Jackie Brown de Quentin Tarantino
Sorti après l'ouragan Pulp Fiction, cette oeuvre plus posée et mature de Tarantino surpris son monde à l'époque démontrant une facette innatendue de son talent. Souvent présenté comme un hommage à la blaxploitation, le film n'entretien concrètement guerre de rapport avec les metrage furieux des 70's. Le lien se fait avec les changements opérés par rapport au roman original de Elmore Leonard, à la bande son soul 70's et à quelques clins d'oeil discret : intrigue déplacé à Los Angeles, Jackie Burke qui devient Jackie Brown (et noire) à l'écran pour rappeler le passé glorieux de Pam Grier (Foxy brown), apparition de Sid Haig, la chanson Long Time Woman chantée par Pam Grier, souvenir des années WIP... Comme souvent Tarantino semble s'attaquer à un genre emblématique pour l'emmener complètement ailleurs.
L'intrigue et les personnages de Elmore Leonard fournissent à Tarantino la rigueur dont il a besoin pour se détacher du style Pulp Fiction plagié à outrance depuis la sortie du film. C'est d'ailleurs la principale qualité et le le seul défaut du film cette volonté de se refréner qui se ressent parfois un peu trop (rendant l'autre adaptation de Leonard sorti la même année, Hors D'atteinte beaucoup plus souple), pas étonnant qu'un film aussi libre et décomplexé que Kill bill Volume 1 ait suivi.
Ainsi débarrassé de ses artifices, Tarantino fait appel à sa veine la plus sensible avec les losers magnifiques que constituent Jackie Brown et Max Cherry. Des personnages mûrs usés par la vie dont le parcours s'avère d'autant plus touchant grâce au merveilles de scènes intimistes distillées tout au long du film. Robert Foster éblouit et amoureux lorsqu'il vient chercher Pam grier en prison et que celle ci apparait lentement à l'écran et que la mélodie suave de Natural High de Bloodstone s'élève, leurs discussion sur la difficulté de vieillir et de repartir de zero au petit matin, la magnifique scène d'amour finale tout en retenue, le regard de Foster après le départ de Jackie, celui de cette dernière en voiture qui conclut le film...
Si Foster fait un comeback fracassant avec ce rôle, le film est un véritable ode à la beauté de Pam Grier et à sa quarantaine resplendissante. La scène d'ouvertureavec son apparition tenue d'hotesse de l'air arpentant l'aéroport sur un tonitruant morceau de Bobby Womack donne le ton et son interprétation, mélange de dureté, de lassitude et de fragilité est magnifique. Samuel L. jackson en Ordell compose un personnage moins flamboyant que dans Pulp Fiction, plus terre à terre et nettement plus inquiétant aussi tandis que De Niro en truand lunaire et simple surprend. Tout l'art de tarantino pour mettre ses acteurs en valeurs, le rôle ingrat sur le papier et formidable à l'écran de Bridget Fonda en surfeuse nymphomane le démontrant avec brio.
Malgré quelques gimmicks agaçant étant donné le ton du film (comme ce semblant de chapitrage lors des transfers d'argent où les indications de lieu pas toujours nécéssaire), Tarantino affiche une maitrise narrative et visuelle impressionnante. La fameuse scène où Ordell concainc Chris tucker (convaincant et drôle pour la seule et unique fois) de rentrer dans son coffre et sa conclusion brutale (la caméra prennant de la distance comme lors de l'oreille coupée de reservoir Dog) est une merveille, le face à face nocturne entre Ordell et Jackie dans l'appartement loin des excès d'antan parvient à livrer une sacré tension avec un minimum d'effet en jouant uniquement sur la lumière et le déplacement des personnages.On peut évoquer aussi la première transaction dont le déroulement complexe sous le point de vue de robert Foster s'avère limpide sans une ligne de dialogue, l'arnaque finale vue sous trois points de vue différents particulièrement réussie également avec toujours et cet art de toujours démarrer démarrer le bon morceau au bon moment (Robert Foster qui repart avec le magot).
Une des grandes réussite de Tarantino donc qui ne se dévoilra plus aussi ouvertement dans ces films suivants hormis Kill Bill Volume 2. 5,5/6