Claude Lelouch

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Roilo Pintu
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Re: Claude Lelouch

Message par Roilo Pintu »

J’ai pris beaucoup de plaisir avec Lelouch ces derniers temps. D’abord avec La bonne année (1973), où Lelouch reste joueur avec les spectateurs. Une scène d’introduction qui sème la confusion (que regarde-t-on? est-ce le bon film?), un jeu sur la couleur et le noir et blanc qui brouille la temporalité du film, un coup du sort pour un prisonnier exemplaire (?) qui devient une manipulation, une chanteuse célèbre devant son double transformiste, un film de braquage qui tourne au film romantique, un as du braquage méticuleux qui devient négligeant, tout est fait pour brouiller les pistes et déjouer les attentes du spectateur, ou les combler grâce à la presence de Ventura (solide, imperial, séducteur, grave, malicieux, joueur….), la sublime Fraçoise Fabian, et le toujours et désormais regretté Charles Gérard. Le film se termine sur une scène magnifique, sobre, simple, comme bien souvent chez Lellouch. Un moment grave, de doute, de vérité, peu de dialogue, des échanges de regard, et le retour des sentiments fort.

Le plaisir continue ensuite avec les histoires de Jean Louis Duroc et Anne Gauthier, revision d’Un homme et une femme (1966), auquel je suis toujours sensible, une histoire qui développe tout un langage amoureux, ne reposant pas uniquement sur les mots, mais égalements les gestes, parfois les plus anodins, la musique se mêle aux réflexions, aux regards, et transcendent le film. L’émotion avant tout, au milieu d’une vérité, d’une spontanéité, d’une intimité. Ils sont beaux et magnifiques!

Pour la suite, Un homme et une femme, vingt ans déjà (1986), c’est un peu différent. Découverte tardive.
Claude Lelouch avait une confiance énorme en lui pour se lancer dans ce pari fou, les moyens sont là, et restent impressionnant, de la figuration en pagaille, un récit qui part en plein désert, une ouverture sur une poursuite en voiture – qui reste impressionnante encore. Des idées dingues qui ressemblent aux ambitions folles de Lelouch, mais qui oublie l’essentiel, la simplicité, un sentiment qu’on retrouve – et avec grand plaisir – dans la scène des retrouvailles, dans un restaurant. La scène est de courte durée, mais dans cet instant précis, on y retrouve la simplicité et la vérité du couple. Lelouch raconte que s’il avait été seul producteur, s’il avait été encore plus fou, le film n’aurait tourné qu’autour de cette scène, que sur cette scène. Il en décide autrement, et complexifie inutilement son histoire. Une affaire criminelle s’y rajoute, et se mêle au récit qui de la fabrication du film qu’Anne Gauthier produit, Jean Louis et Anne ont continués leurs vies séparées avec de nouvelles rencontres, qui viennent compliquer leurs retrouvailles, mais en fait on s’en moque un peu. Même la musique est horrible.

En 2019, Claude Lelouch fait le choix heureux de revenir sur ses personnages fétiches, de quoi faire oublier le film de 1986, jusque dans son récit. Cette parenthèse – vingt ans déjà.. – n’a jamais existé, Claude Lelouch fait table rase, Les plus belles années d’une vie fait oublier rapidement la dernière rencontre manquée (a-t-elle vraiment eu lieu ?). Le couple Jean-Louis Trintignant (son timbre, son regard, sa malice) et Anouk Aimée (sa beauté, ses gestes, sa voix) restent magique. Les sourires malicieux, l’espièglerie, le respect, les souvenirs, l’évidente complicité, inoxydable au bout de 53ans. Ensemble pour toujours. Même si il fut de courte durée, même si il n’a pas duré, on sent que l’amour a toujours duré, prêt à attendre son retour, caché dans les souvenirs d’une mémoire capricieuse, qui n’en fait qu’à sa tête. Il faut rassembler les souvenirs, garder les meilleurs, les assembler, se souvenir, profiter, s’aimer. Les images du passé s’invitent dans le récit, les symboles, tout concourt à entretenir une nostalgie, mais aussi à regarder devant soi. Les souvenirs qui reviennent par brides, qui s’entrechoquent, pour les personnages, et les spectateurs, avec une extrême simplicité, de manière assez fluide, tout ça rend le film assez touchant.

