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Les Temps Modernes (Charles Chaplin - 1936)

Publié : 19 août 03, 10:19
par Zelda Zonk
Les Temps Modernes (Charles Chaplin - 1936)

Bon ben pas grand chose à dire, si ce n'est Top chef-d'oeuvre ! 8)
Mais je ne vous apprend rien...

J'avais bien sûr déjà vu le film lors de ses diffusions TV, mais il faut absolument vous procurer le DVD Mk2, ne serait-ce que pour le revoir dans les meilleures conditions : image superbement remasterisée, pas un grain, pas un parasite, très bon contraste, c'est super propre, on dirait que ça vient d'être tourné ! :D
Quant aux bonus (2ème DVD), ils sont très riches et passionnants.

Bref, j'ai redécouvert ce monument et je vais maintenant sûrement craquer pour La Ruée vers l'Or, en attendant Les lumières de la Ville (j'ai un faible pour celui-là), dont la sortie est prévue en Novembre.

10/10 (on peut pas mettre moins, objectivement)

Les temps modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 21 août 08, 18:59
par Watkinssien
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5 ans après City Lights, une des oeuvres les plus achevées de Chaplin, le cinéaste continue de défier le parlant en proposant encore une fois le personnage de Charlot, à travers un travailleur d'une usine vivant au rythme infernal de la taylorisation.

C'est après avoir fait un voyage autour du monde que Chaplin observa la mécanisation du travail et la terrifiante constatation que l'industrialisation est une plaie tragique pour l'homme.

Il décide donc de porter une charge féroce contre tout un système qui va être déréglé par le personnage le plus universel du cinéma.

A travers ce film, il faut prendre en compte plusieurs éléments qui apportent de manière indéniable les richesses intemporelles de l'oeuvre.

On peut d'abord commencer par l'observation sociale : en contournant la réalité implacable du travail à la chaîne, Chaplin met le doigt en le caricaturant par le biais du burlesque sur l'absurdité du système industriel américain tout en proposant de manière féroce une métaphore visuelle aujourd'hui célèbre sur les travailleurs aussi robotisés que leur machine (la fameuse ouverture sur les moutons rentrant dans leur ferme se superpose avec l'entrée des travailleurs dans leurs usines). Il rend compte également de la misère d'un monde entre deux crises financières, de la pression des associations orphelines, de la violence implicite gangrenée et surtout de ce que c'est d'avoir faim, cette notion propre à la vie.
Ensuite on peut continuer par la mise en place de l'émotion narrative : le personnage du "worker" n'est pas seul, il est accompagné par une jeune fille, à même de devenir femme. Charlot est tellement persécuté par le monde que c'est le confort de la prison qui lui sied le mieux. L'amour (qu'il soit amical, fraternel ou apparenté au désir) qu'il a pour la jeune vagabonde est comme une décharge électrique pour Charlot qui ose encore avoir de l'espoir dans "ce monde d'automates" (l'expression est de Chaplin). La mise en scène, toujours frontale, fait exploser le burlesque des situations, tout en étant particulièrement inspirée par la plastique des cadres et notamment des profondeurs de champs très intelligentes.
On peut terminer (même s'il n'y a pas que cela évidemment) sur le retranchement ultime du muet dans l'histoire du cinéma parlant : Chaplin résiste encore alors que, paradoxalement, il fait parler des personnages dans son film. Mais il faut voir avec quelle élaboration le cinéaste y fait recours. Si l'on regarde bien, on s'aperçoit que chaque dialogue sort d'une machine, que ce soit par écran interposé où apparaît le directeur de l'usine, digne de Big Brother, que ce soit par une radio ou un enregistrement. Ce qui prouve que Chaplin réfléchit subtilement sur le procédé cinématographique, qui unifie avec génie le fond et la forme. Le son, cet ennemi de Chaplin et de Charlot (symbole en quelque sorte du cinéma muet et de la pantomime) provient de ce que le cinéaste dénonce, c'est-à-dire la monstruosité de l'industrialisation et des machines.
Mais là où Chaplin va très loin dans ce retranchement, c'est lors de sa chanson finale, qui est superbement amené dans la narration. Charlot au début oublie les paroles, ce qui permet encore l'attente du paradoxe le plus absolu du début du septième art, comprendre ce que dit Charlot.
Et, contre toute attente, il nous exprime son fameux charabia, et la chanson n'est donc compréhensible que par les gestes de Charlot et non ses paroles.

Il est donc énormément touchant de voir un artiste, qui a privilégié son art du muet, se rendre à l'évidence que le parlant a gagné tout en disant en 1936 : Attendez, ce n'est pas encore pour cette fois !

