Actioners HK 80's et 90's

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Profondo Rosso
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Justice sans sommation de Corey Yuen (1990)

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De génération en génération, les membres de la famille Huang portent l'uniforme de la police de Hong Kong. Malgré le décès du père et de ses deux fils les plus âgés, la mère et ses quatre filles continuent de faire respecter la loi. Le plus jeune fils est marié à Mina, elle-même enrôlée dans les forces de police. Lors d'un raid contre un dangereux gang, l'une des sœurs commet une sérieuse erreur qui fait capoter l'opération. Le gang se venge en tuant le mari de Mina. Cette épreuve ne fait qu'attiser la haine de la famille qui unit ses forces pour exterminer un à un les membres du gang.

Corey Yuen est un des fondateurs d’un des sous-genres les plus jouissifs du polar et cinéma d'action hongkongais, le Girls with guns. Dans le très nerveux Le Sens du devoir 2 (1985) il brodait une version féminisée du mélange de polar urbain et de film d’action inventée par Jackie Chan dans Police Story (1985), avec un duo Michelle Yeoh/Cynthia Rothrock faisant des étincelles. Avec le temps le Girls with guns devient un filon lucratif du cinéma d’exploitation hongkongais auquel il offre nombre de séries B d’action mémorables. Ces films se distinguent généralement plus par leurs morceaux de bravoure que par des scénarios et intrigues assez sommaires. Corey Yuen signe un des vrais sommets du genre avec ce Justice sans sommation en ajoutant une vraie profondeur et émotion au cocktail d’adrénaline habituel.

L’action est ici le moteur d’un récit familial. Les Huang sont une famille de policiers à travers les générations, porté par le fils aîné Tsung-Pao (Tony Leung Ka-fai) et ses quatre sœurs ayant à leur tour intégrés les forces de l’ordre. Le film s’ouvre sur le mariage de Tsung-Pao avec Mina (Joyce Mina Godenzi) également inspecteur de police chevronnée. Les sœurs et plus particulièrement l’aînée Ling (Carina Lau) jalousent la place prise par la nouvelle venue, ce qui va se prolonger dans leur collaboration sur le terrain. Comme souvent dans le Girls with guns les compétences des protagonistes féminines ne sont jamais remises en question tout en s’inscrivant dans un contexte de domination masculine (tous les postes d’autorités étant occupés par des hommes), ce modèle patriarcal se prolongeant dans l’intimité. Ainsi Mina malgré ses faits d’armes de policière est tendrement mais régulièrement sommée par sa belle-mère d’être une bonne épouse et plus spécifiquement de prolongée la lignée en devenant mère. Mina par ses compétences fait office de rivale dans le cercle familial où elle « vole » le frère chéri par ses sœurs, mais également sur le terrain où elle est leur supérieure hiérarchique. Les sœurs et le cercle policier voit d’ailleurs d’un mauvais œil cette femme dont les prouesses la font peu à peu passer devant son époux (qui progressiste n’en a cure) en termes de promotion. Corey Yuen habilement ces questionnements aux séquences d’action, tout en faisant progressivement basculer ces interactions familiales de la comédie vers le drame.

Les évènements tragiques vont réorienter cette rivalité féminine vers une sororité familiale tournée vers la vengeance. Un gang de vietnamien dangereux va tuer le fils bien aimé, provoquant l’union sacrées des femmes de la famille pour laver l’affront. Le film se distingue par l’incroyable cruauté de son impitoyable méchant joué par Yuen Wah, décimant massivement et de toutes les manières possibles quiconque se pose en travers de son chemin. Corey Yuen se surpasse par la diversité, l’inventivité et la nature kamikaze de ses scènes d’actions. Même quand il orchestre une séquence déjà vue ailleurs il trouve l’idée qui la distingue et la rend mémorable. On a ainsi certes déjà vu une boite de nuit désintégrée sous les coups de feu dans Le Sens du devoir 4 (1989) mais le réalisateur y ajoute ici l’élément de l’obscurité et de l’usage de lunettes infra-rouge qui ajoute une tension et des mises à mort encore plus cruelles. L’usage de divers engins motorisés et l’usage de l’environnement urbain est l’occasion d’une course-poursuite mémorable en ouverture où le découpage ainsi que l’engagement des cascadeurs et acteurs stupéfie par son sens du mouvement et de la destruction.

