Georges Lautner (1926-2013)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Dracu
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Georges Lautner (1926-2013)

Message par Dracu »

Ne Nous fâchons pas de George Lautner.

Que dire sinon que j'ai bien ri... :D
Lefebvre en tête à claque avec Lino Ventura et Michel Constantin en donneurs de claques, des britiches aux cheveux longs et musiciens (bien entendu), des explosions en pagaille, bref, un moment bien fou que j'ai apprécié le sourire aux lèvres...

8/10 sans problème...

D., qui aime bien Ventura... :D
So much to do and so little time
Sorry, Philip...
Shaun of the Dead

Vivement 2015, tiens...
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

LES BARBOUZES de Georges Lautner (France 2)

Surfant sur le succès des TONTONS FLINGUEURS, l'équipe est de nouveau réunie pour une histoire un peu poussive sur la longueur, au ton non sensique et cartoonesque. Même les dialogues d'Audiard ne m'ont pas plus accroché que ça (il y a quand même quelques répliques qui font mouche). Sympathique mais bon, c'est vu maintenant, passons à autre chose...

Très beau master restauré par Gaumont: le piqué est incroyable, même par une diffusion câblée. Et ces contrastes...


LE PACHA de Georges Lautner

Alors là grosse redécouverte. Je n'avais pas de bons souvenirs du film, en fait j'y ai pris beaucoup de plaisir. La mise en scène dynamique et ryhtmée de Lautner, plus la musique entêtante de Gainsbourg, plus l'histoire très polar m'ont beaucoup plu. J'ai remarqué, ça n'a pas grand chose à voir avec le film, que Gainsbourg et Gabin étaient les 2 seuls acteurs du film à avoir les doigts jaunis par la cigarette...
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Re: Notez les films de mars 2008

Message par Lord Henry »

Le Monocle Noir (1961)

Le commandant Dromard - du Deuxième Bureau - (Paul Meurisse) et son fidèle Trochu (Jacques Marin) s'employent à déjouer les plans d'un châtelain nostalgique du Troisième Reich.

Au risque de me voir frapper du sceau indélébile de l'hérésie, je confesse sans remords pencher plus volontiers pour ce Lautner-ci, détaché du compagnonnage de Michel Audiard. J'y goûte sans réserve l'ironie toute de retenue, j'y trouve moins de gouaille mais plus de subtilité, et la sensibilité de Marie Dubois vient à s'y épanouir.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films de mars 2008

Message par Profondo Rosso »

Ne nous fâchons pas de Georges Lautner (1966)

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Comédie policière des plus fun et jubilatoire. Ca démarre sur les chapeau de roues avec un Lino Venture voulant se faire rembourser une dette par Jean Levbre et qui se retrouve confronté à un redoutable gangster anglais. Après cette mise en place parfaite le film par totalement en roue libre avec un Lautner qui multiplie les situations les plus absurdes et les gags surréaliste (dont un final vengeur tordant où la bande à Ventura multiplie les attentats farfelus contre l'anglais). Ventura en gros sanguin faisant des efforts pour se contrôler (le titre y fait d'ailleurs référence) est parfait tout comme les autres habituels de Lautner comme le génial Michel Constantin ou la magnifique Mireille Darc (moins bombe sexuelle que dans d'autres Lautner) bien aidé par des dialogues aux petits oignons de Michel Audiard (Constantin qui propose de prendre le volant à Ventura qui vient de pulvériser un décor et de faire 3 tonneau en voiture et ce dernier qui répond "je peux pas quand je conduit pas j'ai peur" :mrgreen: ). Les ennemis anglais permettent à Lautner de céder à d'autres délire avec les hommes de mains du méchant qui arborent de parfait look de mods et roule en mobylette et une bande son rock psyché des plus réussie. Pas aussi carré et efficace que "Les Barbouzes" ou "Les Tontons Flingueurs" et pas aussi touchant que "La Valise" et d'autres réussites 70's de Lautner mais très agréable. 5/6
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Re: Notez les films de mai 2008

Message par Profondo Rosso »

Il était une fois un flic de Georges Lautner (1971)

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Quand Louis Lopez, le bras droit d'un des grands patrons français de la drogue, est abattu à Nice, le commissaire Campana décide de se faire passer pour le frère du caïd pour démanteler le gang qui sévit en France. Célibataire endurci, le voilà contraint de jouer les mari et bon père de famille avec une de ses collègues, Christine, et son fils, Bertrand. Mais la police de Nice, qui n'est pas informée de la supercherie, commence à filer la petite famille...


