Jean Rollin (1938-2010)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Brice Kantor
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Jean Rollin (1938-2010)

Message par Brice Kantor »

Je n'ai vu que deux films de ce cinéaste ("Lèvres de Sang", "Fascination"), mais j'adore son univers.

Pour ceux que ça intérèsse, voici une interview absolument passionnante:

http://www.objectif-cinema.com/interviews/152.php
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harry callahan
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Message par harry callahan »

Fascination : voilà un film qu'il porte bien son nom. Oui, j'étais fasciné de voir à quel point c'était ridicule, bancal, tiré par les cheveux et risible. Hypnotisé par cette espèce d'ambiance malsaine qu'il essaie de donner qui tombe à plat, par tous ces chemins tortueux qu'il emprunte dans le seul but de nous montrer de la fesse molle, par la fin et le début hilarants. Et cette cérémonie, qu'on a l'impression d'attendre depuis des heures tellmeent c'est ennuyeux, qui est bateau à un point, sans suspense, ni surprise, ni même le moindre sentiment de malaise ou de danger .....
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Jordan White
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Message par Jordan White »

Jean Rollin a imprégné à ses films une sorte de poésie naïve tout à fait unique dans le cinéma fantastique français des années 70 qui peut certes agacer et ennuyer mais qui réserve de bons moments. Les raisons de la mort ou les Démoniaques sont les films que je préfère de lui. Il y a toujours un côté approximatif, maladroit, parfois surréaliste qui ajoute une touche onirique. Ceci dit ses films sont loin d'être des chefs-d'oeuvre, ce sont des curiosités.
Il a mené en parallèle à sa carrière dans le fantastique une autre carrière, dans le genre pornographique avec des titres comme Lèvres ouvertes, et d'autres que je ne citerais pas par décence, car souvent les titres sont extrêmement suggestifs ( ils font aussi parfois rire aux éclats). Son dernier film en date, date de 2002.
Harry, de très mauvaise foi sur ce coup, oublie de signaler que la somptueuse Brigitte Lahaie joue dans Fascination ( et c'est loin d'être de la fesse molle) :mrgreen:
Brice Kantor
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Message par Brice Kantor »

Fascination est un film que je trouve essentiellement picturale et hypnotique... Les scènes d'intros dans les abattoires sont des toiles vraiment magnifiques, et le film est peuplé d'images fortes et d'une embiance lancinante qui m'a immédiatement envouté: on dirait que Rollin est obsédé par une recherche de pureté finalement pas si lointaine de celle d'un Bresson, mème si c'est plus la couleur rouge que le blanc des murs.

Dans l'interview, ils parlent d'une thématique de la "déambulation", c'est assez intéressant.
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harry callahan
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Message par harry callahan »

Jordan White a écrit :Harry, de très mauvaise foi sur ce coup, oublie de signaler que la somptueuse Brigitte Lahaie joue dans Fascination ( et c'est loin d'être de la fesse molle) :mrgreen:
Non non, je t'assure que je suis tout ce qu'il y a de franc et sérieux. De la fesse molle, comme tout le reste du film qui s'étire paresseusement sur son heure et quart qu'on croirait durer des journées. Brigitte Lahaie est peut être tout ce qu'il y a d'agréable à regarder, ça n'en reste pas moins désespérément creux et feignasse comme pas permis.
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NUTELLA

Message par NUTELLA »

pour moi ses meilleurs sont les raisins de la mort et la morte vivante,fascination je dois l'avouer m'ennui fortement...
les deux orphelines vampires vaut aussi le coup :wink:
Invité

Message par Invité »

Merci pour l'info et le lien surtout ;) Je ne connaissais pas.
C'est marrant comme les gens de cette époque (les années 50 on va dire) parlent bcp de cercle, tant dans les milieux littéraires que dans le cinéma, voire de la chanson. Notion que l'on ne voit guère plus aujourd'hui. A moins que celà ne m'échappe...
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John Anderton
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Message par John Anderton »

Rollin fait partie de ces marginaux du cinéma (comme les Ed Wood, Mojica Marins) qui, dans le meilleur des cas m'amusent 5 minutes, dans le pire (et c'est le plus souvent) m'ennuient profondément. Je sais qu'il y a des amateurs des uns et des autres, mais j'ai pour ma part beaucoup de mal avec ces cinéastes. Il faut leur reconnaître cependant une obstination à faire ce qu'ils ont envie de faire, et d'aller jusqu'au bout de leurs trips. Au-delà de ça, très peu pour moi... :?
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Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Les Démoniaques (1973)

Dans une terre de superstitions battue par les vents, quatre infâmes naufrageurs (trois hommes et leur égérie) s’acharnent en vain sur les deux malheureuses rescapées de leur dernier méfait. Celles-ci trouveront un abri provisoire au cœur de ruines maudites censées abriter un monstre de légende.

