le font pencher, et pour l'autre, son désespoir n'est jamais ressenti par le spectateur, qui ne perd , lui jamais ses repairs (comble quand on veut nous faire ressentir de la sympathie pour le personnage de di caprio).

Le gros atout de scorsese, restait aussi le rythme. La c'est lent, et ça brasse du vide, même la gimmick scorsesienne (montage étudié sur un tube de rock des années 60) sent le renfermé. Sans parler de cet horrible morceaux de "hard rock" celtique sensé donner du rythme a certaines séquences.

Le pire reste que le film n'est jamais angoissant (au contraire du HK, je me souviens d'une scène assez étouffante pour trouver la taupe, alors que des portables sont allumés, et un des personnages qui fait du morse en tapant avec son doigt...), parfois lourd (le personnage de wahlberg monolytique, sans aucune motivation valable dans ses actions ou dialogues déplacés).

Alors au premier degrés, le film reste assez anodin, on pourrait le croire réalisé par un bon faiseur plus qu'appliqué. Au second degré (et la le film mérite une relecture), le film peut s'avérer assez malicieux.

Reste que pour l'instant, c'est :?


(par contre, quand scorsese est monté sur scène j'ai cru que j'allais m'évanouir... c'est impressionnant de voir un monstre de cinéma comme ça...)
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Joshua Baskin
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Message par Joshua Baskin »

J'y reviendrai plus tard mais pour moi le film est une véritable tuerie (et je ne suis pas le seul forumeur à le penser).
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Flol
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Re: Les infiltrés (The Departed) : vos avis

Message par Flol »

7swans a écrit :PS : j'oubliais, dans les 15 dernieres minutes, on se fend la poire, surtout grace a lui
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Faisais-tu donc partie de cette bande d'idiots qui s'esclaffaient comme s'ils assistaient au film le plus drôle de la décennie ?

PS : je me répète, mais ce film est un putain de polar, et Scorsese représente la classe absolue.
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Joshua Baskin
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Message par Joshua Baskin »

Hier soir je me suis pris une vraie claque dans la gueule. J'ai retrouvé un énorme Martin Scorsese après la semie déception de Gangs of New York et le génial mais totalement différent The Aviator.

The Departed reprend les thèmes classiques de Scorsese, famille, trahison, un soupçon de religion, pas mal de violence mais en déplaçant l'histoire de New York à Boston et l'Italie à l'Irlande il apporte un je ne sais quoi qui fait beaucoup.
Au fur et à mesure le film prend une ampleur de plus en plus tragique et j'ai été littéralement pris au corps. Sans spoiler le film, la dernière demie heure est parmi ce que j'ai vu de plus fort cette année avec Munich.

La mise en scène de Scorsese est une nouvelle fois totalement bluffante, j'ai un nombre de plans incalculables qui me reviennent à l'esprit
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le premier travelling caméra quand on entre dans le restaurant au début, la chute de Martin Sheen, le plan près de l'entrepôt avec les voitures de polices qui arrivent du bas de l'écran, le plan final....)
Leonardo Di Caprio prouve une fois qu'il est a hell of an actor. Jack Nicholson n'est pas forcément loin de sa prestation du Joker. Contrairement à 7Swans, je trouve que le fait que Nicholson n'ait pas de rôle emblématique au sein du gang est tout à fait justifié.
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c'est un personnage un peu usé, qui en plus a beau être le boss d'une équipe, faire tourner la police en bourrique, n'est certainement qu'une petite frappe pour le F.B.I. pour qui il travaille
Matt Damon est également parfaitement crédible en beau salaud. Mark Whalberg, plus en retrait (le rôle aurait également pû être tenu par un inconnu) fait très bien son job. J'aime aussi beaucoup Martin Sheen parfaitement crédible. Jolie révelation également avec Vera Farmiga (qui apparement est très excitée quand elle mange de la raclette :mrgreen: ) absolument sublime et même émouvante.

Je ressors donc du film enchanté. Forcément dans mon top 3 annuel.
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Message par 7swans »

Je pense que beaucoup vont prendre le film au premier degrés, alors que scorsese a, a mon avis, essayé de traiter le sujet avec plus de distance, un peu comme un compte moral .

la preuve sur le plan de fin
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ce rat qui passe dans l'encadrement de la fenetre, avec la coupole en or en arriere plan, comme un gros fromage, l'appat du gain, comme le dernier vers d'un compte de la fontaine.