Un excellent divertissement familial orchestré par Lautner. Un très bon scénario qui mêle intrigue policière carrée (qui aurait pu être un poile plus dure mais l'option tout public l'en empêche) et comédie. Le principal moteur comique est Michel Constantin vieux flic célibataire plein de manie rapidement dépassé par les aléas de la vie de famille avec un gamin turbulent et Mireille Darc en maman sexy. L'attachement mutuel né de la situation et la vraie famille qui se constitue au final est vraiment bien amené (scénario de Francis Veber encore doué à l'époque) et occasionne les moments les plus comiques (Constantin complètement perdu au réveil) et attachant du film. A côté de ça l'aspect policier, malgré le ton léger (il y aurait vraiment un vrai polar à faire sur le même pitch) est vraiment bien mené avec Constantin infiltré et tarqué à la fois par la police et les gangsters (dont un redoutable duo de tueurs américains qui évoque celui des "Diamants sont éternels"). Dans un style plus sobre que d'ordinaire, Lautner met la pédale douce sur les gags même si il ne peut complètement s'en empêcher (le mort en ouverture dont les pièces atterissent dans le chapeau d'un aveugle...). Sympathique apparition du génial Robert Dalban habitué des films de Lautner (même le directeur photo Marcel Fellous fait un petit caméo). Pas son meilleur mais au dessus de n'importe quelle comédie populaire française actuelle dans le style. 4,5/6
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Kevin95
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Re: Notez les films de mai 2008

Message par Kevin95 »

Lorsque récemment je me suis mis (moi aussi) à revoir un paquet de films signés Lautner, la révision d'Il était une fois un flic fut une vraie surprise et un vrai bonheur.

Le pitch de départ sous entend, comme tu l'as écris, la bonne vielle comédie familiale aussi ennuyeuse que ridicule. Or ici, d'une part, la violence et l'ambiance de polar qui plane sur le film sont loin du film "Disney" et d'autre part (et c'est là la vraie surprise) ce dégage des rapports Constantin / Darc / le mioche, une émotion et une tendresse qui ne m'a pas laissé insensible.

Mais quand es qu'ils vont éditer la musique complète du film ??????? :x
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Georges Lautner

Message par Profondo Rosso »

Fils de la comédienne Renée Saint Cyr, un des très grands réalisateurs français des 60's et 70's, de la trempe des Verneuil dans la capacité d'aborder différents genres avec un égal brio. Cependant un goût prononcé pour le loufoque oriente régulièrement la plupart de ses meilleurs film vers la comédie. On peut diviser sa carrière entre les grosses comédies policières du début 60's avec la collaboration régulière de Michel Audiard (Les Tontons Flingueurs, Les Barbouzes, Le Pacha...), un âge d'or dans la première partie des 70's avec une série de comédie de genre brillante et inventives (La Valise, Il était une fois un flic, On aura tout vu) tandis qu'en fin de décennie il réalise quelques uns des meilleurs actionner de Belmondo de l'époque (Flic ou Voyou, Le Professionnel). Entre toute ses périodes il aura régulièrement su aborder des registres différents, le thriller sérieux avec "Les seins de Glace", une veine plus auteurisante avec "La Route de Salina", et même le vrai nanar beauf avec l'inénarrable "Ils sont fous ces sorciers". Les 80's sont plus difficile avec un Bebel de trop ( le moyen "Joyeuse Pâques") et des films moins convaincant dans un registre qu'il maitrise bien pourtant ("La Vie dissolue de Gerard Floque", la cata "la cage aux folles 3"). Dernier film cinéma à ce jour "l'inconnu dans la maison" en 1992.