Un homme et une femme n’est pas le seul film à se mêler au montage des Plus belles… le court métrage sur la traversée folle et à pleine vitesse au cœur de Paris s’invite judicieusement au récit.
Avec une tendresse évidente pour ses acteurs, ses personnages, Lelouch revient à l’essentiel, et permet d’apporter un deuxième chapitre bien plus satisfaisant.
Un film beau, émouvant, optimiste.
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Jeremy Fox
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Attention bandits - 1987


Mozart (Patrick Bruel), chef d’une bande de jeunes voyous, propose à Simon Verini dit ‘l’expert’ (Jean Yanne) d’écouler des bijoux qu’il vient de voler lors d’un casse chez Cartier. Verini accepte d’aller les refourguer à Amsterdam mais le soir où il devait partir son épouse se fait enlever, les mystérieux kidnappeurs demandant la valise de bijoux en contrepartie de l’otage. Mais l’échange se transforme en drame, la femme de Verini se faisant tuer par le malfrat. Ne se sentant plus en sécurité, avec Charles (Charles Gérard), son complice de toujours, il décide d’aller placer sa fille Marie Sophie dans une pension en Suisse. Il ne fallait effectivement pas tarder car dès le lendemain, les deux hommes sont arrêtés pour la détention du butin Cartier et sont internés à Fresnes durant 10 ans, Verini jurant de se venger à sa sortie de prison…

Après une décennie 70 constituée par un corpus de films les plus souvent assez modestes dans leurs conceptions et réalisations, globalement appréciés autant par le public que la critique, Claude Lelouch s’est lancé dès le début des années 80 - en commençant par son immense succès Les Uns et les autres - dans des fresques jugées souvent mégalomaniaques et qui n’ont pas fait parler d’elles qu’en bien, comme souvent chez Lelouch, génie créatif côtoyant et se mélangeant même avec le ridicule, ce dernier s’invitant désormais un peu trop souvent aux goûts de beaucoup, surtout dans Viva la Vie ou Partir revenir. Puis ce sera le cuisant échec de la suite qu’il donnera à son célèbre Un homme et une femme, le cinéaste ayant ensuite décidé d’en revenir à un peu plus de simplicité et de linéarité avec Attention bandits, un film policier comme il en avait déjà réalisé quelques-uns précédemment, un peu dans la lignée de Le Voyou, La Bonne année ou Le Chat et la souris, Lelouch montrant à chaque fois une affection toute particulière pour ces marginaux ou voyous sympathiques, L’aventure c’est l’aventure en étant aussi l’un des meilleurs exemples.

Pour en revenir à cette cuvée polar 87, finis les défilés de stars et la multiplication de personnages ; terminés les mosaïques temporelles et embouteillages narratifs ; oubliés les scénarios trop alambiqués et les destins qui s’entrecroisent ; calmées les pirouettes avec la caméra… Il s’agit avec Attention bandits d’une sorte de retour aux sources pour le réalisateur avec un simple récit de vengeance et de relation père-fille allant à un rythme assez nonchalant ; une histoire portée par le regard humain et généreux que pose le réalisateur sur ses personnages et par son talent jamais remis en cause pour la direction d’acteurs, Lelouch n’ayant par ailleurs pas renoncé à sa candeur souvent rafraîchissante mais qui en irritera toujours autant certains. Ici donc Verini (Jean Yanne), un receleur, bon bougre cinquantenaire, mari aimant et père de famille attentionné, qui accepte de refourguer des bijoux dérobés chez Cartier par un jeune bandit nommé Mozart par le fait d’avoir commis son premier larcin à un âge plus que précoce (5 ans !) La routine pour eux deux. Sauf que le jour où Verini décide de partir se débarrasser du butin à Amsterdam, son épouse est kidnappée ; elle lui sera rendue contre les bijoux. Le coupable ne peut qu’être un proche pour avoir eu connaissance de cette affaire. Quoiqu’il en soit l’échange se transforme en tragédie puisque l’épouse est tuée par son ravisseur qui s’enfuit avec les joyaux. Verini se sachant dans une situation délicate décide de placer immédiatement sa fille dans une pension en Suisse. A temps puisqu’il est arrêté peu après et interné durant 10 ans à Fresnes. Tout ceci ne constitue que le prologue du film, à peine un quart d’heure !

