Haruki Murakami

[phylute]

J'ai lu il y a un petit moment Après le tremblement. Un livre qui m'a beaucoup marqué, une lecture rare et précieuse. Ce topic me donne sacrément envie de découvrir le reste de l'oeuvre de l'écrivain. Merci les gens !

[bruce randylan]

Les Amants du Spoutnik

Achevé il y a un certain temps, ça reste une relative déception. Le récit et le style perdent de leur simplicité, et j'ai pas trop accroché: Pages surchargées de référence, de pub, de "répliques qui tuent", une parenthèse onirique qui ne m'a pas vraiment convaincu... Pourtant, il reste de magnifiques passages(comme les 2 derniers chapitres, vraiment touchants, ou même certaines scènes entre Sumire et le personnage principal) et l'ensemble est vraiment captivant. Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, loin de là, mais je préfère de loin le côté direct de Au Sud de la frontière.

un brin deçu aussi, on sent presque l'auteur en train d'écrire l'oeuvre en même temps qu'on la lit... j'ai vraiment eut l'impression qu'il ( se ? ) cherche(ait) sans trop savoir où il allait.
Du coup, c'est vrai qu'il semble tourner en rond sur son univers. Mais la fin est vraiment de toute beauté...

Prochain sur la liste : aucune idée...

[Philip Marlowe]

La Ballade de l'Impossible

Là par contre pas déçu. Pour l'instant le Murakami le plus complet que j'ai lu. Les personnages sont particulièrement réussis, à la fois avec des caractères bien trempés mais toujours subtils, ce qui lui permet d'éviter de rendre l'opposition entre les 2 filles trop mécanique à la Orange Road(dans ce dernier ça passe parce que c'est une comédie, mais dans La Ballade de l'Impossible ça aurait été pour le moins handicapant). Les personnages sont vraiment la plus grande réussite du roman, avec une mention spéciale pour Midori, fille courageuse d'une vitalité communicative, contrairement à la folle Naoko. Le thème de la folie est d'ailleurs abordé avec finesse, sans aucune caricature ni pathos. Ce livre renferme également plusieurs détails qui révèlent leur beauté lorsque l'on y repense (Uruguay..., Hatsumi..., les ballades urbaines...). Bref, La Ballade de l'Impossible est un roman ample, grave mais jamais lourd, parfois nostalgique, qui traite de l'amour, du sexe, de la mort, du deuil, du temps, de la jeunesse, de la folie, et tout simplement de la vie.
Pour l'instant mon Murakami préféré avec Au Sud de la frontière...(et encore il se peut qu'il le dépasse un jour).

[Philip Marlowe]

Danse Danse Danse (possibles spoilers)


Là encore, Murakami sait comment captiver son lecteur: Des personnages toujours attachants et justes, un univers onirique dans lequel on s'immerge sans s'en rendre compte, une intrigue vraiment originale et... et c'est justement là qu'il y a un problème! L'auteur développe un univers fascinant, tisse un suspense, pour finalement ne pas savoir faire de toutes les pistes narratives lancées en cours de route, et donc laisse pas mal de pistes intéressantes dans l'ombre sans que ça ne soit vraiment justifié. Après avoir refermé le livre, même si le dernier chapitre est vraiment très beau, on se dit " tout ça pour ça" et on reste sur sa faim. Je sais pas si l'impression est la même si on a lu avant La Course au mouton sauvage, mais je suis d'autant plus déçu que pendant la lecture j'ai été plusieurs fois émerveillé par la manière dont il capturait certains instants, qui peuvent sembler insignifiants, mais qui sous sa plume deviennent intenses(les moments sur la plage avec la fille médium, la nuit de "déneigement sensuel" à la nostalgie douce amère...), au point que je pensais lire mon Murakami préféré. Donc finalement un livre où certes on peut apprécier le talent de son auteur, qui m'a quand même ému, mais qui garde malheureusement un goût d'inachevé.

[happy]

A noter que sortira le 25 janvier 2006 le superbe "TONY TAKITANI" de Jun ICHIKAWA, adapté de la nouvelle homonyme de MURAKAMI.

Un superbe petit joyau d'1h15, un exercice de style sans équivalent dans l'adaptation littéraire à aller voir (et soutenir).

L'un des rares films à atteindre la qualité du livre original !!

