Paul Verhoeven

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Carlito Brigante
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Re: Paul Verhoeven

Message par Carlito Brigante »

Kevin95 a écrit :A noter que la présentation hier de RoboCop fut assez wtfuckesque entre un Bonnaud sous coke (spectacle limite étrange de le voir gesticuler bizarrement pendant que Paulo jactais), un Costa-Gavras qui regardait passer les trains et un Verhoeven obsédé par la figure de Jésus au point de se lancer peinard dans une lecture critique des évangiles tout en faisant mine de la rattacher au film présenté.

Il a d’ailleurs précisé que son film sur Jésus allait se faire dans la courant de l'année si tout allait bien (le producteur était dans la salle).
Ça devait être un grand moment !
C'est une (très) bonne nouvelle pour son projet, j'espère juste que le producteur n'a pas dit oui uniquement parce qu'il a eu une partie des substances qui ont vitalisé la présentation.
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Kevin95
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Re: Paul Verhoeven

Message par Kevin95 »

A voir Verhoeven, on sent qu'il marche sur des œufs et qu'il ménage son producteur le mieux qu'il peut (par contre lui est chaud bouillant).
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Re: Paul Verhoeven

Message par El Dadal »

BEST NEWS EVER si ça se fait (j'ai pas envie de lui porter la poisse à Paulo)...
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Supfiction
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Re: Paul Verhoeven

Message par Supfiction »

El Dadal a écrit :BEST NEWS EVER si ça se fait (j'ai pas envie de lui porter la poisse à Paulo)...
Un nouveau film sur Jésus ne m'emballe pas plus que ça. Y aurait tellement d'autres sujets historiques qui pourraient être intéressants de passer à la moulinette Verhoeven.
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Re: Paul Verhoeven

Message par Flol »

Vu son approche du personnage de Jésus, ça peut donner quelque chose de passionnant.
Ce sera Saïd Ben Saïd le producteur ?
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Re: Paul Verhoeven

Message par Jack Carter »

Sa masterclass au Festival Toute la memoire du monde (à la Cinematheque Française), animé par JF Rauger

http://www.arte.tv/sites/olivierpere/20 ... verhoeven/
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Alphonse Tram
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Re: Paul Verhoeven

Message par Alphonse Tram »

Hommage au hollandais suite à cette info :

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:D


En passant, on peut trouver plein de photos de tournages - principalement de 70 à 90 - de la photographe Mary Ellen Mark (rip) sur son site.
Très beau n&b.
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Alexandre Angel
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Re: Paul Verhoeven

Message par Alexandre Angel »

Un peu en deçà de mes attentes personnelles mais néanmoins très très bon, Elle étonne et séduit de par la place étrange qu'il occupe désormais dans le paysage du cinéma français : celle émanant d'un regard transis d'une étrangeté qui était, beaucoup l'ont déjà souligné, celui de Luis Bunuel, lorsqu'il faisait grincer de très françaises marquèteries bourgeoises, avec la malicieuse complicité de Jean-Claude Carrière, au cours des années 70. C'est dans une veine similaire qu'Isabelle Huppert arpente l'ahurissante fiction qui constitue le postulat du film; traversée dont le détachement onirique rappelle celui des personnages bunueliens, alors même qu'ils rencontraient les situations les plus invraisemblables. Il y a également, dans Elle, quelque chose de la dernière manière d'Alain Resnais (et la présence d'Anne Consigny apporte un peu d'eau à ce moulin). Non seulement dans cette visitation par l'imaginaire de réalités bien de chez nous, dans cette façon particulière de faire suinter l'insolite d'une source dont un réalisateur banal n'aurait tiré rien que de très conventionnel, dans cette conclusion prenant pour cadre un cimetière mais aussi, et surtout, de par la qualité translucide, poétique du regard qui rend n'importe quel plan du film au moins intéressant à regarder. Ce sont là de belles références. Mais heureusement, avant tout, Verhoeven est Verhoeven et Elle porte la marque de sa manière particulière d'accueillir avec générosité les matériaux les plus hétérogènes pour les plier, les travailler à la manière de l'esthète, du peintre de la Renaissance que le hollandais a dû être dans une autre vie. De tous les cinéastes du monde, Verhoeven est un de ceux dont on reconnaît le style au physique de ces créatures. Marmoréennes, cireuses, "grévines" même, dotées de yeux souvent bleus verts, on les croisent dans tous les films du cinéastes qu'elles soient adipeuses (la "dondon" qui sert de cache à Schwarzenegger dans Total Recall ou la grosse go-go dancer de Showgirls) ou jolies (les poupées Barbie ou les "Action Joe" de Starship Troopers).
Ce qu'il y a de génial dans Elle se résume à l'incroyable traitement réservé à Isabelle Huppert, qui ne se contente pas d'être le joyau d'un écrin ciselé, mais se mue sous nos yeux en créature de l'orfèvre, étrange, inventive, fantasque. Vous savez quoi? Verhoeven lui donne peut-être son plus grand rôle.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Demi-Lune
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Re: Paul Verhoeven