Filmographie
* 1958 : La Môme aux boutons
* 1960 : Marche ou crève
* 1960 : Arrêtez les tambours
* 1961 : Le Monocle noir
* 1962 : Le Septième juré
* 1962 : En plein cirage
* 1962 : L'Œil du Monocle
* 1963 : Les Tontons flingueurs
* 1964 : Des pissenlits par la racine
* 1964 : Le Monocle rit jaune
* 1964 : Les Barbouzes
* 1965 : Les Bons Vivants, co-réalisé avec Gilles Grangier
* 1966 : Galia
* 1966 : Ne nous fâchons pas
* 1967 : La Grande sauterelle
* 1968 : Fleur d'oseille
* 1968 : Le Pacha
* 1971 : Il était une fois un flic
* 1971 : Sur la route de Salina (Road to Salina)
* 1971 : Laisse aller, c'est une valse
* 1973 : Quelques messieurs trop tranquilles
* 1973 : La Valise
* 1974 : Les Seins de glace
* 1975 : Pas de problème !
* 1976 : On aura tout vu
* 1977 : Mort d'un pourri
* 1978 : Ils sont fous ces sorciers
* 1979 : Flic ou voyou
* 1980 : Le Guignolo
* 1981 : Est-ce bien raisonnable ?
* 1981 : Le Professionnel
* 1983 : Attention ! Une femme peut en cacher une autre
* 1984 : Joyeuses Pâques
* 1984 : Le Cowboy
* 1985 : La Cage aux folles 3 - 'Elles' se marient
* 1987 : La Vie dissolue de Gérard Floque
* 1988 : La Maison assassinée
* 1989 : L'Invité surprise
* 1990 : Présumé dangereux
* 1991 : Triplex
* 1992 : Room service
* 1992 : Prêcheur en eau trouble (TV)
* 1992 : L'Inconnu dans la maison
* 1994 : L'Homme de mes rêves (TV)
* 1996 : Le Comédien (TV)
* 2000 : Scénarios sur la drogue (segment Le bistrot)
Je remets les avis déjà posté en vrac et à vous ! On attends l'inconscient qui va réhabiliter "ils sont fous ces sorciers" :mrgreen:
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Re: Georges Lautner

Message par Profondo Rosso »

Les Tontons Flingueurs (1963)

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Fernand Naudin (Lino Ventura), un ex-truand reconverti dans le négoce de machines agricoles, à Montauban. Sa petite vie tranquille va basculer lorsque son ami d'enfance, Louis dit le Mexicain, un gangster notoire, de retour à Paris, l'appelle à son chevet...

Celui-ci, mourant, confie à Fernand, avant de s'éteindre, la gestion de ses « affaires » ainsi que l'éducation de sa petite Patricia (Sabine Sinjen), au mécontentement de ses troupes et sous la neutralité bienveillante de maître Folace (Francis Blanche) son notaire, qui ne s'émeut pas trop de la querelle de succession à venir.

Fernand Naudin doit affronter les frères Volfoni – Raoul (Bernard Blier) et Paul (Jean Lefebvre) – qui ont des visées sur les affaires du Mexicain : un tripot clandestin, une distillerie tout aussi clandestine, une maison close, etc. D'autres "vilains" vont se révéler être trés intéressés par la succession dont Théo et son ami Tomate.


Le grand classique de la comédie policière française. Une intrigue classique du genre progressivement dynamitée par Lautner qui applique ici pour la 1ere fois la formule de plusieurs de ses films à venir. Situations décalées (le vieux gentleman qui vient voir Ventura en plein durant la fusillade finale), personnages plus loufoques les uns que les autres (mention spéciale à Claude Rich en fiancé précieux et surtout Robert Dalban en majordome pseudo anglais et ancien cambrioleur) pour une grand moment de délire. Ca démarre donc sobrement avec ce récit de rivalité et de succession chez les gangsters pour peu à peu joyeusement se dérider, au point d'en oublier l'objet policier en plein milieu de film avec une séquence de beuverie mémorable où les bandes de Ventura et Blier se rabibochent. La réalisation de Lautner est pleine d'invention, parvenant à bien mettre en valeur les acteurs lorsqu'ils balancent les dialogues géniaux de Michel Audiard (avec des gros plans savamment distillés cachant la pauvreté ou l'absence de décor) et traduisant par l'image le côté décalé de l'ensemble avec pas mal de plans et de cadrages expressionnistes alambiqués évoquant le cinéma d'Orson Welles. Casting grandiose, Lino Ventura bien moins monolithique qu'à l'accoutumée (comme sur les deux autres Lautner qu'il tournera) qui se laisse par moment aller à la franche gaudriole (la danse dans la maison pour éviter les balles), Bernard Blier en grande gueule trouillarde et son frère incarné par Jean Lefebvre. Les seconds rôle étrangers Horst Franck (sacré guele et regard inquiétant) et Venantino Venantini sont tout aussi bon mais un vrai problème de compréhension des dialogues par moment vu leurs accent très prononcé, le mal des coprod internationale. 6/6

Patricia, mon petit... Je voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier. L'homme de la Pampa parfois rude reste toujours courtois mais la vérité m'oblige à te le dire : ton Antoine commence à me les briser menu !

