Claude Lelouch

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Grimmy
Régisseur
Messages : 3140
Inscription : 1 févr. 04, 11:25

Re: Claude Lelouch

Message par Grimmy »

J'aime bien "A nous deux" moi. Je sais que c'est raté, je trouve que le couple Dutronc-Deneuve ne fait pas des étincelles (alors que sur le papier ça promettait ! ) mais je l'aime bien quand même.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Grimmy a écrit : 17 nov. 22, 15:32 J'aime bien "A nous deux" moi. Je sais que c'est raté, je trouve que le couple Dutronc-Deneuve ne fait pas des étincelles (alors que sur le papier ça promettait ! ) mais je l'aime bien quand même.
Ca fait deux fois que je tente et je m'y ennuie toujours autant :(
Grimmy
Régisseur
Messages : 3140
Inscription : 1 févr. 04, 11:25

Re: Claude Lelouch

Message par Grimmy »

Sinon d'accord pour le mal aimé "Si c'était à refaire". Mise en scène au top et Catherine Deneuve au sommet de sa beauté (allez de 1975 à 1986 elle est la plus belle femme du monde). Deneuve n'est jamais meilleure que dans les comédies où elle joue de sa séduction. Elle est parfaitement consciente de sa beauté et quand son rôle joue avec ça, elle peut être non seulement drôle mais en plus à l'opposée de l'étiquette beauté froide qu'on lui colle sur le dos. Comme "Le sauvage" ou "Courage fuyons" ou encore "Zig Zig" mais là le film est nul.
Avatar de l’utilisateur
Erich
Assistant(e) machine à café
Messages : 126
Inscription : 10 nov. 17, 20:46

Re: Claude Lelouch

Message par Erich »

Grimmy a écrit : 18 nov. 22, 11:48 Sinon d'accord pour le mal aimé "Si c'était à refaire". Mise en scène au top et Catherine Deneuve au sommet de sa beauté (allez de 1975 à 1986 elle est la plus belle femme du monde). Deneuve n'est jamais meilleure que dans les comédies où elle joue de sa séduction. Elle est parfaitement consciente de sa beauté et quand son rôle joue avec ça, elle peut être non seulement drôle mais en plus à l'opposée de l'étiquette beauté froide qu'on lui colle sur le dos. Comme "Le sauvage" ou "Courage fuyons" ou encore "Zig Zig" mais là le film est nul.
OUi, Si c'était à refaire est une très jolie réussite, davantage que A nous deux, l'autre film de Lelouch avec Deneuve. Lelouch lui-même n'est pas satisfait de A nous deux : "Ce film est loin d'être une réussite", écrit-il dans son livre Itinéraire d'un enfant très gâté, échec qu'il attribue en partie à son erreur d'avoir pensé que le couple Deneuve-Dutronc ferait merveille : "Pourtant, entre mes deux interprètes, la mayonnaise n'a pas pris. Leurs univers respectifs n'ont pas semblé les intéresser. Je suis le seul responsable de cette erreur d'appréciation."
Lelouch évoque aussi "le sentiment étrange et un peu frustrant d'être passé à côté de Catherine Deneuve. (...) Catherine a été exceptionnelle dans les figures imposées, mais ne m'a pas offert de figures libres. En d'autres termes, elle ne m'a pas donné plus que ce que je lui demandais. Je plaide coupable. C'est moi, sans doute, qui n'ai pas su obtenir d'elle ce supplément d'âme. Moi, sûrement, qui n'ai pas été à la hauteur (...) je n'ai pas le sentiment que nos deux rencontres aient livré leurs fruits."
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

L'imposant et indispensable coffret Lelouch testé par Stéphane Beauchet

Grâce à son contenu, j'ai pu passer un mois de novembre très agréable en compagnie du cinéaste, totalement le réévaluer et découvrir que même après les années 70 il a continué à faire un cinéma qui dans l'ensemble me plait beaucoup.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Voilà donc mon bilan de l'intégrale des longs métrages du réalisateur :

J'adore

Un Homme et une femme (1966)
Un homme qui me plaît (1969)
Toute une vie (1974)
Si c'était à refaire (1976)
Un autre homme, une autre chance (1977)
Partir, revenir (1985)
Itinéraire d'un enfant gâté (1988)
Un + une (2015)