Mais que les détracteurs du cinéaste en soient conscients : Attention bandits, même en prenant des chemins de traverses différents de ceux de ses grandes productions, n’en reste pas moins du Lelouch pur jus. Ceux qui s’attendent donc à un polar nerveux plein d'action et de suspense ne seront donc pas à la fête car malgré sa générosité de cinéaste jamais prise en défauts et qui ravit ses aficionados (brochette de grands comédiens, belles images, nombreux lieux de tournage…), Lelouch n’épargnera aux autres ni certains de ses tics formels, ni son patchwork musical ‘classico-variétoche’ passant allègrement de Mozart à Presgurvic mâtiné d'un joli score de Francis Lai, ni les bons sentiments, ni sa naïveté, ni ses idées scénaristiques tirées par les cheveux, pas plus que de longues digressions parfois déconnectées de l’intrigue, des dialogues improvisés ou des plans semblant parfois interminables (ceux de débuts et de fins notamment)... des ingrédients qui pour d’autres - parmi lesquels je me compte - font parfois au contraire toute la richesse - ou tout du moins le charme - de son cinéma. Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos bandits ! Les dix années suivantes du récit se dérouleront durant le deuxième segment où, de manière épistolaire, le père et la fille restent en relation, le père faisant croire à sa fille que lui et sa mère se trouvent au Brésil en déplacement pour le travail (à plus de 12 ans, qui pourrait sincèrement croire à un voyage d’affaire de plusieurs années ?!) ; Lelouch prouve ici qu’il est toujours très à l’aise niveau montage et idées elliptiques nous octroyant ici une partie tout à fait réussie basée avant tout sur l’émotion.

Puis c’est la sortie de prison, les retrouvailles, les brutales révélations et le difficile retour à la réalité pour l’innocente Marie-Sophie qui a du mal à accepter le ‘métier’ peu glorieux de son père que sa tendresse pour sa famille ne laissait pas imaginer. Encore de très jolies scènes d’autant que Jean Yanne s’avère magistral ; les séquences qu’il partage avec Charles Gérard (son complice) sont toutes savoureuses et il s’avère également tout à fait crédible dans les scènes avec Marie-Sophie L., son rôle de père lui allant à ravir, les moments tendus entre eux deux, faute à ses agissements alors qu’il met à exécution sa vengeance ruminée durant dix ans, possèdent encore un beau potentiel émotionnel. Après les représailles, retour à la case prison pour une dernière partie beaucoup moins convaincante, qui peut laisser perplexe faute à des situations trop abracadabrantes et pour lesquelles il faut absolument lever sa suspension d’incrédulité au risque de décrocher. Malgré les grosses ficelles utilisées sur le tard, on suit néanmoins le film jusqu’au bout sans déplaisir grâce à la qualité de la direction d’acteurs et au brio de la mise en scène. Outre Jean Yanne et Charles Gérard, un troisième acteur vient rejoindre les rôles masculins principaux, c’est Patrick Bruel dans le rôle d’un jeune voyou plein de charme dont le personnage n’a malheureusement pas été assez étoffé par les scénaristes. Un comédien dont certains aiment à se moquer mais qui pour ma part force la sympathie et qui dévoilera son immense talent dans un film policier qui a aujourd’hui quasiment disparu de la circulation et sur lequel les éditeurs feraient bien de se pencher, Toutes peines confondues de Michel Deville.

Attention bandits, un mélange de film policier et de comédie dramatique pas spécialement construit avec grande solidité mais cependant tout à fait attachant et charmant grâce à la verve du réalisateur ainsi qu'à son amour du cinéma et des acteurs d’autant ici que son film est dédicacé à Jean Gabin à qui il rend hommage tout du long, les premières séquences se déroulant le jour de la mort du grand comédien, les radios et télévisions n’arrêtant pas de commenter cette triste nouvelle. Il faut dire que la scripte sur ce film n’était autre que sa fille Florence Moncorgé-Gabin qui aurait soufflé au cinéaste l’idée de départ de l’intrigue. On pourra donc reprocher au film sa naïveté, ses bons sentiments, son émotion facile, etc. - tous des éléments qui font néanmoins partie de l’ADN Lelouch et grâce auxquels il continue à avoir sa cohorte de fans – mais il est difficile de ne pas succomber aux charmes de ces voyous au grand cœur dont le principal hobby est la pêche à la ligne. Dans l'ensemble bien reçu par la presse, ce sera cependant l’année suivante que Lelouch fera la quasi-unanimité avec le superbe Itinéraire d’un enfant gâté, l’un des sommets de sa filmographie.

