Budd Boetticher (1916-2001)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

blaisdell a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Piètres capacités peut être (même si je l'aime beaucoup et malgré qu'il ait prouvé être à l'aise aussi dans la comédie) mais parfait dans le registre il est vrai assez restreint dans lequel des cinéastes comme Boetticher, De Toth, Enright et d'autres l'utilisent. Rocailleux, impassible, dur, impénétrable...
Dur et impénétrable peut-être mais il est trop drôle avec sa moustache postiche au début de COUPS DE FEU DANS LA SIERRA de Peckinpah.
Il est d'ailleurs vraiment superbe dans ce western. Avec Joel McCrea, ils forment un duo très attachant.
blaisdell
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Message par blaisdell »

Jeremy Fox a écrit :
blaisdell a écrit :
Dur et impénétrable peut-être mais il est trop drôle avec sa moustache postiche au début de COUPS DE FEU DANS LA SIERRA de Peckinpah.
Il est d'ailleurs vraiment superbe dans ce western. Avec Joel McCrea, ils forment un duo très attachant.
Et les dernières images sont bouleversantes, abruptes...
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Vic Vega a écrit :Belle claque recue avec Sept Hommes à abattre. Soit un Randolph Scott encore désabusé, presque effacé, hanté par les regrets et toujours ces personnages féminins pleins de détermination, au caractère bien trempé. La grace baigne le film aussi bien dans ses moments de calme que ses moments plus dramatiques (beau duel de fin) et la mise en scène fait dans le sans faute sans trop en faire. Sauf que le film n'aurait pas cette saveur particulière si Lee Marvin ne jouait pas avec tant de talent le bad guy jusqu'à voler la vedette à Scott. Ici, il incarne la définition-meme du terme cool. On sent que sa dégaine (le détail du foulard vert), ses attitudes, la manière dont il dégaine ses revolvers, son verbe sont pour lui des choses tout aussi sinon plus importantes que l'action. Du coup, il devient meme une figure des plus attachantes qui vampirise le film. Du western de grande tenue.
Pareil.
Western de haute volée. Budd Boetticher est passé maître dans l'épure : cadrages, paysages, mise en scène, scénario, musique, tout est travaillé dans cette optique et tout paraît couler de source, d'une belle évidence. Lee Marvin compose un bad guy inoubliable. Le personnage féminin est interprété par la trop rare Gail Russel (Le réveil de la sorcière rouge ; l'ange et le mauvais garçon) qui apporte une touche de sensibilité dans ce monde dur, sec et tranchant. Par contre je trouve Randolph Scott absolument parfait une nouvelle fois. Il incarne de plus en plus pour moi (plus encore que John Wayne ou Gary Cooper) le westerner pur et dur. De la très belle ouvrage, rapide, sèche et sans fioritures, comme je les aime.

Superbe DVD
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Pour les inconditionnels du cinéaste, je ne saurais trop vous conseiller le superbe (et court) article dans le Positif 509/510 'spécial figures du western' de Pascal Sennequier.

Sinon, existe t'il un bon bouquin en français sur Boetticher ?
luc
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Message par luc »

Jeremy Fox a écrit :Pour les inconditionnels du cinéaste, je ne saurais trop vous conseiller le superbe (et court) article dans le Positif 509/510 'spécial figures du western' de Pascal Sennequier.

Sinon, existe t'il un bon bouquin en français sur Boetticher ?
J'ai regardé sur le site associé à FNAC.COM relatif aux "livres rares et anciens" et je n'ai rien trouvé , exeption faite de deux numéros des CAHIERS du CINEMA ( DEC 1963 er JAN 1964 ) qui parlent du cinéma américain et en particulier de BOETTICHER au prix de 58€...

Joyeuses fêtes à tous
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

luc a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Pour les inconditionnels du cinéaste, je ne saurais trop vous conseiller le superbe (et court) article dans le Positif 509/510 'spécial figures du western' de Pascal Sennequier.

Sinon, existe t'il un bon bouquin en français sur Boetticher ?
J'ai regardé sur le site associé à FNAC.COM relatif aux "livres rares et anciens" et je n'ai rien trouvé , exeption faite de deux numéros des CAHIERS du CINEMA ( DEC 1963 er JAN 1964 ) qui parlent du cinéma américain et en particulier de BOETTICHER au prix de 58€...