Vous avez beau dire, y'a pas seulement que de la pomme, y'a aut'chose. Ça serait pas dès fois de la betterave, hein ?

Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît.


:mrgreen:
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Re: Georges Lautner

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Les barbouzes (1964)

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Le film commence par la mort d'un marchand d'armes, Benar Shah, et son enterrement qui réunit, autour de sa veuve Amaranthe, un quatuor de barbouzes. Il y a son faux cousin français Francis Lagneau, son faux psychanalyste allemand Hans Müller, son faux frère de lait soviétique Boris Vassilieff et son faux confesseur suisse Eusebio Cafarelli. Tous sont là pour récupérer les secrets et l'héritage de l'industriel (des brevets sur des armes atomiques), mandatés par leurs gouvernements respectifs. Il faut aussi compter avec les dollars de l'Américain O'Brien et la présence de nombreux Chinois dans les passages secrets du château.

Le Français dispose d’une autre arme pour arriver à ses fins : la séduction.


Un an après le succès des "Tontons Flingueurs" la même équipe remet le couvert, c'est cette fois le film d'espionnage qui passe à la moulinette farceuse de Lautner. Si "Les Tontons Flingueurs" gardait une patine un peu plus classique en respectant sa trame de film policier malgré le délire ambiant, il en est tout autrement ici avec un scénario en roue libre et pas dénué de baisse de régime. Cela est largement rattrapé par le foisonnement d'idées, de rebondissement et de ruptures de ton tout azimuts. La scène d'ouverture avec son escalade de coups fourré entre agents dans le train annonce le ton, tout est possible. la voix off décalée, le texte faussement sérieux vantant les mérites du métiers de barbouzes et la présentation loufoque des différents agents secrets, c'est quasiment la "Rubric à brac" de Gotlib avant l'heure mise en image, et on se dit que le OSS 117 de Jean Dujardin doit bien plus au film de Lautner qu'aux romans ou au films sortis à la même époque (Ventura arrogant et goguenard, le patriotisme second degré assumé, la photo du Général De Gaule).
Se reposant beaucoup moins sur les dialogues d'Audiard, Lautner fait preuve de bien plus de maîtrise que sur les "Tontons" et l'humour essentiellement visuel fait mouche à chaque fois : les pièges que se tendent les espions sont à mourir de rire (la chasse d'eau piégée de Lino Ventura :mrgreen: ), les moments totalement décalés hilarant (Mireille Darc qui se maquille comme si de rien n'était en pleine baston dantesque) et l'invasion du château par les chinois (déjà une grande peur à l'époque icon_mrgreen.gif ) grandiose. On retrouve en plus amplifié et maîtrisé plusieurs des aspects développés dans les "Tontons Flingueurs", les cadrages alambiqués, les contre plongés surprenantes très bd dans l'esprit, les pur moments expressionnistes et outrés à la Orson Welles...
Casting exeptionnel en tout point, Lino Ventura (seul à être un tantinet sérieux et stoïque) est parfait en espion dur à cuire et touchant en séducteur maladroit, Francis Blanche en roue libre en espion russe fait des étincelles et Bernard Blier en faux prêtre roublard excelle. Plongée au milieu du chaos Mireille Darc (qui a fait son entrée dans la joyeuse famille dans le précédent Lautner "Des Pissenlits par la racine") est parfaite en veuve (première apparition en voile noir et sous vêtement :oops: ) faussement naïve et montre des capacités de timing comique phénoménales et qui ne feront que s'améliorer dans ses films suivant. 6/6
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Re: Georges Lautner

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Des Pissenlits par la racine (1964)

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Jo Arengeot (Maurice Biraud) et "Pommes-chips" (Gianni Musy) viennent de sortir de prison. Jo demande à Pommes-chips de jouer pour lui au tiercé. Enfin, Pommes-chips retrouve Jack (Louis De Funès), un rival amoureux, et le poursuit pour le tuer. Finalement, c'est Jack qui tue Pommes-chips, avant que Jo ne découvre qu'il a gagné au tiercé, et n'essaie de récupérer son ticket.