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Un homme qui me plaît - 1969

Henri (Jean-Paul Belmondo), compositeur de musiques de films vivant à Rome, part à Hollywood à la demande d’un réalisateur qui souhaite qu’il écrive sa partition au fur et à mesure du tournage des rushes. Françoise (Annie Girardot) est l’actrice principale du film sur lequel Henri travaille. Tous deux sont mariés mais Françoise succombe au charme d’Henri et ils deviennent amants. Ce qui devait n’être qu’une passade pour couper la monotonie d’une soirée ennuyeuse se transforme dès le lendemain en une escapade amoureuse au travers les Etats-Unis, le tournage du film étant interrompu durant une dizaine de jours. A la fin de ce voyage ils promettent de se revoir en France. Mais vont-ils pouvoir mentir longtemps à leurs conjoints respectifs…

"La Nouvelle Vague eut aussi des imitateurs, tels Claude Lelouch ou Roger Vadim, dans une déclinaison considérée comme commerciale" pouvons-nous lire dans Wikipédia. Concernant Roger Vadim, je ne vois strictement aucun point commun entre son cinéma et celui de la Nouvelle Vague ; en revanche celui de Lelouch, par sa liberté et ses innovations, son culot et sa fantaisie souvent sur le fil entre génie et ridicule, peut souvent y faire penser. Un homme qui me plaît - tout comme son plus célèbre Un homme et une femme - aurait donc de fortes chances de plaire aux inconditionnels du réjouissant mouvement cinématographique lancé par Jean-Luc, François, Eric et les autres. La Nouvelle Vague ayant boosté le cinéma français de l’époque tout en étant complémentaire avec celui plus classique l’ayant précédé, ces deux écoles continueront à se côtoyer sans qu’il n’y ait encore aujourd’hui de raisons de les opposer pas plus que de les dénigrer, grands films et chefs d’œuvres ayant continué à émerger de ces deux courants. Et pour en revenir à la phrase tirée de Wikipedia, si déclinaison commerciale il y a, c’est raté dans son but pour Un Homme qui me plaît qui fut accueilli avec tiédeur et qui ne fit pas de miracles au box-office, pas plus d’ailleurs que l’autre film avec Jean-Paul Belmondo sorti la même année, La Sirène de Mississippi de Truffaut, pourtant tous deux de magnifiques histoires d’amour, tous deux offrant d’insolents contre emplois au comédien qui fût d'ailleurs très satisfait de son travail avec Lelouch, de la 'légèreté' qu’il avait apporté sur le tournage.

[Attention pour ceux que les spoilers défrisent : à partir de ce paragraphe et jusqu'à la fin du texte, l'on peut aisément deviner le final en partie déjà dévoilé par Lelouch lui même]. A Yves Alion qui l’interrogeait en ce début d’année 2021, Claude Lelouch racontait ainsi la genèse de son film, ses intentions de départ et ses impressions : "C'est Alexandre Mnouchkine qui venait de produire Vivre pour vivre qui m'a pris à part pour me dire qu'il fallait absolument que je tourne avec Belmondo. C'est ainsi que j'ai retrouvé Jean-Paul. Nous avions fait l'un et l'autre un peu de chemin depuis notre première rencontre : il avait enchaîné un paquet de jolis films, j'avais de mon côté décroché une Palme d'or et deux Oscars. Mais aucun des deux n'a cherché à jouer les stars. Je lui ai dit que j'aimerais lui donner Annie Girardot - avec qui il n'avait jamais tournée - pour partenaire, pour filmer l'histoire d'une parenthèse amoureuse à l'occasion d'une traversée des USA. L'idée d'aller passer quelques semaines chez l'oncle Sam lui plaisait bien, celle de jouer avec Annie aussi […] L'alchimie entre les deux acteurs s'est faite immédiatement. Ce film a été comme des vacances ; tout le monde nageait dans le bonheur […] Pour moi l'essentiel était de brosser le portrait d'un homme qui plaît aux femmes, qui sait se montrer charmant tout au long du film pour au final montrer qu'il peut être aussi d'une cruauté terrible."