Joyeuses fêtes à tous
Merci, effectivement je n'ai rien trouvé non plus concernant un quelconque livre.
Outlaw
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Message par Outlaw »

Salut tout le monde

Heu.... vous avez parlé de 7 homme à abattre, Commanche Station, et la Chevauchée de la vengeance (je les ais en Vhs qualité pourrie
... mais existent-ils en DVD, je n'ai trouvé aucun lien ?? :o et pour 7 hommes à abattre il est sous titré en français ?
merci
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Superbe copie mais en zone 1 et sans sous titres français.

Bientôt le test sur classik :wink:

Les autres n'existent pas en DVD

Posté le 26 janvier 2006:
phylute a écrit :- Le Courrier de l'or. Un petit Boetticher peut-être, qui pêche par un rythme pas toujours soutenu mais qui, en s'enfoncant dans une noirceur dans il ne ressort plus, emporte l'adhésion. Andrew Duggan campe un homme obsédé par le mal qu'il répend, qui se rend compte de la perte de sa dignité et essaye de trouver la force de faire machine arrière. C'est le personnage fort du film face à un Randolph Scott monolithique et uen Virgina Mayo malheureusement trop en retrait.
Jeremy Fox a écrit :Clairement l'un des plus faibles (si ce n'est le plus faible) de l'association Boetticher/Scott et malgré tout, comme toi, j'y ai pris énormément de plaisir. Et pourtant TCM le diffusait à l'époque dans une version recadrée : en est-il de même encore aujourd'hui si tu l'as vu par ce biais ?

Sinon, la musique guillerette ne te trottait-elle pas encore dans la tête quelques temps après le générique de fin ? :wink:
phylute a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Clairement l'un des plus faibles (si ce n'est le plus faible) de l'association Boetticher/Scott et malgré tout, comme toi, j'y ai pris énormément de plaisir. Et pourtant TCM le diffusait à l'époque dans une version recadrée : en est-il de même encore aujourd'hui si tu l'as vu par ce biais ?
Si si, recadré et délavé :?
Jeremy Fox a écrit : Sinon, la musique guillerette ne te trottait-elle pas encore dans la tête quelques temps après le générique de fin ? :wink:
Carrément oui ! C'est d'aileurs marrant cette musique en complet décallage avec certaines scènes. Même si l'air est repris sur un mode mineur, ça donne une impression assez étrange. Les dilligences et la ritournelle donnent une impression de manège !
Outlaw
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Message par Outlaw »

arghhhhh!!! que de mauvaises nouvelles Image, merci quand même... on va prendre son mal en patience Image
dortmunder
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Message par dortmunder »

Jeremy Fox a écrit :
luc a écrit :
J'ai regardé sur le site associé à FNAC.COM relatif aux "livres rares et anciens" et je n'ai rien trouvé , exeption faite de deux numéros des CAHIERS du CINEMA ( DEC 1963 er JAN 1964 ) qui parlent du cinéma américain et en particulier de BOETTICHER au prix de 58€...

Joyeuses fêtes à tous
Merci, effectivement je n'ai rien trouvé non plus concernant un quelconque livre.
Pour les amateurs des oeuvres du bonhomme, 2 revues intéressantes:
POSITIF n°110 (novembre 1969) : avec un article de Louis SEGUIN et un entretien du réalisateur avec Michel CIMENT, Bernard COHN, Louis SEGUIN et Bertrand TAVERNIER
Les CAHIERS DU CINEMA n° 157 (juillet 1964) Entretien avec Bertrand TAVERNIER + filmo complète

Pour info ces 2 revues sont régulièrement proposées sur PriceMinister (actuellement 2 exemplaires des Cahiers du Cinéma n° 157 disponibles à 5 et 8 Euros)

Quelques morceaux choisis des interview de Boetticher:

"Les personnages m'intéressent plus que les idées qu'ils défendent. Les idées transparaissent tout naturellement après. Je ne m'interesse pas aux causes que défendent les gens, mais à ce qu'ils font pour les défendre"

" La fin de mes films est toujours très rapide. Jamais de discours. J'estime que les derniers plans sont d'une importance capitale. La plus grande erreur que l'on puisse faire c'est faire trainer l'histoire à la fin quand l'intrigue est terminée".

" Je veux que vous sachiez que des gens comme Sydney Poitier, Sammy davis Jr, Rafer Johnson ou Woody Strode sont de grands amis à moi. Je les aime comme des frères. Mais je n'aurais jamais l'idée de les utiliser dans mes films en tant qu'hommes de couleur, qu'ils soient noirs, bleus ou verts, mais seulement parce qu'ils conviennent physiquement au role et que ce sont des acteurs de talent.(.....) Ca ne m'interesse pas de faire un film sur un sentiment de masse, je suis pour les individus".

