Les Duellistes (Ridley Scott - 1977)
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Les Duellistes (Ridley Scott - 1977)
Je ne connais pas bien le cinéma de Ridley Scott : j'aime bien Gladiator, je me suis ennuyée devant Blade Runner, dont l'univers visuel m'a tout de même éblouie, et je déteste le très mauvais 1492. Je sais que c'est un esthète, un grand amateur d'art, et puis c'est à peu près tout.
Cette dernière caractéristique saute aux yeux dans le magnifique Duellistes. Scott compose ses cadres avec soin, il alterne très intelligement les plans fixes avec caméra à l'épaule (lors des duels notamment, remarquablement filmés) ; la reconstitution historique minutieuse sonne vrai alors que son aspect esthétique aurait pu être un frein à son authenticité...
Mais ce qui frappe le plus tout au long du film, c'est la photographie, une des plus belles que j'ai vu : les éclairages sont tout bonnement extraordinaires. Les extérieurs, grandioses, ont une lumière limpide, dorée, transparente ; les intérieurs, superbement photographiés soit à la lumière du jour qui perce, soit aux chandelles, comportent quelques-uns des plus beaux clairs-obscurs du cinéma.
Chaque plan semble un tableau ; d'ailleurs, j'adore les plans où Scott part d'une sorte de nature morte totalement picturale.
L'hommage au sublissime Barry Lindon de Kubrick est très évident ici, sans jamais peser, sans jamais phagocyter le talent propre de Scott : dans l'attention portée aux éclairages, dans la façon de filmer les extérieurs, dans l'utilisation des zooms... D'ailleurs, je trouve que le zoom est généralement assez moche esthétiquement ; or, chez Scott, comme chez Kubrick, je le trouve merveilleusement utilisé.
L'interprétation concourt à la perfection du film : Keith Carradine mmm qu'il est séduisant est excellent, très touchant, Keitel est sanguin et nerveux à souhait et donne de l'épaisseur à un personnage très énigmatique, et Albert Finney est marquant malgré la brièveté de son rôle. J'ajoute que l'actrice - dont je ne connais pas le nom - qui joue la première amoureuse de d'Hubert livre une prestation intense et poignante.
Enfin, une autre grande qualité du film, c'est son histoire, assez déroutante a priori, parce que très originale, et parce qu'en fin de compte, on ne connaîtra jamais vraiment les motivations qui poussent ces deux hommes à se battre sans relâche, et surtout celles qui font de Keitel un obsédé du duel. C'est donc un film très énigmatique.
En dehors des pistes de réflexion que lance Scott, notamment sur le concept d'honneur, je vois aussi dans ce film (interprétation très personnelle) un film en filigrane sur l'Empereur, sur Napoléon. C'est le magnifique plan final qui me donne cette idée (ceux qui l'ont vu comprendront, je ne le révèle pas à ceux qui ne l'ont pas vu). Un film sur cet homme qui a livré bataille sur bataille, qui a toujours couru après quelque chose qu'il ne pouvait s'expliquer lui-même, une sorte de course vaine au sein de laquelle il a toujours été finalement très seul (comme le personnage de Keitel dans le film). Un homme qui est mort en solitaire...
Voilà, un vrai coup de foudre en somme
Cette dernière caractéristique saute aux yeux dans le magnifique Duellistes. Scott compose ses cadres avec soin, il alterne très intelligement les plans fixes avec caméra à l'épaule (lors des duels notamment, remarquablement filmés) ; la reconstitution historique minutieuse sonne vrai alors que son aspect esthétique aurait pu être un frein à son authenticité...
Mais ce qui frappe le plus tout au long du film, c'est la photographie, une des plus belles que j'ai vu : les éclairages sont tout bonnement extraordinaires. Les extérieurs, grandioses, ont une lumière limpide, dorée, transparente ; les intérieurs, superbement photographiés soit à la lumière du jour qui perce, soit aux chandelles, comportent quelques-uns des plus beaux clairs-obscurs du cinéma.
Chaque plan semble un tableau ; d'ailleurs, j'adore les plans où Scott part d'une sorte de nature morte totalement picturale.
L'hommage au sublissime Barry Lindon de Kubrick est très évident ici, sans jamais peser, sans jamais phagocyter le talent propre de Scott : dans l'attention portée aux éclairages, dans la façon de filmer les extérieurs, dans l'utilisation des zooms... D'ailleurs, je trouve que le zoom est généralement assez moche esthétiquement ; or, chez Scott, comme chez Kubrick, je le trouve merveilleusement utilisé.