Jean- Paul Belmondo et Claude Lelouch s'étaient rencontrés en 1963 avant de travailler ensemble à trois reprises : tout d’abord pour le film qui nous concerne ici, ensuite bien plus tard sur le louangé Itinéraire d’un enfant gâté et enfin sur l'adaptation libre que fit le réalisateur des Misérables de Victor Hugo. Cette année 1963, le cinéaste fut mandaté par l'organisme de promotion du cinéma français à l'étranger (Unifrance) pour tourner un portrait de l'acteur en pleine ascension dans le but de le faire découvrir hors de l’Hexagone. En sortira un court métrage documentaire d’une dizaine de minutes réalisé par un habitué des scopitones (clips de l’époque), film aujourd'hui disparu. Ce n'est qu'en 1969, six ans après leur première rencontre, qu'ils vont enfin se retrouver pour un long métrage et ce sera Un homme qui me plaît. Tourné aux USA, il s’agit d’une sorte de Road Movie romantique, ludique et fantaisiste qui s'attache à une brève histoire d’amour, une parenthèse enchantée pour deux artistes mariés, un compositeur de musiques de film et une célèbre comédienne, qui s'achève dans une profonde tristesse que ne fait que renforcer un morceau déchirant de Francis Lai. Jaloux de Brève rencontre de David Lean et plus tard de Sur la route de Madison de Clint Eastwood, deux romances qui l’ont bouleversé plus que n’importe quelles autres au cinéma pour la raison qu’il considère que "si l’on veut qu’une histoire d’amour soit immortelle, on doit la limiter dans le temps" le réalisateur a également voulu appliquer cet adage pour le film qui nous concerne ici. De plus le réalisateur vivait à l’époque du tournage la fin de son idylle avec Annie Girardot, tirant de cet état de fait la mélancolie qui allait sourdre durant le dernier tiers de son film, sûrement l’un des plus touchants de sa carrière.

Pour que ce genre d’intrigue aussi minimaliste puisse captiver presque deux heures durant, il faut plusieurs paramètres mais avant tout deux acteurs chevronnés dont le couple qu’ils forment à l'écran soit crédible. Et c’est bien le cas ici : l’alchimie entre Belmondo et Girardot s’opère à la perfection dès leurs premiers regards échangés, l'acteur d’une spontanéité jubilatoire, la comédienne s’avérant constamment rayonnante. Les scènes intimes furent improvisées en grande partie sous l’impulsion de Lelouch "à condition bien sûr qu'au-delà de la fantaisie, de la liberté dont ils faisaient preuve, je puisse y croire... afin que le spectateur y croie à son tour." Jean-Paul Belmondo en profite même pour nous proposer sa fameuse imitation de Michel Simon. Le déchirant final sur le visage inoubliable d’Annie Girardot peut se deviner longtemps à l’avance car même si ces dix jours d’amour auront été enchanteurs pour le couple, des détails nous font penser que le désenchantement viendra clore cette 'récréation sentimentale' : Françoise devine l’immoralité et la lâcheté de son partenaire, osant même à l’occasion les lui jeter à la figure. Quant à Henri, il ne cache pas son ‘don’ pour le mensonge : "Il n’y a rien de plus beau qu’un mensonge. Et quand la construction d’un mensonge s’appuie sur d’autres mensonges alors là il devient plus beau que les pyramides." Lelouch un peu moraliste veut nous dire au travers son dernier quart à la tonalité un peu plus sombre qu’il n’y a pas de récréations innocentes et que la femme s’investit toujours plus que l’homme dans une relation amoureuse, beaucoup trop peut-être au risque d’avoir bien plus de difficultés à se relever d’une rupture. Le réalisateur fit en sorte de ne pas dévoiler la fin du film à Annie Girardot avant les derniers jours de tournage, ce qui rend ce fameux plan final - que l'on a déjà évoqué à maintes reprises - encore plus émouvant.