Scénario génial, un cast de fous furieux (De Funès, Francis Blanche, Michel Serrault, Darry Cowl) tous au trousses d'un ticket de tiercé gagnant coincé dans la poche d'un cadavre qui se ballade dans Paris. Lautner multiplie les situations rocambolesque dont il a le secret (le mécanisme météo qui se déchaine dans le théâtre, De Funès malmené dans la contrebasse) dans cette course poursuite bien vénale. De Funès étonne en abordant un registre plus sombre qu'à l'accoutumée, loin du français moyen raciste qu'on connait, un gangster prêt à tout pour sauver sa peau. Mireille Darc fait une entrée fracassante dans la famille Lautner, totalement affolante en fausse ingénue et vrai femme fatale. Et une nouvelle fois les dialogues de Audiard sont éclatant de drôlerie.

Je suis pas Lawrence d'Arabie. Je traverse pas le désert sans boire.
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Re: Georges Lautner

Message par Profondo Rosso »

Ne nous fâchons pas (1966)

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Antoine Beretto, ancien gangster, est armateur sur la côte d'Azur. Il accepte pour ses anciens amis de retrouver un escroc en cavale (Jean Lefèbvre). Celui-ci est un « fléau » qui traîne à ses basques un gang de Britanniques menés par un certain « Colonel »…

Les situations entrevues dans "Les barbouzes" et "les tontons" sont ici poussée dans leurs derniers retranchements. Ca démarre sur les chapeau de roues avec un Lino Ventura voulant se faire rembourser une dette par Jean Lefèbvre et qui se retrouve confronté à un redoutable gangster anglais. Après cette mise en place parfaite le film par totalement en roue libre avec un Lautner qui multiplie les situations les plus absurdes et les gags surréaliste (dont un final vengeur tordant où la bande à Ventura multiplie les attentats farfelus contre l'anglais). Ventura en gros sanguin faisant des efforts pour se contrôler (le titre y fait d'ailleurs référence) est parfait tout comme les autres habituels de Lautner comme le génial Michel Constantin ou la magnifique Mireille Darc (moins bombe sexuelle que dans d'autres Lautner) bien aidé par des dialogues aux petits oignons de Michel Audiard (Constantin qui propose de prendre le volant à Ventura qui vient de pulvériser un décor et de faire 3 tonneau en voiture et ce dernier qui répond "je peux pas quand je conduit pas j'ai peur" :mrgreen: ). Les ennemis anglais permettent à Lautner d'aborder un humour plus orienté Swinging London avec les hommes de mains du méchant qui arborent de parfait look de mods et roule en mobylette et une bande son rock psyché des plus réussie. Pas aussi carré et efficace que "Les Barbouzes" ou "Les Tontons Flingueurs" mais sacrément jubilatoire.
Dernière modification par Profondo Rosso le 8 juin 08, 20:02, modifié 1 fois.
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Re: Georges Lautner

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Les Bons Vivants (connu aussi sous le titre "Un grand seigneur") (1965)

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1/La fermeture : Mr Charles, patron d'une maison close, remet à l'une de ses pensionnaires la lanterne.
2/ Au tribunal : une femme à qui l'on a volé des bijoux, ne cherche qu'a récupérer une lanterne.
3/ Les bons vivants : Une jeune fille s'installe chez un homme et attire tous les membres de l'Athletic-club.


Un film à sketch co réalisé par Gilles Grangier et Georges Lautner qui a pour thème central le "drame" que constitua la fermeture des maisons close pour toute une communauté...

On passe rapidement sur les deux premiers segment réalisé par Grangier, sympathique mais assez anecdotiques au final. Dans le premier, ambiance mortifère de mise avec un Bernard Blier en patron de maison close contraint de fermer son établissement. Blier bien désabusé est génial, on ne peut malgré tout ne pas partager son amertume ainsi que la tristesse et la nostalgie des autres personnages (et ses filles qui ne veulent pas partir) tout en maintenant un second degré féroce (le déménagement de tout les "accessoires" farfelus de la profession :mrgreen: ). Le second ne vaut que pour les bons mots d'Audiard avec cette ancienne prostituée (joué par Bernadette Laffont) qui cherche à récupérer une lampe souvenir de sa glorieuse jeunesse dans les maisons de plaisir. Défilé de gueule avec Jean Lefevbre et jean Carmet en cambrioleur pieds nickelés ou encore Darry Cowl en avocat allumé, assez amusant par instants lorsque tout le tribunal, juges, policier, témoins et accusés compris se mettent à regretter de concert le bon vieux temps des maisons close en plein procès...

