Tsui Hark

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Tsui Hark

Message par Profondo Rosso »

L'Auberge du Dragon de Raymond Lee (1992)

Image

Au temps de la dynastie Ming, le pouvoir est peu à peu tombé aux mains des eunuques. L'un d'eux règne en despote en éliminant tous ses rivaux. En pleine fuite, Chow et son amante s'arrêtent à L'Auberge du Dragon avant de passer la frontière. Dirigée par une tenante ne manquant pas de charmes et sachant en user, cette auberge accueille dans la foulée l'eunuque et ses hommes que ce couple fuyait et qui sont à leur recherche. Commence dans ce lieu isolé une traque sans pitié...

L'Auberge du dragon est typique de l'entreprise de rénovation et de réappropriation entamée par Tsui Hark depuis la création de sa société de production FilmWorkshop. Stigmatisé au début de sa carrière pour son côté rebelle et les partis pris trop extrêmes de ses premières œuvres (Butterfly Muder (1979), Histoire de Cannibale (1980) et le furieux L'Enfer des armes (1980)) Tsui Hark allait trouver la formule magique parfaite pour enfin rencontrer le succès, croiser avec brio ses velléités moderniste avec la tradition du cinéma de Hong Kong. Il le ferait dans un premier temps en produisant les polars de John Woo avec le diptyque Le Syndicat du crime et The Killer, qui transposait dans le film policier la tradition du film de chevalerie et la fraternité sanglante sacrificielle chère à Chang Cheh (Un seul bras les tua tous, La Rage du Tigre)... Il contribuait à inventer un nouveau genre qui allait s'avérer fructueux dans la production locale avec le polar hongkongais tout en l'inscrivant dans un récit archétypal de la tradition de la péninsule. Ce travail allait se poursuivre avec le succès de Histoires de Fantôme Chinois (1986) où il adaptait le conte traditionnel chinois de Pu Song Ling tout en remakant la première adaptation de la Shaw Brothers The Enchanting Shadows réalisée par une de ses idoles Li Hang-Hsiang en 1960. Là encore une vraie révolution puisque le film allait relancer le wu xia pian fantastique, faire traverser les frontières au cinéma de Hong Kong et inventer une forme novatrice tout en initiant le romantisme éthéré à la Tsui Hark. Le début des 90's marque l'apogée de cette démarche avec la refonte du mythique héros chinois Wong Fei Hung sous les traits de Jet Li dans la grandiose saga des Il était une fois en Chine (surtout la trilogie initiale).

Image

Avec L'Auberge du Dragon, Tsui Hark paie son tribut à l'un de ses maîtres, le grand King Hu dont il remake Dragon Gate Inn (1967). Le film original était le deuxième volet de la trilogie des auberges de King Hu après une L'Hirondelle d'or (1966) (le 3e étant le plus tardif L'Auberge du Printemps) à la production houleuse lui faisant claquer la porte de la Shaw Brothers et s'exiler pour produire ses films en indépendant à Taïwan. Dragon Gate Inn allait remporter un immense succès dans toute l'Asie et devenir un classique absolu dont l'aura irait bien au-delà des amateurs du genre comme le prouve l'hommage plus auteurisant et nostalgique que lui rendrait Tsai Ming-liang dans son Goodbye, Dragon Inn (2003). Producteur omnipotent (et réalisateur officieux même s'il en laisse le crédit à son homme à tout faire Raymond Lee) Tsui Hark fait une nouvelle fois brillamment se percuter tradition et modernité dans sa relecture. L'histoire est la même sous la Dynastie Ming le sauvetage par le chevalier Chow Wai-on (Tony Leung Ka-fai) des deux enfants d'un ministre assassiné par un infâme chef eunuque (Donnie Yen) et qu'il tente de faire sortir du pays avec l'aide de son amie Mo-yan (Ling Ching Hsia). Dans leur fuite, ils échouent à l'Auberge du Dragon située dans le désert en bordure de frontière et dirigée par la truculente et avide Jade King (Maggie Cheung). Poursuivants et poursuivis vont cohabiter dans l'auberge et se livrer à une redoutable partie d'échec afin de sortir vainqueur. Tsui Hark reproduit donc avec fidélité la trame, les motifs narratifs et visuels (le prologue introductif similaire ainsi que la pétaradante bande son d'origine et son thème principal inoubliable) mais aussi la métaphore politique de Dragon Gate Inn. Dans l'original le chevalier se posait comme rempart à l'oppression représenté par l'eunuque et symbolisait le point de vue de King Hu face à la Révolution culturelle de la Chine Maoïste avec cette frontière comme ultime espace de liberté figurant Taïwan. La métaphore est la même chez Tsui Hark cinq ans avant la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997.