Plus tard l’usage du talent de guérilléros des Vietnamiens transforme un par en un nid de pièges aussi raffinés que sanglants. On est abasourdi mais jamais pour le simple déchaînement d’action, car l’émotion est le vrai moteur du film. Ainsi après la mort tragique de Tsung-Pao, Corey Yuen nous sert une longue scène mélodramatique comme seul le cinéma hongkongais sait en orchestrer sans faire sourire malgré l’emphase. Mina et Ling se rendent à l’anniversaire de la mère, mortifiées et sans oser lui avouer la disparition de son fils. Les festivités se prolongent tandis que les deux héroïnes tentent de garder contenance, avant qu’une télévision allumée révèle le drame. Les larmes se disputent à une forme de fierté au féminin du corps policier et notamment la charismatique matriarche (Pik-Wan Tang) qui va garder la tête haute et traquer férocement le coupable.

Hormis Tony Leung Ka-fai (qui disparait rapidement donc) et Sammo Hung plutôt dans un second rôle, tous les protagonistes masculins sont donc négatifs (le méchant bien sûr, mais aussi le commissaire arrogant faisant des avances à Mina) et servent tous par cette caractérisation le charisme des héroïnes. On peut regretter que Joyce Mina Godenzi ait eue une carrière si courte (elle quitte les plateaux de cinéma après son mariage avec Sammo Hung en 1994) tant elle en impose par son magnétisme, sa rage et ses aptitudes physiques. Tous les moments d’action les plus mémorables sont pour elle, bien secondée par une Carina Lau qui n’est pas en reste. La dernière demi-heure donne dans une surenchère d’anthologie. Corey Yuen exploite de nouveau un environnement déroutant avec un combat à deux contre cinquante sur un bateau dont on traverse toutes les coursives, salle des machines et autres rambardes à coups de pies et de poings rageurs, quand ce ne sont pas les outils à portée de main qui ne servent pas d’armes aux dégâts ravageur. Le sens du mouvement, l’usage de la topographie des lieux et les chorégraphies inventives rendent la scène inoubliable mais Yuen décide de nous laisser repu avec un final encore plus fou. Le duel entre Joyce Mina Godenzi et l’artiste martiale Agnès Aurelio est un concentré d’énergie et de hargne vengeresse où l’on se rend coup pour coup dans un déchaînement d’acrobaties et de bottes secrètes douloureuse. Corey Yuen parvient à mêler à merveille cette dimension dramatique à la pure adrénaline dans une conclusion aussi abrupte qu’inoubliable. Avec son cœur gros comme ça, Justice sans sommation dépasse les seuls plaisirs primaires du Girls with gun. 5/6

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Le Bras armé de la loi de Johnny Mak (1984)

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Un gang de voleurs chinois entre clandestinement à Hong Kong et organise un cambriolage. Mais tout ne se passe pas comme prévu et ils se retrouvent traqués par la police. La ville devient alors le terrain de leurs affrontements.

