Le Dernier Train du Katanga de Jack
Cardiff (1968)

Le Capitaine Curry est un mercenaire engagé cette fois par le nouveau président du Congo à peine sorti des colonies, pour aller chercher le stock de diamants d'une compagnie minière étrangère ainsi que des ressortissants occidentaux sur une région contrôlée par les rebelles. Il a à sa disposition une quarantaine de soldats dirigé par un ancien nazi dont il n'a aucune confiance, et son fidèle bras droit et congolais d'origine, le caporal Ruffo...
Grosse claque avec ce très grand film de guerre réalisé par Jack
Cardiff. Le film nous plonge dans un contexte peu traité à l'époque, les guerres civiles et ethniques africaines sur fond de chasse au diamants. On peut le rapprocher du récent "Blood Diamond" de Edward Zwick qui parait bien gentillet à côté.
On suit la mission d'un commando chargé de remonter la jungle en train afin de récupérer un stock de diamants et (accessoirement) sauver un groupe de civils. Le ton est posé d'entrée avec un président du Congo qui s'avère un infâme dictateur cherchant à asseoir son pouvoir et briser la révolte naissante, cela avec l'assentiment et l'aide logistique de grands industriels européen pour peu qu'il puisse leurs fournir les diamants. Le film dégage un constat très noir sur l'humanité qui ne se dément pas avec la description des militaires. Rod Taylor (vu en fiancé de Tippi Hedren dans "Les Oiseaux") trouve le rôle de sa vie avec ce mercenaire dur à cuire, blasé de tout sauf par son salaire, et son amitié avec Ruffo (excellent Jim Brown pas loin du rôle de sa vie aussi) soldat humaniste et désintéressé est un des point les plus passionnant et fouillé du film. La description de l'armée congolaise est des plus cinglante également, puisqu'on peut y trouver les pires raclures de l'univers du moment qu'elles sont compétentes dont un terrifiant ancien nazi incarné par Peter Carsten et qui va causer bien du tord.
Comme souvent avec les film de chefs op', c'est visuellement somptueux,
Cardiff filme et cadre la jungle profonde avec maestria et surtout en nous livrant des morceaux de bravoures aussi haletant que barbares. Le film surpris voire choque carrément par sa violence et sa sauvagerie, quelque soit le camp où on se situe. Des enfants mitraillés ( même pas hors champ,après nous les avoir longuement rendu attachant), les massacres des troupes rebelles sur les occidentaux montrés dans toute leurs sauvagerie (dont une bonne soeur qui se fait violer

) et une odyssée meurtrière finale de Rod Taylor d'une brutalité inouïe. Les purs moments d'action ne sont pas en reste avec des affrontements nombreux (dont un haletant montage alterné lors d'une tentative d'ouverture de coffre alors que le chaos approche) où le train est particulièrement mis à mal.
Le final est des plus magistral avec un Rod Taylor montrant enfin son humanité de manière bouleversante, puis cédant à ses instincts les plus sanguinaires lors d'un mano à mano final d'anthologie (
Cardiff use des transparences de manière assez extraordinaire) dans une cascade mais où l'amitié lui permettra de retrouver une certaine noblesse et rédemption. Quasi chef d'oeuvre ! 6/6 Et ces affiches de ouf ! Bon c'est réglé film du mois !