Bill Harford a écrit :En général, je suis donc pour une traduction littérale, mais si celle-ci ne passe pas très bien, alors gardons le titre en anglais... Je répète encore une fois que la non-traduction d'un titre ne signifie pas que personne n'ira le voir : est-ce que tout le monde sait ce que veut dire "Raging Bull"?
Dans 90% des cas, une traduction littérale ne donnera rien de bon. Mais le boulot des traducteurs, et ce coup ci je le répète, des traducteurs, est de s'approcher le plus possible de la forme du titre et de ce qu'il signifie. Avec ce que cela comporte d'imperfections. On obtiendra quand même bien souvent des résultats très corrects, si pas plus.
Derrière, rien ne dit que les producteurs et distributeurs seront satisfaits par ces traductions : l'expérience récente prouve qu'on préfère mettre de l'anglais à toutes les sauces plutôt que du français, ce qui me désole, car si le français n'est pas utilisé en France, je pense pas qu'il le sera en Papouasie. C'est à nous de le faire vivre, et d'enrayer son appauvrissement. Les titres des films ne pèsent pas très lourd, mais ce peut être la porte ouverte à toutes les fenêtres si on laisse tout passer.
Ensuite, que cela nuise ou pas au succès du film, on s'en cogne : c'est pas nos billes investies dedans non ? Le but du public n'est pas d'aller au ciné comme des bestiaux à l'abattoir histoire de faire le succès des films : la fonction du public est d'aller voir des films qui l'amusent, qui lui font envie, qui attisent sa curiosité. Ce n'est pas une vache à lait. Et c'est pas l'aspect échec / réussite commerciale qui a sa place dans ce débat.
Si cela te gêne qu'on puisse toucher au titre d'un film parce que le cinéaste ( quoique ces temps ci les producteurs ont aussi directement leur mot à dire sur le titre, ce serait naïf de croire que tous les titres relèvent de la seule volonté des cinéastes ), alors il faut aussi boycotter toute traduction des dialogues et des sous titres français, puisque fatalement ils ne rendront jamais totalement l'esprit ni la forme du texte original.
Pareil pour les bouquins : il ne faut plus traduire, il est illusoire de s'imaginer que la traducteur ne prend pas quelques libertés ( souvent minimes et sans conséquences ) avec le texte original. Et je sais de quoi je parle : sans être traducteur, mais pour avoir suivi des études d'un niveau corect dans ce domaine, la simple version d'un banal article de journal OBLIGE celui qui traduit à interpréter, à déformer un tant soit peu, le tout étant évidemment de rester au plus près possible du texte de départ ET sur la forme ET, surtout, sur le fond. L'impératif n°1 est que le lecteur puisse saisir totalement le sens, le second étant de respecter au mieux la forme du texte, s'il y en a une identfiable.
Pourquoi cette aparté et cette comparaison avec les bouquins ? Parce qu'elle est la suite logique de ce que tu n'approuves pas : la traduction, qui est, qu'on le veuille ou pas, une interprétation, une retranscription aussi fidèle que possible d'un texte en langue étrangère, destinée à ce que le public ( francophone ici ) puisse apprécier des oeuvres étrangères, et parallèlement ( ce qui n'est pas anodin ) enrichisse la connaissance de sa propre langue, et la survie ainsi que l'évolution de celle ci.
PS : Pour
Raging Bull, je ne pense pas pour ma part qu'il faille traduire, puisque c'était le surnom de Jake LaMotta. D'autres diront qu'on pourrait et qu'on devrait, c'est une affaire d'appéciation du traducteur. La règle veut qu'on ne traduit pas un nom, et rarement un surnom, sauf s'il est évident ( Godfather = Parrain ).
[...]But being this a .44 magnum, the most powerful handgun in the world, and would blow your head clean off, you have to ask yourself one question : "Do I feel lucky ?". Well, do you, punk ?