Si Le Syndicat du crime de John Woo (1986) popularisera et lancera la grande vague du polar hongkongais dans sa veine la plus spectaculaire et opératique, le genre était déjà bel et bien présent à l’époque. Il s’inscrivait cependant dans une veine plus réaliste et sociale, sous l’influence de classiques américains comme French Connection de William Friedkin (1971) et des velléités des chantres de la Nouvelle Vague hongkongaise. Le Bras armé de la loi est un des derniers avatars de cette première manière avant la bascule dans la grandiloquence et l’emphase mélodramatique de John Woo et ses polars héroïques. A la réalisation nous trouvons Johnny Mak dont c’est le premier film et jusque-là plus connu pour ses activités de producteur à la télévision. C’est dans ce cadre qu’il va produire la série policière Manhunt et travailler avec Philip Chan. Ce dernier est un ancien policier reconverti dans l’industrie du cinéma où il sera amené à occuper les fonctions de scénariste, producteur et même réalisateur. Lorsque Johnny Mak est sollicité afin de réaliser son premier film, il pense immédiatement à Philip Chan dont l’expérience contribuera à renforcer le réalisme du récit. Il avait déjà fait ses preuves dans des polars précurseurs comme Jumping Ash de Leong Po Chih (1975) ou Cop and Robbers de Alex Cheung (1979), et il va trouver un sujet au cœur de l’actualité hongkongaise.

Le socle des premiers migrants à Hong Kong repose sur des Chinois ayant fui la pauvreté et les soubresauts politiques de la Chine continentale. Entre-temps la Chine a fermé ses frontières et la population de Hong Kong s’est forgé une identité propre, entre ces racines chinoises et l’influence occidentale notamment celle du colon britannique. Dans les années 70, la Chine rouvre ses frontières et entraîne donc une migration sans précédent vers l’El Dorado que constitue désormais Hong Kong. Parmi ces Chinois continentaux, on trouve des gangsters issus de la triade du Grand Cercle et/ou des anciens membres de la milice ou de forces armées durant la Révolution Culturelle. Il s’agit d’une population qui n’a plus rien à perdre, rompue à la lutte armée, terrorisant même la criminalité locale. Hong Kong alors en plein expansion économique voit donc cela d’un mauvais œil et rejette implicitement toute parenté avec cette diaspora. Le film va justement s’attacher à suivre quatre chinois venus chercher fortune lors d’une équipée express où ils comptent braquer une bijouterie, revendre leur butin, et rentrer en Chine profiter de leur fortune mais bien sûr rien ne va se dérouler comme prévu.

La quête de réalisme de Johnny Mak passe notamment par le fait de recruter des comédiens chinois amateurs. Dès lors les accents, expressions et attitudes correspondent à leur ancienne condition. Tout au long du récit, le réalisateur suit une forme de ligne grise quant à la caractérisation de ses personnages. La froideur des intentions alterne avec la vraie chaleur dégagée par leurs interactions mutuelles truculentes, l’attachement sincère à leur famille et des projets criminels destinés avant tout à améliorer leur condition sociale misérable. Leurs premiers pas à Hong Kong les montrent vraiment comme les « ploucs » qu’ils sont, happé par une mentalité capitaliste dans tout ce qu’elle a de clinquant et putassier. Ce sera cette vision qui amorcera leur chute, l’achat de costumes les mettant en retard pour l’heure du braquage initial, puis le désir de consommer des prostituées leur faisant passer un emprunt auprès d’un Chinois installé peu recommandable. Les bonnes intentions sont vite noyées au contact des tentations diverses. Toutes les anicroches retardant un possible retour en Chine semblent relever de l’inconscient tant la corruption de la ville semble les contaminer. On en a des exemples avec l’ex-fiancée de l’un d’entre eux satisfaite de sa condition de prostituée et ne souhaitant pas rentrer en Chine. Tant que le groupe sera soudé et guidé par ce projet commun, ils parviennent à réchapper à toutes les menaces, mais le goût à cette vie facile croissant, leur relation va progressivement s’effriter.