J'aime beaucoup

L'Amour avec des si (1962)
Vivre pour vivre (1967)
Le Voyou (1970)
Les Misérables (1994)
Hasards ou coïncidences (1998)

J'aime bien

L'Aventure, c'est l'aventure (1972)
La Bonne année (1973)
Le Chat et la souris (1975)
Le Bon et les méchants (1975)
Robert et Robert (1978)
Les Uns et les autres (1981)
Un Homme et une femme : Vingt ans déjà (1986)
Attention bandits ! (1987)
Tout ça... pour ça ! (1993)
Une pour toutes (2000)
Roman de gare (2007)
D'un film à l'autre (2011)
Salaud, on t'aime (2014)
Chacun sa vie (2017)

J'aime un peu

Une Fille et des fusils (1964)
La vie, l'Amour, la Mort (1968)
Smic Smac, Smoc (1971)
Il y a des jours... et des lunes (1990)
Hommes, femmes : mode d'emploi (1996)
Les Parisiens (2004)
Le Courage d'aimer (2005)
Ces Amours-là (2010)
Les plus belles années d'une vie (2019)
La Vertu des impondérables (2019)

Bof

La Femme spectacle (1963)
Treize jours en France (1968)
La Belle histoire (1992)
L'amour c'est mieux que la vie (2021)

Je n'aime pas

Mariage (1974)
A nous deux (1979)
Edith et Marcel (1983)
Viva la vie (1984)
And now... ladies and gentlemen (2002)
Avatar de l’utilisateur
odelay
David O. Selznick
Messages : 13142
Inscription : 19 avr. 03, 09:21
Localisation : A Fraggle Rock

Re: Claude Lelouch

Message par odelay »

Un sacré boulot! Merci
Avatar de l’utilisateur
La Scoumoune
Doublure lumière
Messages : 696
Inscription : 4 août 04, 09:26

Re: Claude Lelouch

Message par La Scoumoune »

Oui , merci et bravo pour ce travail de titan. Très instructif!
Avatar de l’utilisateur
Thesix
Assistant opérateur
Messages : 2235
Inscription : 27 juil. 19, 19:18

Re: Claude Lelouch

Message par Thesix »

Oui, chapeau, et merci !
Si on passe AC/DC, je quitte la pièce (J. Jarmusch)
Et Amazon, c'est toujours le mal (et l'internet haut débit, et Google...)
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

L'amour avec des si - 1962

Un condamné à perpétuité réussit à s’échapper de la prison de la Santé et à fuir après avoir volé une voiture... Un homme au volant de sa DS sur les routes enneigées du Pas de Calais écoute en pleine nuit les infos à la radio où l’on évoque cette évasion d’un sadique ayant commis plusieurs viols sur mineures. La description correspond parfaitement à l’auditeur. Ce dernier, lors d’un arrêt dans un bistrot, ayant compris que la charmante jeune femme présente avec lui dans le bar voyageait en autostop, n’hésite pas à lui proposer ses services…

Ayant en 2022, grâce au monumental et superbe coffret que nous a concocté l’éditeur Metropolitan, visionné chronologiquement en son intégralité la filmographie de Claude Lelouch et m’en étant régalé, je voulais dans un premier temps revenir sur son premier long métrage toujours visible, L’amour avec des si, qui avait déjà en germe une grande partie de l’œuvre à venir du cinéaste ; un corpus évidemment inégal avec ses hauts et ses bas mais cependant tout à fait passionnant même après les seventies contrairement à l’idée que beaucoup auraient pu se faire à la lecture d’une bonne partie de la critique française comme quoi Lelouch n’aurait presque plus rien signé de potable durant ces 40 dernières années. Le cinéaste ayant été vilipendé dès ses débuts, on fera surtout confiance à ses admirateurs fidèles qui continuent à prendre du plaisir devant la plupart de ses films. M’étant longtemps laissé influencer moi aussi par mes lectures, j’en suis revenu après avoir approfondi le sujet et je fais désormais partie de ceux qui voient au contraire en Lelouch un excellent réalisateur, sa fantaisie, sa sincérité et son enthousiasme communicatif rejaillissant souvent à l’écran.

