Mais comment peut-on valider un film pareil sérieux ?

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http://www.dailymotion.com/video/x5x1qo ... shortfilmsFederico wrote:Je ne me lasse pas de sa désastreuse envolée dialectique sur l'existence/inexistence divine.
Revu récemment et j'ai bien aimé ce film un peu glacé...Michel Blanc y est impressionnant.Nestor Almendros wrote:MONSIEUR HIRE
Après avoir revu PANIQUE en mai dernier, l'occasion était trop belle de redécouvrir à son tour l'adaptation des "Fiançailles de Mr Hire" par Patrice Leconte. Découvert pendant l'adolescence, ce fut un petit choc à l'époque (j'en étais alors à mes balbutiments de cinéphile). Revu il y a quelques années j'avais été beaucoup moins emballé.
Cette nouvelle vision rehausse le niveau, sans toutefois atteindre des sommets.
En fait, je n'aurais pas dû attendre si longtemps pour voir MONSIEUR HIRE. Car ma mémoire est bien fragile et je n'ai déjà plus assez de souvenirs de l'adaptation de Duvivier. Je me souviens que le canevas était assez différent, mais sans plus. Dans les bonus, Leconte souligne que dans PANIQUE (ou dans le bouquin, je ne sais plus trop) il y a plus de police que d'amour, tandis que dans son film il y a plus d'amour que de police.
On garde dans les deux films le personnage reclus qui propose à la population (qui ne demande que ça) une image biaisée. Là où Duvivier enfonçait le clou de la bétise avec la masse populaire idiote et aveugle, Leconte ne montre rien, ou presque. Mis à part Alice, son petit ami, et le policier qui harcèle Hire, nous n'avons que très peu d'éléments extérieurs. C'est un scénario qui privilégie la relation du couple, ou du duo (au choix). J'ai été assez surpris de voir une certaine crudité dans quelques répliques ou des passages sensuels entre Bonnaire et Blanc. C'est l'enjeu du film qui a;motivé Leconte: la sensualité des rapports amoureux, le désir des rapports amoureux.
Face à Hire, Alice est un personnage ambigu, et riche. Sa double liaison m'a paru sincère, sa démarche profonde mais la fin du film transforme le récit en mélodrame. Je n'ai pas senti de réelle manipulation, juste une sorte de saut dans le vide (sans jeu de mot, par rapport au film) pour sauver son vrai amour. Encore une fois, l'histoire ajoute au drame de la vie de cet homme qui ne demandait qu'à être heureux. La distance apparente que pose l'ambiance joue peut-être, malgré l'intérêt des personnages, contre l'identification attendue par le spectateur. D'où peut-être mon léger bémol (qui n'enlève en rien toutes ses qualités au film).
Leconte adapte sa mise en scène à l'humeur et à la vie de son héros. Ambiance très retenue, calme, presque austère. Mais toujours une savante mise en images, très graphique, stylisée (beaucoup de travellings, comme souvent chez Leconte). Je me suis demandé pendant une bonne partie du film dans quelle époque nous nous trouvions. Le decorum suggère fortement les 40's/50's (le mobilier, le bowling, par exemple) mais quelque chose me titillait. Probablement l'aspect très propre du film, ainsi que sa lumière, qui en feraient presque quelque chose d'intemporel (le seul vrai anachronisme que j'ai relevé concerne les trains modernes de la SNCF). Il y a aussi un aspect presque fantastique avec ces lumières, ces couleurs décalées, et surtout une brume présente très souvent, et qui enveloppe l'histoire un peu comme dans un rêve.
Un exercice de style fort pertinent, audacieux pour son réalisateur qui, à l'époque, commençait à s'émanciper des comédies populaires qui l'avaient rendu célèbre.
(Quasi) chef d'oeuvre. A noter une partition hypnotique une fois de plus de Michael Nyman.mannhunter wrote:Revu récemment et j'ai bien aimé ce film un peu glacé...Michel Blanc y est impressionnant.Nestor Almendros wrote:MONSIEUR HIRE
Après avoir revu PANIQUE en mai dernier, l'occasion était trop belle de redécouvrir à son tour l'adaptation des "Fiançailles de Mr Hire" par Patrice Leconte. Découvert pendant l'adolescence, ce fut un petit choc à l'époque (j'en étais alors à mes balbutiments de cinéphile). Revu il y a quelques années j'avais été beaucoup moins emballé.
Cette nouvelle vision rehausse le niveau, sans toutefois atteindre des sommets.
En fait, je n'aurais pas dû attendre si longtemps pour voir MONSIEUR HIRE. Car ma mémoire est bien fragile et je n'ai déjà plus assez de souvenirs de l'adaptation de Duvivier. Je me souviens que le canevas était assez différent, mais sans plus. Dans les bonus, Leconte souligne que dans PANIQUE (ou dans le bouquin, je ne sais plus trop) il y a plus de police que d'amour, tandis que dans son film il y a plus d'amour que de police.
On garde dans les deux films le personnage reclus qui propose à la population (qui ne demande que ça) une image biaisée. Là où Duvivier enfonçait le clou de la bétise avec la masse populaire idiote et aveugle, Leconte ne montre rien, ou presque. Mis à part Alice, son petit ami, et le policier qui harcèle Hire, nous n'avons que très peu d'éléments extérieurs. C'est un scénario qui privilégie la relation du couple, ou du duo (au choix). J'ai été assez surpris de voir une certaine crudité dans quelques répliques ou des passages sensuels entre Bonnaire et Blanc. C'est l'enjeu du film qui a;motivé Leconte: la sensualité des rapports amoureux, le désir des rapports amoureux.