Modern Times
, par son observation sociale, par la puissance émotionnelle de son histoire, par la mise en scène et par l'aboutissement d'une recherche esthétique qui est déjà disparue, s'annonce comme un pur chef-d'oeuvre !

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Re: Les temps modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 22 août 08, 03:31
par someone1600
Il est tellement difficile de départagé les films de Chaplin pour décréter, celui-la est son chef d'oeuvre. A chaque oeuvre, il réussi a nous éblouir de son incroyable talent.

Quel film fantastique, incroyablement drole, mais aussi incroyablement intelligent. Tel est le talent de Chaplin, réussir a nous faire rire, tout en dénoncant une situation qui a tout du drame.

Et ce fameux plan des moutons rentrant a la ferme qui se transforme en ouvrier entrant a l'usine est d'une incroyable intelligence.

La scene du repas express est peut-etre la plus drole que Chaplin ait tourné, j'en pleure de rire a chaque fois. Comment pouvait-il rester si sérieux en tournant cette scene, alors meme que c'est lui en fait qui manipule la machine. :lol:

Re: Les temps modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 22 août 08, 14:31
par misterleo
Comme tous les films de Chaplin, on ne s'en lasse pas et on ne s'en lassera jamais. Et la scène des patins à roulettes dans le grand magasin !!

Re: Les temps modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 9 sept. 08, 20:35
par Sabsena
Les temps modernes est surement l'ultime chef d'oeuvre du cinema muet. Le film de Chaplin est prodigieux, en realisant ce film il nous demontre qu'il est au sommet de son art, l'art de Chaplin a ecrit la legende du cinema, c'est grace a lui que le septieme art est devenu ce qu'il est, Chaplin a ecrit la plus exceptionnelle page du cinema muet, il etait le genie du septieme art, celui qui lui a donné ses lettres de noblesse, et cet ultime chef d'oeuvre est bouleversant, car le cinema parlant est là, mais Chaplin veut encore et toujours nous montrer que le cinema muet fut celui qui a construit la legende.
Alors biensur que l'oeuvre de Chaplin au parlant est plutot pale à coté des geants qui d'Hollywood
Il realisera quand meme immediatement un chef d'oeuvre du meme niveau avec Le dictateur.
Avec ce film Chaplin tourne une page de facon magistrale, la premiere de celle de l'histoire du cinema dont il fut le maitre, il passa le temoin à d'autres geants, s'effacant progressivement car il n'etait plus aussi à l'aise dans le cinema parlant, on ne peut avoir eté le maitre d'une epoque et continuer à l'etre quand le cinema est completement changé, chapeau monsieur Chaplin.

Re: Les temps modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 22 déc. 09, 21:03
par makaveli
je l'ai vu hier soir sur arte pour la 1ere fois et j'ai adoré.chaplin était vraiment fort.beaucoup de scènes très drôles.
je retiens surtout celle des patins et dans le resto avec la chanson.
un film à la fois simple et magnifique :D .

Re: Les temps modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 31 déc. 09, 16:13
par hansolo
makaveli a écrit :je l'ai vu hier soir sur arte pour la 1ere fois et j'ai adoré.chaplin était vraiment fort.beaucoup de scènes très drôles.
je retiens surtout celle des patins et dans le resto avec la chanson.
un film à la fois simple et magnifique :D .
Heureux que tu ai apprécié!
Le film est d'une richesse que l'on ne peut vraiment goutter qu'après plusieurs visions, mais on est simplement estomaqué par l'accuité du regard de Chaplin, inouï!

Empresse toi de découvrir les autres chefs d'œuvre de Chaplin!
c'est bien simple, a part ses deux derniers films, tous les longs métrages de CC sont de purs bijoux!

Re: Les temps modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 31 déc. 09, 16:48
par makaveli
j'ai vu le dictateur que j'ai beaucoup apprécié aussi :D
je vais surement voir demain les lumières de la ville et la ruée vers l'or.
peut être le kid aussi

Re: Les temps modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 14 nov. 12, 11:12
par Demi-Lune
J'ai redécouvert avec beaucoup de bonheur Les temps modernes hier soir. Le film typique qu'on te met au collège pour illustrer le cours d'Histoire sur l'Amérique des années 1920/30, sauf que l'extrait dépasse rarement les vingt premières minutes à l'usine. :mrgreen: Donc voilà, je l'ai vu jusqu'au bout et c'est pour le moment le Chaplin que je préfère. Un film visionnaire, plein d'acuité, d'inventivité et de génie, qui trouve un équilibre idéal entre la comédie et la poésie, l'incarnation et l'émotion (superbe Paulette Goddard). Sans doute un chef-d’œuvre ; en tout cas, avec la crise que l'on traverse et l'aliénation de notre société capitaliste et consumériste, je trouve que l'actualité pérenne du film fait naître une émotion encore plus troublante. Rien n'a fondamentalement changé et la philosophie humaniste et optimiste de cette magnifique fin suggère chez moi autant l'apaisement qu'une forme de spleen assez inexplicable. Sans doute aimerais-je avoir la même positive attitude de ce couple s'éloignant vers un destin incertain. :|