Message par Demi-Lune »

Alexandre Angel a écrit :Un peu en deçà de mes attentes personnelles mais néanmoins très très bon, Elle étonne et séduit de par la place étrange qu'il occupe désormais dans le paysage du cinéma français : celle émanant d'un regard transis d'une étrangeté qui était, beaucoup l'ont déjà souligné, celui de Luis Bunuel, lorsqu'il faisait grincer de très françaises marquèteries bourgeoises, avec la malicieuse complicité de Jean-Claude Carrière, au cours des années 70. C'est dans une veine similaire qu'Isabelle Huppert arpente l'ahurissante fiction qui constitue le postulat du film; traversée dont le détachement onirique rappelle celui des personnages bunueliens, alors même qu'ils rencontraient les situations les plus invraisemblables. Il y a également, dans Elle, quelque chose de la dernière manière d'Alain Resnais (et la présence d'Anne Consigny apporte un peu d'eau à ce moulin). Non seulement dans cette visitation par l'imaginaire de réalités bien de chez nous, dans cette façon particulière de faire suinter l'insolite d'une source dont un réalisateur banal n'aurait tiré rien que de très conventionnel, dans cette conclusion prenant pour cadre un cimetière mais aussi, et surtout, de par la qualité translucide, poétique du regard qui rend n'importe quel plan du film au moins intéressant à regarder. Ce sont là de belles références. Mais heureusement, avant tout, Verhoeven est Verhoeven et Elle porte la marque de sa manière particulière d'accueillir avec générosité les matériaux les plus hétérogènes pour les plier, les travailler à la manière de l'esthète, du peintre de la Renaissance que le hollandais a dû être dans une autre vie. De tous les cinéastes du monde, Verhoeven est un de ceux dont on reconnaît le style au physique de ces créatures. Marmoréennes, cireuses, "grévines" même, dotées de yeux souvent bleus verts, on les croisent dans tous les films du cinéastes qu'elles soient adipeuses (la "dondon" qui sert de cache à Schwarzenegger dans Total Recall ou la grosse go-go dancer de Showgirls) ou jolies (les poupées Barbie ou les "Action Joe" de Starship Troopers).
Ce qu'il y a de génial dans Elle se résume à l'incroyable traitement réservé à Isabelle Huppert, qui ne se contente pas d'être le joyau d'un écrin ciselé, mais se mue sous nos yeux en créature de l'orfèvre, étrange, inventive, fantasque. Vous savez quoi? Verhoeven lui donne peut-être son plus grand rôle.
Crée un topic dédié...
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Alexandre Angel
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Re: Paul Verhoeven

Message par Alexandre Angel »

Done..mais j'arrive pas à supprimer celui du dessus (moderati, moderato?).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Paul Verhoeven

Message par Alphonse Tram »

Alexandre Angel a écrit :Done..mais j'arrive pas à supprimer celui du dessus (moderati, moderato?).
Pas grave. On créé un topic dédié pour les nouveaux films, mais il est toujours bon de donner son avis sur le topic réal :wink:
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Alexandre Angel
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Re: Paul Verhoeven

Message par Alexandre Angel »

