Cedric Kahn

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Mac Lean a écrit :Je ne sais pas si c'est le film qui a vieilli, mais le caractère "vie de province chiante" apparait un peu poussé de manière caricaturale, fausse parfois, et certains personnages sont carrément risibles(voir les scènes avec le pote de Richard) . Je ne me suis jamais ennuyé sans pour autantvraiment entrer dans le film, restant sur une impression de banalité et de déjà vu. En fait, je m'aperçois que si je suis resté scotché à l'écran, c'est surtout parce que Fabienne Babe m'a impressionné, elle capture complètement le film. La scène de bal à la fin est plutôt réussis, mais rien d'extraordinaire non plus.

3/6
Les scènes avec le pote de Richars sont là pour faire rire à mon avis et avec moi ça a marché. Quand au côté 'misérabiliste', je ne le ressens absolument pas contrairement à beaucoup d'autres films du genre justement parce que les personnages (la mère, la soeur) sont vus de manière sympatique.
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Vic Vega
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Message par Vic Vega »

Découvert aujourd'hui. Beau premier film à la mise en scène saisissant ses personnages avec une certaine énergie et avec une spontanéité qui rend par comparaison la réalisation de l'Ennui terne et plate, portrait naturaliste bien senti de l'adolescence, ses doutes, ses maladresses, ses joies et ses déceptions ainsi que d'un certain ennui provincial. Pas non plus de scories au niveau du montage ni de passages inutiles narrativement, ce qui n'est pas mal du tout pour un premier film. Et puis quelques beaux moments de cinéma comme les scènes de dispute et la scène du bal, un bon usage de la musique et Fabienne Babe qui porte littéralement le film. 8/10
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Jeremy Fox
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Cédric Kahn

Message par Jeremy Fox »

Une Vie meilleure - 2010

Un couple nouvellement constitué et sa descente aux enfers suite à un surendettement du à une action irréfléchie d'achat d'un restaurant. Cedric Kahn réalise un film social d'une assez grande puissance grâce à sa mise en scène très proche des personnages. Guillaume Canet est très bon et l'on peut dire qu'il porte le film sur ses épaules. Dommage que dramatiquement parlant, les auteurs en fassent un peu trop niveau "rebondissements", ce qui à mon avis affaiblit un peu la 'démonstration'. Quelques longueurs, petites fautes de goût mais le suspense est de la partie et on a l'impression au final d'avoir vu un bien beau film qui tour à tour indigne et émeut.

Ca rattrape l'horrible L'avion dont je me demande encore comment Kahn n'a pas eu honte de le signer.
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Supfiction
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Re: Cedric Kahn

Message par Supfiction »

Fête de famille (2019)

Cedric Kahn signe un excellent drame familial dans lequel les secrets, le passé mal digéré, les questions d’argent et d'héritage finissent inéluctablement par ressortir à la surface, au plus mauvais moment et souvent en même temps.
C’est à la fois drôle (grâce à Macaigne une nouvelle fois un peu à la ramasse) puis franchement gênant quand les névroses et les vieilles rancoeurs éclatent au moment des repas.
Deneuve, formidable encore, est la mère un peu lâche et tout en dénis qui tente de maintenir un semblant d’esprit de famille, Kahn et Macaigne sont deux frères que presque tout oppose. Quant à Emmanuelle Bercot.. comment dire, c’est un truc à la Patrick Dewaere qu’elle nous fait là. On peut dire que dans Mon Roi elle était sobre en comparaison. Elle s’est visiblement faite une spécialité de ce genre de personnage un peu insupportable entre hystérie et dépression.
A noter, un petit intermède dansant en famille, exactement comme dans L’économie du couple (dans lequel Kahn n’était qu’acteur), dernier moment de paix familiale avant l’explosion.
Cedric Kahn s’est définitivement imposé comme l’un de nos tout meilleurs directeurs d’acteur contemporains. En plus d'être un grand acteur lui-même.

http://www.lefigaro.fr/cinema/fete-de-f ... n-20190904


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Cedric Kahn

Message par Jack Carter »

Retrospective du 25 septembre au 5 octobre à la Cinematheque Française

https://www.cinematheque.fr/cycle/cedric-kahn-1132.html
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Thaddeus
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Re: Cedric Kahn