Mais je ne comprends toujours pas avis dythirambique :

Que pensez du personnage de wahlberg, objectivement? qui n'est ne joue sur son agressivité pendant tout le film que pour justifier son acte de fin? Que sait on de lui a par qu'il est impulsif (apparement puisqu'il dit des vulgarité tres rapidement) et grossier? Rien.

Pareil, les relations filliales, de mentor a "protégé" ne sont pas étudiés, on sent que sheen essaye de toucher la corde sensible "fais le pour moi", avec un regard paternel. Mais aucune scene vraiment touchante, ou l'un se confiera a l'autre (d'ailleurs sheen n'aurait rien a confier, il a role tout a fait banal). Quant a nicholson et damon, il s'agira du mot "papa" échangé au téléphone pour tromper son entourage, et une motivation qui le pousse a prouver a son "pere" qu'il est bon dans ce qu'il fait, et qu'il va y arriver (plutot bien rendu)...

Je confirme également que les 15 dernieres minutes sont tres tres mal ammenés, c'est un comble, tant tout semble se résoudre brutalement alors que le film était fleuve (a la différence du film HK, qui se déroulait sur un fil tendu, nerveux et qui méritait cette fin rapide et sentencieuse).


Et je ne reléverai pas la remarque de ratatouille, qui a encore perdu une occasion de se taire.
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Message par Gounou »

Après deux entreprises filmiques majestueuses, amples et graves, essentiellement tournés sur une Histoire du Cinéma au travers de personnages icôniques, Martin Scorsese revient au film de genre plus en forme et ambitieux que jamais, toujours poussé par ce désir immuable de recherche et d'invention permanente, dans le fond comme sur la forme.
The Departed est un remake, Le second de la part du metteur en scène après le controversé mais passionant Cape Fear, qui procédait lui-même de cette passion cinéphile envers un cinéma de genre et une stylistique qui possède ses propres codes.
Ici, formellement, nous sommes en présence d'un film à l'énergie bluffante et impressionante de maîtrise rythmique, rappelant de façon évidente celle qui animait des films comme Goodfellas ou Casino, sans pour autant en calquer le schéma narratif. Scorsese se permet par exemple une utilisation régulière du flashback qui vient ponctuellement créer une connivence entre le spectateur et ces individus en phase de perte identitaire dans cette fuite en avant, dont l'un particulièrement semble pouvoir perdre le contrôle à tout moment.
La gestion de l'espace, l'isolement, le confinement dans lesquels Scorsese cloître ses personnages tout du long (bureaux de police, bars, couloirs...) renvoie parfaitement la sensation d'enveloppe étouffante assignées aux deux personnages principaux du début à la fin.
Je lis ici (et ai pu constaté là-bas) que le film fait rire... c'est un fait, ce Departed possède une liberté de ton évidente, également à la manière de Goodfellas, qui souligne d'autant mieux la noirceur et la violence réelles du sujet lorsqu'elle remonte brutalement et sèchement à la surface. Comme Rata', je trouve néanmoins assez navrant qu'aujourd'hui, lorsqu'un film possède une certaine dose d'humour, la masse qui constitue le public soit disposée de façon permanente à acceuillir le film comme une "parodie", à rigoler à la moindre réplique, à la moindre action, avant même que celle-ci se produise (!) et généralement de façon vraiment déplacée, jusqu'à influer probablement sur la perception d'autre spectateur qui ne ressentait pas forcément la même chose au même moment.
Un mot sur Nicholson, superbe de vulgarité et de grotesque dans un rôle effectivement très éloigné des figures de modèles telles que le Pollie de Goodfellas ou même Bill the Butcher. On a en effet affaire à un personnage qui se veut plus grand qu'il n'est et joue ainsi d'une image intimidante et déroutante dans ses sautes d'humeur et ses coups de folie.
Bref, j'aurais encore beaucoup à dire, il s'agit là d'un avis à chaud et je vais le laisser mûrir... de toute évidence, il s'agit pour moi d'un grand film, bien loin de me laisser l'impression de déjà-vu que j'avais ressenti à la vision de l'honnête film original, et qui a parfaitement su combler ses manques (d'ampleur et d'humour, essentiellement) et ses tares (stylisation tournant généralement à vide).

