Bertrand Tavernier (1941-2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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odelay
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Bertrand Tavernier (1941-2021)

Message par odelay »

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EDIT DE LA MODERATION:

N'hésitez pas à consulter les topics consacrés au films et aux livres du réalisateur

L'Horloger de Saint-Paul (1974)
Que la fête commence (1975)
Des enfants gâtés (1977)
L627 (1992)
L'appât (1995)
Holy Lola (2004)
Dans la brume électrique (2008)
La princesse de Montpensier (2010)
Voyages à travers le cinéma français (2016)

le livre 50 ans de cinéma américain

Entretien avec Bertrand Tavernier sur Classik (2005)

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Juste un petit topic pour parler de l'oeuvre de B.Tavernier. Voilà l'exemple même, comme son copain Scorsese, du cinéphile qui a su complètement digérer sa grande culture cinéma et se l'approprier pour faire sa propre oeuvre originale, forte, bouleversante et souvent admirable. Tout le contraire de ces cinéastes également férus de cinéma de ces dernières années qui ne peuvent pas se défaire de leurs références.

« Avec Tavernier t'es sûr de ne pas faire une merde » disait B.P.Donnadieu lors d'une interview à la sortie de LA PASSION BEATRICE(ironie de cette déclaration, ce tournage a été un enfer pour Tavernier et tous les autres comédiens à cause du comportement de Donnadieu). Quand on regarde la filmo du réalisateur, force est de constater qu'il a raison. Il y a bien sûr des hauts et des moins hauts, mais cela reste toujours très supérieur à ce que font la grande majorité de ses collègues. Car lorsqu'il filme, il a toujours qq chose à dire, car il fait toujours des recherches impressionnantes sur le sujet avant de se lancer (qu'elles soient historiques ou sociales) et car il sait faire bouger une caméra et diriger des comédiens.

Ce qui est étonnant de voir aujourd'hui c'est que son oeuvre n'a pratiquement pas pris une ride. Dur de rester insensible devant le lyrisme du JUGE ET L'ASSASSIN ou de CAPITAINE CONAN, devant la débauche suicidaire et humaniste du Régent de France de QUE LA FETE COMMENCE, ou devant sa façon de parler du colonialisme en Afrique dans les années 30 dans COUP DE TORCHON. D'ailleurs ce dernier film met toujours aussi mal à l'aise : on perd complètement ses repères plus le film avance, et plus on découvre avec horreur l'attitude du personnage de Noiret. On ne sait plus du tout quel type de film on a vu. L'expérience est assez perturbante (au passage la plupart de ses films en disent bcp plus long sur l'Histoire que la plupart des cours ou livres).

Tavernier parle fort, énerve certains, il s'indigne et il agit. Avec ses moyens, avec ses talents : Un ministre cynique lui lance une invitation (ainsi qu'à plusieurs dizaines d'autres cinéastes) pour aller passer une nuit dans une cité de Montreuil, il est le seul à le faire mais n'oublie pas sa caméra. Cela donne DE L'AUTRE COTE DU PERIF. Il découvre avec effarement les pauvres moyens de la police dans certains quartiers de Paris et ce qu'est la vie de ces flics, il fait L627 (avec un point de vue précis qui est réaliste et absolument pas réac) ; on lui raconte les conditions de travails des instit de certains quartiers qui enseignent moins et jouent bcp plus aux assistants sociaux, il en tire CA COMMENCE AUJOURD'HUI, film formidable de justesse sur le métier.
Résultat de tout cela : une oeuvre d'une cohérence incroyable, d'une sincérité indiscutable et surtout d'une très grande qualité qui je trouve n'est pas toujours évaluée à sa juste valeur. Un type qui croit que le cinéma peut changer des choses ne peut être mauvais.
NUTELLA

Message par NUTELLA »

c''est marrant ce que tu dis,par ce que j'ai toujours trouvé que Tavernier est le Scorcese francais,et que Scorcese est le tavernier Americain 8)
j'aime autant le cineaste que l'homme,quelqu'un de très intelligent,de très egager et de profondement humain.
je laisse le soin demain à Jeremy Fox de parler surement très longuement de cet immense réalisateur 8)
Fatalitas
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Message par Fatalitas »

Bizarrement je n'accroche pas trop au cineaste (bien que je considere Coup de torchon comme un des tout meilleurs films français ) mais le cinephile me ravit aussi bien quand il ecrit 50 ans de cinema americain avec Coursodon que lors de ses interventions à l'Institut Lumiere de Lyon (je me souviens du week-end Frankenheimer l'an dernier ou Tavernier defendait comme personne ce cineaste :D ) ou c'est un plaisir de l'ecouter
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Tu es sur le bon forum pour encenser Bertrand Tavernier ! :wink:
Je trouve que le rapprochement avec Scorsese est assez osé. Bien sûr, il y a comme point commun cette cinéphilie ardente et engagée, parfaitement assumée et digérée dans l'oeuvre des deux cinéastes. Au-delà, leurs films sont très différents.