A cette empathie réelle ressentie pour les protagonistes répond également un rejet progressif face à leurs attitudes violentes. Ce sont des assassins aguerris et impitoyables, à la gâchette facile envers quiconque se plaçant en travers de leur route. Les exécutions sommaires, les gunfights en pleine rue sans préoccupation des civils et le meurtre sans états d’âmes de policiers montre ainsi leur facette la plus menaçante dans les innombrables séquences d’actions. Toute bonhomie disparait lors de ces moments faisant ressortir leur féroce science des armes. Johnny Mak capture ainsi à la fois l’ambivalence de ces « continentaux », mais aussi celle du regard des hongkongais sur eux. Cela s’exprime parfois de manière comique comme lorsque l’un d’entre eux sera dénigré par une prostituée refusant de se donner à lui par pure condescendance. Plus tard ce mépris larvé des hongkongais et cette volonté d’éradiquer « l’étranger » dont il refuse la parenté passera par les agissements de la police. Nulle sommation ou volonté d’arrestation, l’objectif est l’exécution pure et simple lors de chaque confrontation, donnant une vision fasciste et réactionnaire des forces de l’ordre hongkongaise.

Johnny Mak filme tout cela dans un style urgent et alerte, adoptant une esthétique (hormis les apartés plus léger) semi-documentaire. Le montage est heurté, les cadrages variés et soucieux de capturer un vrai réalisme urbain dans l’usage des focales, dans le côté saccadé des séquences d’actions. Les bas-fonds hongkongais sont ainsi saisis avec une crudité rare qui culmine lors de la stupéfiante fusillade finale dans la Citadelle de Kowloon. Tentaculaire, labyrinthique, crasseuse et oppressante, cet environnement constitue un incroyable décor de cinéma dont Johnny Mak traduit à merveille la menace. Le film constitue d’ailleurs un précieux document pour se souvenir de ce qu’il en fut puisque la Citadelle de Kowloon fut détruite en 1993 (après avoir été évacuée en 1991). Le Bras armé de la loi est un grand polar, traduisant avec rage ce moment social si particulier puisqu’il sort en 1984, année des accords de Rétrocession qui annoncent le rapport de force changeant à venir entre la Chine et Hong Kong. 5/6
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Full Alert (Ringo Lam - 1997)

Un polar HK bien sombre et énervé, qui m'a rappelé aussi bien le Friedkin de To Live and Die in L.A. (pour sa violence et son nihilisme) que le Mann de Heat (pour sa relation/complicité entre le flic et le gangster).
C'est vraiment prenant de bout en bout, parfaitement rythmé, les séquences d'action déboîtent (mention spéciale à la course-poursuite en bagnoles), Hong Kong est filmé tel un labyrinthe putride et oppressant, plein de petites ruelles bien glauques où trainent des bidons remplis de saletés et autres liquides non-identifiés (et dont on ne préfère même pas connaître la nature).
Et le climax sur fond de ciel nocturne zébré d'éclairs vient nous confirmer qu'on est bel et bien face à du bon gros cinoche brut, efficace, sans concession, et qui n'hésite pas à se conclure sur un mode tout sauf triomphal, mais plutôt dans le désespoir le plus total.
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El Dadal
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Profondo Rosso a écrit : 15 févr. 22, 03:26 Johnny Mak filme tout cela dans un style urgent et alerte, adoptant une esthétique (hormis les apartés plus léger) semi-documentaire. Le montage est heurté, les cadrages variés et soucieux de capturer un vrai réalisme urbain dans l’usage des focales, dans le côté saccadé des séquences d’actions. Les bas-fonds hongkongais sont ainsi saisis avec une crudité rare qui culmine lors de la stupéfiante fusillade finale dans la Citadelle de Kowloon. Tentaculaire, labyrinthique, crasseuse et oppressante, cet environnement constitue un incroyable décor de cinéma dont Johnny Mak traduit à merveille la menace. Le film constitue d’ailleurs un précieux document pour se souvenir de ce qu’il en fut puisque la Citadelle de Kowloon fut détruite en 1993 (après avoir été évacuée en 1991). Le Bras armé de la loi est un grand polar, traduisant avec rage ce moment social si particulier puisqu’il sort en 1984, année des accords de Rétrocession qui annoncent le rapport de force changeant à venir entre la Chine et Hong Kong. 5/6
Je plussoie. Un des plus grands polars HK qu'il m'a été donné de voir jusqu'à présent. Et le paragraphe que je cite en est une des raisons principales : ce style brut et rugueux, loin des tournages de studio sur-éclairés et proprement cadrés, apporte une fraîcheur incroyable à l'ensemble. Avec le School on Fire de Ringo Lam et le À toute épreuve de Woo, sans doute une des bornes indépassables de ce genre fou, et finalement très circonscrit dans le temps.

