Avis : regarde-le.MJ a écrit :Des avis?
Le Narcisse Noir (Michael Powell & Emeric Pressburger - 1947)
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Re: BLACK NARCISSUS/LE NARCISSE NOIR de Michael Powell
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Difficile d'évoquer par des mots la trace laissée par Le Narcisse noir tant il s'agit d'un film sensitif dans lequel l'onirisme irréel de Powell est sublimé par le Technicolor de Cardiff, d'une éblouissante beauté. Le narcisse noir est un frémissement permanent provoqué par une Inde fantasmée cristalisant les passions. La nature chatoyante des sommets himalayens ( quel travail de studio!), source d'envoûtement, libère les passions, et l'opposition entre Deborah Kerr et Kathleen Byron, magnifiée par le travail des couleurs (opposition blanc/rouge), constitue le sommet d'un film ou la relation conflictuelle spiritualité/passions atteint une superbe intensité. Les souvenirs enfouis remontent à la surface, laissant place à une humanité déchirée et excessive. Somptueux visuellement (Powell n'a jamais fait mieux, et le travail de Cardiff et Junge (photo/décors) est fantastique)), Le narcisse noir dévoile une beauté bouleversante. L'imagerie exotique de l'Inde est peu à peu déconstruite par le réalisateur au profit d'un dépouillement au service de la puissance du récit. L'inquiétude née de l'oppression d'un environnement trouble et hostile accompagne la montée du désir, soulignée par une sensualité omniprésente : à ce niveau, la performance de Jean Simmons ( 18 ans à l'époque), dans un rôle quasiment muet, est magnifique.
Si l'intrusion du désir chez les soeurs produit des scènes magnifiques, entre la force du rôle muet de Jean Simmons et le face à face Kerr/Byron, ce sont les réminiscences d'un passé perdu qui forment les moments les plus inoubliables. Le visage de Deborah Kerr, d'une puissance expressive mémorable, offre une intimité émotionnelle qui irradie chaque plan.
Tout ceci place Le narcisse noir dans mon top 10, sans problème.
Si l'intrusion du désir chez les soeurs produit des scènes magnifiques, entre la force du rôle muet de Jean Simmons et le face à face Kerr/Byron, ce sont les réminiscences d'un passé perdu qui forment les moments les plus inoubliables. Le visage de Deborah Kerr, d'une puissance expressive mémorable, offre une intimité émotionnelle qui irradie chaque plan.
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Comme ton clavier ?MJ a écrit :Le pire c'est que je l'utilise à tout va.
Mais pas très pertinement.
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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C'est surtout le visage de Byron qui est saisissant !Joe Wilson a écrit :Le narcisse noir est un frémissement permanent provoqué par une Inde fantasmée cristalisant les passions. Les souvenirs enfouis remontent à la surface, laissant place à une humanité déchirée et excessive. Somptueux visuellement (Powell n'a jamais fait mieux, et le travail de Cardiff et Junge (photo/décors) est fantastique)), Le narcisse noir dévoile une beauté bouleversante. Si l'intrusion du désir chez les soeurs produit des scènes magnifiques, entre la force du rôle muet de Jean Simmons et le face à face Kerr/Byron, ce sont les réminiscences d'un passé perdu qui forment les moments les plus inoubliables. Le visage de Deborah Kerr, d'une puissance expressive mémorable, offre une intimité émotionnelle qui irradie chaque plan.
Tout ceci place Le narcisse noir dans mon top 10, sans problème.
Quelle image extraordinaire que celle de ce visage marqué par la folie, les cheveux collés par la sueur, dans cette embrasure de porte.
Elle est carrément maléfique !
C'est sûrement celà la beauté du diable...
Bien Môsieur... Il sera fait comme vous désirez, Madâme.
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Faudrais que je vois ce film... c'est sur, reste a le trouver.
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Les avis ont justement tendance à évoquer davantage le rôle de Kathleen Byron que celui de Deborah Kerr, parce que le potentiel dramatique du personnage de soeur Ruth est évident. C'est pour cela que je mets plutôt en avant Deborah Kerr, qui est extraordinaire avec un jeu plus sobre.Majordome a écrit :
C'est surtout le visage de Byron qui est saisissant !
Quelle image extraordinaire que celle de ce visage marqué par la folie, les cheveux collés par la sueur, dans cette embrasure de porte.
Elle est carrément maléfique !
C'est sûrement celà la beauté du diable...
Cela n'empêche pas de vanter les mérites de Byron, même si celle-ci exprime (elle l'explique dans les bonus du DVD) qu'elle s'est laissée porter par la photographie de Cardiff qui lui donne ce caractère quasi démoniaque. La montée de la tension jusqu'à la scène de la cloche offre en effet des plans de Byron entièrement saisissants(quel rouge!).