ImageImage

Tsui Hark s'approprie le film en laissant s'exprimer ses penchants féministes. Le chevalier incarné par Tony Leung Ka-fai n'est plus le héros mais l'enjeu d'un triangle amoureux entre Ling Ching Hsia et Maggie Cheung, vrais personnages centraux. Chacune incarne une figure différente et complémentaire de la féminité. Ling Ching Hsia retrouve ici son rôle récurrent de femme androgyne tourmentée, tout à la fois sabreuse chevronnée et femme amoureuse. Dissimulant un cœur vibrant d'amour sous ses traits farouches, l'actrice fait preuve d'une retenue qui ne rend que plus poignante la discrète manifestation de ses sentiments tel ce regard intense lors des retrouvailles avec Chow Wai-on ou plus tard lorsqu'elle se pensera trompée elle noiera sa tristesse dans l'alcool et des larmes discrètes. A l'inverse Maggie Cheung est une femme gouailleuse, séductrice et sans scrupules obnubilée par le profit (quitte à transformer les clients trop pressant en menu du jour de l'auberge).

ImageImage

Le spectateur occidental voit surtout en Maggie Cheung l'héroïne papier glacé de In The Mood For Love (2000) ou Irma Vep (1996) mais l'actrice eu un registre bien plus varié à Hong Kong et magnifiquement exploité par Tsui Hark ici (et plus tard dans la merveille absolue Green Snake (1993)). Tout en pose lascive, accent vulgaire et regard aguicheur, l'actrice sait ici distiller le dilemme d'une Jade solitaire, trop souvent abandonnée par les voyageurs de passage et se raccrochant à ses bénéfices comme refuge à sa détresse. Ses manœuvres pour retenir Chow Wai-on tiendront autant de l'intérêt pécuniaire à le trahir qu'au réel sentiment qu'elle ressent pour lui. Les plus beaux moments du film sont du coup ceux où il s'oublie de son intrigue politique pour capturer avec sensualité la rivalité amoureuse des deux femmes (ce combat virevoltant où elles se dénudent mutuellement et dont les accents saphiques annoncent les atmosphères de Green Snake) où le duel torride entre Tony Leung Ka-fai et Maggie Cheung durant leur fausse nuit de noce.

ImageImage

Parallèlement Tsui Hark retrouve la veine stratégique de King Hu et celle plus serialesque de Chu Yuan pour rendre haletante la partie se jouant entre nos héros et les agents de l'eunuque. Jeu de dupes, tout en regards et dialogues à double sens (chacun sait qui est qui sans vouloir se révéler) alternent ainsi avec des combats virtuose s'exprimant dans les zone les plus secrets de l'auberge, personne ne cédant du terrain. Cette tension palpable éclate enfin dans un extraordinaire final où les héros vont affronter le redoutable eunuque en pleine tempête de sable. Donnie Yen est un formidable méchant, quasiment invincible qui va causer mille souffrances à ses adversaires.