Elle a moins bonne presse, mais j'avais trouvé la suite très prenante. Content de voir que Spectrum a récemment annoncé la sortie du troisième film (dont je n'avais étrangement pas entendu parler).
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El Dadal a écrit : 15 févr. 22, 12:15 School on Fire de Ringo Lam
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Message par El Dadal »

Tu verras, Full Alert te paraîtra bien timoré en comparaison :mrgreen:
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El Dadal a écrit : 15 févr. 22, 12:15 Elle a moins bonne presse, mais j'avais trouvé la suite très prenante. Content de voir que Spectrum a récemment annoncé la sortie du troisième film (dont je n'avais étrangement pas entendu parler).
Ah cool j'ai le coffret HK vidéo avec les deux premiers, je me fais ça sous peu. Et sinon oui Flol j'adore Full Alert mais Le Bras armé de la loi c'est autrement plus poisseux et rugueux effectivement :wink:
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Et c'est trouvable facilement ? :oops:
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Message par Jack Carter »

Profondo Rosso a écrit : 15 févr. 22, 13:23
El Dadal a écrit : 15 févr. 22, 12:15 Elle a moins bonne presse, mais j'avais trouvé la suite très prenante. Content de voir que Spectrum a récemment annoncé la sortie du troisième film (dont je n'avais étrangement pas entendu parler).
Ah cool j'ai le coffret HK vidéo avec les deux premiers, je me fais ça sous peu. Et sinon oui Flol j'adore Full Alert mais Le Bras armé de la loi c'est autrement plus poisseux et rugueux effectivement :wink:
vous parlez de School ou Prison pour ce 3eme volet ?
j'ai du mal à vous suivre... :oops:
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Jack Carter a écrit : 15 févr. 22, 17:49
Profondo Rosso a écrit : 15 févr. 22, 13:23

Ah cool j'ai le coffret HK vidéo avec les deux premiers, je me fais ça sous peu. Et sinon oui Flol j'adore Full Alert mais Le Bras armé de la loi c'est autrement plus poisseux et rugueux effectivement :wink:
vous parlez de School ou Prison pour ce 3eme volet ?
j'ai du mal à vous suivre... :oops:
Le bras armé de la loi, je pense ?
En tout cas je me note aussi le premier !
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Message par Profondo Rosso »

Jack Carter a écrit : 15 févr. 22, 17:49
Profondo Rosso a écrit : 15 févr. 22, 13:23

Ah cool j'ai le coffret HK vidéo avec les deux premiers, je me fais ça sous peu. Et sinon oui Flol j'adore Full Alert mais Le Bras armé de la loi c'est autrement plus poisseux et rugueux effectivement :wink:
vous parlez de School ou Prison pour ce 3eme volet ?
j'ai du mal à vous suivre... :oops:
Le Bras armé de la loi :wink:
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Message par Jack Carter »

le boulet... :oops:
Merci à vous deux.
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Message par Profondo Rosso »

El Dadal a écrit : 15 févr. 22, 12:15 Elle a moins bonne presse, mais j'avais trouvé la suite très prenante. Content de voir que Spectrum a récemment annoncé la sortie du troisième film (dont je n'avais étrangement pas entendu parler).
Bien d'accord suite très réussie aussi.

Le Bras armé de la loi 2 de Michael Mak (1987)

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Trois policiers infiltrent une triade de Hong Kong. Grâce à un indic, ils parviennent à avoir vent du prochain coup des gangsters, mais avant de pouvoir intervenir, leur couverture est trahie.