" Aussi, bien que je sois sensible à la religion et que je crois beaucoup à un certain code moral, j'essaie de ne pas parler de cela dans mes films, car ce sont des choses trop personnelles qui ne regardent que les individus".

" Je n'aimerais pas faire un film en voulant y mettre une "Budd Boetticher touch" parce que les gens diraient : "Gee quel grand metteur en scène !" et oublieraient ce qui se passe à l'écran. Je veux que les gens vivent mes films et disent à la fin: " quel beau spectacle, qui en est l'auteur ?".

Bref, un état d'esprit à des années lumières du cinema actuel, formaté, militant et des films "à messages". Comme quoi le cinéma est le reflet des mentalités de son époque.
Tu peux la secouer tant que tu veux, la dernière goutte est toujours pour le pantalon. Vieux proverbe
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Alphonse Tram
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Message par Alphonse Tram »

Quelqu'un a t'il un avis sur Behind Locked Doors - 1948 ?

Il existe en z1 chez kino, et ça fait un petit moment que je le lorgne.
Souhaits : Alphabétiques - Par éditeurs
- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
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AtCloseRange
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Message par AtCloseRange »

L'Homme de l'Arizona (The Tall T) de Budd Boetticher
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le film (notamment à cause du jeu minimaliste de Randolph Scott). J'ai retrouvé de l'intérêt lorsque
Spoiler (cliquez pour afficher)
la mari de Maureen O'Sullivan se fait flinguer en raison de sa lâcheté, j'ai trouvé l'idée (et la scène) assez forte
Richard Boone est vraiment bon et le personnage bien écrit.
Impression un peu mitigée quand même devant cette épure de western.
J'hésite maintenant à me procurer 7 Hommes à Abattre malgré les éloges couramment déversées sur ce film.
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cinephage
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Message par cinephage »

AtCloseRange a écrit :L'Homme de l'Arizona (The Tall T) de Budd Boetticher
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le film (notamment à cause du jeu minimaliste de Randolph Scott).
Impression un peu mitigée quand même devant cette épure de western.
J'hésite maintenant à me procurer 7 Hommes à Abattre malgré les éloges couramment déversées sur ce film.
Ben... C'est sur que ce sont précisément des films épurés et minimalistes, où Randolph Scott est aussi monolithique qu'aride.
Mais l'économie de moyen de ces westerns est justement ce qui fait leur intérêt.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Frank Bannister
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Message par Frank Bannister »

Le traitre du Texas et L'expedition du fort King viennent de sortir récemment en France.
Certains d'entre vous auraient-ils un avis sur ces films?
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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L'Expédition du Fort King (Seminole, 1953) de Budd Boetticher
UNIVERSAL


Avec Rock Hudson, Anthony Quinn, Barbara hale, Richard Carlson, Hugh O' Brian, James Best, Lee Marvin
Scénario : Charles K. Peck Jr
Musique : Joseph Gersenshon (Henry Mancini & Milton Rosen)
Photographie : Russell Metty (Technicolor)
Un film produit par Howard Christie pour la Universal


Sortie USA : 20 mars 1953

"De tous les films que j'ai fait à Hollywood, Seminole est celui qui a obtenu les plus mauvaises critiques. Moi, je l'aime beaucoup, car il était très honnête. Il y avait une grande part de vérité dans ce film. Les Indiens Séminoles sont la seule nation qui, ayant été en guerre avec les États-Unis, ne s'est point avouée vaincue. Ils n'ont jamais signé de traité. Après avoir vu les Séminoles, après avoir étudié leur histoire, j'ai fait un film sur eux et j'ai dit la vérité : ils ont donné une sacrée raclée aux gars de West point. Les américains se sont en fait retirés, pour ne pas dire qu'ils ont été battus, et ce sont les Indiens qui ont gagné cette guerre. Voilà ce que j'ai voulu montrer" disait Budd Boetticher à Bertrand Tavernier lors d’un entretien repris dans l’imposant et indispensable ouvrage de ce dernier, ‘Amis américains’.

