Roberto Rossellini (1906-1977)
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Pour parler de ce que je connais (au risque de me répéter ), la fin de Stromboli mélange pour moi une veine sèche et cruelle à un quelque chose que je n'arrive à appeller autrement que de l'onirisme. Encore que ce ne soit pas excessif, on est bien d'accord!Strum a écrit : Il y a bien une ambiance particulière chez Rosselini (une distanciation séche avec de soudaines irruptions du divin ou du miraculeux au fur et à mesure que l'on s'éloigne des années 40), mais je n'y vois nul onirisme, au contraire.
Cela dit, si je remets en question le titre de Rossellini de "père fondateur" que j'ai déjà lu ici et là, il est bien clair que le néo-réalisme est son domaine.
C'est très voyant dans ce film, notamment lors de la fameuse scène de pêche, et dans une construction un brin anthropologique.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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Pardon si mon message est apparu un peu abrupte, ce n'était pas dans mon intention ! Je pense que le terme onirisme n'est pas approprié. L'onirisme relève du rêve et est donc la parfaite antithèse du réalisme. L'onirisme s'applique parfaitement à un cinéaste comme Powell dont on parle à côté, pas à Rosselini. Ce qui se passe à la fin de Stromboli ou dans d'autres films comme dans Voyage en Italie est du domaine du miracle, de la foi. Une foi concrêtisée par un acte s'inscrivant dans la réalité. On est donc loin du domaine du rêve et de l'onirisme.MJ a écrit :Pour parler de ce que je connais (au risque de me répéter ), la fin de Stromboli mélange pour moi une veine sèche et cruelle à un quelque chose que je n'arrive à appeller autrement que de l'onirisme. Encore que ce ne soit pas excessif, on est bien d'accord!
Cela dit, si je remets en question le titre de Rossellini de "père fondateur" que j'ai déjà lu ici et là, il est bien clair que le néo-réalisme est son domaine.
C'est très voyant dans ce film, notamment lors de la fameuse scène de pêche, et dans une construction un brin anthropologique.
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Ok, alors. Mais pour continuer la discussion, il est vrai que la réalité que décrit Rosselini dans ses films néo-réalistes des années 40 (la guerre et l'après-guerre) a un caractère si extra-ordinaire, si stupéfiant, dans sa description de la décomposition matérielle et morale d'une société des hommes livrée à elle-même qu'elle peut paraître frappée du sceau de l'irréalité dans sa sécheresse même.
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Vu comme j'ai adoré celui-ci je compte me lancer assez vite sur Rome, Ville Ouverte. Eti par deux fois le résulat s'avère aussi concluant, alors je crois que je vais commencer une Rossellini-mania comme jadis pour Tarkovski ou plus récemment Bergman.
Je suis quelqu'un qui fonctionne pas mal par périodes.
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Attends toi quand même à quelque chose de plus hétérogène chez Rossellini...C'est quelqu'un qui a marqué le néoréalisme mais qui a ensuite cherché à s'en détacher...Si on pioche à divers moments de sa filmo, on découvre une oeuvre très particulière qui ne s'est jamais vraiment plié à un mouvement esthétique et dont la dimension spirituelle et emotionnelle est caché dans une certaine distanciation (ce qui peut faire dire que ses films sont froid mais il n'en est rien).MJ a écrit :Vu comme j'ai adoré celui-ci je compte me lancer assez vite sur Rome, Ville Ouverte. Eti par deux fois le résulat s'avère aussi concluant, alors je crois que je vais commencer une Rossellini-mania comme jadis pour Tarkovski ou plus récemment Bergman.
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La récente rétro à la cinémathèque m'a permis de découvrir ses très beaux films pour la télévision, malheureusement un peu oublié depuis.
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Pour intervenir brièvement dans le débat Strum / MJ, je crois qu'il est difficile d'apprécier aujourd'hui l'aspect réaliste de Rossellini à sa juste valeur.
Notre regard de spectateur juge parfaitement normal les images de décors extérieurs (que la télévision a totalement banalisées).
Au delà du talent et de la puissance de la mise en scène de Rossellini (hé oui, je fais partie des fans, et j'ai écrasé des larmes à la fin de Rome ville ouverte), je crois qu'il y avait un coté très novateur à filmer le monde qui l'entourait de façon fouillée, réfléchie.
On voit des gens travailler, vivre, des décors peu apprêtés, des rôles non professionnels...
Tout cela était fort neuf, même si ça avait déja existé deux décennies plus tôt. Il me parait difficile de percevoir cette nouveauté aujourd'hui...
Notre regard de spectateur juge parfaitement normal les images de décors extérieurs (que la télévision a totalement banalisées).
Au delà du talent et de la puissance de la mise en scène de Rossellini (hé oui, je fais partie des fans, et j'ai écrasé des larmes à la fin de Rome ville ouverte), je crois qu'il y avait un coté très novateur à filmer le monde qui l'entourait de façon fouillée, réfléchie.
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I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Tu soulèves une vraie question. La panse, la tête et les yeux gavés d'images de toutes sorte, et l'imagination visuelle repue, nous ne sommes plus en mesure de comprendre le choc qu'a du représenter les images néo-réalistes de Rosselini (et d'ailleurs de manière plus générale, les premières images du cinématographe dont parle Jack).cinephage a écrit :je crois qu'il est difficile d'apprécier aujourd'hui l'aspect réaliste de Rossellini à sa juste valeur.
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En effet. Mais :Jack Griffin a écrit :ça prend valeur de document historique...Mais les frères lumières filmaient les rues eux aussi
1) Les "vieux films" n'étaient pas souvent montrés au public. La notion de cinémathèque étant assez révolutionnaire, et la mémoire du cinéma n'étant pas préservée dans l'esprit du public...
2) Même si ça a été fait après les Lumière (Vertov, et d'autres dans les années 30...), le son a remis le cinéma en studio pour quelques années, et les nouvelles génération (disons, les moins de 30 ans, grosso modo) n'avaient jamais vu ça.
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Pour continuer le débat ; la vraie particularité (remplace "nouveauté") de Rosselini fut sans doute la suivante : au lieu d'imaginer pour les besoins de ses films un monde porteur de sens et de valeurs ne correspondant que de loin à la réalité mais tel que l'artiste le voudrait (ce que faisait schématiquement le cinéma occidental à l'époque), ce qui aurait sous-entendu que le monde tel qu'il existait n'était pas un lieu propice à l'épanouissement de la beauté, Rosselini tacha d'accepter et de reproduire le monde qui l'entourait, c'est-à-dire sa réalité, en tachant de montrer que ce monde-là bien que tragique recelait aussi malgré tout une certaine beauté, ce qui démontrait une foi peu commune dans l'homme et le monde à une époque où le pire venait de se produire. Cela nécessitait sans doute de sa part, et de celle d'autres cinéastes néo-réalistes, une compassion pour les hommes peu commune.