L'interprétation concourt à la perfection du film : Keith Carradine mmm qu'il est séduisant est excellent, très touchant, Keitel est sanguin et nerveux à souhait et donne de l'épaisseur à un personnage très énigmatique, et Albert Finney est marquant malgré la brièveté de son rôle. J'ajoute que l'actrice - dont je ne connais pas le nom - qui joue la première amoureuse de d'Hubert livre une prestation intense et poignante.
Enfin, une autre grande qualité du film, c'est son histoire, assez déroutante a priori, parce que très originale, et parce qu'en fin de compte, on ne connaîtra jamais vraiment les motivations qui poussent ces deux hommes à se battre sans relâche, et surtout celles qui font de Keitel un obsédé du duel. C'est donc un film très énigmatique.
En dehors des pistes de réflexion que lance Scott, notamment sur le concept d'honneur, je vois aussi dans ce film (interprétation très personnelle) un film en filigrane sur l'Empereur, sur Napoléon. C'est le magnifique plan final qui me donne cette idée (ceux qui l'ont vu comprendront, je ne le révèle pas à ceux qui ne l'ont pas vu). Un film sur cet homme qui a livré bataille sur bataille, qui a toujours couru après quelque chose qu'il ne pouvait s'expliquer lui-même, une sorte de course vaine au sein de laquelle il a toujours été finalement très seul (comme le personnage de Keitel dans le film). Un homme qui est mort en solitaire...
Voilà, un vrai coup de foudre en somme
- Seriez-vous lâche. Je connais vos griffes puissantes. Accrochez-les dans la vie. Défendez-vous! Effrayez la mort.
- Belle, si j'étais un homme, sans doute je ferais les choses que vous me dites. Mais les pauvres bêtes qui veulent prouver leur amour ne savent que se coucher par terre et mourir.
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- Jeremy Fox
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Re: Les Duellistes : un grand film
D'accord avec toi sur ce grand film plastiquement splendide. Pour l'histoire, se reporter à la nouvelle de Conrad d'ou est tirée le film Le duel (j'ai l'impression de me rabacher là, n'est-ce pas Mr Quartermass ) .Holly Golightly a écrit :
Enfin, une autre grande qualité du film, c'est son histoire, assez déroutante a priori, parce que très originale, et parce qu'en fin de compte, on ne connaîtra jamais vraiment les motivations qui poussent ces deux hommes à se battre sans relâche, et surtout celles qui font de Keitel un obsédé du duel. C'est donc un film très énigmatique.
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Re: Les Duellistes : un grand film
Et c'est peu de le dire : je n'ai jamais trouvé d'adjectif adéquat pour décrire ce lamentable flop plombé par l'insupportable musique de Vangelis (qui sur ce coup là s'est bien planté). Zut, je dévie là mais c'était trop tentantHolly Golightly a écrit : et je déteste le très mauvais 1492.
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Re: Les Duellistes : un grand film
Holly Golightly a écrit :
En dehors des pistes de réflexion que lance Scott, notamment sur le concept d'honneur, je vois aussi dans ce film (interprétation très personnelle) un film en filigrane sur l'Empereur, sur Napoléon. C'est le magnifique plan final qui me donne cette idée (ceux qui l'ont vu comprendront, je ne le révèle pas à ceux qui ne l'ont pas vu). Un film sur cet homme qui a livré bataille sur bataille, qui a toujours couru après quelque chose qu'il ne pouvait s'expliquer lui-même, une sorte de course vaine au sein de laquelle il a toujours été finalement très seul (comme le personnage de Keitel dans le film). Un homme qui est mort en solitaire...
Effectivement Ridley Scott, et Kevin Reynolds expliquent ce plan dans un des documentaires.
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Allez hop! Comme c'est un achat indispensable, Bill, ou Personne, vous le rembourserons, si vous ne l'aimez pas!Bill Harford a écrit :Un DVD indispensable en effet, à la hauteur de ce chef-d'oeuvre absolu, le meilleur Scott avec "Alien" et "Blade Runner", rien que ça.Personne a écrit :Grand film, et superbe DVD! Bravo Paramount.
