Votre gainsbourg préféré ?

[NotBillyTheKid]

Je connaissais cette histoire de plagiat, mais je n'avais jamais entendu les originaux... C'est, hum.. gênant.
Gainsbourg, comme beaucoup de grands artistes pensait que la copie était nécessaire. De plus, on est dans les 60's et c'est un procédé, l'emprunt, le collage, le pillage qui est très en vogue, (l'idée de "propriété intellectuelle" n'est pas aussi forte qu'aujourd'hui, pire, c'est même assez "petit bourgeois"). On retrouve donc ça chez Godard, Aragon, etc (à la suite de Picasso, et d'autres). LE fait de piquer n'est pas alors un "vol", mais bien un procédé de création issu de la politique des collages. (cf Aragon à propos de Picasso sur ce point). Dylan pique aussi des trucs (comme certains arrangements de Dave VAn Ronk qui mèneront à Blowin in the wind (je crois que c'est cette chanson, il faudrait revoir "No direction home")

Aujourd'hui, notre mentalité a changé, et le fait que cette inspiration/pillage se porte sur un musicien africain nous gêne. Indique-t-il son nom quelque part dans le disque ? je ne crois pas. Il faudrait voir s'il indique ses sources de musique classique à l'époque, ou si Bach et consorts ont bien le même traitement... si eux sont notés et pas lui, là, ça devient lourd. Sinon, c'est Gainsbourg le colleur qui est en marche (il fait ça aussi dans les paroles, avec Verlaine par exemple). En ce sens, Gainsbourg, Godard, Picasso même combat esthétique de l'emprunt.

[bronski]

Peter Gabriel avait aussi sorti son album IV (1982), uniquement basé sur des rythmes de percussions africaines mélangées à des synthés les plus high-tech disponibles à l'époque. Pour moi son meilleur disque.
Cette question d'emprunts, pillages et autres hommages ne me gêne pas personnellement. J'ai aussi une vision de la propriété intellectuelle très proche de celle de l'époque dont parle NotBilly...

[k-chan]

Dylan pique aussi des trucs (comme certains arrangements de Dave VAn Ronk qui mèneront à Blowin in the wind (je crois que c'est cette chanson, il faudrait revoir "No direction home")

Revu No Direction Home il y a peu, et je n'ai pas souvenir de ça. Par contre, oui, Dylan a piqué à Dave Van Ronk sa version de House of the Risin' Sun, pour son premier album.

[odelay]

Attention c'est du lourd qui arrive début novembre :




ou





Les détails : ici

C'est limité (même les CD)

[Dunn]

J'achète

[1kult]

Houuuuuu, la tentation est grande...

Allez quelques petites autres choses sur gainsbourg. Ce qui est remarquable, c'est que non seulement il a toujours touché à des genres différents, mais il n'a quasiment cessé d'enregistrer. La preuve avec le nombre de rééditions et de redécouvertes de petites pistes offerts avec des single qui ne se retrouvaient pas sur les albums finaux (ou "B Track" pour les connaisseurs).



Si je ne m'abuse, le gentillet "Sea sex & Sun n'est sur aucun "vrai" album (il doit se retrouver sur bon nombre de compils ensuite). Il faut savoir qu'il était sorti en 45 T en 2 versions (une version française et une anglaise) pour chacun des deux titres. Le second, pourtant méconnu, mérite qu'on s'y attarde :



Autres raretés, ressorties sur un 45 T cet été : Comme un boomerang. Chanté par beaucoup, il faut savoir que c'est une chanson de Serge Gainsbourg à la base. Offert en bonus une petite bêtise sans grand intérêt : Les Papiers Qui Collent Aux Bonbons.





A savoir que cette édition limitée (qui se vendait aux alentours de 9 euros cet été) a atteint des sommes comme 80 euros depuis...

Dans la série des 45T, il y a des jolis coffrets de repros qui sont ressortis (2 consacrés aux BOF et 2 autres pour des titres non-BO). Les prix sont là encore assez élevés, mais on y découvre des merveilles comme par exemple la BO de Strip Tease de Serges Poitrenaud (sorti récemment chez Mondo Macabro - et dont ma commande traîne depuis plusieurs mois !!!!! ) :



Mais je pense que l'achat immanquable, à posséder chez soi, que l'on soit amateur lambda ou gainsbourgophile hardcore, c'est l'immense biographie de Gilles Verlant. Le travail effectué impose le respect, on suit toute la vie de Gainsbourg sans un seul ennui, c'est bourré d'infos toutes aussi passionnantes que fondamentales pour bien comprendre la vie du maître : les problèmes avec son physique, son passage au pop abandonnant ses vélleités artistiques, ses problèmes de boisson, la Marseilaise (avec la repproduction de l'article nauséeux de Michel Droit qui se résume en gros à : "Gainsbourg donne une mauvaise image des juifs, je ne suis pas antisémite, mais les gens qui le sont ne vont pas apprécier" )

Ebouriffant, pour moins de 10 euros c'est grandiose surtout que rapidement on le lit comme un roman et pas comme quelque chose de froid et austère.



Fiouf... allez la suite de petites perles bientôt !

[Dunn]

Grand merci à toi pour ce récapitulatif fort intéressant car je ne connaissais pas cette excellent chanson Mr iceberg.On peut la trouver sur quel album?

[bronski]

Grand merci à toi pour ce récapitulatif fort intéressant car je ne connaissais pas cette excellent chanson Mr iceberg.On peut la trouver sur quel album?