Le gros morceaux, c'est bien évidemment le dernier sketch de Lautner, un petit chef d'oeuvre de comédie qui, bien que ce soit une de ses oeuvres les moins connues est un sommet de sa collaboration avec Audiard. Louis de Funès campe un chef d'entreprise psychorigide et acariâtre qui va par un concours de circonstances tomber dans les filets de la prostituée (incarnée par Mireille Darc) et voir sa maison transformée en maison close à son insu et visitée par tout ses amis. De Funès commence par faire du pur de Funès colérique avant de livrer une prestation géniale d'innocence lorsqu'il se fait progressivement amadouer par une Mireille Darc tout en candeur qui fait tourner les tête. Timing comique redoutable avec la maison de de Funès dont le mobilier devient de plus en plus coquin, l'ironie mordante de la narration en voix off (de Philippe Castelli) et les filles de plus en plus nombreuses et de toutes nationalités qui envahissent les lieux sans que De Funes ne se doute de rien. Les second rôles sont parfaits dont un Jean Richard nettement moins raide que quand il campe Maigret, ici un bon pervers provincial amateurs de jeunes filles. 4/6 mais quasi essentiellement pour le segment de Lautner.
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Re: Georges Lautner

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Le Pacha (1967)

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Le commissaire Joss, enquêtant sur un hold-up de diamants exécute au bazooka, constate que de nombreux truands disparaissent de façon violente. Il soupçonne Quinquin, un tueur, mais celui-ci est intouchable, faute de preuves. Quand son ami, Gouvion, qui a eu des faiblesses avec son devoir, est assassine, il décide de réagir.

Un formidable polar, un des tout meilleurs de l'époque produit en France et surtout le film de la rencontre entre le monstre sacré Jean Gabin et le cinéma fou fou de Georges Lautner. Tout le film repose d'ailleurs sur cette opposition entre tradition et modernité. Sur une trame policière en apparente classique, Gabin vestige d'un autre temps traîne sa silhouette imposante de flic à l'ancienne et au méthodes toute personnelles. La présence de Gabin semble avoir obligé Lautner à se réfréner sur le délire mais aussi à être plus rigoureux sur sa narration (on a plus ses fameux moments en roue libre). Sur cette intrigue carrée, Lautner soigne la forme comme jamais (c'est vraiment un de ses film les plus classe visuellement) et apporte une vraie touche moderne et novatrice. S'éloignant de tout réalisme, on délaisse les bureaux poussiéreux du Quai des Orfèvres pour faire évoluer nos flics dans un commissariat aux décors high tech typés 60's particulièrement recherchés et leurs faire utiliser un matériel dernier cri carrément en avance sur la vraie police de l'époque comme la vidéo surveillance. On retrouve ce ton modernes dans d'autres séquences du film. Lautner avait déjà montrer son ancrage dans l'époque avec les tueurs aux look de mods dans "Ne nous fâchons pas", cette fois nous avons droit à un Gabin stoïque qui vient effectuer un interrogatoire dans une boite de nuit hippies où un décor des plus psyché et flower power avec l'appartement de Dany Carel. la mise en scène percutante de Lautner associée à la photo splendide de Maurice Fellous nous donne donc à voir un formidable objet pop preuve qu'en france on savait y faire aussi de ce côté là.
Le film dépoussière l'image du flic et fit un petit scandale à l'époque (visionné par le mistère de l'intérieur avant sa sortie) au vu des méthodes de justicier du divisionnaire incarné par Gabin qui malmène sans étâts d'âmes les malfrats, et qui pour les plus nuisible d'entre eux se fait un plaisir d'éviter la case prison avec l'assentiment de sa hiérarchie.

Le mitan, j'en ai jusque-là ! Voilà quarante ans que le truand me chagne ! Dans mon bureau, au ciné, dans le journal ! En costard clair ou en blouson noir, je l'ai digéré à tous les âges et sous toutes les modes ! Ca tue, ça viole, mais ça fait rêver le bourgeois et reluire les bonnes femmes ! C'est romantique ! Alors je vais me mettre au goût du jour. Les voyous, je vais plus les confier aux jurés de la Seine, je vais les sortir du bal ! Et pas à coup de mandat, à coups de flingue ! Cette fois, y aura pas de non-lieu, ni de remise de peine ! Je vais organiser la Saint-Barthélémy du mitan ! Et je compte sur personne pour me couvrir. Je décroche dans six mois. Je sais que vous avez déjà préparé les allocutions et commandé les petits fours. Alors qu'est-ce que tu veux qui m'arrive ? Je serai privé de gâteau ?