Dans cette bonne crémerie pas trop cher:
http://www.play.com/play247.asp?page=ti ... tle=110836
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Un excellent et grand film. Excellent Harvey Keitel. Étant un fan des premiers Scott, j'avoue que la vision de ce film m'a marquée puisque je me souviens de pas mal de choses comme l'attente avant ce duel final. Magnifique. Et la façon qu'a eu Ridley Scott de filmer ce duel est géniale, avec beaucoup de scènes muettes.
Mais son chef-d'œuvre est pour moi et restera Blade Runner, désolé.
Et moi je fais partie de ceux qui ont quand même aimé 1492, où le thème de The Conquest of Paradise de Vangelis est superbe...
Mais son chef-d'œuvre est pour moi et restera Blade Runner, désolé.
Et moi je fais partie de ceux qui ont quand même aimé 1492, où le thème de The Conquest of Paradise de Vangelis est superbe...
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Re: Les Duellistes : un grand film
Non, non... Non, non...Jeremy Fox a écrit :D'accord avec toi sur ce grand film plastiquement splendide. Pour l'histoire, se reporter à la nouvelle de Conrad d'ou est tirée le film Le duel (j'ai l'impression de me rabacher là, n'est-ce pas Mr Quartermass ) .Holly Golightly a écrit :
Enfin, une autre grande qualité du film, c'est son histoire, assez déroutante a priori, parce que très originale, et parce qu'en fin de compte, on ne connaîtra jamais vraiment les motivations qui poussent ces deux hommes à se battre sans relâche, et surtout celles qui font de Keitel un obsédé du duel. C'est donc un film très énigmatique.
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Re: Les Duellistes : un grand film
Ah oui, c'est vrai, tiens, j'avais oublié que c'est tiré de Conrad. Avec encore une fois, le thème de l'honneur au centre (comme dans Lord Jim, par ailleurs magnifiquement adapté par Richard Brook au cinéma). Je vais rechercher cette nouvelle...D'accord avec toi sur ce grand film plastiquement splendide. Pour l'histoire, se reporter à la nouvelle de Conrad d'ou est tirée le film Le duel
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Re: Les Duellistes : un grand film
C'est vrai que c'est vraiment très mauvais, ouh que c'est mauvais... D'ailleurs, après avoir vu et adoré donc Duellistes, j'ai cherché mentalement ce que j'avais vu de Scott, et 1492 ne m'est absolument pas venu à l'esprit. Simplement parce qu'on a du mal à concevoir, je trouve, que ce soit le même personnage qui ait pu faire ces deux films, dont l'un est un superbe chef-d'oeuvre et l'autre une bouse indigeste (même si j'avoue bien aimer la musique de Vangelis, ça serait même la seule chose que je trouve bien dans le film).Jeremy Fox a écrit :Et c'est peu de le dire : je n'ai jamais trouvé d'adjectif adéquat pour décrire ce lamentable flop plombé par l'insupportable musique de Vangelis (qui sur ce coup là s'est bien planté). Zut, je dévie là mais c'était trop tentantHolly Golightly a écrit : et je déteste le très mauvais 1492.
Enfin, cela-dit, j'ai aussi vu des gros fragments de GI Jane à la télé italienne
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Tiens, ça me donnerait presque envie de l'acheter du coup... Surtout que j'ai vu le film en VF (très bonne VF cependant, pas gênante du tout). Il est cher le DVD ? Tu me le prêtes dis ?Bill Harford a écrit :Un DVD indispensable en effet, à la hauteur de ce chef-d'oeuvre absolu, le meilleur Scott avec "Alien" et "Blade Runner", rien que ça.Personne a écrit :Grand film, et superbe DVD! Bravo Paramount.
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- Overdosed on Gamma-ray
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A ce propos, quelle est la version sur le dvd fr ? j'ai cru lire quelque part que ce film avait connu plusieurs versions plus ou moins longues...Jeremy Fox a écrit :Allez, il te reste encore avoir le somptueux Legend avec l'une des plus belles partitions de jerry Goldsmith et le diable le plus beau du bestiaire satanique cinématographique
alors quid du dvd ?
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C'est qui, c'est Tom Cruise, non ? Ah, oui, ça peut être intéressant... Mais j'ai pas le film sous la main. Par contre, j'ai Thelma et Louise en VOST, je vais peut-être me le regarder ce soir...Jeremy Fox a écrit :Allez, il te reste encore avoir le somptueux Legend avec l'une des plus belles partitions de jerry Goldsmith et le diable le plus beau du bestiaire satanique cinématographique
Alien, je peux pas, j'ai peur
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