Aucun, c'est une face B d'un 45 tours (Sea Sex and Sun).

[odelay]

Il n'est pas sur un album, par contre on le trouvait en version française et anglaise sur le volume 7 de l'intégrale des années 90 qui était vendu séparément :

Volume 7 intégrale

[Marcus]

Petite précision sur "Comme un boomerang": à la base ce n'est pas une "chanson de Gainsbourg" mais un morceau écrit par Gainsbourg pour Dani, en vue de l'Eurovision (75?) et refusée par le jury qui le trouve trop provocante.

[1kult]

Bon, je vais continuer encore avec quelques B-Tracks... Gainsbourg et le cinéma, c'est une vieille histoire, et si il a été acteur, réalisateur, il a aussi signé bon nombre de bandes originales de différente qualité. Dans un hors-série assez intéressant signé les Inrocks, Christophe Comte notait que la qualité de ses partitions avait évolué avec le genre, tombant à la fin de sa vie dans la comédie et le tout-venant.

mais il y a aussi de nombreuses perles qui se disséminent un peu partout, qu'il faut trouver ici et là. Si le film n'a pas bonne réputation, par exemple, Anna est une sorte de best-of de tout le talent de Gainsbourg (qui a lui-même eu beaucoup d'estime pour ce film dans lequel il s'est beaucoup investi - il en reprendra même le chef op pour ses propres réalisations).

Des petits bijoux qui se découvrent comme une sorte d'album supplémentaire de Gainsbourg, peu connu mais fascinant là encore. Appréciant composer pour ses muses, il signe par exemple Hier ou demain pour Marianne Faithfull :



Pour apprécier Gainsbourg, il faut aussi arriver à dépasser les premières écoutes, comme ses titres enregistrés sur le même film avec Briali. Le talent de Gainsbourg, c'est la mélodie et il la fera rentrer dans nos têtes coûte que coute... et le moins que l'on puisse dire c'est que ça marche !



Une petite autre pour le plaisir avec Anna Karina :



A noter l'existence à la Fnac d'un superbe coffret comprenant l'album et le DVD. Des pistes inédites pullulent dans celui-ci, ce qu'apprécieront les fans !

Gainsbourg a composé plusieurs fois pour des films avec Gabin, et les deux hommes, dont on aurait pourtant pu imaginer une rencontre explosive (l'un provocateur, l'autre patriarche), s'apprécient et se rencontrent à plusieurs reprises musicalement. Il y aura le fameux Requiem pour un Con du Pacha de Lautner, remixé en 1991 (et qui sortira quelques jours à peine après sa mort). Mais il y a aussi une autre piste, mineure mais remarquable, offert en B Track donc :



Psychastrenie est un morceau psychédélique totalement en accord avec son époque, mais il faut avouer qu'on a vu mieux. Pourtant les résonances orientales et la rythmique propre au musicien seront appréciés par les fans. Et puis, c'est facile, mais c'est toujours mieux que Psychedelic de Johnny Halliday...

Finissons avec une petite perle : La BO de La Horse, le vigilante rural avec le même Gabin, s'il est attachant, n'est pas un chef d'oeuvre du genre. C'e n'est pas le cas de la piste que compose Gainsbourg. Entêtant, appuyant un refrain relativement lent, l'ambiance est là : un vrai cachet du terroir, westernien (on n'est pas loin d'une version un peu speed de Morricone). Et puis tout s'emballe, le banjo part en vrille dans un solo infernale pour reprendre ensuite son rythme fataliste, appuyé par la batterie déchaînée.



Il existe une repro 45T ressortie chez l'excellent Vadim Music.

Allez si le courage me prend, j'ouvre un topic sur les B Tracks et raretés françaises de ces années-là... J'en ai découvert plusieurs de fabuleuses ces dernières années...

[1kult]

Petite précision sur "Comme un boomerang": à la base ce n'est pas une "chanson de Gainsbourg" mais un morceau écrit par Gainsbourg pour Dani, en vue de l'Eurovision (75?) et refusée par le jury qui le trouve trop provocante.

Oui, effectivement. Verlant en parle d'ailleurs, mais quelques infos supplémentaires !

http://www.leparisien.fr/loisirs-et-spe ... 216642.php

[Dunn]

Encore merci pour cette rétro Gainsbourg dont certains titres me sont inconnus notamment "boomerang" que j'adore..quel album?

[bronski]

Encore merci pour cette rétro Gainsbourg dont certains titres me sont inconnus notamment "boomerang" que j'adore..quel album?

Celui de Vanessa Paradis si je ne m'abuse.

[1kult]

Encore merci pour cette rétro Gainsbourg dont certains titres me sont inconnus notamment "boomerang" que j'adore..quel album?

De rien !

C'est dans Anna, dont je conseille la version Fnac (et c'est rare que je dise ça ! ) en CD version longue + DVD du téléfilm :



Sinon une petite bêtise : Gainsbourg aimait beaucoup la pub : interprétation pour Bic, réalisation de spots, mais aussi parfois une musique. Les amateurs du parfum Caron se souviennent peut-être de ce petit duo que Gainsbourg avait enregistré avec Birkin pour la marque. Ce titre est offert sur le site de l'éditeur en MP3, légalement.

http://www.parfumscaron.com/

Pour le trouver, vous passez toutes les intros, vous cliquez en bas sur "pour homme". Ensuite, vous cherchez "pour un homme" et là vous allez pouvoir enregistrer cette piste !