Ecrit sur du vent (Douglas Sirk - 1956)
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Ecrit sur du vent (Douglas Sirk - 1956)
Après Fassbinder, John Constantine remonte le courant mélodramatique et accoste logiquement sur les rives menant à Douglas Sirk.
Et nous avons même droit à un comparatif de zones.
Ecrit sur du vent
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Ecrit sur du vent
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Très belle chronique, John
On en a causé il y a quelques mois, de ce film (le topic des naphtas de juillet en tremble encore), c'est encore mon Sirk préféré, même si je n'en ai pas vu beaucoup. Je ne vais pas refaire notre débat d'alors, il en ressortait essentiellement que Malone (surtout) et Stack emportaient largement plus l'adhésion du spectateur que Hudson et Bacall, trop infaillibles pour donner prise à l'intérêt.
Ce qui m'a beaucoup frappée, c'est qu'en définitive ce sont ceux qui ont tout, depuis le début de l'histoire, qui repartent avec la caisse, c'est un peu "on ne prête qu'aux riches". Et comme tu le soulignes dans ton texte, chacun d'eux avait la possibilité de tendre la main, de soutenir l'un des deux réprouvés dans sa quête de rédemption, et s'en est détourné. Les "héros" ont une sale gueule ici, et ne font pas montre de beaucoup de bravoure...
Visuellement, le spectacle est de toute beauté, on se déchire le coeur avec des griffes laquées, dans des éclairages dignes de Edward Hopper:
On en a causé il y a quelques mois, de ce film (le topic des naphtas de juillet en tremble encore), c'est encore mon Sirk préféré, même si je n'en ai pas vu beaucoup. Je ne vais pas refaire notre débat d'alors, il en ressortait essentiellement que Malone (surtout) et Stack emportaient largement plus l'adhésion du spectateur que Hudson et Bacall, trop infaillibles pour donner prise à l'intérêt.
Ce qui m'a beaucoup frappée, c'est qu'en définitive ce sont ceux qui ont tout, depuis le début de l'histoire, qui repartent avec la caisse, c'est un peu "on ne prête qu'aux riches". Et comme tu le soulignes dans ton texte, chacun d'eux avait la possibilité de tendre la main, de soutenir l'un des deux réprouvés dans sa quête de rédemption, et s'en est détourné. Les "héros" ont une sale gueule ici, et ne font pas montre de beaucoup de bravoure...
Visuellement, le spectacle est de toute beauté, on se déchire le coeur avec des griffes laquées, dans des éclairages dignes de Edward Hopper:
- Jack Griffin
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J'aime assez mais je préfère le scope et le noir et blanc de la ronde de l'aube moins "too much" et en même temps paradoxalement beaucoup plus fort émotionnellement. Dans écrit sur du vent j'avais trouvé à l'époque qu'il y avait une espèce de déséquilibre entre certains moment visuellement très impressionant et le faible intérêt que je portais à l'histoire et aux personnages. Du coup la machine me donne parfois l'impression de tourner un peu à vide alors que sur "Mirage de la vie", qui joue parfois sur le même ton, je n'ai pas ce problème.
Sinon belle chronique.
Bizarre ce 1:85 (je me souviens l'avoir vu en 1:33).
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Oui, John n'a pas écrit sur du vent!Margo a écrit :Magnifique papier par ailleurs
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Merci.
Oui, et on peut remercier Universal qui ne voulait pas investir de thunes pour la couleur alors que Sirk voulait du Technicolor. Le noir et blanc se prêtait au cadre (la dépression des années trente) et paradoxalement, Malone est plus belle en bicolore. Les idées du film sont meilleures - le carnaval, les n'avions - et les acteurs un cran au-dessus de leurs perfs dans Ecrit sur du vent : Hudson a d'ailleurs une jolie scène quand il monologue sur "vous êtes tous pourris". Donc, un dvd, vite.
Jack Griffin a écrit :J'aime assez mais je préfère le scope et le noir et blanc de la ronde de l'aube moins "too much" et en même temps paradoxalement beaucoup plus fort émotionnellement.
Oui, et on peut remercier Universal qui ne voulait pas investir de thunes pour la couleur alors que Sirk voulait du Technicolor. Le noir et blanc se prêtait au cadre (la dépression des années trente) et paradoxalement, Malone est plus belle en bicolore. Les idées du film sont meilleures - le carnaval, les n'avions - et les acteurs un cran au-dessus de leurs perfs dans Ecrit sur du vent : Hudson a d'ailleurs une jolie scène quand il monologue sur "vous êtes tous pourris". Donc, un dvd, vite.