Rarement échec aura été aussi cinglant pour un jeune cinéaste que le coup d’essai de Claude Lelouch, Le Propre de l’homme, qui n’attira que 26 spectateurs payants ! Peu s’en seraient relevés. Un bide retentissant et un accueil critique catastrophique qui auraient pu stopper net la carrière de Lelouch si son amour immodéré du cinéma n’avait pas été aussi fort. Le producteur Pierre Braunberger qui lui gardait toute sa confiance lui propose alors de réaliser des scopitones, les ancêtres des clips vidéo. Il en signera une bonne centaine qui furent pour lui une ‘bouffée financière’ incroyable. Obligé avec des bouts de ficelle d’être astucieux et débrouillard, ce fut aussi sa seule école de cinéma, lui qui, autodidacte, n’en a jamais fréquenté d’officielles, sa seule école dit-il souvent ayant été de voir des milliers de films en salles. Non seulement Lelouch paie ses dettes grâce à ce travail mais il retrouve aussi une grande envie de se relancer dans le cinéma au point de tourner un nouveau long métrage sans l’aide du CNC, en à peine deux semaines et avec seulement 100.000 francs, avec le fol espoir de pouvoir prouver aux journalistes qu’il était capable de se relever d’un échec quasiment historique. Il faudra cependant attendre Un homme et une femme pour cette reconnaissance qui ne fit malheureusement pas long feu, une majorité ayant sans doute eu honte de s’être laissé séduire et (ou) avoir par cette ‘bluette factice’ (avis que je ne partage évidemment pas).

"C'est Pierre Braunberger qui a vu le film en premier. Il est sorti de la projection sur un petit nuage. Il m'a pris à part : « C'est du cinéma, vous êtes un cinéaste, mais étant donné que vous avez eu une très mauvaise presse pour votre premier film, il vous faudra quarante ans pour vous en remettre. J'ai une idée : plutôt que d'entamer un bras de fer en France, allez présenter votre film en Suède, où une Semaine du Cinéma Français est organisée dans deux mois ». Le film a été projeté et il a fait un triomphe. Je me souviens que les Suédois avaient également projeté Les Parapluies de Cherbourg qui avait été très moyennement accueilli " dira Claude Lelouch qui obtiendra un soutien de poids à l’époque, celui d’Ingmar Bergman, conquis plus que par le film lui-même, par le travail de réalisation de Lelouch. L'exploitation suédoise permit à elle seule de couvrir les frais engagés. Mais comme Lelouch le redoutait, ce fut un nouveau rejet de la critique française et l’exploitation hexagonale se limita à l'unique salle dont Pierre Braunberger était propriétaire, le Panthéon.

L’idée de L’amour avec les si était venue à Claude Lelouch alors qu’en écoutant la radio, suite à la description que les journalistes faisaient d’un meurtrier en cavale, il s’était reconnu dans ce portrait. Quoiqu’il en soit, je ne vous dirais absolument rien de plus de l’histoire du film écrite en 10 jours par Lelouch avec son fidèle compère Pierre Uytterhoeven, tellement le film repose pour sa découverte sur un twist étonnement réjouissant. A la limite, mieux vaudrait y aller vierge de toutes informations au point de ne même pas lire le pitch. Vous allez peut-être me rétorquer avec raison que les films qui ne tiennent que sur l’astuce d’un twist supportent difficilement une deuxième vision rapprochée ; certes le suspense qu’il pouvait y avoir à sa découverte se sera évaporé à la revoyure mais la réussite du film est prouvée par le fait que le plaisir est néanmoins toujours de la partie. Une seconde vision vous le fait appréhender d’un regard totalement différent à tel point que l’impression qui domine est presque d’en avoir vu un autre. Tout ceci pourra vous paraitre opaque sans encore rien connaitre du film ; tout comme sa différente manière de le percevoir en ne lisant que son titre faisant penser à une comédie romantique ou au contraire que son pitch qui nous aura fait plutôt pencher vers le thriller. Qu’attendre alors de ce premier long métrage visible de Claude Lelouch ? Sachez que rien d’autre ne sera dévoilé ici sur le fond au risque de gâcher la vision du film, si ce n’est que ce pourrait être une espiègle réflexion sur les trompeuses apparences. Ce qu’il en résulte est que dès ce film, le réalisateur sera passé maître en manipulation de spectateurs. Pas une manipulation malsaine mais au contraire assez jouissive.

