La commune est à première vue intimidant : une durée de près de 6 heures pour un documentaire retraçant jour après jours les événements qui ont conduit à la naissance et la mort de La commune à Paris en 1971.
Evoqué comme ça, le film a de quoi faire peur. C'est encore plus intimidant quand on apprend que le film est tourné avec 200 acteurs bénévoles, filmé entièrement dans un immense entrepot aux décors collés les uns aux autres sans soucis de géographies et surtout "capté" comme un film d'actualité. En gros, le film se déroule bien en 1971 mais de 2 journalistes d'une TV locale suivent, commentent et interviewent les différent protagonistes pendant que la télé gouvernentale apporte des contre informations sous forme de propagande.
Pourtant il ne faut pas 5 minutes pour être absorbé par ce brulot passionnant d'un intelligence exceptionnelle.
Quasiment entièrement monté avec de longs plan-séquences où la caméra passe d'un lieu à un autre et laisse les "acteurs" s'exprimer librement,
la Commune balance sa rage, sa detresse, sa révolte, ses espoirs, ses doutes, ses ambitions, ses rêves, sa misère, ses injustices avec un force miraculeuse.
Cette force est due à la collaboration entre Watkins et ses acteurs qui ont construit eux mêmes la psychologie de leurs personnages sur des recherches historiques personnelles. Au delà de ça, Watkins puisent aussi dans notre société pour renforcer leur implication émotionnelle. A de nombreuses reprises d'ailleurs, le journaliste interrompt les personnages pour questionner les acteurs sur leur ressentiment ou intègrent parfois carrément des scènes entières où les échanges se portent sur leur vision du monde moderne.
Ce parrallèle passé-présent donne une dimension terriblement actuelle quand on se rend compte que finallement la situation n'a pas évolué au contraire puisque les inégalités se sont encore plus creusés et que la société de consommation a étouffé en partie le sentiment de révolte. On est même à peine surpris que le film a eut le plus de mal à se monter aucune chaine de télévision ( à part Arté ) n'ayant eut le courage de le financer ou de le diffuser. Même l'éducation nationnale claqua sa porte.
Quoiqu'il en soit, la volonté de changement des communards permet justement au cinéaste d'aborder tous les thèmes possibles avec un justesse d'une pertinance douloureuse : religion, pouvoir, corruption, éducation, rôle des femmes, lutte des classes, immigration, tiers monde, colonisation, l'armée, les médias, reccourt à la violence, etc...
Tous ses thèmes devellopés pour l'époque de la commune trouve à chaque fois une résonnance douloureuse et troublante dans notre société contemporaine et il arrive plus d'une fois que les acteurs submergés par la situation et leur propre parcourt abandonnent leur situation de comédiens pour se mettre à nue, jettant sans retenue leur espoirs d'un monde meilleur ou leur ecoeurement face à un monde égoiste, inhumain et destructeur. Et c'est dans ces moments ( trés fréquents ) que
la Commune offre ce qu'elle a de mieux : l'émotion.
Voir tous ses visages, ses voix, ses regards se mettre à trembler devant les sentiments qui les emportent au delà de l'interpretation m'a boulversé au plus haut niveau au point de me porter les larmes aux yeux à de nombreuses reprises.
A la fois document historique, manifeste politique, fiction expérimental qui nous fait refléchir sur le pouvoir des images,
la Commune est un chef d'oeuvre indispensable dont l'équilibre entre la forme et le fond en fait un puit de richesse inestimable.
C'est aussi un fabuleux outil pédagogique où les valeurs qu'elle transporte mériteraient amplement d'être projeté autant dans les écoles de cinéma, de journaliste et surtout dans les collèges et lycées ( à l'Elysée accessoirement ).
Bref, c'est un choc, une révélation, le film du mois et surement la découverte de l'année. Directement donc dans le top 100 ( qu'il faudra que je refasse un jour )