[Stalker]

A noter que sortira le 25 janvier 2006 le superbe "TONY TAKITANI" de Jun ICHIKAWA, adapté de la nouvelle homonyme de MURAKAMI.

Un superbe petit joyau d'1h15, un exercice de style sans équivalent dans l'adaptation littéraire à aller voir (et soutenir).

L'un des rares films à atteindre la qualité du livre original !!

Bouhouhouhhh... j'ai réussi à le louper et il n'est déjà plus du tout programmé sur Paris

Sinon, je viens de lire Au sud de la Frontière, à l'Ouest du Soleil, que j'ai beaucoup aimé. C'est l'histoire simple de la vie d'un homme, racontée à la première personne, de son enfance à ses 37ans ; sa vie, ses douleurs, ses amours... C'est plus simple et direct que ce que j'avais lu avant du même auteur, moins onirique et mystérieux aussi, malgré un personnage féminin très enigmatique.
Malgré quelques passages peut-être un peu triviaux, Murakami réussit une nouvelle fois à me toucher profondément. J'ai vraiment dévoré ce tout petit roman ; et il me fait beaucoup de bien.

Quelques mois avant, j'avais lu Chroniques de l'oiseau à ressort. Beaucoup plus de mystère et d'onirisme dans celui-là... J'ai lu ses 850 pages goulûment, sans réelle baisse de tension, mais, néanmoins, je lui reproche quand même de ne pas exploiter pleinement dans la deuxième partie l'univers riche et étrange qui se met en place dans la première.
Même si ça reste un roman formidable, qui m'a complétement happé, il m'a peut-être touché moins intimement que les nouvelles d'Après le tremblement de Terre ou qu'Au Sud de la frontière....

J'attaque très prochainement Kafka sur le rivage (un titre pareil, ça donne envie ! ). Quelqu'un l'a lu ?

[charulata]

A noter que sortira le 25 janvier 2006 le superbe "TONY TAKITANI" de Jun ICHIKAWA, adapté de la nouvelle homonyme de MURAKAMI.

Un superbe petit joyau d'1h15, un exercice de style sans équivalent dans l'adaptation littéraire à aller voir (et soutenir).

L'un des rares films à atteindre la qualité du livre original !!

J'ai vu qu'il passait à Nantes (ouf!) et comme j'avais eu l'exemplaire gratuit dans une de mes bibliothèques je vais faire d'une pierre deux coups livre/film.
Je connais très peu Haruki Murakami, c'est une amie qui me l'a conseillé et du coup, un peu par hasard (j'aimais bien la couverture et la 4ème de couverture) j'ai acheté Les Amants du Spoutnik. Comme c'était mon premier Murakami, je ne peux pas dresser de comparaisons avec d'autres livres. En tout cas, j'ai tout de suite été happée par son style, c'est drôle, on se sent comme un voyeur en le lisant parce qu'on rentre dans l'univers littéraire, amoureux, fantasmé de Sumire et de Miu. Par contre, tout comme vous j'ai un peu décroché lors du passage ou K est en Grèce et est "transporté" dans une sorte de trip
Mais bon, tout ça met bien en appétit et je crois que je vais complèter ma culture Murakamienne

[Philip Marlowe]

Vivement que j'ai passé ces putains de concours pour en lire d'autres!

[Pancake]

J'attaque très prochainement Kafka sur le rivage (un titre pareil, ça donne envie ! ). Quelqu'un l'a lu ?

C'est absolument excellent mais aussi un peu frustrant. Pourquoi? Parce que les 300 premières pages comptent tout simplement parmi les meilleures choses que j'ai pu lire, tout confondu, où Murakami atteint je trouve le sommet de son art dans ce qu'il a de grâce et de temps suspendu, les 300 autres restent très bonnes mais un léger ton en-dessus.

Un gamin de 15 ans décide de fuguer de chez lui, sans trop savoir où aller, Murakami faisant de son chemin initiatique quelques nattes avec celle d'un vieux bonhomme qui parle aux chats, fait pleuvoir des poissons, dans un univers où l'on croise Johnnie Walker comme des catins-fantômes et où le petit précis de mythologie grecque est arrangé au folklore japonais. Chez Murakami ça paraît toujours très simple, épuré, et c'est d'ailleurs dans ces moments-là que le bouquin atteint des sommets, voir l'inquiétude et l'onirisme qui se dégagent de quelques nuits dans une cabane isolée de tout.

