Il y aurait beaucoup à dire sur
Chaplin et sa façon parfois farfelue d'utilser certains objets, tant elle fait partie intégrante de ses films
La première fois Charlot utilise de manière caractéristique un objet à contre-emploi dans un but comique date de 1914 :
Charlot fait du cinéma, où Charlot allume sa cigarette avec un révolver.
Ce genre d'effet reviendra ensuite de façon récurrente dans presque tous les films de
Chaplin.
En premier lieu, les objets que
Chaplin détourne dans ses films servent à montrer l'ingéniosité de son personnage qui, s'il n'est pas riche et ne dispose pas toujours d'un instrument adéquat pour l'action qu'il veut exécuter, est doté d'une ingénuosité à toute épreuve lui permettant de toujours trouver une solution à ses problèmes. Ainsi, dans
The Kid, il bricole un biberon pour l'enfant qu'il vient de trouver avec une vieille cafetière recouverte d'une tétine ; dans
les Temps modernes, il se sert d'un poulet vidé de ses entrailles comme d'un entonnoir pour faire boire son chef coincé dans une machine ; dans
Charlot soldat, il utilise une rape à fromage fixée au mur pour se gratter le dos.
Comme entre ses mains, tous les objets peuvent se voir détourner de leur but premier, c'est dans une boutique de brocanteur que
Chaplin trouve le plus grand nombre de gags issus de cet effet comique. En effet, dans
Charlot chez l'usurier, il se sert d'une essoreuse à linge pour presser sa vaisselle et ses mains humides, sort des poissons de leur bocal pour les essuyer avec un chiffon, fait un collier puis un lasso avec de la pate à tarte, ou encore auscullte un vieux réveil, l'opère comme il le ferait d'une personne, puis l'anéantit jusqu'à ce qu'il ne vale plus rien....
Mais les objets peuvent également être utilisés par Charlot pour se défendre, lui si frêle et chétif face aux grosses brutes qu'il affronte : dans
Charlot policeman, il se sert du bec-de-gaz pour asphyxier le caïd ; dans
Charlot soldat, après avoir découvert qu'un de ses colis contient un fromage plutôt malodorant, il s'en sert comme d'une grenade à envoyer dans la tranchée allemande. Et quand l'affrontement direct est impossible, les objets peuvent également aider au camouflage : dans
Charlot s'évade, un abat-jour sur la tête et voilà Charlot transformé en lampadaire, et ses poursuivants passent devant lui sans le voir !
Parfois, le spectateur est volontairement induit en erreur sur les intentions de Charlot quant à l'utilisation des objets, et de la surprise découle l'effet comique. Ainsi, dans
Charlot à la banque, nous voyons Charlot effectuer un code compliqué sur un coffre-fort, tout cela pour découvrir qu'en fait, ce coffre ne sert qu'à entreposer balais et seaux pour faire le ménage. De même, dans
Charlot pompier, la pompe à incendie se révèle servir en fait de percolateur pour servir la café aux hommes de la caserne.
Chaplin utilise tout ce qu'il a sous la main, à commencer par ses propres vêtements : chaussures qu'il fait cuire et mange dans
la Ruée vers l'or, canne qui lui sert de queue de billard ou de club de golf, chapeau melon recouvert (par erreur) de crème donnant l'illusion d'un gateau dans
Le Pélerin.
Enfin, même s'il ne s'agit pas à proprement parler d'objets,
Chaplin a déjà utilisé des animaux pour servir des gags, comme s'il s'agissait de choses inanimées (Dans
Une vie de chien par exemple, Scraps est utilisé par son maître dans une scène comme un oreiller).