Nos Meilleures Années (Marco Tullio Giordana - 2003)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Joshua Baskin
ambidextre godardien
Messages : 11625
Inscription : 13 avr. 03, 20:28
Localisation : A la recherche de Zoltar

Message par Joshua Baskin »

A ne pas confondre non plus avec l'immense chef d'oeuvre de Wyler (dont j'attend toujours le zone 2 :evil: ), Les plus belles années de notre vie.
Intersections Global Corp.
Bob Harris

Message par Bob Harris »

Joshua Baskin a écrit :A ne pas confondre non plus avec l'immense chef d'oeuvre de Wyler (dont j'attend toujours le zone 2 :evil: ), Les plus belles années de notre vie.
Bon, je change le titre du topic !
Avatar de l’utilisateur
-Kaonashi-
Tata Yuyu
Messages : 11413
Inscription : 21 avr. 03, 16:18
Contact :

Message par -Kaonashi- »

ressucitons ce topic.

Nos Meilleures Années est un défi, et cela à plusieurs niveaux. Très rapidement, il semble évident que Marco Tullio Giordana a eu l'ambition de faire de cette oeuvre autre chose qu'une simple saga télévisuelle, mais au contraire un grand film fleuve, un véritable oeuvre cinématographique.

D'abord dans son écriture : faire coexister l'Histoire italienne de ces quarante dernières années et l'histoire de deux frères et de leur entourage, sans trop négliger une intrigue au profit d'une autre et sans faire un film carte postal comme pouvait l'être Forrest Gump (film que j'aime bien sans plus) ou des films de Guitry. Le tout avec des personnages profonds, chacun possédant des zones d'ombre qui font qu'on s'attache facilement à eux. Ainsi le personnage de Matteo est au début légèrement irritant, mais il intrigue par son caractère imprévisible et mystérieux, et en devient peu à peu le personnage essentiel et principal du film ; il est le fil conducteur de tout ce qui arrive aux autres protagonistes. C'est en partie grâce à cela que le film se regarde avec une facilité étonnante.

La caméra de Marco Tullio Giordana capte les sentiments et humeurs subtilement, sans les appuyer, faisant ressortir les émotions avec retenue ; et donne ainsi dans un registre cinématographique qui nie d'emblée tout attachement à la platitude d'une production télévisuelle lambda. La disparition d'un personnage est un choc qui se distille doucement dans tout le reste du film, et accompagne ensuite un sentiment de mélancolie que l'on ressent longtemps encore après la fin de la projection. D'ailleurs la fin semble trop rapide (paradoxe pour un film de 6 heures 10), on a encore envie de suivre ces personnages si touchants, si humains ; si bien écrits et interprêtés par une galerie de jeunes acteurs italiens bouleversants de justesse (en tête Alessio Boni, Luigi Lo Cascio et Jasmine Trinca, vu dans le rôle de la fille de Moretti dans La Chambre du fils)
L'Italie est présente dans sa variété ; d'abord ses peuples (différents accents), et dans ces régions, sans effet anecdotique : que l'action se passe à Palerme, Turin, Rome, Stromboli ou encore en Toscane, il y a toujours une importance thématique et pour l'évolution des personnages.
Par cet aspect le film rappelle très vite le cinéma de Visconti, et avant tout Rocco et ses frères, mais aussi Rosellini pour la dimension sociale, Pasolini pour la représentation de la jeunesse et la mélancolie (d'ailleurs La Meglio Gioventù est le titre d'un recueil de poèmes de Pasolini), et Rosi pour le côté politique (là je suppute, je n'ai vu aucun de ses films).

Une très grande réussite, qui ne mérite pas le mépris de certains ("ça reste un téléfilm", n'importe quoi).

On pourra regretter quelques défauts d'étalonnage, à trois ou quatre reprises, mais pas de quoi fuir le film.
Image
perso / senscritique.com/-Kaonashi- / Letterboxd
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Bob Harris

Message par Bob Harris »

-Kaonashi Yota- a écrit :Une très grande réussite, qui ne mérite pas le mépris de certain ("ça reste un téléfilm", n'importe quoi).
J'ai dit que ça restait un téléfilm de grande qualité. :wink:

Mais essaie de me citer au moins une vraie idée originale de mise en scène dans ces six heures, c'est quasiment impossible.

Le point fort, ce sont avant tout les personnages.
Avatar de l’utilisateur
-Kaonashi-
Tata Yuyu
Messages : 11413
Inscription : 21 avr. 03, 16:18
Contact :

Message par -Kaonashi- »

Bill Harford a écrit :J'ai dit que ça restait un téléfilm de grande qualité. :wink:
Oh t'inquiète pas, je ne te visais pas spécialement.
Bill Harford a écrit :Mais essaie de me citer au moins une vraie idée originale de mise en scène dans ces six heures, c'est quasiment impossible.
Le point fort, ce sont avant tout les personnages.
Pourquoi vouloir trouver à tout prix une idée originale de réalisation dans un film ?!
D'ailleurs j'ai plusieurs exemples en tête pour ce film (pas de trucs super novateurs, mais très bien trouvés) : la scène où Giulia s'enfuit de nuit, de chez les parents de Nicola & cie ; jeu sur les éclairages, Nicola ouvrant la porte à le visage parsemé d'ombres, la porte laisse entrer un faisceau de lumière limite aveuglante, soulignant la fausse route que prend Giulia. D'ailleurs la scène où Matteo s'en va de la soirée de la Saint-Sylvestre se passe au même endroit avec Nicola également, et ça crée un parallèle troublant. Je trouve aussi assez original et pas niais pour un sou l'apparition surprise de Matteo à la fin : cette séquence en un seul plan est longue, laisse les sentiments de Nicola et Mirella s'installer, et l'intervention surprenante de Matteo les aide subtilement à se décider (j'ai été très touché par cette scène).