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Belles et nobles intentions de la part du réalisateur à l'occasion de son troisième western pour la compagnie Universal ! Mais l’on sait que les bonnes intentions ne font pas forcément les bons films et même si je serais désormais beaucoup moins sévère que lors de sa découverte, Seminole est un semi-ratage qui manque singulièrement de vigueur et de puissance dramatique faute surtout à un scénario trop schématique et qui n’approfondit pas quelques pistes intéressantes lancées dès le début, ainsi qu’à une mise en scène bien trop sage et anonyme pour espérer retenir l’attention du spectateur tout du long. Mais semi-ratage supposant semi-réussite, nous nous attarderons ensuite plus longuement sur ce qui fait de ce ‘Eastern’ un film néanmoins tout à fait regardable, voire même de plus en plus plaisant au fur et à mesure des différents visionnages (c’est du moins l’expérience que j’en ai faite). Après la douche froide due à De Toth et son Last of the Comanches (Le Sabre et la flèche), il m’aurait été pénible de subir une aussi grande déception consécutive de la part de l’autre grand nom de la série B westernienne (rappelons qu’il avait déjà à son actif dans le domaine qui nous préoccupe, les excellents The Cimarron Kid - A Feu et à sang et surtout Le Traître du Texas - Horizons West).

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1835 en Floride. Le Colonel Zachary Taylor préside un tribunal militaire où se déroule le procès du Lieutenant Lance Caldwell (Rock Hudson), inculpé pour trahison et meurtre. Le tout nouvel émoulu de West Point, pour assurer sa défense, en vient à narrer ce qui l’a conduit devant ses accusateurs… Nommé éclaireur à Fort King, Lance entre immédiatement en conflit avec son supérieur, le Major Degan (Richard Carlson), quant aux moyens à utiliser pour ‘régler’ le problème des Séminoles. En effet le gouvernement américain souhaite conduire cette tribu vers des réserves dans le Nord pour pouvoir s’approprier des terres qu’il estime être ‘mal gérées’. Alors que Lance a dans l'idée de trouver une solution pacifique, le Major, haïssant les 'peaux rouges', n'a qu'une seule lubie, tout simplement les massacrer. Malgré les avertissements de Lance qui connait bien le peuple Séminole pour avoir eu comme meilleur ami un métis issu de la tribu, le despotique Degan monte une expédition à travers les marais pour aller y déloger ses habitants ; mais celle ci tourne au désastre pour les soldats dont il ne reste que peu de survivants. Avant de retourner au fort, penaud, Degan voit Lance, blessé, être recueilli par les Indiens qui décident de le soigner. Lance a la surprise de constater que le chef Osceola n'est autre que son ami d'enfance (Anthony Quinn) avec qui il formait un trio inséparable avec aussi la jolie Revere Muldoon (Barbara Hale) dont ils sont tous deux amoureux. De retour au fort, on l'accuse bien évidemment de traîtrise...

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Avant Seminole, il n'y eut qu'un précédent pour aborder les années 1830 en Floride. Mais si Distant Drums (Les Aventures du Capitaine Wyatt) de Raoul Walsh ne prenait ce background de l’histoire des États-Unis que pour servir de toile de fonds à un film d'aventure 'exotique' (et pourquoi pas d’ailleurs même si le résultat me semble bien mauvais), l'œuvre de Budd Boetticher se veut un peu plus ambitieuse à travers un violent pamphlet pro-indien mettant en vedette un officier va-t-en-guerre incompétent et belliqueux n'ayant qu'une idée en tête : massacrer les tribus alentour ("Quand ils dormiront, nous les crèverons une fois pour toute "). Cet honorable et passionnant postulat de départ avec à la baguette Budd Boetticher avait à priori tout pour que le résultat soit aussi puissant que l’étaient La Porte du diable (Deevil’s Doorway) de Anthony Mann ou Tomahawk de George Sherman. Seulement, Charles K. Peck Jr. n’avait pas une grande expérience dans le domaine de l’écriture et ça se ressent grandement au vu de son travail moyennement convaincant. Son histoire a beau être intéressante, le scénariste a du mal à nous la rendre passionnante. Il est fort dommage que les relations entre les personnages joués par Rock Hudson, Anthony Quinn et Barbara Hale ne soient pas plus développées car les rapports tissés à l'intérieur de ce triangle amoureux (notamment la très forte amitié qui lie les deux hommes alors qu’ils aiment la même femme), ne restent qu’à l’état d’ébauche. Quant on voit aussi la tendresse avec laquelle le réalisateur filme les deux trop courtes séquences entre Osceola et Revere, on se prend à rêver aux sommets d’émotion qu’auraient pu atteindre son film s’il avait approfondi cette histoire d’amour qui prouvait à nouveau que Boetticher n’était pas qu’un cinéaste viril mais également très sensible, possédant un fort tempérament de romantique (rappelez-vous des superbes séquences d’amour dans ses deux précédents westerns, les relations amoureuses entre les personnages joués par Yvette Duguay et James Best dans Cimarron Kid ou celles entre Robert Ryan et Julia Adams dans Horizons West).