Jean Rollin est un poète ; un poète bricoleur, certes, mais il n’en est pas moins poète.
Par-delà les maladresses et en dépit du manque de moyens, il parvient à faire affleurer derrière les apparences, des réalités parallèles ou des mondes à part qui offrent autant de refuges aux âmes chassées par l’incompréhension des hommes ou victimes de leur cruauté et de leur vilénie. Des mondes eux-même toujours à la merci d’agressions extérieures.

Le fin lettré ou le cinéphile averti seront les plus à même de tracer avec précision la généalogie des inspirations du réalisateur ; le béotien – en l’occurrence, votre serviteur – croit y retrouver pêle-mêle Louis Feuillade, le surréalisme et la littérature populaire, symbolisée ici par la figure des deux orphelines. Le cinéma de Jean Rollin tient sans doute aussi de l’art naïf ; naïf mais fortement teinté d’érotisme, voire plus.

Les démoniaques n’est pas l’œuvre du cinéaste la plus aboutie – il est préférable de jeter son dévolu sur Lèvres de sang - mais elle est néanmoins parfaitement caractéristique de son approche du Fantastique – on laissera de côté sa production pornographique.

Il faut bien sûr accepter une interprétation qui tient souvent de l ‘amateurisme et une narration qui parfois joue l’école buissonnière ; tous éléments qui concourent à leur façon au charme de ce cinéma. Un cinéma qui réclame du spectateur qu’il se prête au jeu, à l’image des personnages qui eux croient aux légendes, aux monstres et aux malédictions.

On pourra cependant légitimement reprocher à Jean Rollin de s’être ici pris les pieds dans sa propre inspiration, de trop tirer sur le mince fil dramatique de son intrigue au point de l’effilocher plus que de raison, et de trop compter sur la bonne volonté du spectateur pour que le charme opère jusqu’au bout.
On regrettera aussi qu’il nous sèvre de ces plans envoûtants qui viennent généralement compenser chez lui les relâchements narratifs.

Heureusement, Rollin réussit à pratiquer un humour blasphématoire, lequel nous console – même modérément - de faiblesses qui au bout du compte procèdent d’un trop plutôt que d’un pas assez.
Dernière modification par Lord Henry le 10 mars 13, 22:51, modifié 2 fois.
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Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Fascination (1979)

En 1905, un voleur pourchassé par ses complices trouve refuge dans un château isolé. Il y rencontre en guise d’occupantes deux mystérieuses jeunes femmes (Brigitte Lahaie et Franca Mai) qui s’apprêtent à recevoir le soir-même de non moins mystérieux invités.

Je reste sensible aux univers fragiles bricolés par Jean Rollin; cette poésie modeste où les influences les moins conventionnelles tintinnabulent de concert sans se soucier de la bienséance.

Ici, deux héroïnes, fausses ingénues mais affranchies de la vénalité du monde, subissent au cœur de leur refuge les assauts et l’intrusion d’une corruption extérieure. Leurs auteurs, ivres d’une illusoire supériorité, recevront un juste et impitoyable châtiment.
Mais s’il est vrai que l’on ne saurait impunément s’inviter dans cet univers au seuil duquel s’évanouissent les lois de la société, il est tout aussi périlleux de chercher à s’en détacher, à l’image de ce personnage féminin qui ne le quitte que pour mieux y revenir.