J'admire Tavernier pour son regard aiguisé sur la société et le soin porté à ses réalisations. Un cinéaste classique dans le bon sens du terme, mais qui est touhours en prise avec l'actualité et dont la cinéphilie nourrit intelligemment sa filmographie.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Odelay, tu as effectivement frappé à la bonne porte. Pour moi, il s'agit tout simplement d'un des meilleurs réalisateurs français (même si je n'aime pas du tout 3 de ses films), tu vois que je n'y vais pas avec le dos de la cuillère ;-)

Ceci dit, pas trop le temps d'en parler tout de suite mais vu que le post existe, j'y reviendrais de temps en temps.

Juste pour te dire que Un dimanche à la campagne est le film qui me touche le plus pour de multiples raisons ;-)

A suivre donc
Fatalitas
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Message par Fatalitas »

Jeremy Fox a écrit : (même si je n'aime pas du tout 3 de ses films)
curieux de savoir lesquelles :wink:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

fatalitas a écrit :
Jeremy Fox a écrit : (même si je n'aime pas du tout 3 de ses films)
curieux de savoir lesquelles :wink:
En fait , il n'y en a que deux ;-) Deux films à l'histoire passionnante mais à la réalisation plus que plombée :

La passion Béatrice et La mort en direct

EDIT : Et je rajoute Holy Lola qui m'a assez vite ennuyé
Fatalitas
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Message par Fatalitas »

Jeremy Fox a écrit :
fatalitas a écrit :
curieux de savoir lesquelles :wink:
En fait , il n'y en a que deux ;-) Deux films à l'histoire passionnante mais à la réalisation plus que plombée :

La passion Béatrice et La mort en direct
je ne les ai pas vu ces deux-la :wink:
Margo

Message par Margo »

Tavernier est un cinéaste qui me laisse souvent le cul entre deux chaises : soit j'aime beaucoup, soit... bof bof. Parmi ses films que j'adore, deux ou trois splendeurs : Un Dimanche à la Campagne, Histoires de vies Brisées : les double peine de Lyon (documentaire bouleversant), La Guerre Sans Nom (le docu définitif sur la Guerre d'Algérie selon moi) et surtout le film que je tiens pour son chef d'oeuvre : Laissez passer, qui malgré quelques accrocs dans certaines scènes de reconstitution historique, reste à mon avis un des films français les plus amples et les plus audacieux de ces dix dernières années.

Viennent ensuite un paquet de film que je n'ai pas vus, parmi lesquels quelques uns de ses plus réputés (L'Horloger de St Paul, Capitain Conan ou Le Juge et L'assassin) et qui me manquent donc pour vraiment juger de son oeuvre.

Et enfin, une petite palanquée de films qui me restent aussi sacrément sur l'estomac : L627 (là où beaucoup y voient une description juste et sans concession de la Police d'aujourd'hui, j'y vois un téléfilm fâlot et sans âme - allez-y, tapez !), La Vie et Rien d'Autre (lourd pensum, et quelle campagne de pub honteuse - remember "Un Monument" !!!), La Passion Béatrice, La Fille de d'Artagnan, Autour de Minuit (salement vieilli selon moi) mais aussi Coup de Torchon qui ne m'a jamais causé que baillements intempestifs. :? :wink:

Bref, un bilan mi figue mi raisin, qui ne me fait pas oublier l'homme Tavernier. Toujours aux côtés de causes qui me semblent justes, c'est aussi effectivement notre Scorsese à nous en matière de connaissance cinéphile comme en témoigne mon livre de chevet 50 Ans de Cinéma Américain ainsi que ses commentaires audio, toujours passionnants et foisonnants. Et, confirmation de ce que disait Fata, c'est aussi un bonheur de cinéphilié à voir et à entendre, bonheur qui m'a été donné plusieurs fois à l'Institut Lumière de Lyon.