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1) ton lien marche pas
2) finalement, tu l'as pas ouvert ce topic, dégonflée.
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Il ya quelque chose qui m'a frappé la première fois que j'ai vu le film, c'est la ressemblance physique entre les deux actrices. Cela n'est pas le fait du hasard, j'en suis sûr. Les deux soeurs sont comme les deux visages d'une même personne écartelée entre le "bien" et le "mal" (pour schématiser). Kathleen Byron renvoie à Deborah Kerr l'image de ce qu'elle aurait pu être (cf. son passé), voire plus : celle qu'une partie de sa personnalité souhaiterait devenir.Joe Wilson a écrit :Les avis ont justement tendance à évoquer davantage le rôle de Kathleen Byron que celui de Deborah Kerr, parce que le potentiel dramatique du personnage de soeur Ruth est évident. C'est pour cela que je mets plutôt en avant Deborah Kerr, qui est extraordinaire avec un jeu plus sobre.
Cela n'empêche pas de vanter les mérites de Byron, même si celle-ci exprime (elle l'explique dans les bonus du DVD) qu'elle s'est laissée porter par la photographie de Cardiff qui lui donne ce caractère quasi démoniaque.
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J'avais également été frappé par cet aspect. Les visages sont très très proches et semblent n'être différenciés que par les éclairages de Cardiff qui sont de plus en plus présents sur celui de Byron.Roy Neary a écrit : Il ya quelque chose qui m'a frappé la première fois que j'ai vu le film, c'est la ressemblance physique entre les deux actrices. Cela n'est pas le fait du hasard, j'en suis sûr. Les deux soeurs sont comme les deux visages d'une même personne écartelée entre le "bien" et le "mal" (pour schématiser). Kathleen Byron renvoie à Deborah Kerr l'image de ce qu'elle aurait pu être (cf. son passé), voire plus : celle qu'une partie de sa personnalité souhaiterait devenir.
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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C'est vrai qu'elles se ressemblent. Très bonne observation. Notamment concernant leurs rapports respectifs avec David Farrar. Deborah Kerr ne ressent-elle pas une certain attirance pour lui sans jamais franchir le pas que franchit Byron ? Kerr est effectivement exceptionnelle dans le rôle (mais elle est encore meilleure dans Blimp où elle est prodigieuse de beauté et d'intelligence de jeu ; à l'image du film d'ailleurs).Roy Neary a écrit :Il ya quelque chose qui m'a frappé la première fois que j'ai vu le film, c'est la ressemblance physique entre les deux actrices. Cela n'est pas le fait du hasard, j'en suis sûr. Les deux soeurs sont comme les deux visages d'une même personne écartelée entre le "bien" et le "mal" (pour schématiser). Kathleen Byron renvoie à Deborah Kerr l'image de ce qu'elle aurait pu être (cf. son passé), voire plus : celle qu'une partie de sa personnalité souhaiterait devenir.
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Tatafé. On peut d'ailleurs noter (pour insister davantage sur la remarque que phylute fait sur la manière dont Byron est éclairée) qu'à mesure que la silhouette de Soeur Ruth s'entoure de rouges pourpres et de verts sombres, celle de Soeur Clodagh devient de plus en plus environnée de blancheur.Strum a écrit :C'est vrai qu'elles se ressemblent. Très bonne observation. Notamment concernant leurs rapports respectifs avec David Farrar.Roy Neary a écrit :Il ya quelque chose qui m'a frappé la première fois que j'ai vu le film, c'est la ressemblance physique entre les deux actrices. Cela n'est pas le fait du hasard, j'en suis sûr. Les deux soeurs sont comme les deux visages d'une même personne écartelée entre le "bien" et le "mal" (pour schématiser). Kathleen Byron renvoie à Deborah Kerr l'image de ce qu'elle aurait pu être (cf. son passé), voire plus : celle qu'une partie de sa personnalité souhaiterait devenir.
Jusqu'à cette ultime nuit où Ruth se pare d'une robe rouge (symbole du péché qui la tente) tandis que Clodagh tente de la sauver de la perdition en veillant toute la nuit, ce qui blêmit encore davantage son visage. D'ailleurs la manière dont cette confrontation nocturne est filmée renforce l'opposition entre les deux religieuses: le champ/contre-champ permanent, l'une brandit comme un défi un miroir et un bâton de rouge à lèvres (= la vanité et les apparences, dans la tradition chrétienne le miroir est l'attribut des prostituées et d'Eve la pêcheresse), l'autre se cramponne à sa Bible (= le monde de la spiritualité et de la vertu).