Le film a été tourné sans repérages préalables et dans l’ordre chronologique de ce que l’on voit à l’écran, l’équipe ayant accompli le même voyage que ses protagonistes. C’est ainsi que l’on atterrit à Los Angeles avant d’aller passer une nuit à Las Vegas et ensuite traverser les USA en sens inverse des pionniers, d’Ouest en Est. Les membres de l'équipe eurent l’autorisation par les Navajos de pouvoir tourner dans Monument Valley, Lelouch en profitant pour rendre hommage à John Ford et au western, puis filèrent droit sur la Nouvelle Orléans avant de finir par New York. Un dépaysement de tous les instants pour cette idylle au cours de laquelle nous assisterons à des séquences de purs délires oniriques comme cette charge des indiens attaquant la voiture de nos deux amoureux, à une leçon pour composer une musique de western, à l’apprentissage de l’alphabet pour sourds et malentendants... Comme toujours avec Lelouch, les séquences peuvent s’avérer très lourdes ou (et) inégales, ce qui arrive ici parfois aussi mais très rarement. Dans Un Homme qui me plaît Lelouch comme la plupart du temps tout au long de sa carrière nous parle de l’amour, ses passions et ses incertitudes, ses confessions intimes et ses mensonges, ses moments de pur bonheur et ses périodes d’amertume… Pour les amateurs de la série Drôles de dames, à signaler que Farrah Fawcett fait ici une courte apparition très remarquée en début de film dans le rôle d’une escort-girl.

Certes le public boude donc et accueille le film avec tiédeur – sans doute pour son intrigue un peu trop ténue - mais au fil du temps il est devenu l'un des films de Lelouch les plus appréciés à travers le monde, pour l’anecdote l'un des films fétiches de Jean Dujardin qui se plaît à dire qu'il l'aurait vu une quarantaine de fois. Il faudra attendre près de 20 ans pour que Bebel et Lelouch se retrouvent pour le tout autant apprécié Itinéraire d’un enfant gâté. Bref, pour ceux qui auraient eu la flemme de lire la chronique ou de peur d'être 'spoilé', Un Homme qui me plaît c’est à nouveau un homme et une femme, un double adultère pour un Road Movie pittoresque à travers les États-Unis aux dialogues que l'on croirait improvisés tellement ils sonnent juste et paraissent naturels. Quel bonheur de passer plus de 90 minutes avec le couple Girardot-Belmondo extrêmement convaincant et quelle émotion procurée par l'ultime séquence. "Le film nous emmène au cinéma et à la fin il est rattrapé par la vie" aimait à dire le réalisateur.


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Joshua Baskin
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Re: Claude Lelouch

Message par Joshua Baskin »

Jeremy Fox a écrit :Un homme qui me plait : un homme et une femme, un double adultère pour un Road Movie aux Etats-Unis aux dialogues que l'on croirait improvisés tellement ils sonnent juste et paraissent naturels. Quel bonheur de passer plus de 90 minutes avec le couple Girardot-Belmondo extrêmement convaincant et quelle émotion procurée par le plan final qui pourrait être le plus bouleversant de tout le cinéma de Lelouch sur l'un des plus beaux thèmes de Francis Lai. Belle découverte.
Oui c'est un sommet de Lelouch, un film qui m'avait bouleversé.
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Jeremy Fox
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Evidemment un spoiler (y compris dans le titre même du morceau) mais pour ceux que ça ne gêne pas, voici le final bouleversant sur ce très beau thème de Francis Lai. Annie Girardot y est magnifique.

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Re: Claude Lelouch

Message par Flol »

Quelle splendeur ce plan, et quelle splendeur ce film.
Sans doute mon Lelouch préféré avec La Bonne année (et Gilles).
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Re: Claude Lelouch

Message par mannhunter »

Kevin95 a écrit :Et bien moi j'ai trouvé ça pas mal, impudique sur les bords certes (Mme Trintignant laisse souvent les rideaux ouverts sur sa vie privée même la plus douloureuse témoin les récents drames autours de sa fille) mais touchant. Les dernières scènes de semblant de bonheur après la douleur (de la perte de l'enfant) sont les plus beaux moments du film. La musique (et chanson) de Polnareff est elle aussi splendide (mais à se foutre en l'air en cas de dépression).
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Re: Claude Lelouch

Message par Commissaire Juve »

Ces derniers jours, je me suis refait :

- A nous deux (1979)... Dutronc et Deneuve
- Si c'était à refaire (1976)... Deneuve, Denner, Anouk Aimée...

... que je n'avais pas revus depuis 2007 et 2008.