Re: Les Temps Modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 28 janv. 14, 09:21
par ingoruptibles
Revu hier. Rien à ajouter sur ce qui a été dit au sujet de ce film. Un pur bijou !
Un truc qui m'a frappé : Paulette Goddard semble tout droit sortie des années 2000. Elle détonne, physiquement et par son attitude, avec tous les standards de l'époque.
Visiblement une grande inspiration pour le rôle de Bérénice Bejo dans The Artist.

Et sinon, je serais curieux de savoir si la scène des patins à roulette est truquée... Si quelqu'un a un début de réponse...

Re: Les Temps Modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 28 janv. 14, 15:11
par Flol
ingoruptibles a écrit :Un truc qui m'a frappé : Paulette Goddard semble tout droit sortie des années 2000. Elle détonne, physiquement et par son attitude, avec tous les standards de l'époque.
Une des rares actrices de l'époque que je trouve extrêmement jolie. Justement parce qu'elle n'a pas l'air de venir de cette époque !
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Re: Les Temps Modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 28 janv. 14, 15:39
par Federico
ingoruptibles a écrit :je serais curieux de savoir si la scène des patins à roulette est truquée... Si quelqu'un a un début de réponse...
Y a peut-être quelques trucages ou du moins astuces (accélération, tournage à l'envers ou trompe-l'oeil) mais Chaplin, sans être au niveau d'élasticité casse-cou d'un Keaton était un véritable acrobate et il me semble l'avoir vu très bien patiner dans d'autres films, courts ou longs métrages.

Re: Les Temps Modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 28 janv. 14, 16:13
par bronski
Ratatouille a écrit :
ingoruptibles a écrit :Un truc qui m'a frappé : Paulette Goddard semble tout droit sortie des années 2000. Elle détonne, physiquement et par son attitude, avec tous les standards de l'époque.
Une des rares actrices de l'époque que je trouve extrêmement jolie. Justement parce qu'elle n'a pas l'air de venir de cette époque !
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C'est effectivement un canon de beauté actuelle.

Re: Les Temps Modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 28 janv. 14, 16:55
par Commissaire Juve
Federico a écrit :
ingoruptibles a écrit :je serais curieux de savoir si la scène des patins à roulette est truquée... Si quelqu'un a un début de réponse...
Y a peut-être quelques trucages ou du moins astuces (accélération, tournage à l'envers ou trompe-l'oeil)...
J'ai trouvé la solution (en anglais). Mais à quoi bon la révéler ? Je n'aurais même pas dû chercher, du reste. Maintenant -- pour moi -- la séquence a perdu de sa magie. Au fond, le truc le plus épatant, c'est la précision du numéro (j'imagine qu'il y a eu un paquet de prises).

Re: Les Temps Modernes (Charlie Chaplin - 1936)

Publié : 29 janv. 14, 18:09
par kiemavel
Commissaire Juve a écrit :
Federico a écrit : Y a peut-être quelques trucages ou du moins astuces (accélération, tournage à l'envers ou trompe-l'oeil)...
J'ai trouvé la solution (en anglais). Mais à quoi bon la révéler ? Je n'aurais même pas dû chercher, du reste. Maintenant -- pour moi -- la séquence a perdu de sa magie. Au fond, le truc le plus épatant, c'est la précision du numéro (j'imagine qu'il y a eu un paquet de prises).
Je ne vois pas trop en quoi avoir pris connaissance des "coulisses de l'exploit" ferait perdre au film de sa magie, ce serait un peu comme dire à la femme qu'on aime au matin d'une nuit agitée : " Ah ben dit donc je te préférais hier soir, tu ne veux pas te remaquiller et te pomponner un peu ". Quoi ? Tu lui dis :fiou: Pour ce qui est des séquences sur patin à roulettes, il doit y avoir un film de la période Keystone ou Essanay, mais il y a surtout, comment dirais-je : Charlot Patine (The Rink) :o Pour les temps modernes, c'est comme si j'apprenais que la séquence géniale au cours de laquelle Charlot parle pour la 1ère fois (ou plutôt chante) dans une langue imaginaire lui avait été soufflée par machin ou qu'elle lui avait été inspiré par truc qui dans une scène d'un film antérieur faisait chanter son interprète en espéranto ou en volapuk…Je m'en moque. On peut s'inspirer du talent des autres, écouter les conseils avisés, etc…Seul le résultat compte, et celui ci est génial.