ImageImage

Tsui Hark qui s'était tant retenu jusqu'ici laisse libre cours à sa frénésie avec un combat absolument furieux qui anticipe par son côté saccadé ceux de The Blade (1995). Travelling rageur balayant des kilos de sable et rendant l'action indistincte, caméra virevoltante ayant du mal à accompagner l'action tourbillonnent ici tout en restant dans la tradition de ballet aérien du wu xia pian classique. L'hystérie en plus et avec comme beau symbole le plus barbare mais au cœur pur contribuant à vaincre le noble à l'âme damnée. Un chef d'œuvre qui égale si ce n'est (allez osons) dépasse l'original, Tsui Hark poursuivant sur sa lancée en tutoyant de nouveau les légendes de Hong Kong avec ses chef d'œuvres que sont Green Snake (1993) et The Lovers (1994). Il a récemment réalisé un second remake du King Hu avec Dragon Gate, la légende des Sabres volants, on doute qu'il égale cette version réalisée en plein boom créatif. 6/6

Image
Dernière modification par Profondo Rosso le 2 juil. 13, 14:06, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
reuno
Assistant opérateur
Messages : 2388
Inscription : 8 oct. 04, 10:25

Re: Tsui Hark

Message par reuno »

Profondo Rosso a écrit :Il a récemment réalisé un second remake du King Hu avec Dragon Gate, la légende des Sabres volants, on doute qu'il égale cette version réalisée en plein boom créatif. 6/6
Effectivement... et c'est pas famuex du tout. La faute aux CGI vraiment calamiteux qui plombe chaque scène d'action... tous les effets pour la 3D également (mais là ça rejoint les effets spéciaux ratés).
Et puis c'est aussi assez long...

Il y a de bonnes idées de mise en scène, ça reste du Tsui Hark, mais on est loin de ses hauts faits d'armes.
Avatar de l’utilisateur
tenia
Le Choix de Sophisme
Messages : 30882
Inscription : 1 juin 08, 14:29
Contact :

Re: Tsui Hark

Message par tenia »

Ah, les bons vieux CGI foireux de Tsui Hark. :mrgreen:
C'était déjà le cas dans Detective Dee, et ils étaient moins mis en avant. Dragon Gate (que j'ai vu en plus en 2D), ça en devient presque hilarant.
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 23921
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Tsui Hark

Message par cinephage »

reuno a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Il a récemment réalisé un second remake du King Hu avec Dragon Gate, la légende des Sabres volants, on doute qu'il égale cette version réalisée en plein boom créatif. 6/6
Effectivement... et c'est pas fameux du tout. La faute aux CGI vraiment calamiteux qui plombe chaque scène d'action... tous les effets pour la 3D également (mais là ça rejoint les effets spéciaux ratés).
Et puis c'est aussi assez long...

Il y a de bonnes idées de mise en scène, ça reste du Tsui Hark, mais on est loin de ses hauts faits d'armes.
Tiens, pour ma part je l'ai beaucoup apprécié, cet auto-remake...
Il y a certes beaucoup de CGI (comme dans detective Dee, c'est la mode dans le cinéma à gros budget chinois en ce moment), et l'intrigue, comme pour l'original, est riche, mais brouillonne et difficile à suivre, avec de nombreux personnages, chacun ayant un objectif différent. En revanche, on a une belle maitrise de l'espace et de l'énergie des gestes, plusieurs morceaux de bravoure, et j'étais sorti de la salle enchanté.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Tsui Hark

Message par Profondo Rosso »

Même si je doute que ça égale L'Auberge du Dragon je suis curieux aussi, les CGI ne m'avait pas dérangé dans Detective Dee (j'apprécie même beaucoup Legend of Zu c'est dire ma tolérance :mrgreen: ) donc je tenterais quand même. Dommage que ça ne sorte pas en salle, la 3D sur la réal frappadingue de Tsui Hark ça aurait été pour une fois une des rares utilités du procédé.
Dernière modification par Profondo Rosso le 2 juil. 13, 13:23, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
reuno
Assistant opérateur
Messages : 2388
Inscription : 8 oct. 04, 10:25