L’ouverture du film donne obligeamment la clé de l’intrigue, celle d’une nouvelle variation du cinéaste autour de la figure du vampire, mais cela n’affecte en rien son charme singulier pour peu que l’on accepte de s’y abandonner sans préventions.
N’en doutons pas, certains se plairont à railler chez le réalisateur ce qui passe à leurs yeux pour d’indécrottables maladresses , d’autres, plus heureux, soulignerons la qualité d’une photographie où domine un rouge de circonstance. Ils aimeront à garder en mémoire ces moments où le mariage de l’image et de la musique atteint à une réelle beauté.
Dernière modification par Lord Henry le 10 mars 13, 22:49, modifié 1 fois.
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Flol
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Message par Flol »

Alors donc, hier j'ai vu Le Lac des Morts Vivants d'un certain A.J. Lazer (en fait Jean Rollin camouflé derrière un immonde pseudo).
Bon...que dire sur cette oeuvre richissime et foisonnantes d'idées (toutes plus mauvaises les unes que les autres) ? Eh bien je dirais en 1 mot (bon y en aura un peu plus, je préviens de suite) comme en 100 : je crois avoir là le film le plus NUL que j'ai vu de ma courte vie.
Beaucoup disent que le film le plus nul de l'histoire du ciné est le fameux Plan 9 From Outer Space (qui est en fait plus chiant que nul) de l'ami Edward D. Wood Jr ; eh bien je pense que ces "beaucoup" en question n'ont jamais vu Le Lac des Morts Vivants.

Bref il y aurait tellement de choses à dire sur ce film...que je ne vais absolument pas le faire maintenant (j'ai de la lessive à faire).
Enfin vous aurez compris l'idée : en gros, on atteint le très très haut niveau du nanar, tant tout est d'une pauvreté abyssale et d'une nullité absolue. Je n'en reviens toujours pas (en particulier des doublages dans les scènes de foule, proprement ahurissants : on voit 10 paysans, pas un seul ne dit un mot...mais en fond sonore, on entend un pauvre brouhaha constitué de 3 doubleurs en studio, c'est en fait une bande qui passe en boucle ; du coup, on peut entendre prononcer d'une voix nasillarde un même "vous la connaissez, vous ?" pas moins de 5 fois en 30 secondes).

.........ce film n'est pas notable. Ou alors en négatif. Du coup, je lui décerne un magnifique - 54/10.

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(pour info : ceci est une équipe de basket, qui en fait joue au volley, et qui décide soudainement de se mettre à poil pour aller se baigner dans un immonde lac dégueulasse)

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(et ceci est le nazi zombie principal, accompagné de sa fille interprétée par la plus mauvaise comédienne du monde, passant son temps à balancer des regards caméra ; observez bien également le subtil maquillage du mort vivant, dont le seul défaut est de laisser des traces verdâtres sur le coup de ses victimes)
Ben Castellano
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Message par Ben Castellano »

Rollin a tourné cette année un nouveau film, La nuit des horloges, avec Ovidie:

http://www.imdb.com/title/tt1037811/

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Nuit_des_horloges

Une jeune femme, incarnée par l'ex-actrice de films pornographique Ovidie, hérite de la maison de campagne de son cousin, le réalisateur et écrivain Michel Jean. Elle ne l'a vu qu'une fois, mais il a laissé un très fort souvenir dans sa mémoire. Elle visite sa tombe au cimetière du Père-Lachaise, puis sa maison. Tous deux sont hantés par les personnages et fantasmes de Michel Jean.

À la fois testament spirituel et film d'auteur, La Nuit des horloges alterne entre réflexions philosophiques, poésie et exercice d'introspection de la part du cinéaste Rollin.


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mannhunter
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Message par mannhunter »

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Major Tom
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Message par Major Tom »

Ben Castellano a écrit :Michel Jean.
:)
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nobody smith
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Message par nobody smith »

J’ai découvert récemment Jean Rollin grâce à arte avec la fiancée de Dracula. J’ai complètement été abasourdi par le film. L’histoire, la mise en scène, la photographie, les effets spéciaux, les interprètes... tout est d’une nullité abyssale et pourtant jamais j’ai eu l’envi d’interrompre la lecture. Ça a beau être ouvertement ennuyeux avec un rythme au ras des pâquerettes, c’est proprement hallucinant dans sa traversée du ridicule.

Depuis je me meurs littéralement de ne pas réussir à mettre la main sur le lac des morts-vivants... Du coup, j'en suis presque à attendre avec impatience ce nouveau long métrage :mrgreen:
"Les contes et les rêves sont les vérités fantômes qui dureront, quand les simples faits, poussière et cendre, seront oubliés" Neil Gaiman
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