Le Bras armé de la loi (1984) par son mélange d'action effrénée, de propos social et de réalisme s'était avéré une vraie date dans le polar hongkongais, la parfaite transition entre le propos engagé de la Nouvelle vague hongkongaise et l'emphase du polar héroïque qui allait bientôt dominer. Cette suite sans être aussi mémorable est cependant très intéressante et parvient à trouver sa propre identité. On retrouve ce contexte social d'une Hong Kong à la criminalité galopante en grande partie due à des migrants de la Chine continentale y trouvant un nouvel El Dorado. Cette fois nous ne suivrons plus des clandestins chiens fou semant le chaos mais des exilés politiques et anciens policiers qui, en échange d'un statut de résidant doivent devenir des infiltrés démantelant les réseaux des criminels "continentaux". Le scénario pose ainsi les problématiques morales inhérentes au polar mettant en scène des infiltrés, mais auxquelles s'ajoutent leur identité chinoise. Les personnages souffrent moins que dans le premier volet de la dichotomie entre naïveté du migrant et férocité du criminel ce qui rend leurs doutes différents et plus complexes. Leur passé de policier dans un Etat répressif et leur désir de s'intégrer les rends ainsi, notamment le meneur Tung (Elvis Tsui), plus impitoyable encore envers leurs compatriotes criminels qui salissent l'image des honnêtes migrants chinois. D'un autre côté les retrouvailles avec d'anciens frères d'armes ayant mal tournés et qu'il faut désormais trahir les placent face à un dilemme tel le personnage de King San (Ben Lam). Pour Hok Kwan (Yat Chor Yuen) ce sera la possible échappée amoureuse qui lui fera éventuellement perdre de vue sa mission.

Le récit avance donc en créant une empathie plus explicite envers ses héros quand le premier volet se montrait nettement plus ambigu. Le scénario (de nouveau signé par l'ancien policier Philip Chan) développe de nouveau cette attirance/répulsion entre Hong Kong et les migrants de Chine continentale. Malgré la possibilité de grâce initialement offerte, nos infiltrés sont une simple chair à canon sacrifiable sur l'autel d'une promotion pour les pontes de la police chinoise. Dès lors la "trahison" envers leurs compatriotes semblera de plus en plus vaine et les placera entre deux feux. La seule vraie solidarité et amitié sincère sera nouée avec "Grand frère" (Alex Man), autre flic infiltré et mentor habitué à ces grands écarts. La discussion qu'il aura avec Tung où il se lamente de la périlleuse et solidaire position d'infiltré offre une des plus belles scènes du film, entérinant la belle amitié unissant les deux personnages. A la réalisation Michael Mak succède à son frère Johnny et en poursuit en mode mineur le parti pris réaliste. On ressent davantage cette veine sociale dans le cheminement des protagonistes mais le côté documentaire à vif du premier film s'estompe pour une action plus stylisée mais tout aussi nerveuse. On n'a plus ce sentiment de chaos, l'action est bien plus réfléchie et ce en adéquation avec la science du combat et de la stratégie des héros, notamment la scène où ils humilieront en public un chef de gang en misant autant sur la topographie des lieux que de l'égoïsme hongkongais (ledit chef étant un être détestable, ils misent sur le fait qu'aucun homme de main ne risquera sa vie pour lui). Les différents morceaux de bravoure sont d'une efficacité redoutable, notamment le final qui, sans supplanter celui inoubliable du premier film, use brillamment de son cadre urbain minimaliste et surtout déploie une vraie belle catharsis émotionnelle. L'innovation et la furie en moins certes, mais une suite très réussie qui renouvelle les questionnements de son prédécesseur.4,5/6
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Iron Angels de Raymond Leung et Teresa Woo (1986)

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L'organisation "Angels" lutte contre des trafiquants de drogue dirigée par une praticienne du kung fu.

