luc a écrit :J'ai eu la chance de me faire enregistrer , il y a quelques années "the mortal storm "...il est MAGNIFIQUE...un film à conserver , à conserver...
James Stewart et Margaret Sullavan sont superbes de réalisme...la scène de la taverne...les nazis chantant l'air nationaliste , la réaction des deux héros... leurs regards etc...GENIAL
Dans le même genre "3 camarades" avec aussi Margaret Sullavan et le très bon Robert Taylor...Vraiment 2 films INCONTOURNABLES de Franck Borzage...
Voila deux films qui peuvent nous aider à débroussailler le concept d'auteur cinématographique, puisque Borzage, en bon metteur en scène "professionnel", n'a écrit le scénario d'aucun des deux. Et pourtant, quelle cohérence, aussi bien entre eux(on peut considérer
Mortal Storm comme une sorte de suite de
3 Comrades) que par rapport au reste de l'oeuvre: on notera en particulier le thême saisissant du
faux mariage: devant l'adversité, la maman de James Stewart marie son fils avec sa petite amie, leur permettant de vivre pleinement leur amour: ce détournement de l'institution, non pas profanée, mais recadrée au vu des évenements, Borzage l'a déja utilisé dans
Seventh Heaven, son film matriciel par excellence, et dans
Man's castle. Dans les deux cas il s'agissait d'officialiser une situation de vie maritale, mais ici il est plus question probablement de faire front afin de combattre le nazisme, Borzage choisissant de mettre en valeur l'amour des deux héros contre la barbarie ambiante. Cette sacralisation récupérée, clandestine, fait écho à l'instinct de résistance des deux héros, et au démantèlement de la famille observé dans le film, dans lequel le frère trahit la soeur et tue le père avec un aplomb terrifiant; pour Borzage, l'union entre ces deux êtres permet de préserver l'humanité... D'autres liens se tissent; on constate que Margaret Sullavan se sacrifie volontiers pour ces idéaux, et ce dans les deux films; de plus, sa fin tragique, et volontaire dans
Three Comrades, fait écho à la dernière scène de
Farewell to arms, lorsqu'on quitte la chambre ou meurt Helen Hayes, il ya un irrésistible mouvement d'élévation. La caméra ne semble pas s'éloigner, on a plutot le sentiment d'un recadrage: le film ne traitait pas de la guerre, mais de la passion des deux héros amoureux. une façon, encore une fois, d'affirmer la puissance de l'amour et sa supériorité sur les tracas les plus divers.
Tout ceci nous montre que s'il n'en était pas l'auteur au sens strict, ce cinéaste savait influer sur ses films et y injecter son propre univers, en toutes circonstances: après tout, dans ces exemples, il y a des films Paramount, Fox, Columbia et MGM; il est en particulier remarquable de constater qu'un cinéaste aussi "risqué" que Borzage ait pu maintenir un tel controle sur ses films à la MGM en 1938 et 1941, à une époque de normalisation et de normalisation de la firme.
Bref, un génie.