Il en va de même sur la violence totalement décomplexée du film (et pas de bruits de silencieux ridicules pour détendre l'atmosphère) notamment avec les multiples tueries orchestrées par Quinquin (excellent André Pousse) se débarassant de ses complices (dont une où il tue froidement un couple et regarde tranquillement les résultats de son tiercé à la télé) ou bien sûr la vengeance finale de Gabin des plus discutable, sans parler de l'attaque de fourgon au bazooka en ouverture.. N'oublions pas l'excellent score de Serge Gainsbourg (qui participe à la volonté moderniste du film) variante sur son morceau "Requiem pour un con" (il fait une petite apparition où il l'interprète d'ailleurs) composé pour le film (les paroles prennent d'ailleurs tout leurs sens en voyant le film) et qui renforce le côté stylisé de certains instants (la première rencontre entre Quinquin et Dany Carel). Bref on on est pas loin de la perfection (ça manque de Mireille Darc !) pour un des meilleurs Lautner. 5,5/6

J'pense que quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner !

très bons bonus d'ailleurs sur l'image du flic véhiculé par le film et la rencontre entre gabin et l'équipe de Lautner bien flippée...
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Re: Georges Lautner

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Laisse aller... C'est une valse (1971)

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Serge Aubin (Jean Yanne) sort de prison, après y avoir purgé une peine de 2 ans pour le vol de bijoux. A sa sortie, il va rejoindre son épouse Carla (Mireille Darc), qu'il croit être responsable de son emprisonnement et l'enlève, avec l'aide de son ami Michel (Michel Constantin)...

Comédie policière royale comme sait si bien les pondre Lautner dans les 70's, matinée de comédie de remariage et de screwball comedy franchouillarde. Si on atteint pas le niveau de "La valise" à cause d'un scénario parfois un peu en roue libre, ça reste sacrément divertissant. quasiment une idée de gag, de mise en scène décalée ou de situations extravagante à la minute : Constantin qui entre par effraction dans un appartement et tombe sur une masochistes, une scène de sexe entre jean Yanne et Mireille Darc complètement allumée, nos héros qui braquent une station service et tombe sur des chasseurs imbibés et armés jusqu'aux dents, un gunfight façon cinéma muet... Jean Yanne nonchalant et bourru s'intègre parfaitement à l'univers de Lautner, Mireille Darc tout en charme et second degré réjouissant toujours aussi épatante (aucune star féminine française de l'époque n'aurait osée une pareille scène de sexe) et Michel Constantin en gros dur à cuire un peu lunaire. Plus drôle , inventif et trépidant que la plupart des comédies populaire de genre actuelle pourquoi on ne sais plus en faire des comme ça ?
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Profondo Rosso
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Re: Georges Lautner

Message par Profondo Rosso »

La valise (1974)

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Enfermé dans une valise diplomatique, un membre des services secrets israeliens (Jean Pierre Marielle) doit quitter un pays du moyen-orient. Les services secrets français décident de l'aider en lui envoyant le Capitaine Augier (Michel Constantin) en renfort. Il souhaite cependant auparavant revoir son amante Françoise (Mireille Darc) dont les deux hommes vont se disputer les faveurs au termes d'une séries de péripéties.

Le film anticipe "Les aventures de rabbi Jacob" pour son mélange de grosse comédie et de fond politique grave ainsi que son message de paix. Difficile d'imaginer une comédie mise en route aujourd'hui sur un tel sujet. Si Lautner n'abandonne pas sa loufoquerie légendaire (la parodie de western spagheti en arabe au début), le film étonne par le ton romantique et désenchanté qu'il dégage porté par un casting haut de gamme et le score splendide de Philippe Sarde. Jean Pierre Marielle par son jeu complexe parvient à donner à son personnage une lumière tout à la fois amoureuse et burlesque, Michel Constantin est aussi ridicule que touchant en espion ahuri et Mireille Darc explose dans ce rôle de femme, loin de la jolie ingénue des débuts tout en affirmant son statut de sex symbol français des 70's (dont un full frontal parmis les plus classe de l'histoire du cinéma) confirmé avec la série des "Grand Blond". Une des réalisation les plus réussies de Lautner également avec de superbes scènes tournées au Moyen Orient et la fin ouverte est des plus belles.
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