Notre méoire cinéma en quelque sorte, et au bout du compte un homme que je trouve très attachant, peut être plus que sa filmo finalement. :P
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Ca commence aujourd’hui - 1999

Daniel (Philippe Torreton) est directeur d’une école maternelle dans le Nord de la France près de Valenciennes. Il exerce avec passion son métier d’instituteur dans cette région autrefois prospère mais désormais gangrenée par le chômage et la pauvreté. Entouré d’une équipe dévouée, il encourage l’éveil des enfants et, le reste du temps, lorsqu’il n’enseigne pas, met toute son énergie à défendre la cause des plus défavorisés en fonçant tête baissée contre les institutions publiques trop souvent déconnectées des réalités. Armé de ses seules convictions, il mène un combat quotidien qui n’aboutit qu’à peu de victoires mais avec néanmoins quelques lueurs d’espoir et certains moments de bonheur…

En 1998, après s'être plongé dans la Première Guerre Mondiale avec l’impressionnant Capitaine Conan puis après être allé sillonner les banlieues parisiennes et côtoyer leurs habitants pour son formidable documentaire De l’autre côté du périph’, Bertrand Tavernier tourne dans le Nord de la France non moins que son 19ème film. Co-écrit avec sa fille Tiffany ainsi que Dominique Sampiero - fils d’ouvrier devenu instituteur, directeur de maternelle puis écrivain -, tous deux ensuite coscénaristes de Holy Lola du même Tavernier, Ça commence aujourd’hui est la chronique indignée des combats quotidiens de Daniel, un directeur d’école maternelle. Armé de ses seules convictions, il se débat énergiquement avec l’héritage en ruines d’une région autrefois prospère contre la langue de bois des élus de la République, le manque de personnel, les crédits insuffisants, les dysfonctionnements du système, les carences de l’Éducation Nationale dans le domaine de la prévention et de la santé... Après avoir égratigné avec virulence les propriétaires véreux dans Des enfants gâtés ou encore le manque flagrant de moyens accordés à la police dans L.627, Bertrand Tavernier repart bille en tête un peu sur le même schéma et dans la même veine sociale que ce dernier film pour Ça commence aujourd’hui, s'immergeant donc cette fois dans le milieu scolaire maternel en zone défavorisée où il s’avère aussi compliqué de faire bouger ou avancer les choses que dans la sphère policière précédemment disséquée.

En 1980, dans Une Semaine de vacances, Nathalie Baye, professeur de français au collège, se faisait délivrer un arrête maladie pour ‘Burn out’ (surmenage était alors le terme employé), doutant d'elle-même et de sa vocation, estimant ne pas être très soutenue par sa tutelle administrative. Quasiment 20 ans après, le réalisateur remet les pieds dans le milieu de l'enseignement sauf que cette fois il s’agit d’un instituteur/directeur qui est mis sur le devant de la scène et que la bourgeoise ville de Lyon a fait place à un Nord de la France socialement bien plus 'abimé'. Sa caméra se met ici au service des laissés pour compte et des plus défavorisés, le scénario critiquant vertement l’aide quasi inexistante apportée aux enseignants devant faire face à de multiples problèmes à la fois, souvent bien éloignés de leur rôle, devant même parfois assumer les fonctions de parents ou autres professions que la leur. Les innombrables situations évoquées dans ce film à la vitalité débordante et qui fonce à 100 à l'heure ont presque toutes été vécues par son scénariste Dominique Sampiero, les nombreuses critiques criant à l’outrance et aux clichés ont été battues en brèche par ceux qui vécurent ces expériences à plusieurs reprises, notamment la séquence tant décriée avec l’inspecteur plein de morgue joué par Didier Bezace qui vient évaluer Daniel. La plupart des principaux intéressés ont affirmé que si ce qu’avait montré Tavernier était caricatural, ils avaient tous toujours vécu avec des caricatures et qu’au contraire, de telles situations faisaient partie de leur quotidien sans que ce qu'a filmé le cinéaste n'ait été aucunement exagéré.