Sinon c'est vrai que le film vaut aussi énormément pour ses acteurs.

NB : j'ai modifié un peu mon message précédent.
Image
perso / senscritique.com/-Kaonashi- / Letterboxd
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Avatar de l’utilisateur
-Kaonashi-
Tata Yuyu
Messages : 11413
Inscription : 21 avr. 03, 16:18
Contact :

Message par -Kaonashi- »

Et je rajoute que le film n'a pas encore été diffusé à la télé italienne ; la diffusion est programmée pour décembre 2003.

Mais il est sorti au cinéma, à peu près en même temps qu'en France.
Image
perso / senscritique.com/-Kaonashi- / Letterboxd
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Holly Golightly
petite crêpe, ouhou petite crêpe
petite crêpe, ouhou petite crêpe
Messages : 3659
Inscription : 6 août 03, 14:36
Localisation : Colli Euganei

Message par Holly Golightly »

David Locke a écrit :Ayant vraiment bien aimé Les Cent Pas, précédent film de Marco Tullio Giordana, également avec Enrico Lo Cascio (une vraie découverte), je vais foncer voir celui-ci. :D

Luigi Lo Cascio... Oui, c'est un acteur magnifique, lumineux, gracieux et puissant à la fois. Il a déjà glané toute une pluie de prix et récompenses (dont la Coupe Volpi), alors qu'il n'a fait que 5 ou 6 films. Il était vraiment remarquable dans le beau Les Cent Pas. Moi aussi, j'ai beaucoup aimé ce film, plein de défauts, mais tout de même très intéressant : très bons acteurs, belle photo, belle réalisation...
Et c'est un film engagé, il n'y en a plus tant que ça maintenant en Italie (malgré paradoxalement, l'engagement politique très marqué de quasiment tous les artistes italiens).

En espérant que le succès commercial sera au rendez-vous cette fois-ci, malgré la forte tendance des français (le public et surtout la critique) à snober le cinéma italien contemporain... :(

Apparemment, ça marche pas mal... Faut dire aussi que c'est un des seuls films italiens à ne pas être boudé justement par le public et la critique.

EDIT : à l'exception du petit film sicilien Respiro...
...très joli film, mais qui, pour le coup, méritait bien moins d'être mis en valeur par la critique que des films comme Juste un baiser, Les Cent Pas, Le Sourire de ma mère ou les films d'Ozpetek..., qui me semblent nettement plus intéressants.
- Seriez-vous lâche. Je connais vos griffes puissantes. Accrochez-les dans la vie. Défendez-vous! Effrayez la mort.
- Belle, si j'étais un homme, sans doute je ferais les choses que vous me dites. Mais les pauvres bêtes qui veulent prouver leur amour ne savent que se coucher par terre et mourir.
spiderman
Stagiaire
Messages : 17
Inscription : 10 août 03, 03:29

nos meilleures années

Message par spiderman »

Film italien (2003). Drame. Durée : 6h 06mn.
Date de sortie : 09 Juillet 2003
Avec Alessio Boni, Luigi Lo Cascio, Adriana Asti, Sonia Bergamasco, Fabrizio Gifuni
Réalisé par Marco Tullio Giordana

le pitch
A la fin des années soixante, deux frères d'une famille italienne, Nicol et Matteo, partagent les mêmes rêves, les mêmes espoirs, les mêmes lectures et les mêmes amitiés, jusqu'au jour où la rencontre avec Giorgia, une jeune fille souffrant de troubles psychiques, détermine le destin de chacun : Nicola décide de devenir psychiatre, alors que Matteo abandonne ses études et entre dans la police. Leur parcours ainsi que celui du reste de leur famille s'inscrit en parallèle avec les événements qui ont joué un rôle crucial dans l'histoire de l'Italie : l'inondation de Florence, la lutte contre la mafia en Sicile, les grands matchs de football de l'équipe nationale... (allocine)