Iron Angels est avec Le Sens du devoir 1 et 2 (1985, 1986) un des films fondateurs du girls with gun, ce sous-genre du cinéma d'action hongkongais mettant en valeur les héroïnes casse-cou. Le casting constitue déjà une note d'intention du genre dans ses audaces comme ses défauts, avec notamment deux stars féminines qui le marqueront de leur empreinte avec Moon Lee et la japonaise Yukari Oshima que l'on retrouvera dans d'innombrables séries B musclées. La faute originelle est également là avec une forme de machisme consistant à coller aux héroïnes parfaitement capable et charismatiques un protagoniste masculin auquel on attribue nombre de morceaux de bravoure avec l'imposant mais fade Hideki Saijo. On retrouve cet écueil dans Le Sens du devoir et les suites de Iron Angel avant que la popularité du girls with gun (notamment grâce au duo destructeur Michelle Yeoh/Cynthia Rothrock dans Le Sens du devoir 2) ne laisse les coudées franches aux héroïnes. On tâtonne également au niveau du ton puisqu’ici le scénario navigue entre éléments de polar classique et d'autres du film d'espionnage. Suite à la destruction d'une immense plantation d'opium par une action panasiatique de la police, un des cartels du triangle d'or décide de mener une terrible campagne de représailles envers la police. Cette dernière fait alors appel à l'organisation privée Angel dont trois agents, Saijo (Hideki Saijo), Moon (Moon Lee) et Elaine (Elaine Lui) vont tenter défier le cartel dirigé par la redoutable Madam Yeung (Yukari Oshima).

Dans un premier temps le film sort des sentiers battus à venir du genre en jouant la carte de l'espionnage, l'infiltration et la filature pour deviner les plans de la mafia. Malheureusement on comprendra vite que c'est là une manière de gagner du temps avant d'introduire les scènes d'actions au vu du budget faible du film. L'approche de polar des classiques du genre (en plus de ceux évoqués plus haut, le diptyque Angel Terminator (1992, 1993), Justice sans sommation (1990)...) peut parfois être simpliste dans son récit mais y gagne en fluidité et frontalité sans recourir à une écriture très sophistiquée. Là le côté espionnage aurait demandé un peu plus de rigueur pour totalement impliquer mais s'avère très vite confus, on démarre sur de la traque de trafiquant de drogue pour finir sur un casse de fourgon d'or sans trop saisir la transition. La violence, la noirceur et le ton cathartique sera aussi un des attraits du girls with gun qui n'intervient que par intermittence ici où la comédie domine, notamment dans la simili romance nouée entre les agents. Les scènes d'actions sont efficaces sans avoir le côté fou, kamikaze et encore une fois cathartique que l'on retrouvera par la suite et son constamment entrecoupées de "point sur la mission" trop léger au quartier général qui empêchent toute montée en puissance dramatique. Il y a pourtant des atouts avec la méchante mémorable qu'incarne Yukari Oshima, sadique, intimidante et invulnérable terrorisant ses sous-fifres masculins. Chacune de ses apparitions est absolument électrisante alors que l'on regrettera le sous-emploi de Moon Lee dont on sait les aptitudes.

C'est donc plutôt efficace et on ne s'ennuie pas, mais cela manque de la folie qu'aurait pu amener un Corey Yuen dans les chorégraphies martiales, les cascades et l'usage des environnement urbain. La satisfaction de ce côté-là n'arrive que lors du climax final et la furie du duel entre Moon Lee et Yukira Oshima dans un entrepôt. Soudain tous les coups sont permis, la moindre machine ou outil de l'atelier devient une arme de destruction douloureuse pour l'adversaire et les chorégraphies folles s'enchaînent enfin. C'est hélas déjà la fin et l'on finit frustré même si le film instaurera cette tradition souvent tenue de conclure les girls with gun sur un mano à mano féminin. Film fondateur donc mais pas forcément dans les sommets du genre, souffrant malgré lui d’avoir vu avant sa descendance plus explosive. 3,5/6
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Dragon from Russia de Clarence Fok (1990)