Bon j'en parle mal mais il va falloir cravacher pour lire plus beau et plus riche parmi les sorties de 2006.

5+/6

[Stalker]

Ca donne envie tout ça, Pancake !

C'est absolument excellent mais aussi un peu frustrant. Pourquoi? Parce que les 300 premières pages comptent tout simplement parmi les meilleures choses que j'ai pu lire, tout confondu, où Murakami atteint je trouve le sommet de son art dans ce qu'il a de grâce et de temps suspendu, les 300 autres restent très bonnes mais un léger ton en-dessus.

C'est un peu ce que j'avais ressenti pour Chroniques de l'Oiseau à ressort... Enfin on verra bien... !

[Philip Marlowe]

Chroniques de l'oiseau à ressort

Pour l'instant le meilleur Murakami que j'ai lu. Plus long que d'habitude, disons tout de suite que le livre n'est pas également fascinant et captivant tout au long de ses 850 pages. Mais quand il l'est, c'est pour donner parmi les plus belles pages que j'ai pu lire, d'un onirisme unique(les ténèbres, les souvenirs au fond du puits, l'enfant qui dort...). A ce titre, le climax dans l'hôtel est magistral, et m'a fait penser à des sommets du cinéma fantastique(Shining, Lost Highway...). Comme Danse Danse Danse, Chroniques de l'oiseau à ressort est l'histoire d'un homme de 34 ans qui se retrouve projeté contre son gré dans un cauchemard éveillé, où plane ici l'ombre de Lovecraft, et duquel il devra se sortir en "exécutant les bons pas". Mais c'est aussi l'histoire d'un couple de trentenaires qui n'a pas réussi à soigner ses blessures de jeunesse. Et l'histoire d'un Japonais né après guerre, ayant grandi dans le miracle économique, qui se retrouve lié à l'horreur de la 2nde guerre mondiale en Asie que son pays a vite fait d'oublier. En bref, c'est aussi l'histoire du rapport qu'entretient le Japon avec son passé en Asie. Paradoxalement, si les passages historiques sont ce qui donnent au livre un intérêt supplémentaire par rapport au peu abouti Danse Danse Danse, ce sont aussi les passages les moins captivants. Et comme ils sont relativement nombreux, Chroniques de l'oiseau à ressort nécessite peut-être plus d'efforts de la part du lecteur que les autres Murakami(ce qui veut dire pas grand chose non plus ). Mais on est largement récompensés. En tout cas, les passages cités plus hauts sont un tel sommet de poésie qu'ils me confirment que Murakami est un grand écrivain.

[bruce randylan]

Chroniques de l'oiseau à ressort

Pour l'instant le meilleur Murakami que j'ai lu. Plus long que d'habitude, disons tout de suite que le livre n'est pas également fascinant et captivant tout au long de ses 850 pages. Mais quand il l'est, c'est pour donner parmi les plus belles pages que j'ai pu lire, d'un onirisme unique(les ténèbres, les souvenirs au fond du puits, l'enfant qui dort...). A ce titre, le climax dans l'hôtel est magistral, et m'a fait penser à des sommets du cinéma fantastique(Shining, Lost Highway...). Chroniques de l'oiseau à ressort nécessite peut-être plus d'efforts de la part du lecteur que les autres Murakami(ce qui veut dire pas grand chose non plus ). Mais on est largement récompensés. En tout cas, les passages cités plus hauts sont un tel sommet de poésie qu'ils me confirment que Murakami est un grand écrivain.

voilà tout plus un.

Certains passages sont d'une violence presque insoutenable ( les tortures décrites ).
l'ambiance derive entre flottement, errance, transgression, sans progression dramatique et finit par former un univers familié.

Et bien que les 850 pages n'avancent parfois pas bien vite. Une fois à la fin, on se demande pourquoi ça se termine.