C'est même parfois plus much qu'Ecrit sur du vent (les funérailles) mais fonctionne un peu plus parce qu'on sort un peu du milieu soap-opératique des riches avec en contrepoint Annie la bonne et l'ascension de Lana Turner.Du coup la machine me donne parfois l'impression de tourner un peu à vide alors que sur "Mirage de la vie", qui joue parfois sur le même ton, je n'ai pas ce problème.
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You two do make a charming couple though, you're both, what's the expression, damaged goods.
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Parlant de la paternité du soap-opera, d'ailleurs... Voici leur ancêtre à tous, les Dallas et Santa Barbara et Melrose Place:
(aka Peyton Place, de Mark Robson, 1957). Unité de lieu (la petite bourgade un peu bourgeoise, un peu champêtre), psychodrames dans des verres d'eau (ou de whisky, ça dépend des personnages...), du sesque refoulé, des ambitions...
Marrant de voir qu'il y a Lana Turner ici aussi, à croire qu'elle personnifiait une certaine esthétique, entre glamour et quotidienneté, à même de faire rêver la ménagère...
(aka Peyton Place, de Mark Robson, 1957). Unité de lieu (la petite bourgade un peu bourgeoise, un peu champêtre), psychodrames dans des verres d'eau (ou de whisky, ça dépend des personnages...), du sesque refoulé, des ambitions...
Marrant de voir qu'il y a Lana Turner ici aussi, à croire qu'elle personnifiait une certaine esthétique, entre glamour et quotidienneté, à même de faire rêver la ménagère...
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C'est très vrai. Les critiques américains (mode, ciné, socio) des années 50 ont même inventé un mot pour décrire le style dont tu parles, dont Lana Turner était l'exemple suprême : "Lanallure".Jack Sullivan a écrit :Marrant de voir qu'il y a Lana Turner ici aussi, à croire qu'elle personnifiait une certaine esthétique, entre glamour et quotidienneté, à même de faire rêver la ménagère...
... and Barbara Stanwyck feels the same way !
Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
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Allez, j'en remet une couche
Revu hier soir pour le plaisir
J'ai encore été bluffé par le générique du début qui reprend dans un style elliptique et flamboyant la séquence dramatique de la fin du film.
Sirk nous brosse la personnalité des proches de Robert Stack ( Rock Hudson, Lauren Bacall, Dorothy malone et les 2 employés de maison) rien qu'en cadrant leurs visages 2 secondes, pendant lesquelles nous pressentons leurs destins ultérieurs.
Plans entrecoupés par des scènes de feuilles mortes chassées par le vent et s'engouffrant dans la maison; le tout bercé par les choeurs déchirant des Four Aces
Le générique s'achève sur le vent tournant les pages d'un éphéméride, symbolisant le flash back vers le début de l'histoire
Imparable.
Revu hier soir pour le plaisir
J'ai encore été bluffé par le générique du début qui reprend dans un style elliptique et flamboyant la séquence dramatique de la fin du film.
Sirk nous brosse la personnalité des proches de Robert Stack ( Rock Hudson, Lauren Bacall, Dorothy malone et les 2 employés de maison) rien qu'en cadrant leurs visages 2 secondes, pendant lesquelles nous pressentons leurs destins ultérieurs.