Face à Hire, Alice est un personnage ambigu, et riche. Sa double liaison m'a paru sincère, sa démarche profonde mais la fin du film transforme le récit en mélodrame. Je n'ai pas senti de réelle manipulation, juste une sorte de saut dans le vide (sans jeu de mot, par rapport au film) pour sauver son vrai amour. Encore une fois, l'histoire ajoute au drame de la vie de cet homme qui ne demandait qu'à être heureux. La distance apparente que pose l'ambiance joue peut-être, malgré l'intérêt des personnages, contre l'identification attendue par le spectateur. D'où peut-être mon léger bémol (qui n'enlève en rien toutes ses qualités au film).
Leconte adapte sa mise en scène à l'humeur et à la vie de son héros. Ambiance très retenue, calme, presque austère. Mais toujours une savante mise en images, très graphique, stylisée (beaucoup de travellings, comme souvent chez Leconte). Je me suis demandé pendant une bonne partie du film dans quelle époque nous nous trouvions. Le decorum suggère fortement les 40's/50's (le mobilier, le bowling, par exemple) mais quelque chose me titillait. Probablement l'aspect très propre du film, ainsi que sa lumière, qui en feraient presque quelque chose d'intemporel (le seul vrai anachronisme que j'ai relevé concerne les trains modernes de la SNCF). Il y a aussi un aspect presque fantastique avec ces lumières, ces couleurs décalées, et surtout une brume présente très souvent, et qui enveloppe l'histoire un peu comme dans un rêve.
Un exercice de style fort pertinent, audacieux pour son réalisateur qui, à l'époque, commençait à s'émanciper des comédies populaires qui l'avaient rendu célèbre.
C'est un film sympa, c'est vrai.Jeremy Fox wrote:Ma femme s'appelle reviens - 1982
Quelle belle surprise que ce Patrice Leconte trop peu souvent cité et qui pourrait néanmoins s'avérer être un de ses meilleurs films. C'est la chronique sensible de deux solitudes, un médecin qui vient de se faire quitter par sa femme (Michel Blanc) et une photographe qui traverse une passe difficile entre boulimie et dépression (Anemone). Patrice Leconte trouve le dosage idéal entre drôlerie et amertume, mettant en scène une multitude de personnages attachants que ce soit au travers des premiers ou seconds rôles (Xavier Saint Macary, Catherine Gandois, Pascale Rocard...) On ne rit pas énormément mais lorsque ça arrive, c'est souvent hilarant (la séquence avec Patrick Bruel en boite de nuit ; la nuit au commissariat...) et à côté de ça on arrive assez souvent à être ému par ces solitaires à la recherche d'un peu de chaleur humaine. Nous sommes donc très loin de la grosse rigolade et ça fait vraiment du bien d'autant que je n'ai pas vu beaucoup de comédie françaises aussi chiadée plastiquement parlant : les cadrages en scope sont magnifiques ainsi que la photo de Robert Fraisse. Ajoutez à ça un sax chaleureux de William Sheller, un couple Michel Blanc/Anemone qui fonctionne à a merveille et vous tiendrez là l'une des meilleures comédies françaises des années 80. Dommage que depuis des années Patrice Leconte n'ait pas renoué avec cette veine ; il y a longtemps que son cinéma ne me parle plus.
Oui, assez bon souvenir aussi ; je le mets sur ma wishlist. D''ailleurs le DVD de Ma femme s'appelle reviens est vraiment très bon techniquement.Commissaire Juve wrote: L'année suivante, il a remis le couvert avec Michel Blanc dans Circulez, y a rien à voir... Je l'ai souvent entendu en parler avec embarras. Perso, je le trouve très bien aussi.
Jeremy Fox wrote:Ma femme s'appelle reviens - 1982
Quelle belle surprise que ce Patrice Leconte trop peu souvent cité et qui pourrait néanmoins s'avérer être un de ses meilleurs films. C'est la chronique sensible de deux solitudes, un médecin qui vient de se faire quitter par sa femme (Michel Blanc) et une photographe qui traverse une passe difficile entre boulimie et dépression (Anemone). Patrice Leconte trouve le dosage idéal entre drôlerie et amertume, mettant en scène une multitude de personnages attachants que ce soit au travers des premiers ou seconds rôles (Xavier Saint Macary, Catherine Gandois, Pascale Rocard...) On ne rit pas énormément mais lorsque ça arrive, c'est souvent hilarant (la séquence avec Patrick Bruel en boite de nuit ; la nuit au commissariat...) et à côté de ça on arrive assez souvent à être ému par ces solitaires à la recherche d'un peu de chaleur humaine. Nous sommes donc très loin de la grosse rigolade et ça fait vraiment du bien d'autant que je n'ai pas vu beaucoup de comédie françaises esthétiquement aussi chiadée : les cadrages en scope sont magnifiques ainsi que la photo de Robert Fraisse. Ajoutez à cela un sax chaleureux de William Sheller, une attention attentive portée aux détails (objets, décors...), un couple Michel Blanc/Anemone qui fonctionne à a merveille et vous tiendrez là l'une des meilleures comédies françaises des années 80. Dommage que depuis des années Patrice Leconte n'ait pas renoué avec cette veine ; il y a longtemps que son cinéma ne me parle plus.