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Si l’on ne s’en tient qu’à la noblesse du propos et à la diatribe contre le gouvernement américain de l’époque, c’est en revanche plutôt réussi et tout à fait sérieux (aucun humour ne vient phagocyter le film). Les Indiens sont constamment décrits avec respect au sein d’un épisode des guerres indiennes peu abordé au cinéma, celui de l'affrontement entre l'armée américaine (et le chef de cette escouade arrogant et raciste) et la tribu des Séminoles qui ne s'avouera jamais vaincue : une des périodes les plus obscures et méconnues de l’histoire des conflits entre natifs et pionniers aux USA. Les Séminoles, de pacifique sont devenus hostiles pour la simple et bonne raison qu’ils ne voulaient pas suivre l’exemple d’autres tribus telles les Choctaws, Cherokees ou Creeks qui avaient déjà été ‘déplacées’ dans des réserves plus au Nord. Osceola, le personnage qu’interprète Anthony Quinn avec une belle dignité (il n’a ici aucune tendance à cabotiner), a réellement existé même si sa mort fut moins glorieuse, décédé lors de son emprisonnement après avoir attrapé la malaria. Un western historiquement intéressant, un constat amer et désabusé sur l’incapacité de deux civilisations à pouvoir vivre en paix, les uns voulant coûte que coûte s’approprier les terres des autres, les premiers estimant que le territoire 'des sauvages' n'est pas utilisée à bon escient (déjà l’insupportable politique de la productivité à tout prix à l’œuvre près de 200 ans avant notre époque). D'un côté un militaire borné, raciste et sans ouverture d’esprit qui ne pense qu’à la gloriole ; de l’autre un chef indien qui souhaite la paix sans cependant devoir se rendre aux ordres de politiciens sans âmes. Le film n’est pas manichéen pour autant puisqu’entre les deux vient prendre place Lance, jeune officier faisant tout son possible pour que l’armée laisse les Indiens en paix, n’hésitant pas à entrer frontalement en conflit avec son supérieur direct, lui jetant en pleine figure son incompétence et sa vilenie : "Votre sens du devoir s'est changé en une folie de haine ; vous stigmatisez une race pour une défaite dont vous êtes la cause !"

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Si Rock Hudson n’a pas encore le charisme voulu pour un tel rôle, si la très jolie Barbara Hale et Anthony Quinn (Jeff Chandler, ex-Cochise’, avait été d’abord pressenti pour le rôle d'Osceola) n’ont pas assez de temps de présence pour qu’on puisse apprécier leur talent à leur juste valeur, Richard Carlson en revanche tient presque le haut de l’affiche dans la peau de ce Major psychotique, maniaque de la discipline et du règlement. Il s’y révèle très convaincant même si son personnage manque quelque peu de subtilité. A ses côtés, on trouve aussi un Lee Marvin étonnement sage. Mais dans l’ensemble, un casting qui ne fait pas vraiment d’étincelles ; pas plus que la mise en scène qui nous délivre néanmoins quelques étonnants éclairs de violence comme l’attaque de Rock Hudson par un indien dès le début du film. La majeure partie du film (tout le segment central) évoque l’expédition du titre à travers les marais des Everglades, la compagnie trainant derrière elle un canon très lourd, souffrant de la soif et de la fatigue que l’on ne ressent malheureusement pas assez ; guère captivante dans l’ensemble malgré quelques très bons moments comme le ‘pétage de plomb’ de James Best, la séquence des sables mouvants ou bien évidemment la violente embuscade qui la termine. A ce moment là, on retrouve du grand Boetticher à l’intérieur d’une scène qui fait bizarrement penser à celle dans l’église de Apache Drums de Fregonese. Même si dans Seminole, cette scène d’une belle et sèche vitalité se déroule en extérieur, nous retrouvons les mêmes indiens peinturlurés sautant des arbres comme des beaux diables, tombant sur les soldats comme des furies.

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Ajoutons à ça un très bon travail sur l’atmosphère sonore (et notamment la musique qui n’utilise que des percussions à de nombreuses reprises), quelques superbes plans notamment ceux se déroulant sous la pluie en toute fin de film et un Hugh O’Brian magnifiquement grimé en redoutable guerrier Séminole et, malgré la déception annoncée, nous nous retrouvons néanmoins devant un film plaisant et concis dont la noblesse du propos fait un peu oublier le manque de force et de conviction.
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