Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse.
High Noon est un western qui joue sur le constant esprit lunatique des personnages et sur l'implacable frustration qui définit un monde corrompu par sa propre lâcheté (et le contexte du film, ainsi que la personnalité de son scénariste, appuient fortement cet aspect).
High Noon est assurément une oeuvre allégorique, un film étrange et singulier, un cri de révolte qui joue avec les codes du genre pour mieux s'en détacher.
J'ai adoré High Noon pour ce qu'il est à mon sens : une allégorie sur la fin d'un monde.
Ce monde, c'est l'Ouest de l'âge d'or, qui n'est plus que l'ombre de lui-même, il a vendu son âme en cédant face à l'individualisme.
Cooper incarne un cowboy d'un autre âge, celui des grandes heures de l'Ouest, un temps révolu à l'heure où ce monde se meurt. D'où le côté raide, désuet et un peu poussiéreux du personnage, mais il est aussi et surtout droit, intègre et sincère. Des qualités qui s'opposent à la modernité corrompue, sournoise, chaotique, dénuée d'honneur, de principes et de valeurs du nouvel Ouest qui s'annonce.
Chef d'oeuvre, en ce qui me concerne !
Dernière modification par Arion le 4 févr. 14, 11:12, modifié 2 fois.
Arion a écrit :Cooper incarne un cowboy d'un autre âge, celui des grandes heures de l'Ouest, un temps révolu à l'heure où ce monde se meurt.
A ce titre, les allusions constantes au temps qui avance impitoyablement, ainsi que la pression de l'heure régulièrement ramenée dans l'action ajoute à la tension narrative un sous-texte que tu énonces très bien. C'est le temps, le principal ennemi de Gary Cooper.
Et d'ailleurs, après l'heure du midi (High Noon), le soleil ne fera que se coucher.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Arion a écrit :Cooper incarne un cowboy d'un autre âge, celui des grandes heures de l'Ouest, un temps révolu à l'heure où ce monde se meurt.
A ce titre, les allusions constantes au temps qui avance impitoyablement, ainsi que la pression de l'heure régulièrement ramenée dans l'action ajoute à la tension narrative un sous-texte que tu énonces très bien. C'est le temps, le principal ennemi de Gary Cooper.
Et d'ailleurs, après l'heure du midi (High Noon), le soleil ne fera que se coucher.
Rien à voir, mais... je n'ai pas du tout apprécié l'intervention du mustélidé de service venu nous présenter le film lors du premier passage. Vous savez : Quelles sont "les bonnes raisons" de voir le film...
John Wayne n'y est pas... John Wayne détestait ce film...
Qu'est-ce que c'est que ces commentaires à la c*** ?
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Commissaire Juve a écrit :Rien à voir, mais... je n'ai pas du tout apprécié l'intervention du mustélidé de service venu nous présenter le film lors du premier passage. Vous savez : Quelles sont "les bonnes raisons" de voir le film...
John Wayne n'y est pas... John Wayne détestait ce film...
Qu'est-ce que c'est que ces commentaires à la c*** ?
Arion a écrit :Tu résumes bien mon sentiment, Watkinssien.
J'ai adoré High Noon pour ce qu'il est à mon sens : une allégorie sur la fin d'un monde.
Ce monde, c'est l'Ouest de l'âge d'or, qui n'est plus que l'ombre de lui-même, il a vendu son âme en cédant face à l'individualisme.
Cooper incarne un cowboy d'un autre âge, celui des grandes heures de l'Ouest, un temps révolu à l'heure où ce monde se meurt. D'où le côté raide, désuet et un peu poussiéreux du personnage, mais il est aussi et surtout droit, intègre et sincère. Des qualités qui s'opposent à la modernité corrompue, sournoise, chaotique, dénuée d'honneur, de principes et de valeurs du nouvel Ouest qui s'annonce.
Watkinssien a écrit :D'abord bienvenue Ivan Johnson !
Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse.
High Noon est un western qui joue sur le constant esprit lunatique des personnages et sur l'implacable frustration qui définit un monde corrompu par sa propre lâcheté (et le contexte du film, ainsi que la personnalité de son scénariste, appuient fortement cet aspect).
High Noon est assurément une oeuvre allégorique, un film étrange et singulier, un cri de révolte qui joue avec les codes du genre pour mieux s'en détacher.
Bonjour chez toi, Watkinssien
Là, où je te rejoins, c'est sur sa forme étrange et singulière, en effet. Il évoque également le film noir par certains côtés. Le N&b des plans rapprochés sur les visages, impuissants, inquiets ou tourmentés, valent le détour.
Arion a écrit :
Chef d'oeuvre, en ce qui me concerne !
+ 1000
Par ailleurs, je vénère la BOF de Tiomkin et le générique inoubliable de Tex Ritter en VO & John William en VF !!!
A mes yeux la Version de John William - pourtant très différente - égale la VO!
- What do you do if the envelope is too big for the slot?
- Well, if you fold 'em, they fire you. I usually throw 'em out.
Le grand saut - Joel & Ethan Coen (1994)
Jeremy Fox a écrit :Je me sens toujours aussi seul dans le camp des franchement pas convaincus par ce classique.
On en a tous au moins dix sous le coude des comme ça. Je comprends ton ressenti...
C'est toujours terriblement frustrant car on a l'impression d'être passé à côté de quelque chose quand on n'aime pas un film globalement adulé des cinéphiles. On essaie de l'aimer de toutes ses forces, mais rien à faire, on accroche pas. "Le grand sommeil" ou "Le faucon maltais" me font cet effet-là.
Si j'ai été aussi sévère, c'est peut-être aussi en raison de sa réputation et également parce qu'il avait tout pour me plaire : j'aurais tant voulu l'aimer ! Car malgré l'ennui qui ne m'a presque pas quitté une seule minute, j'ai pu y puiser quelques motifs de réjouissances même s'ils furent bien frugaux : quelques secondes assez touchantes lors du mariage (notamment la complicité qui lient les deux époux et leurs sourires de connivence) et surtout le splendide mouvement de grue ascendant qui isole Gary Cooper au milieu des rues de la ville désertée. Sans ça, un western que j'ai trouvé hiératique, sentencieux, mécanique et parfois anémié, incapable de gérer un rythme.