Beule a écrit :Momo la crevette a écrit :
Comment peux-tu critiquer ses choix esthétiques ou narratifs alors que ce qui caractérise Soder. c'est justement d'en changer à chaque film ?
C'est bien ce qui me gène et ce que je cherchais à stigmatiser chez lui, ce style caméléon: une tentation pour un symbolisme visuel très basique, presque illustratif, qui témoigne d'une absence totale de point de vue sur les matériaux adaptés; l'apanage des purs tacherons dans mon esprit.
Tu détestes donc à la fois ses choix esthétiques, que ce soit "Sexe, mensonge...", "Traffic", "ocean's..." et "Erin..." ?
Et tu détestes ses choix narratifs, que ce soit le récit déstruturé de "L'anglais" ou le classicisme de "Erin brokovitch" ?
Momo
Je n'arrive même pas à détester, je le trouve totalement insignifiant. Ce qui m'horripile c'est qu'aujourd'hui un artiste de cette trempe puisse bénéficier d'une telle considération.
Je ne vois aucun classicisme ceci dit dans la mise en scène très fonctionnelle
d'Erin Brokovich. Un sommet de manichéisme primaire oui, sans problème: tout le "message" semble s'y exprimer par les attributs de la forme et de l'apparence, sans dédaigner la pire morphopsychologie, pour tendre vers les canons d'une dramatique télévisuelle US lambda. Ce Erin Brokovich là, oui, je le méprise totalement, au même titre que la "performance" de son actrice oscarisée qui repose exclusivement sur la notion d'expressivité corporelle.
Quant à cet éclatement narratif, voire le recours à la construction cyclique qui caractérise par exemple son navet avec Clooney et Jennifer Lopez (oublié le titre
edit:
Out of sight ) je n'y vois guère plus qu'un paliatif à une incompétence notoire en matière de narration dramatique dans la mesure où cette construction n'aboutit qu'à de vaines reitérations vide de sens. Ce maniérisme qui pouvait faire illusion pour les errances de
Kafka ou une introspection comme
King of the hill ne me semble plus tenir pour un divertissement aussi basique et formaté.
J'espérais que
L'Anglais m'aurait permis de relativiser un peu ce jugement (je ne sais pourquoi -Stamp?- je l'espère toujours teinté de l'ironie et du style sans affeterie d'un
The hit par ex), mais ce que tu m'en dis me fait un peu l'effet d'une douche froide.
Bref pour moi Soderbergh c'est le cinéaste de l'image clinquante et signifiante, vite décryptable et consommable, telle que forgée par l'imagerie publicitaire et télévisuelle. En ce sens il est bien de son époque. Personnellement je passe, et après son Solaris qui m'a laissé atterré, je n'y reviendrai plus.