[bruce randylan]

Kafka sur le rivage


Murakami est un dieu.
Ce livre fait parti de ces tous meilleurs et cette histoire qui glisse doucement vers le fantastique et le surréalisme ( avec quelques pointes perverses et angoissantes ) est un vrai régal.
Comme toujours chez l'auteur, l'écriture, est fluide, limpide, évidente et nous guide dans son univers étonnant ( un homme parle aux chats, il pleut des poissons, un adolescent est plongé dans une malédiction incestueuse, un personnage secondaire est hermaphrodite, une blibliothéquaire se dédouble avec son image adolescente... ) avec une facilité et une maitrise parfaite. On s'attache aux personnages et on tente de tisser et lier les différents élements qui finissent par s'associer.
A l'inverse de chroniques de l'oiseau à ressort, Murakami maitrise du début à la fin son récit qui conjuge envolée philosophique, récit d'initation, tragédie grecque, quête mystique et introsepectives.

[johell]

LE PASSAGE DE LA NUIT de Haruki Murakami

Dans un bar, Mari est plongée dans un livre. Elle boit du thé, fume cigarette sur cigarette. Surgit alors un musicien qui la reconnaît. Au même moment, dans une chambre, Eri, la sœur de Mari, dort à poings fermés, sans savoir que quelqu'un l'observe. Autour des deux sœurs vont défiler des personnages insolites : une prostituée blessée, une gérante d'hôtel vengeresse, un informaticien désabusé, une femme de chambre en fuite. Des événements bizarres vont survenir : une télévision qui se met brusquement en marche, un miroir qui garde les reflets...

La découverte d'un nouvel auteur et de son univers fait de personnages attachants et d'une ambiance à la lisière du fantastique. Style simple et agréable, ce petit bouquin de 230 pages se lit très rapidement. Cela me rappelle un peu les écrits de J.D. Salinger, un de mes auteurs fétiches. Voilà une belle surprise et un auteur que je vais explorer plus en avant. LE PASSAGE DE LA NUIT est un roman hypnotique et envoûtant. Le genre d'histoire qui reste ancrée en vous pendant un petit moment. Je suis totalement sous le charme.

Je viens de découvrir ce topic et là je me rends compte qu'il y a pas mal d'amateur de cet écrivain. J'ai pris des notes et me voilà fin prêt pour acheter tout plein de nouveaux bouquins.

[Mama Grande!]

Le Passage de la nuit

Agréable surprise que ce roman qui avait déçu les amateurs de l'écrivain lors de sa sortie.
Loin de la saga onirique oedipienne Kafka sur le rivage, Le passage de la nuit raconte la nuit tokyoïte d'une poignée de personnages qui se croiseront et se parleront, le temps d'une tasse de café ou d'une bière, dans le bureau d'un love hotel, un convenience store, un Denny's, ou un parc rempli de chats.
Si Kafka se déroulait dans un univers littéraire, où l'on pouvait croiser les fantômes de Natsume Sôseki ou du Dit du Genji, Le Passage de la nuit tient plus du cinéma. La forme tient souvent plus du scénario de film que du roman: le lecteur est embarqué sur un "oiseau-caméra" invisible, et prend ainsi une position de spectateur/voyeur. Le narrateur décrit précisément au présent ce que l'on doit voir, de l'éclairage au cadrage, ainsi que les gestes et expressions des personnages. Murakami va même jusqu'à, lors d'un chapitre, écrire un dialogue en mentionnant le nom du locuteur avant chaque réplique, comme dans un script. Cela nous rappelle que Murakami a, dans sa jeunesse, étudié le cinéma en vue de devenir scénariste, et qu'il avait arrêté par manque d'histoires à raconter. Ce dernier problème est désormais résolu, mais son univers et sa technique se sont épanouis dans la littérature. Il a donc littéralement écrit un film.
Je trouve ainsi Le passage de la nuit plus audacieux que Kafka, qui bien que brillant sentait par moment un peu le réchauffé.
Maintenant, l'audace n'étant pas suffisante pour écrire un bon livre, est-ce une réussite?
A mon avis, oui.
Sans atteindre les sommets de l'écrivain, l'auteur hypnotise le lecteur pour le plonger dans un univers nocturne familier et cauchemardesque. On y retrouve les ténèbres, les influences lynchiennes cette fois carrément évidentes, mais de manière différente. Ca reste envoutant et poétique, doux-amer et mystérieux.

On attend désormais avec impatience le prochain roman de Haruki Murakami à paraître dans 3 semaines, 1Q84