Message par Thaddeus »

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L’ennui
Ennui, en effet. Le mot est peut-être un peu fort mais ce n’est pas loin d’être ce que j’ai ressenti face à cette œuvre à la fois charnelle et cérébrale sur le mystère du désir physique et le désarroi existentiel que peut générer son obsession. Les rencontres sexuelles entre l’un, qui devient idiot à force d’idée fixe, et l’autre, qui se laisse mécaniquement tringler comme une vache charolaise broutant pendant la traite, ont une nudité sans érotisme. Kahn s’applique à dessiner les frontières indécises qui séparent le verbe de la pensée, l’envie du plaisir, la névrose de la jouissance, avec une ardeur sans passion qui désamorce de temps à autre la tension philosophique par une sorte d’humour paniqué. C’est très réfléchi mais assez distancié, malgré son traitement éminemment physique. 3/6

Roberto Succo
D’une longue dérive criminelle qu’il reconstitue de façon objective et méticuleuse, Kahn tire un grand film sur le mystère, l’opacité, la confrontation avec l’inexplicable. Il filme, souvent entre chien et loup, une cavale aléatoire faites de zigzags meurtriers, d’impulsions amoureuses, de rapts violents, de cambriolages inutiles, et capte avec une rigueur saisissante la terrifiante logique du fou. Ni introspectif ni psychologique, le film s’abandonne au surréalisme des faits, nous perturbe sans nous laisser la possibilité de nous raccrocher à la morale ou à l’analyse rationnelle. Se dégage de cette dissection clinique de l’incompréhensible, où le comique de l’absurde voisine sèchement avec l’horreur pure, quelque chose d’assez vertigineux, qui renvoie le spectateur à la désastreuse réalité d’une humanité dévoyée. 5/6
Top 10 Année 2001

Feux rouges
Du court roman de Simenon, le cinéaste a voulu tirer un conte maléfique, une dérive à la limite du conscient, où la vision du couple se craquelle et où la longue équipée nocturne du héros agit comme une mise en doute progressive de ce que l’on croyait acquis. Le résultat n’est pas mal mais ne casse pas non plus des briques : un thriller sous Penthotal qui tire un bon pari de son décor routier et dont la construction bizarre se perfore de béances inexpliquées pour raccorder à l’expérience déboussolée de son héros – victime d’un trou de mémoire ? d’une manipulation ? ou peut-être même assassin sans le savoir ? Calquée à la désorientation du personnage, la mise en scène semble contaminée par l’effilochage progressif d’une réalité qui s’effrite, et transmet cette angoisse avec une certaine intensité. 4/6

Une vie meilleure
Dans une veine sociale qu’on ne lui connaissait pas, en adoptant une approche d’urgence et d’empathie très différente des précédents films, Kahn gagne sur le double tableau du précis de décomposition social et du parcours initiatique et individuel. Le film évoque des modèles prestigieux (Pialat, Dardenne, Loach) mais il réussit à trouver sa propre voie, donnant à ressentir sans misérabilisme ni défaitisme le combat acharné d’êtres déclassés pour leur survie, l’acceptation d’une responsabilité, voire la genèse d’une unité familiale. Et pour emmener ce poignant rêve de vie meilleure, où la spirale des barrières économiques enferme dans un quotidien de la débrouille, Guillaume Canet (pour lequel j’ai toujours eu beaucoup de sympathie) et Leila Bekhti se montrent formidables. J’ai adoré. 5/6

Vie sauvage
Le film démarre de façon très intense, marqué d’emblée par la déchirure, la séparation, la conscience douloureuse d’un échec. Il s’achève avec une même force d’émotion, en scellant les retrouvailles de la mère et de ses fils sur la voie de la réconciliation. Entre temps, il dresse la chronique d’une utopie constamment mise à l’épreuve des contingences de la société actuelle, entre le désir d’émancipation des normes et la privation indirecte du choix, entre la volonté sincère d’offrir, à soi et aux personnes aimées, un autre voie possible et le prix à payer pour atteindre cet idéal. Privilégiant la sécheresse à l’apitoiement, Kahn éclaire avec tact les enjeux de cette fuite en avant, questionne la notion même de la liberté, et rappelle que Kassovitz est décidément bien meilleur acteur que réalisateur. 4/6