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Spetters (ça veut dire quoi, au fait?) est une nouvelle découverte, pour moi, "verhoevennienne" en diable, et un nouvel emballement. Verhoeven conjugue ici tout ce qui constitue son talent : cette spontanéité plébéienne qu'il partage avec Fassbinder et Pasolini, voire, post-modernisme oblige, Kaurismaki, ce vitalisme indémodable, ce rythme, ce goût du baroque (et d'Hitchcock) qu'il partage avec Brian De Palma, ce sens irrécupérable du spectacle qui en fait une sorte de cinéaste hugolien, qu'il filme une course de motocross ou l'assaut de milliers d'arachnides numériques.
Verhoeven inocule du grandiose feuilletonesque dans les fictions, ensoleille le sordide de truculence, irradie le trivial le plus obscène d'innocence narrative. Véritable fureur de vivre aussi blafarde que pimpante, Spetters fuse de saillies filmiques à la sauce hollandaise, d'humeurs composites étonnantes, entre Krempoli et nouvelle vague tchèque, de saisissement de l'air du temps 1980 (Nina Hagen affichée dans le métro, Heart of Glass de Blondie feulant de façon subliminale au diapason du beau visage
Spoiler (cliquez pour afficher)
de salope
de Renée Soutendijk) et d'idées de mise en place aussi naturelles que stupéfiantes, coulant de source, toutes simples, comme ce moment, situé au début, qui présente Hans Von Tongeren, déboulant en "trial" sur le garage de ses potes. Une Coccinelle fait obstacle.. Là, pas de champ-contrechamp nous prouvant que la Volkswagen barre la route. Rien (prononcer "rienne") "surmonte" la caisse, juché sur sa moto, comme si elle n'était qu'un quelconque talus : c'est simple comme un coup de fil et pourtant, je n'avais jamais vu ça.. Cette spontanéité de l'action, si jaillissante qu'elle se trouve réalisée avant même qu'on la réalise, à tel point qu'on se demande si l'on ne rêve (ou cauchemarde) pas. Le cinéma de Verhoeven est décidemment indécidable, perclus d'ironie et, dans le même temps, imprégné de croyances occultes en certains sortilèges cinématographiques.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Paul Verhoeven

Message par Demi-Lune »

Très bon, effectivement, Spetters. Et très bonne analyse, Alexandre. Exceptionnellement, je me permets de citer mon commentaire d'il y a quelques années, parce qu'on ne parle pas assez de ce film au sein de la carrière de Verhoeven, alors que c'est probablement le film qui a su le mieux illustrer la crise sociale qui frappe le Nord à l'orée des années 80, et que c'est un film-pivot dans la trajectoire du cinéaste. C'est pour moi l'aboutissement du style provocateur de Verhoeven à cette époque, le dernier film avant le cynisme et le premier à considérer aussi sévèrement ses personnages. Là où je ne te rejoins pas, par contre, Alexandre, c'est sur ta lecture du personnage de Marie-couche-toi-là de Renée Soutendijk (autant Rutger Hauer est le visage masculin de la période hollandaise, autant elle, pourrait être son pendant féminin tant elle marque ce film-ci et le suivant, Le quatrième homme). Ainsi que je l'écrivais,
En filigrane, Spetters pose l'interrogation récurrente de l’œuvre de Verhoeven : jusqu'où est-on prêt par arrivisme, et d'ailleurs, qu'est-ce que l'arrivisme ? Emblématique est à ce titre le personnage de Fientje, la vendeuse de frites, qui se prostitue pour le moindre début d'espoir de vie meilleure - un personnage écœurant, a priori irrécupérable, mais dont l'arrivisme forcené (miser sur le bon cheval dès que le vent tourne) semble toujours plus ou moins tempéré par l'échec d'une vie malchanceuse et des sentiments qu'elle dissimule sous un masque dénué de scrupules.
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Re: Paul Verhoeven

Message par Alexandre Angel »

Demi-Lune a écrit :Là où je ne te rejoins pas, par contre, Alexandre, c'est sur ta lecture du personnage de Marie-couche-toi-là de Renée Soutendijk
Mais j'en dis rien du tout!! Oui, bon, je lui accole un petit nom en spoiler mais c'est une façon immature de dire que je la trouve sexy :mrgreen: Et puis, comme tu le dis toi-même, question "capital sympathie", c'est pas immédiatement dans la poche même si Verhoeven nous la rend finalement attachante et ce n'est pas là le moindre de ses talents.
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Re: Paul Verhoeven

Message par Max Schreck »

Alexandre Angel a écrit : Spetters (ça veut dire quoi, au fait?)
De ce que j'ai cru comprendre : "éclaboussures" (comme un crachat à la gueule). Plutôt approprié.
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