Re: Tsui Hark

Message par reuno »

Profondo Rosso a écrit :Même si je doute que ça égale L'Auberge du Dragon je suis curieux aussi, les CGI ne m'avait pas dérangé dans Detective Dee (j'apprécie même beaucoup Legend of Zu c'est dire ma tolérance :mrgreen: )
Moi de même mais ici c'est tout bonnement affreux.
On a l'impression par moment de se retrouver quinze ans en arrière en terme de rendu visuel du CGI.
Avatar de l’utilisateur
Harkento
Assistant opérateur
Messages : 2754
Inscription : 12 oct. 11, 18:05
Liste DVD
Localisation : Lyon

Re: Tsui Hark

Message par Harkento »

cinephage a écrit :
reuno a écrit : Effectivement... et c'est pas fameux du tout. La faute aux CGI vraiment calamiteux qui plombe chaque scène d'action... tous les effets pour la 3D également (mais là ça rejoint les effets spéciaux ratés).
Et puis c'est aussi assez long...

Il y a de bonnes idées de mise en scène, ça reste du Tsui Hark, mais on est loin de ses hauts faits d'armes.
Tiens, pour ma part je l'ai beaucoup apprécié, cet auto-remake...
Il y a certes beaucoup de CGI (comme dans detective Dee, c'est la mode dans le cinéma à gros budget chinois en ce moment), et l'intrigue, comme pour l'original, est riche, mais brouillonne et difficile à suivre, avec de nombreux personnages, chacun ayant un objectif différent. En revanche, on a une belle maitrise de l'espace et de l'énergie des gestes, plusieurs morceaux de bravoure, et j'étais sorti de la salle enchanté.
Plutôt d'accord avec Cinephage concernant le dernier Tsui Hark. J'ai découvert une première fois Dragon Gate, la légende des Sabres volants chez moi en 2D et j'ai eut la chance de pouvoir le découvrir au cinéma en 3D (unique séance - enfin il me semble - en France au Comoedia à Lyon lors des Hallucinations Collectives) et je l'ai davantage apprécié la seconde fois en connaissant d'avance l'intrigue et les motivations des (trop) nombreux personnages. Si les CGI sont moyens, il ne m'ont pas si dérangés que ça ; de plus, Tsui Hark explore intelligemment la 3D à sa manière en exploitant davantage la profondeur de champs que la spacialité. J'ai senti plusieurs fois des lames effleurées mon visage ... :)
Jericho
Cadreur
Messages : 4436
Inscription : 25 nov. 06, 10:14

Re: Tsui Hark

Message par Jericho »

reuno a écrit :
Profondo Rosso a écrit :Il a récemment réalisé un second remake du King Hu avec Dragon Gate, la légende des Sabres volants, on doute qu'il égale cette version réalisée en plein boom créatif. 6/6
Effectivement... et c'est pas famuex du tout. La faute aux CGI vraiment calamiteux qui plombe chaque scène d'action... tous les effets pour la 3D également (mais là ça rejoint les effets spéciaux ratés).
Et puis c'est aussi assez long...

Il y a de bonnes idées de mise en scène, ça reste du Tsui Hark, mais on est loin de ses hauts faits d'armes.
Ouais, Dragon Gate, la légende des Sabres volants, est pas loin d'être nul...
Ce film m'a rappelé le bancal Seven Swords, et là tout d'un coup j'ai envie de réévaluer ce dernier à la hausse.
Image
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 23921
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Tsui Hark

Message par cinephage »

Jericho a écrit :
reuno a écrit : Effectivement... et c'est pas famuex du tout. La faute aux CGI vraiment calamiteux qui plombe chaque scène d'action... tous les effets pour la 3D également (mais là ça rejoint les effets spéciaux ratés).
Et puis c'est aussi assez long...