Lelouch n’a beau jamais avoir été intégré à la Nouvelle Vague, le style de L’amour avec des si fait énormément penser aux films de Godard et notamment A bout de souffle, sans que ses expérimentations en fassent un film inaccessible et austère, tout au contraire ! Cassures narratives, jeux sur le son, les cadrages et l’image, incongruités du montage (comme cette idée cocasse du montage parallèle entre les images du débarquement et celles de la jeune femme courant entre les blockhaus), digressions nombreuses, séquences inutiles et parfois trop longues mais tellement ‘cinégéniques’ qu’elles en deviennent assez jubilatoires (voire la poursuite en voiture sur les routes enneigés du Nord de la France), intrusion du documentaire au sein de la fiction, la caméra à l’épaule, la caméra subjective, positionnement politique (contre la maltraitance animale, la guerre d’Algérie ou la peine de mort, sujet sur lequel il réalisera un film, La Vie, l’amour, la mort)… On se rapproche donc beaucoup d’une certaine tendance de la Nouvelle Vague. Mais contrairement aux films de ‘l’intelligentsia’ du mouvement (que je ne renie absolument pas car j’en suis également friand), le cinéma de Lelouch est plus facile d’accès, plus populaire dans le sens noble du teme, témoin son utilisation de musique de variété dont deux chansons signées Danyel Gérard ou encore ce scoptione des Brutos avec Aldo Maccione en membre de ce groupe totalement improbable.

Au final, un patchwork très attachant à l’image du cinéaste et de son œuvre. Un film dans lequel la radio pourrait être vue comme un personnage à part entière, comme on le verra encore dans Un Homme et une femme ; mais comme ce sera encore le cas dans sa Palme d’or, de la radio mise en images par tout un fatras de choses différentes comme des micros-trottoirs de Jacques Martin, des images fixes, des ‘clips’ ainsi que des images d’archives… Ces multiples expérimentations ne sont pas forcément toutes d’une grande subtilité (les effets de zooms), certains dialogues feront grincer des dents (notamment sur la thématique du viol), certains tics paraitront un peu agaçants et l’ensemble encore balbutiant ; il s’agit cependant d’une espèce de Road Movie tout à fait délicieux au concept tout aussi original que mystificateur au cours duquel Lelouch semble s'être régalé de bout en bout, mettant parfaitement en valeur les paysages très photogéniques d’une France du littoral sous la neige.

A signaler enfin que ses deux comédiens principaux, la piquante Janine Magnan ainsi que Guy Mairesse sont tous deux excellents dans ce modeste film au charme fou, rafraichissant et bouillonnant d’idées, aussi expérimental qu’accessible à tout public et ayant parfaitement réussi à capter l’air du temps, en faisant par la même occasion un captivant document sociologique. Dès ses débuts, Lelouch impose avec humour, énormément de fantaisie, d’audace, d’énergie et de générosité ainsi qu’avec un goût immodéré pour l’expérimentation, sa façon d’écrire et de filmer qui perdureront tout au long de sa fructueuse et captivante carrière.
mannhunter
Laspalès
Messages : 17390
Inscription : 13 avr. 03, 11:05
Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
Contact :

Re: Claude Lelouch

Message par mannhunter »

Le réalisateur revend son manoir pour financer son prochain film:

https://www.bfmtv.com/normandie/calvado ... 80212.html
Avatar de l’utilisateur
El Dadal
Producteur Exécutif
Messages : 7301
Inscription : 13 mars 10, 01:34
Localisation : Sur son trône de vainqueur du Quiz 2020

Re: Claude Lelouch

Message par El Dadal »

Lelouch, c'est un peu notre Coppola quoi.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Chronique de L'amour avec des si, le premier long métrage (restant) de Lelouch
Grimmy
Régisseur
Messages : 3140
Inscription : 1 févr. 04, 11:25

Re: Claude Lelouch

Message par Grimmy »

"Mariage" et "A nous deux" chez moi ça passe crème. Par contre je mettrais tous les "J'aime un peu" de Jeremy dans "Je n'aime pas".
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Un peu fatigué à sa découverte, revu à l'instant Un autre homme, une autre chance avec un plaisir énorme. L'un des plus beaux westerns des années 70.
Répondre