Il en va de même pour la description d’un réalisme presque insoutenable de la cité du Temple près de Valenciennes dans laquelle vivent dans des conditions d’hygiènes effrayantes la plupart des familles, le réalisateur très en colère à l’encontre de ces même critiques conseillant à ceux qui le taxaient de misérabilisme ainsi que d’avoir noirci le tableau de venir passer quelques jours dans cet endroit où il n’avait jamais vu une aussi grande pauvreté, une aussi désespérante détresse, pas même en Roumanie ! Mais la grande réussite du film est qu’il parvient malgré tout à nous faire souffler et respirer par quelques pointes d’humour ainsi que quelques échappées vers de la pure poésie avec cette voix-off venant réciter des textes d’un profond lyrisme - la plupart écrit par Sampiero - collés sur des plans d’une formidable ampleur sur les paysages de cette région splendidement cadrée en cinémascope, en hommage en partie aux westerns hollywoodiens que Tavernier appréciait tant, le tout supporté par une partition très inspirée de Louis Sclavis. Tous les enfants du film ne sont pas des professionnels et appartenaient à l’école dans laquelle il a filmé, aujourd’hui d’ailleurs rebaptisée École Bertrand Tavernier. Beaucoup de moments très écrits mais aussi beaucoup d’autres totalement improvisés, le mélange des deux donnant une impression de naturel absolument étonnant grâce aussi aux comédiens, seule l’actrice Nadia Kaci qui tient le rôle de l’assistante sociale détonnant un peu dans l’ensemble par son interprétation parfois un peu 'surjouée'. Pour ce film sans vraiment d’éléments d’intrigue, Tavernier affirme n'avoir pas eu d’autres motivations dramaturgiques que les rapports d’un homme (Daniel) avec son travail, tout ce qu'ils peuvent entrainer de doute, de frustration, d’espoir, de colère de peur, quasiment les seules émotions qui font avancer le film. Cependant l’on s’en éloigne quand même à plusieurs reprises lorsque l’on assiste à quelques moments de sa vie familiale auprès de sa compagne, de ses parents – qui l’ont un peu meurtri dans son enfance - et de son beau-fils révolté par le fait de n’avoir jamais connu son père biologique. Tout ceci participe à brosser un portrait de Daniel encore plus humain.

Basé sur la propre expérience de Dominique Sampiero, Ça commence aujourd'hui est une sorte de chronique se déroulant le temps d’une année scolaire vue par les yeux de son principal protagoniste, loin d’être le Rambo décrit par quelques journalistes qui ont probablement dû somnoler durant la projection. Car au final, Daniel - comme ses collègues d’ailleurs - confronté à l’absurdité d’une bureaucratie tatillonne et inadaptée aux conditions sociales, à la roublardise et à l’assurance de technocrates et experts qui ne connaissent rien aux réalités, qui font semblant d’écouter et qui ne sont non seulement absolument pas intéressés par ce que l’on leur dit mais qui ont des théories toutes faites et des opinions toujours basées sur des notions abstraites, n’arrivera pas à faire changer grand-chose. Sa colère et la violence de sa révolte aboutiront même parfois à lui faire commettre de grosses erreurs de jugements qui auront des conséquences dramatiques. Il se montrera également un peu lâche face à l’oncle d’un de ses élèves qu’il accusait d’avoir eu envers son neveu un comportement violent. Bref, un être humain capable de se tromper et de se montrer faible, souvent remis en place par d’autres instituteurs ou par son épouse, bien loin du personnage caricatural et manichéen décrit par certains, et qui, très souvent impuissant devant la réalité, ne remportera finalement que peu de victoires, ou alors – comme chez John Ford - lorsqu’il bénéficiera de l’entraide de ses collègues ou d’autres personnes extérieures comme l’assistante sociale. Quoiqu’il en soit, Philippe Torreton, formidable, a tellement pris son rôle à cœur, partageant tout ce que ressentait le personnage de Daniel, qu’il communiqua à son réalisateur sa fougue et son énergie qui ressortent constamment dans sa mise en scène. Malgré tout, aucun manichéisme dans ce film car comme le dit son réalisateur, même si ce n'est que pour une seule seconde, chacun de ses protagonistes principaux ou secondaires aura eu raison à un moment ou à un autre et les arguments de quiconque auront presque tous pu être recevables, que ce soit ceux du maire communiste n’ayant pas le pouvoir de tout faire, la femme dans la précarité estimant même 30 euros par trimestres impossible à donner pour la coopérative…