Il y a de bonnes idées de mise en scène, ça reste du Tsui Hark, mais on est loin de ses hauts faits d'armes.
Ouais, Dragon Gate, la légende des Sabres volants, est pas loin d'être nul...
Ce film m'a rappelé le bancal Seven Swords, et là tout d'un coup j'ai envie de réévaluer ce dernier à la hausse.
Appréciant également Seven Swords, nous sommes donc d'accord dans notre désaccord. :)
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Tsui Hark

Message par hellrick »

Profondo Rosso a écrit : la 3D sur la réal frappadingue de Tsui Hark ça aurait été pour une fois une des rares utilités du procédé.
la 3D était insupportable! :(

comme le film en fait :oops:
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Tsui Hark

Message par Demi-Lune »

L'enfer des armes (1980)

Trois fils de bonne famille qui jouent à se faire peur, une bombe artisanale qui explose dans un cinéma, une nana agitée du bocal témoin, un chantage et un engrenage, une mallette pleine de fric et des anciens du Vietnam pas contents avec des machettes : bienvenue dans l'univers anarchique de Tsui Hark.
Après la découverte récente d'un Time and Tide étourdissant mais également bien foutraque, c'est un peu le même constat (mais sur un mode plus tempéré) avec cet Enfer des armes qui semble jouir d'une aura de film maudit. Même si le film a été charcuté et reconstitué avec les moyens du bord, le scénario est à la base assez bordélique. Son imprévisibilité et ses bifurcations permettent de ne jamais s'ennuyer, mais d'un autre côté cela reste très schématique et artificiel (le tout de s'achever sur un pseudo message engagé plus bateau qu'autre chose), le seul personnage un peu consistant étant celui, mémorable, de la jeune femme sociopathe jouée par Lin Chen-Chi. A côté de ça, entre nos trois jeunes branquignols hébétés, le flic qui sait pas trop ce qu'il fout là et des trafiquants-commando à bandana et Ray-Ban sortis d'un Bruno Mattéi, c'est pas jojo. L'aspect "film d'exploitation" étant renforcé par la compilation musicale qui pioche à tour de bras chez Zombie, Les oies sauvages, Jean-Michel Jarre et même L'empire contre-attaque.
Mais tout ça ne préjudicie pas trop le film qui reste bien hargneux et captivant tant on ne sait jamais à quoi s'attendre. Certains passages ouvertement comiques côtoient des scènes d'une violence révoltante (l'empalement du chat) qui placent au-dessus de la tête du spectateur et des personnages une épée de Damoclès permanente. L'expérience est assez viscérale grâce à la mise en scène péchue de Hark et on pardonne les aspects cheapos du film pour certaines scènes instantanément d'anthologie (pratiquement tout ce qui touche à Lin Chen-Chi, mais surtout l'incroyable gunfight final dans le cimetière).
Avatar de l’utilisateur
tenia
Le Choix de Sophisme
Messages : 30882
Inscription : 1 juin 08, 14:29
Contact :

Re: Tsui Hark

Message par tenia »

En terme de délire bourrin frappadingue, j'avais tout de même préféré Histoires de cannibales.
Helena
Electro
Messages : 973
Inscription : 29 juin 13, 02:35
Localisation : ...
Contact :

Re: Tsui Hark

Message par Helena »