Un grand moment que j'ai déjà hâte de renouveler.
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Flol
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Message par Flol »

7swans a écrit :Et je ne reléverai pas la remarque de ratatouille, qui a encore perdu une occasion de se taire.
Ah si si, relève donc ça m'intéresse.
Sinon, je n'étais vraiment pas le seul à avoir été soulé par l'attitude totalement incompréhensible du public (du moins incompréhensible pour moi, mais je dois manquer de cynisme)...
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Je copie/colle ce que j'ai écrit ailleurs :

Même si j'ai des trucs à redire sur le scénario, sur un plan formel j'ai pris un pied énorme.
En fait, je n'avais encore rien lu sur le film et je fus surpris par la dérision qu'il comporte. Et les personnages sont suffisamment différents dans leur psychologie (enfin, sans qu'elle soit très recherchée) pour que Di Caprio et Damon, impériaux en faux jumeaux, ne soient pas bouffés par l'abattage de Jack Nicholson (ma grosse crainte à l'origine). Nicholson fait du "Jack Napier", mais j'avoue que j'ai beaucoup apprécié son cabotinage de vieux truand diabolique et manipulateur.

Je reviendrai sûrement développer plus tard. Je regrette seulement que le génie scorsesien des premières séquences ne se retrouvent que de manière irrégulière dans le film.
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Roy Neary a écrit : Je regrette seulement que le génie scorsesien des premières séquences ne se retrouvent que de manière irrégulière dans le film.
Le perso de Nicholson masqué par la pénombre au début, c'est très bon !
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Message par Flol »

Jack Griffin a écrit :
Roy Neary a écrit : Je regrette seulement que le génie scorsesien des premières séquences ne se retrouvent que de manière irrégulière dans le film.
Le perso de Nicholson masqué par la pénombre au début, c'est très bon !
Grave. Ca m'a d'ailleurs rappelé la 1ère apparition du Joker dans le Burton (juste avant qu'il ne descende Jack Palance).
Sinon tu en as pensé quoi, Jack ? Je suis curieux de lire ton avis. :)
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Ratatouille a écrit : Sinon tu en as pensé quoi, Jack ? Je suis curieux de lire ton avis. :)
Ouhla j'en dirais pas grand chose.
Je ne suis pas aussi enthousiaste que vous mais j'ai trouvé le film très sympa et d'une redoutable efficacité. Scorsese et les acteurs ont eu l'air de beaucoup s'amuser, le scénar de Monahan, bien qu'il soit trop long et comporte des choses parfois difficiles à avaler (le personnage de la psy qui voit Damon ET Di caprio), est ambitieux et enrichi la matériau original. Scorsese enterre d'ailleurs définitivement Infernal Affairs en traitant l'histoire avec beaucoup d'humour et un brin de symbolisme.
Le montage de Thelma Schoonmaker est d'une maitrise impressionante et arrive toujours à nous surprendre tout au long des 2h30. J'ai été à plusieurs reprises bluffé par certains enchainement de plans (ayant même parfois du mal à en saisir toute la logique), arrêt sur image, accélérations et autres jump cut. Gloire à Thelma et à ses 100 idées à la minute.
Bref je trouve que c'est un Scorsese plutôt mineur (une récréation) mais tout de même un bon film.
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Message par frédéric »

Déjà les avis ? le film sort dans + d'1 Mois. C'est pas un peu tôt pour ceux qui n'habitent pas Paris ? :?
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

frédéric a écrit :Déjà les avis ? le film sort dans + d'1 Mois. C'est pas un peu tôt pour ceux qui n'habitent pas Paris ? :?
désolé...mais le post finira par tomber dans les tréfonds su forum d'ici peu de temps et sera remonté le jour de la sortie.
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

frédéric a écrit :Déjà les avis ? le film sort dans + d'1 Mois. C'est pas un peu tôt pour ceux qui n'habitent pas Paris ? :?
Regardez-le, lui, faire son jaloux...
C'est pas non plus la première fois qu'un film est vu par des forumeurs quelques semaines avant la sortie officiel, et je ne vois pas où est le problème qu'ils en parlent ici. À toi de ne pas lire si tu trouves ça aberrant.
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kyle reese
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Message par kyle reese »

Jack Griffin a écrit : Scorsese enterre d'ailleurs définitivement Infernal Affairs en traitant l'histoire avec beaucoup d'humour et un brin de symbolisme.

[...]

Bref je trouve que c'est un Scorsese plutôt mineur (une récréation) mais tout de même un bon film.
Mouais, je ne suis guère convaincu. Je ne vois pas comment un "tout de même" bon film mineur de Scorcese puisse enterrer définitivement un excellent polar HK, même s'il reste d'une veine classique.

Et si on enlevait le nom de Scorcese au générique ... peut être que certain n'aurait plus le même point de vue.

J'attend de voir.
There is something very important that we need to do as soon as possible.
What's that?
Fuck !
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