La prière
La religion constitue-t-elle une voie de secours pour s’offrir un nouveau départ et solder les comptes d’une vie mise en pièces par l’enfer de la toxicomanie ? Telle est la question posée par le parcours de Thomas, adolescent poupin embrassant la foi dans la communauté isolée d’un haut plateau savoyard, régie par le travail, le partage et la prière. Si la tentation d’une rigueur ascétique pour figurer un cheminement spirituel appelle immanquablement à l’influence de Bresson, on voudrait trouver dans cette humble chronique d’une renaissance les aspérités qui lui permettraient de vraiment s’incarner. Un peu trop soumise aux exigences du scénario, à la formulation littérale d’hypothèses censées donner le change et apporter leur lot d’ambigüités, elle suit son cours avec une sérénité plus lisse que lyrique. 3/6


Mon top :

1. Roberto Succo (2001)
2. Une vie meilleure (2011)
3. Vie sauvage (2014)
4. Feux rouges (2004)
5. La prière (2018)

Valeur sûre et confirmée, Cédric Kahn est de ces réalisateurs capables d’apporter une réelle plus-value à des sujets riches de potentialités sociales ou psychologiques. Et s’il est difficile de déceler chez lui le tempérament d’un inventeur de formes, au moins doit-il être considéré comme un auteur intègre et exigeant, l’un des plus constants défenseurs de ce "cinéma de milieu" qui fait la force du septième art hexagonal.
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Supfiction
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Re: Cedric Kahn

Message par Supfiction »

Il y avait deux topics Cedric Kahn. C'est corrigé. Merci.
Dernière modification par Supfiction le 8 janv. 24, 14:51, modifié 1 fois.
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Re: Cedric Kahn

Message par Supfiction »

Pendant que j’y suis je redépose ici mon texte de 2016 sur L’économie du couple.


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L'Économie du couple (2016, de Joachim Lafosse)

Après plusieurs années de vie commune, Marie et Boris décident de se séparer. Fille de bonne famille, elle travaille et gagne bien sa vie, tandis que lui accumule les petits boulots périodiques. Elle a financé l'achat de la maison tandis que lui l'a rénovée, apportant ainsi une plus-value. Lorsqu'ils décident de vendre leur maison, la question est désormais pour eux de savoir quelle part chacun doit recevoir...


Un film qui prend aux tripes pour qui a vécu ce genre de situation (ou pas d'ailleurs, preuve de sa force émotionnelle).
Après Le Passé, Bérénice Bejo récidive et donne l'impression d'être désormais maître de sa carrière. Elle est aujourd'hui l'une des actrices françaises les plus intéressantes à suivre. On peut facilement imaginer qu'elle aurait été la dernière muse de Claude Sautet s'il avait pu continuer à faire des films aujourd'hui.
Mais il n'y a pas qu'elle à l'écran, loin de là. Cédric Kahn est pour moi LA révélation de l'année. Il avait déjà attiré mon attention dans des seconds rôles récents (Les Anarchistes et Un homme à la hauteur dans une scène très réussit avec Dujardin pendu à un placard) mais là pour la première fois je pense, il a l'occasion d'impressionner dans un premier rôle, ce qu'il fait.
Voici un sérieux "concurrent" à Vincent Lindon et Olivier Gourmet au titre de meilleur acteur français/francophone.
Et, chose de plus en rare dans ce genre de film réaliste, on a droit ici à un véritable épilogue et non pas à une fin facile en "eau de boudin".
Dernière modification par Supfiction le 8 janv. 24, 14:49, modifié 1 fois.
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Re: Cedric Kahn

Message par Jack Carter »

Son nouvel opus, Making-of, sort apres-demain.
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Re: Cedric Kahn

Message par Supfiction »

Jack Carter a écrit : 8 janv. 24, 14:46 Son nouvel opus, Making-of, sort apres-demain.
Il chôme pas le bougre. Sans compter qu'il mène de front une carrière de réalisateur, de scénariste et d'acteur (parfois même dans un registre populaire dans lequel il excelle, tel que dans Un homme à la hauteur ou dans Dix pour cent).

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