Young Detective Dee : Rise of Sea Dragon

La critique arrive que maintenant également, désolé. Ce fut un grand moment, épique, amusant, du très bon Tsui Hark même si ce n'est pas aussi parfait que le précédent film. Ici on découvre la jeunesse du détective. C'est très bon en tout cas, l'enquête principale est troublante car l'univers de Detective Dee étant réaliste, je me demandais l'origine du dragon en question. L'enquête avance assez vite en tout cas et part dans plusieurs sens (la présence du second dragon, la secte) Le film présente encore une fois la politique de l'époque et ne glorifie pas l'Empire et le gouvernement chinois, bien au contraire. Il montre bien toutes les contradictions de ce gouvernement, on y retrouve des similitudes avec le gouvernement actuel même si bien entendu le réalisateur ne fait pas une rétrospective de la Chine de l'époque et ne fait pas une analyse du même gouvernement, ce sont quelques éléments éparses durant le récit, et qui renforce ce dernier. L'histoire est très bien rythmée d'ailleurs, on ne s'ennuie jamais, nous avons toujours des questions et les réponses arrivent assez vite. D'ailleurs le film est très mystérieux sur de nombreux points et ce qui est plaisant, c'est que notre personnage principal ne fait pas de longs discours sur le pourquoi du comment, nous sommes souvent dans le flou alors que le héros sait pas mal de choses. C'est plaisant, ça change des films qui dévoilent tous les aspects d'une même intrigue, ou bien ceux ou notre héros a un monologue qui arrive comme un cheveu dans la soupe. Ici au contraire je trouve que tout est bien calibré à ce niveau. J'aime beaucoup les joutes verbales entre le héros et son supérieur hiérarchique. D'ailleurs en parlant des personnages, Tsui Hark apporte beaucoup de soin à ses différents protagonistes, il ne présente plus le détective et son ami/ennemi, nous les connaissons déjà via le précédent film, même si on découvre quelques petites informations les concernant bien entendu. Il développe les personnages secondaires, que ce soit la muse, ou bien le second de Dee, ainsi que le méchant principal, qui certes n'évite pas les clichés. C'est un détail après. Le film est vraiment impressionnant en tout cas, j'aime beaucoup les scènes avec le monstre géant, sérieusement c'est impressionnant, on sent que ce sont les principaux SFX, il ressemble beaucoup à une raie manta, ce qui donne un côté plus réaliste, en plus grand quoi. Tous les sfx ne sont pas tous bons, mais ça ne gâche pas le plaisir à la vision du film, bien au contraire. C'est même secondaire j'ai envie de dire. L'histoire reste le plus important et de ce côté il n'y a rien à dire. C'est nickel, on a des scènes épiques comme celle de la flotte, ou bien la scène de combat dans le temple. Tsui Hark fait preuve encore une fois d'un certain pessimisme. Tout n'est pas si rose dans le récit et c'est ce qui est plaisant, la mort est une thématique assez présente, notamment dans cette sanction qui attend nos personnages s'ils échouent. Il y a aussi pas mal d'humour comme les scènes avec le docteur par exemple. Le tout forme un tout vraiment cohérent à mes yeux, ou on ne s'ennuie jamais, ou la mise en scène du réalisateur est d'une fluidité remarquable, je pense notamment à la scène de présentation de la cité. La bande son sans être exceptionnelle est très bonne et enchanté nos oreilles. Le casting est nickel, on ne retrouve que Carina Lau du casting original et elle campe toujours un personnage aussi effrayant il faut bien le reconnaitre.
En tout cas c'est à voir, c'est un très bon Wu Xia Pian, auquel je donne la note de 8/10.
"Esotika, Erotika, Psicotika."
Helena
Electro
Messages : 973
Inscription : 29 juin 13, 02:35
Localisation : ...
Contact :

Re: Tsui Hark

Message par Helena »

The Taking of the Tiger Mountain, le nouveau Tsui Hark, sortira en France, via Métropolitan, le 17 Juin !

Image

C'est l'adaptation du roman Tracks in the Snowy Forest de Qu Bo.
Ma critique arrive prochainement bientôt.
"Esotika, Erotika, Psicotika."
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Tsui Hark

Message par hellrick »

Helena a écrit :The Taking of the Tiger Mountain, le nouveau Tsui Hark, sortira en France, via Métropolitan, le 17 Juin !

Image

C'est l'adaptation du roman Tracks in the Snowy Forest de Qu Bo.
Ma critique arrive prochainement bientôt.
En avant première et en 3D au Bifff de Bruxelles en avril :D
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Répondre