Plans entrecoupés par des scènes de feuilles mortes chassées par le vent et s'engouffrant dans la maison; le tout bercé par les choeurs déchirant des Four Aces
Le générique s'achève sur le vent tournant les pages d'un éphéméride, symbolisant le flash back vers le début de l'histoire
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Tu peux la secouer tant que tu veux, la dernière goutte est toujours pour le pantalon. Vieux proverbe
- Demi-Lune
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Re: Ecrit sur du vent (Douglas Sirk, 1956)
Quelques mots rapides au sujet de ce film de Douglas Sirk que j'ai découvert cette semaine sur Arte (dans une copie absolument splendide). N'ayant pas encore reçu le dvd commandé dans la foulée de ma découverte, pas de screenshots en agrément ici, malheureusement, ce qui est frustrant dans la mesure où l'une des qualités premières de ce film est bien cette hallucinante gestion des couleurs opérée par le grand Russell Metty. Ravissement permanent pour l'œil, la photographie, malstrom de teintes magiques, est un étourdissement qui confirme le brio formel de Sirk, qui tant dans la composition de ses plans que dans le mariage des couleurs (costumes, décors...), se fait esthétiquement l'égal d'un Hitchcock à son zénith. Dans Écrit sur du vent, on pénètre dans une sorte de dimension parallèle, onirique, un rêve de cinéma où les hommes et les femmes ont la classe ultime et évoluent dans un monde de Technicolor à tomber à la renverse. Dès l'introduction (splendide présentation des personnages via les "titles" du générique, et fin tour visuel pour illustrer le flash-back), Sirk captive son auditoire et lui sert tout du long un mélodrame de haute tenue, conquérant bien au-delà de son seul brio formel. Les acteurs, en effet, s'acquittent avec talent de leur tâche et si le couple Rock Hudson/Lauren Bacall est, logiquement, bien propret, c'est bien les frère/sœur Robert Stack et Dorothy Malone qui polarisent l'attention. Dorothy Malone est pour moi la grande révélation de cette découverte. Blonde incendiaire et vacharde qui dissimule un cœur d'amoureuse transie, son personnage m'a beaucoup plu et au vu de l'avant dernier-plan, la montrant pleurer sur ce qu'elle a perdu avec un derrick (pas l'inspecteur teuton, hein) phallique dans les mains, je me demande si Sirk lui-même n'a pas pris plaisir à choyer tout particulièrement cette sœur manipulatrice et pourtant complexe. Le scénario, de son côté, parvient également à trouver le parfait équilibre entre les ressorts dramatiques plus ou moins attendus (car inhérents au genre) et la finesse d'écriture réservant d'habiles dialogues et des personnages agréablement nuancés. En résulte un mélo beau et flamboyant, au pathos idéalement mesuré et à l'histoire toujours intéressante - un film sophistiqué et méchant, possédant ma foi tous les atours d'un chef-d'œuvre.
Dernière modification par Demi-Lune le 22 oct. 10, 14:00, modifié 1 fois.
- Watkinssien
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Re: Ecrit sur du vent (Douglas Sirk, 1956)
Je suis complètement d'accord. Ecrit sur du vent est, pour moi, un chef-d'oeuvre incontestable du mélodrame. Sentiments exacerbés traités avec un lyrisme splendide,interprétations de très grande classe, dramaturgie superbe d'aisance et d'évidence. Et puis cette vision de Sirk sur les enjeux de ses personnages et de son récit, amplifiée par une mise en scène tout bonnement magnifique, une photographie géniale dans son utilisation hyperbolique des couleurs. Tous ces éléments emportent totalement l'adhésion.Demi-Lune a écrit : En résulte un mélo beau et flamboyant, au pathos idéalement mesuré et à l'histoire toujours intéressante - un film sophistiqué et méchant, possédant ma foi tous les atours d'un chef-d'œuvre.
Immense.
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Re: Ecrit sur du vent (Douglas Sirk, 1956)
J'ai profité aussi de la diffusion sur Arte pour le découvrir, mais par contre je ne suis pas vraiment satisfaite. Il faudra que je le revois mieux (et en VO), je suis sûre que c'est un film qui pourra peut-être mieux me plaire une seconde fois.
Le côté esthétique, rien à dire, très beau (l'ouverture avec les feuilles qui volent dans le vent alliées à la rapidité de la voiture donne tout de suite le ton).
Alors c'est probablement l'histoire et ses personnages qui m'ont plus ou moins laissée indifférente. Je retiens aussi le personnage de Dorothy Malone, elle m'a bien plue, mais parce qu'elle m'a fait rire (je vois peu où est la complexité réelle de son personnage). Le personnage le plus ambigu pour moi est davantage celui de Robert Stack.
Le côté esthétique, rien à dire, très beau (l'ouverture avec les feuilles qui volent dans le vent alliées à la rapidité de la voiture donne tout de suite le ton).
Alors c'est probablement l'histoire et ses personnages qui m'ont plus ou moins laissée indifférente. Je retiens aussi le personnage de Dorothy Malone, elle m'a bien plue, mais parce qu'elle m'a fait rire (je vois peu où est la complexité réelle de son personnage). Le personnage le plus ambigu pour moi est davantage celui de Robert Stack.
Le terme de 'méchant' m'interpelle, je le trouve très juste. Ca m'a étonnée de voir autant de méchanceté comme tu dis, de noirceur directement chez les héros dans un film de Sirk. Ca déstabilise, c'est bien. Le film est plus audacieux dans ses thèmes que d'autres films du réalisateur.Demi-Lune a écrit :un film sophistiqué et méchant