Avec sa caméra à l’épaule sans cesse en mouvement pour donner une impression de confusion, de rapidité, d’instabilité à l’instar des personnages confrontés à des dizaines de problèmes en même temps et qui ne sont quasiment jamais ni sereins ni apaisés, Tavernier pleinement investi touche là où ça fait mal et nous offre un film magnifique à la fois extrêmement dur et tendre, rentre-dedans et poétique, poignant et violent et au final indispensable ! Tavernier fonce tête baissée dans tout ce qui le révolte ; cela ne va pas sans quelques rares lourdeurs et maladresses mais qui sont vite oubliées tellement la sincérité et l’humanité du cinéaste restent prégnantes tout du long. Le résultat est inoubliable, de l'interprétation magistrale et charismatique de Philippe Torreton – et de tous les autres dont une toute jeune Emmanuelle Bercot - à la musique de Louis Sclavis - sans oublier le passage obligé pour ‘Tatav’de la chanson de son pote Eddy Mitchell, ici la très belle ‘Un Portrait De Norman Rockwell’ - en passant par la photo et ces touchants visages et voix d'enfants. Un impitoyable et bouleversant constat, un éprouvant coup de gueule et un coup de poing sur la table d'une grande dignité pour un film salutaire, généreux, sincère et courageux qui n’en oublie pas entre deux indignations d’être parfois lumineux et porteur d’espoirs ! Pas le plus célébré et pourtant l’un des sommets du cinéaste dont la fougue et la passion continuent à emporter tout sur leur passage. Juste derrière disons, Un Dimanche à la campagne, La Vie et rien d'autre ou Coup de torchon pour ne citer que trois splendides films piochés au sein de sa remarquable filmographie.
Margo

Message par Margo »

Jeremy, que penses tu de La Vie et rien d'Autre et la Fille de d'Artagnan (si je me souviens bien, il a récupéré le tournage foireux des mains d'Ettore Scola, non, ce qui pourrait expliquer le désastre... ?) que je tiens pour deux des films les plus ratés et décevants de Tatave ?
Bob Harris

Message par Bob Harris »

Ce que j'aime :

Le juge et l'assassin, l'horloger de St-Paul, Laissez-passer, Coup de torchon, L 627

Ce que j'aime pas :

La vie et rien d'autre, Capitaine Conan, L'appât, La fille de d'Artagnan


Oui, c'était très intéressant, je sais..... :lol: :P
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

J'adore "La vie et rien d'autre", qui me touche énormément, outre qu'il est superbement filmé, interprété et scénarisé.

De Tavernier je suis comme Jeremy, les deux seuls que je n'aime pas tellement sont "La passion Béatrice" et "La mort en direct".

Mais je n'ai pas vu "Des enfants gâtés" ni "Capitaine Conan" ni "La fille de D'Artagnan" (celui-là me fait bien peur). Ni "Un dimanche à la campagne" et là j'attends le DVD.

J'adore Tavernier, surtout ses films des années 70.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Margo a écrit :Jeremy, que penses tu de La Vie et rien d'Autre et la Fille de d'Artagnan (si je me souviens bien, il a récupéré le tournage foireux des mains d'Ettore Scola, non, ce qui pourrait expliquer le désastre... ?) que je tiens pour deux des films les plus ratés et décevants de Tatave ?
J'adore La vie et rien d'autre : je trouve qu'il s'agit du rôle le plus émouvant et le plus sobre d'une actrice que j'aime tout particulièrement : Sabine Azéma. Le scénario de Jean Cosmos est magnifique, le travail sur la photo de Bruno de Keyser admirable, la partition d'Oswald d'Andrea touchante et je trouve Noiret magistral comme à chaque fois qu'il a tourné avec Tavernier. Et cette mise en scène qui ne manque pas de souffle me ravit à chaque vision ;-)

La fille de d'Artagnan, je ne pense pas que ce soit Scola mais un autre réalisateur italien et je trouve ce film..... éminemment sympathique même s'il ne fait pas partie, loin de là, de ses plus franches réussites qui sont selon moi (outre Un dimanche à la campagne), Coup de torchon (je suis tordu de rire à chaque fois), Laissez-passer (avec sa désormais culte scène en vélo, et Capitaine Conan et Ca commence aujourd'hui....

Allez, de nouvelles visions peut-être ;-)
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Sergius Karamzin a écrit :Ni "Un dimanche à la campagne" et là j'attends le DVD.

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Tu sais qu'il existe avec un commentaire passionnant de tavernier himself
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