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Deux orphelins, Yao et May, se sont jurés d'être amis pour la vie jusqu'au jour où Yao se fait enlever. Après diverses expérimentations scientifiques, Yao, devenu amnésique, se réveille face à un mystérieux maître des arts martiaux qui l'entraînera à devenir un tueur redoutable

Dragon From Russia est une adaptation libre et officieuse du célèbre manga Crying Freeman de Kazuo Koike et Ryôichi Ikegami, publié entre 1986 et 1988 au Japon. Le retentissement du manga traverse l'Asie et bien sûr le très opportuniste marché hongkongais qui va en proposer sa version sans en en payer les droits, avant celle plus connue (et officielle) de Christophe Gans en 1996. On sent d'ailleurs dans les grandes libertés su scénario une volonté de façonner des prémices différentes afin d'atténuer les similitudes avec le matériau original et éviter un procès. Le point de départ est ainsi un peu plus confus avec cette guerre secrètes entre deux groupuscules de tueurs dont l'un va déceler le potentiel du jeune Yao (Sam Hui), l'enlever, lui laver le cerveau et le former afin d'en faire le champion apte à vaincre le camp ennemi. Les origines du simili Crying Freeman diffère en en faisant un exilé chinois en Russie vivant des jours paisibles avec son amie May (Maggie Cheung). La romance reste chaste et c'est seulement le souvenir de ces chaleureux moments entre expatriés orphelins qui ravivent l'humanité de Yao, tandis qu'on se déleste du machisme du manga (et du style viril de Koike/Ikegami) pour donner un rôle plus actif à Maggie Cheung dans la rédemption du tueur.

Le film donne dans les grands écarts de ton typique du cinéma HK de l'époque. Le cadre russe initial donne un caractère menaçant et inédit au récit, contrebalancé par le côté des haut en couleur du monde des tueurs et de leurs guerres intestines. Le ton donne dans la grosse comédie cantonaise, avec le maquillage grotesque du mentor joué par le chorégraphe Dean Shek qui durant les scènes d'entrainement de Yao retrouve les facéties de ses travaux aux côtés de Jackie Chan et Sammo Hung dans la kung fu comedy. Sam Hui venant aussi de cette école comique, le premier degré initial s'envole pendant ce long aparté avant de repartir sur les rails du pur film d'action et de gangster. Là aussi on devine les disponibilités tangentes du casting féminin puisque sans que l'on ne se l'explique vraiment, pas moins de quatre héroïnes sont longuement introduites pour apparaître et disparaître tout au long de l'histoire (notamment Loletta Lee jouant la très candide fille du maître), créer des triangles voire carré amoureux improbable alors que tout cela aurait pu être concentré sur deux protagoniste. Le charisme et le talent des actrices maintiennent l'intérêt, en particulier une très touchante Maggie Cheung tandis que Sam Hui a plus de mal à naviguer entre les registres.

Le film, s'il est moins léché que la future version de Christophe Gans, surpasse cependant cette dernière en termes d'action pure. Les ruptures de ton permettent les écarts les plus loufoques lors des scènes d'entraînements digne de Drunken Master, tandis que les débordements sanglants et brutaux s'enchaînent sur tout l'aspect gangster. Les chorégraphies sont nerveuses à souhait, les morts douloureuses et la pyrotechnie impressionne lors des multiples poursuites à motos, voitures et explosions dantesques. Clarence Fok semble avoir tout misé sur le style plutôt que la cohérence dramatique et l'énergie de l'ensemble emporte franchement dans un ensemble redoutablement spectaculaire. A ce titre les vingt dernières minutes constituent un morceau de bravoure de haute volée exploitant tous les registres de l'action en parvenant à enfin maintenir une tonalité homogène. Un pendant très plaisant et plus débraillé à la version de Christophe Gans. 4,5/6
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