l'affiche:
Image

Mon avis
Il est très difficile de parler de cette saga de 6 heures sans oublier forcément quelquechose, cependant un mot me vient à l'esprit pour caracteriser ce film, c'est une fresque.
Une fresque en ce sens que c'est long et méticuleux, mais que le resultat est forcement beau, touchant et agréable à contempler
La première partie à commencé par m'ennerver car comme on suit 2 frêres de 1966 à 2003, ce sont les mêmes acteurs du début à la fin, donc voir un acteur au cheveux longs qui a 30 ans, et qui joue un gars de 18/20 c'est chiant, puis l'histoire s'impose et on oublie cette gene!
La seule gene qui reste, c'est que c'est fait à la base pour la télévision, et que ça se voit dans la qualité de l'image (souvent dégueulasse) et dans la réalisation (gros plans, gros plans, y'a rarement + de 2 personnes dans la cadre)! Mais les personnages sont tellement bien écrits, le acteurs jouent tellement bien que finalement la magie opère quand même!
Donc revenons à la première partie qui nous présente cette famille, avec tous les rebondissements de la vie, sans pour autant sombrer dans le pathos, tout est bien, tout est juste, et tout semble trop vrai.
chaque personnage à ses ambiguités, ses secrets, et il n'en fait pas étalage devant la camera, et c'est ça à la limite qui donne toute cette justesse de sentiments humains; Toute cette saga est traversée par l'histoire Italienne qu'on connait assez peu (sauf les brigades rouges), et malgrès la deuxième partie beaucoup plus triste et moins axée sur les rebondissements, mais plus sur les sentiments humains, on a envie de dire comme nicola "tout est beau"..... Bref cette saga sur la vie est d'une précision et d'une telle justesse qu'on en ressort forcément ému et changé
J'ai adoré à tel point que je me demande si je ne vais pas me taper les 6 heures à nouveau
j'en rajouterai plus quand des éléments me reviendront!
le problème est que je ne peux pas trop en parler sans dévoiler les intrigues du scénario, mais il nempêche que dans ce film, le réa arrive à faire passer quelquechose qu'aucun film ne m'avait fait ressentir, c'est cette impression de manque qu'on ressent quand quelqu'un disparait trop tot et brutalement; dans la 2° partie on partage ce sentiment avec eux et c'est très fort !!!

bref je vous le conseille vivement, et j'attends sa sortie en janvier avec impatience
(ps j'ai recopié mon post qui était sur mon forum, car je tenais à vous conseiller vivement ce film)
Image
Bob Harris

Re: nos meilleures années

Message par Bob Harris »

Brice Kantor
Mister Ironbutt 2005
Messages : 7489
Inscription : 13 avr. 03, 09:15

Re: nos meilleures années

Message par Brice Kantor »

Bill Harford a écrit :Tu aurais pu répondre là :
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtopic.php?t=2796
Faut être plus aimable avec les nouveaux.
Tuck pendleton
Mogul
Messages : 10614
Inscription : 13 avr. 03, 08:14

Message par Tuck pendleton »

ça va faire plaisir à yota :D
Brice Kantor
Mister Ironbutt 2005
Messages : 7489
Inscription : 13 avr. 03, 09:15

Message par Brice Kantor »

Tuck pendleton a écrit :ça va faire plaisir à yota :D
Faut arréter de cultiver les stéréotypes... :P
Pancake
Gondry attitude
Messages : 3518
Inscription : 10 mai 03, 02:25
Localisation : From a little shell at the bottom of the sea
Contact :

Message par Pancake »

Margo a écrit :(ceux qui iront voir le film, je vous conseille les 10 dernières minutes, trop ringos !!!).
Oui je confirme... :)
Margo a écrit :Je ne comprends toujours pas l'empressement des journalistes à voir un chef d'oeuvre dans ce "petit" film, sympa tout au plus...
Pareil...j'ai aucune violence contre, mais bon...
Invité

Nos meilleures années

Message par Invité »

Je doute que beaucoup de personnes aient vu ce film italien de 6 heures, mais il m'intérèsse beaucoup et il est sortie dans une belle édition 3 DVDs, c'est donc une bonne occasion pour le voir :wink:

A la fin des années soixante, deux frères d'une famille italienne, Nicol et Matteo, partagent les mêmes rêves, les mêmes espoirs, les mêmes lectures et les mêmes amitiés, jusqu'au jour où la rencontre avec Giorgia, une jeune fille souffrant de troubles psychiques, détermine le destin de chacun : Nicola décide de devenir psychiatre, alors que Matteo abandonne ses études et entre dans la police. Leur parcours ainsi que celui du reste de leur famille s'inscrit en parallèle avec les événements qui ont joué un rôle crucial dans l'histoire de l'Italie : l'inondation de Florence, la lutte contre la mafia en Sicile, les grands matchs de football de l'équipe nationale...

Image

Voilà, qui l'a vu ?
Avatar de l’utilisateur
Marcus
Jamais trop Tarr
Messages : 5185
Inscription : 5 févr. 04, 16:05
Localisation : En train de prendre le thé avec Bela Tarr

Message par Marcus »

Moi.
J'ai trouvé que l'histoire italienne était malheureusement traitée trop superficiellement par rapport à ce que j'en attendais. A cause de cette attente déçue, je ne suis jamais rentré dans le film. Les personnages sont pourtant bien vus et bien traités (ce serait un comble qu'il le soit mal sur 6h de film), mais je n'ai par exemple pas cru à l'histoire d'amour.
Que cela ne t'empêche pas de le voir, il est bon de soutenir ce genre de projet.
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
Jean Eustache, La Maman et la Putain
Répondre