(Christian Vander)
I. Les maîtres du haut-château.
Magma en 1975. Comme une inquiétante secte à part dans le doux paysage français.
Non, Magma chante, c'est même quasiment des choeurs. Et Magma chante en Kobaïen. Kézaco ?
Le Kobaïen est une langue inventée par Vander (tout comme l'Hoppelandic qui mélange anglais et islandais est inventé par les petits gars de Sigur Ros) qui, de par ses sonorités ressemble à une sorte de (attention), russe/allemand/français/anglais/italien-et-12000-autres-trucs, le tout en même temps et parfois psalmodié comme de l'opéra plus que du chant.
J'en vois déjà qui jettent l'éponge. Le pire (le meilleur ?) est encore à venir.
De fait que le Kobaïen ne ressemble à rien de bien connu (on a classé ça en "musique Zeuhl"), l'auditeur à tout loisir de se concentrer sur la musique et l'oeuvre plus que des paroles qui pourraient l'entraver. On peut légitimement parler d'oeuvre avec Magma car chaque disque s'inscrit dans un courant, une histoire racontée où tout est finalement laissé à l'auditeur de se faire, par le biais de la musique, sa petite histoire à lui, oeuvrant une fois de plus pour la richesse d'une musique que, universalité des non-paroles (encore qu'il faut surmonter cet ecueuil) permet à tous. Sur un plan graphique, on a pu obtenir des superbes choses d'ailleurs, librement inspiré de l'univers du groupe. Citons par exemple le blogueur Tim que j'aime beaucoup (n'allez pas sur son blog tant que vous n'avez pas vus la fin de la saison 6 de LOST néanmoins ) qui fit à quelques reprises des clins d'oeils à l'univers kobaïen.
Lire la suite de cette BD hommage à l'album Köhntarkösz ? Par ici les gens !
A noter que sur la page web de Tim, vous avez des chros aussi de Magma !
Mais Magma n'a jamais voulu dès le départ vouloir plaire (cela pourquoi l'album "grand public" qu'est Merci a été ressenti comme une grosse trahison par les fans en 1982) donc...
Donc Magma ce n'est pas le sempiternel morceau en trois/cinq temps comme un truc pop-rock basique : 1er couplet / 2e couplet (mais construction mélodique similaire) / refrain / 3e couplet (retour à construction mélodique comme 1er et 2e couplet) / Refrain qui débouche soit sur final répétition (avec son qui baisse) ou ouverture sur une variation ou final tonitruant.
Magma pourrait être rapproché du rock progressif ou du jazz-rock et des groupes qui y officient pour ses morceaux complexes souvent dépassant allégrement les 7,8 minutes. Mais ce serait encore trop facile puisque Magma construit ses morceaux sur le rythme, la répétition, le contrepoint et les parallèles et points d'achoppements qui se rejoignent. Preuve de la richesse du groupe, des accords à la fin de Würdah Itah qui rejoignent ceux de KA ou MDK (le doux passage chantant "les musiciens du bord du monde..."). J'avais encore jamais fait attention parce que la texture sonore n'est pas reprise telle quelle mais en variation. C'est subtil et loin d'être bête. Et on pourrait trouver encore bien d'autres choses mais j'en parlerais plus tard en faisant une petite discographie commentée...
Enfin le logo et l'identité de Magma, là encore qui ne ressemble à rien de connu. C'est... euh... Une sorte de griffe inhumaine. Ou pas vraiment terrienne. C'est un peu le truc qui orne facilement la moitié de la discographie de Magma en pochette de disque. Autant dire qu'on ne peut pas se tromper avec ça...
Magma en 2009. Cela reste des gens qui font peur. Ou presque.
Fin de la première partie.
A venir : Discographie commentée et scindée en plusieurs posts équivalent aux différentes périodes du groupe.