Un parfum de scandale

Margo · Message par **Margo** » 14 avr. 03, 15:59

Dave Garver a écrit :[j'ai revu Straw dogs la semaine dernière (je viens de recevoir le Criterion) le film a gardé une force incroyable, Peckinpah m'a touché pendant tout le film. Les images et les propos qu'il offre sont atroces... L'être humain est relégué à un état animal.

J'en ch*#e pour finir ma critique mais la chronique du Criterion ne saurait tarder. D'ici une semaine sur le site...

Jordan White · Message par **Jordan White** » 14 avr. 03, 17:47

A la base le rôle du parfum c'est d'avoir un côté évanescent non ? Un parfum de scandale c'est la plupart du temps construit sur des "à priori" et des raccourcis construits pour faire bouger les gens et les secouer. On en trouve aussi construits de toutes pièces ( il y en a un exemple récent qui tenait d'ailleurs davantage du "démontage" que du scandale au sens figuré).
Un scandale c'est un évènement inscrit dans un temps et dans une période qui marque souvent une frontière entre les "anti" et les "pro". Ca c'est déjà vu à plusieurs reprises. Le scandale de La Grande Bouffe en 73 est révélateur d'un changement d'esprit lié à son contexte politique et d'une certaine étroitesse d'esprit à une époque où montrer une bourgeoisie vacillante et autodestructrice était plutôt mal vu et conçu comme une satire insupportable aux yeux de certains. Le film se transforme en pamphlet génial.
Je pense qu'il peut exister des scandales magnifiques par ce qu'ils apportent du point de vue sociologique et historique. Un film comme Salò ou les 120 journées de Sodome qui provoque un scandale énorme à sa sortie a une portée plus importante que le cadre stricto sensu du cinéma. Le film parle au nom d'une liberté d'expression mais aussi au nom d'une certaine forme de représentation politique. C'est l'un des seuls films qui a risqué d'être brûlé pour ce qu'il montrait, fait assez rare. Il y a aussi des scandales ridicules qui se basent sur une scène litigeuse, et dont personne ne retiendra l'impact, aussitôt oubliés parfois.

Philip Marlowe · Message par **Philip Marlowe** » 15 avr. 03, 10:21

A propos d'Orange Mécanique, si il est clair qu'il est moins choquant maintenant, et qu'on est habitué à plus violent, le film lui-même n'a pas trop vieilli, dans le sens où il est toujours très apprécié. J'ai des amis qui ne sont pas de grands cinéphiles et qui pourtant en sont fans.

John Anderton · Message par **John Anderton** » 15 avr. 03, 14:54

Si ORANGE MECANIQUE a vieilli, c'est au niveau visuel. Pas quant à son propos. Mais déjà à l'époque, ce devait être une oeuvre assez en décalage par rapport à son temps, donc quoi de plus normal que le film vieillisse esthétiquement. Peu importe, de toute façon. Les prétentions de Kubrick se situaient ailleurs...

Martin Quatermass · Message par **Martin Quatermass** » 15 avr. 03, 14:56

John Anderton a écrit :Si ORANGE MECANIQUE a vieilli, c'est au niveau visuel. Pas quant à son propos. Mais déjà à l'époque, ce devait être une oeuvre assez en décalage par rapport à son temps, donc quoi de plus normal que le film vieillisse esthétiquement. Peu importe, de toute façon. Les prétentions de Kubrick se situaient ailleurs...

je suis d'accord avec toi, c'est encore d'actualité aujourd'hui parce qu'hélas la violence de la société existe toujours. En cela, le film était précurseur en 71, aujourd'hui il est un peu dépassé.

Leopold Saroyan · Message par **Leopold Saroyan** » 15 avr. 03, 16:24

Nikita a écrit :
Leopold Saroyan a écrit :Crash ne perdra surement jamais de sa superbe tant la narration de ce film est originale et décalée. Même si de nos jours, le sexe est un sujet de moins en moins tabou, je pense que ce qui a frappé voire choqué beaucoup de spectateurs est cette construction narrative.
Ce qui a également dérangé dans Crash, peut être pas choqué mais définitivement dérangé, c'est justement une représentation intime de la sexualité, chose rarement faite au cinéma : on avait vraiment l'impression d'assister à des ébats et non une performance ...

Tu trouves? je suis assez étonné que tu penses cela car je trouve les ébats particulièrement hors-normes, assez extraordinaires: que ce soit ceux du couple Ballard dont les relations sexuelles sont "spéciales" diront-nous, les scènes lesbiennes ou avec la prostituée dans la voiture.
Je pense personnellement, qu'au contraire c'est aussi à travers cette vision de la sexualité décalée que Cronenberg a choqué.

Billy Budd · Message par **Billy Budd** » 15 avr. 03, 16:34

Leopold Saroyan a écrit :
Nikita a écrit :
Ce qui a également dérangé dans Crash, peut être pas choqué mais définitivement dérangé, c'est justement une représentation intime de la sexualité, chose rarement faite au cinéma : on avait vraiment l'impression d'assister à des ébats et non une performance ...
Tu trouves? je suis assez étonné que tu penses cela car je trouve les ébats particulièrement hors-normes, assez extraordinaires: que ce soit ceux du couple Ballard dont les relations sexuelles sont "spéciales" diront-nous, les scènes lesbiennes ou avec la prostituée dans la voiture.
Je pense personnellement, qu'au contraire c'est aussi à travers cette vision de la sexualité décalée que Cronenberg a choqué.

Nous sommes absolument d'accord (?) : ils sont hors normes s'agissant de la représentation du sexe mais ces scènes bcp plus réalistes que celles de n'importe quel film hollywoodien et donc pas hors normes mais intimes or l'intimité et le sexe, qui vont en général de pair dans la réalité, sont traités de façon totalement dichotomique au cinéma : on a soit du sexe soit une scène intime, dans Crash c'est les deux en même temps

Ouf Je Respire · Message par **Ouf Je Respire** » 15 avr. 03, 16:37

Tiens au fait, question, où peut on se procurer "Les Diables"?

Leopold Saroyan · Message par **Leopold Saroyan** » 15 avr. 03, 16:39

Nikita a écrit :Nous sommes absolument d'accord (?) : ils sont hors normes s'agissant de la représentation du sexe mais ces scènes bcp plus réalistes que celles de n'importe quel film hollywoodien et donc pas hors normes mais intimes or l'intimité et le sexe, qui vont en général de pair dans la réalité, sont traités de façon totalement dichotomique au cinéma : on a soit du sexe soit une scène intime, dans Crash c'est les deux en même temps

Très intéressant; c'est vrai qu'en te lisant je pense surtout à la scène(censurée aux Etats-Unis) où le couple Ballard fait l'amour de façon "classique" et cette relation s'accompagne de dialogues plutôt salés, chose assez frappante la première fois que l'on voit le film.

Billy Budd · Message par **Billy Budd** » 15 avr. 03, 16:41

Leopold Saroyan a écrit :
Nikita a écrit :Nous sommes absolument d'accord (?) : ils sont hors normes s'agissant de la représentation du sexe mais ces scènes bcp plus réalistes que celles de n'importe quel film hollywoodien et donc pas hors normes mais intimes or l'intimité et le sexe, qui vont en général de pair dans la réalité, sont traités de façon totalement dichotomique au cinéma : on a soit du sexe soit une scène intime, dans Crash c'est les deux en même temps
Très intéressant; c'est vrai qu'en te lisant je pense surtout à la scène(censurée aux Etats-Unis) où le couple Ballard fait l'amour de façon "classique" et cette relation s'accompagne de dialogues plutôt salés, chose assez frappante la première fois que l'on voit le film.

Exactement - j'ignorais qu'elle avait été censurée auw EU mais cela ne m'étonne guère : j'ai vraiment eu l'impression d'être chez un couple qui faisait l'amour et qui ignorait totalement qu'on le regardait

Leopold Saroyan · Message par **Leopold Saroyan** » 15 avr. 03, 16:45

Nikita a écrit :Exactement - j'ignorais qu'elle avait été censurée auw EU mais cela ne m'étonne guère : j'ai vraiment eu l'impression d'être chez un couple qui faisait l'amour et qui ignorait totalement qu'on le regardait

La scène est complètement charcutée et perd tout son intérêt sur le montage Américain; on ne les voit que furtivement à l'acte et toute la partie du sperme salé est censurée. C'est bien dommage. C'est pour moi l'un des plus beaux moments du film, qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler une scène similaire entre James Woods et Debbie Harry dans Videodrome.