Un truc m'a vraiment hérissé : les fonds musicaux plus ou moins ringards (plutôt "plus") dont le père Claude avait agrémenté ses films. Le pompon revenant sans doute à Francis Lai pour Si c'était à refaire ! Là, sa petite musique de supermarché tombait vraiment comme un poil de mammouth* dans la soupe.

* ou l'incroyable moumoute de Francis Huster en prof d'Histoire "trooop" cool !
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Jeremy Fox
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit : Le pompon revenant sans doute à Francis Lai pour Si c'était à refaire ! Là, sa petite musique de supermarché tombait vraiment comme un poil de mammouth* dans la soupe.
Certes, avec Francis Lai c'est tout ou rien : réécoute son sublime thème d'amour pour vivre pour vivre du même Lelouch pour oublier.
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Re: Claude Lelouch

Message par Grimmy »

Ah je la trouve sympa la musique de "Si c'était à refaire" ! (mais je crois qu'en musique j'ai des goûts de ch...)
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Re: Claude Lelouch

Message par Flol »

Commissaire Juve a écrit :* ou l'incroyable moumoute de Francis Huster en prof d'Histoire "trooop" cool !
Tu viens de me donner subitement envie de découvrir ce film.
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Commissaire Juve
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Re: Claude Lelouch

Message par Commissaire Juve »

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Sacré Francis (dans le film, on dirait Macron au sortir de cinq mois de confinement... je veux dire : cinq mois sans aller chez le coiffeur ! :lol: ).

Cet aprèm, je me suis refait les deux tiers de Un autre homme, une autre chance (1977), mais -- comme je n'étais pas tout seul -- j'ai remis le visionnage entier à demain.

Musique de Francis Lai encore. Mais -- comme c'est une "sorte" de western -- il a évité les ritournelles de supérette Viniprix (et pour faire du "barouf", Lelouch a utilisé les coups du Destin de la 5e de Beethov ! oui oui oui oui oui...)
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Re: Claude Lelouch

Message par primus »

Toujours dans le vidéo club Konbini que je cite dans le sujet Alain Cavalier, Lelouch parle de la comédie musicale comme de "l'aristocratie du métier, genre très difficile à réaliser". Je trouve ça juste et élégant, comme une comédie musicale réussie. Non, pas La La Land.

D'un film à l'autre pour comprendre l'importance du Monsieur, le regard honnête sur son travail. Et toujours mon regret de ne pas voir arriver en blu Les uns et les autres. Film majeur dans sa filmo.
Demi-Lune a écrit : 14 oct. 21, 15:27Ah par contre je suis affirmatif, monfilm = primus.
Je suis également Julien, Soleilvert, Nicolas Brulebois, Riqueunee, Boris le hachoir, Francis Moury, Yap, Bob Harris, Sergius Karamzin ... et tous les "invités" pas assez bien pour vous 8)
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Re: Claude Lelouch

Message par Supfiction »

Phnom&Penh a écrit :Les plus belles années d'une vie...j'en attendais le pire.
Phnom&Penh a écrit :Ici, un troisième Un homme et une femme, ça m'a fait vraiment très peur. L'état de Trintignant, même si Anouk reste superbe...C'était quoi ce délire, surtout après le très mauvais No 2?
mais quelle putain de claque!

Bon, Lelouch, faut être client ou pas. Je comprends très bien qu'on ne le soit pas. Il a vraiment fait des films merdiques...mais le cinéma, c'est sa vie, et à 200km/h, on y reviendra.

Pour les non-clients, il a fait La bonne année, à mon avis un des plus beaux films de la fin du XXe siècle.
Pour les moyens-clients, Un homme qui me plaît, et surtout Itinéraire d'un enfant gâté (rien que le titre, et ce qu'il évoque de la carrière de Lelouch :lol: ), du cinéma de premier ordre.
Après (ou avant, je ne parle pas chronologiquement) Attention bandits!, Il y a des jours...et des lunes, La belle histoire, Le courage d'aimer...je reconnais qu'il fallait commencer à être un bon client du cinéma de Lelouch.

Les uns et les autres, c'est difficile à définir entre le grand public qui a adoré, et savoir si c'est abordable pour les moyens ou pas-clients:

Et là, je vais pouvoir mesurer l’immense fossé qu’il y a entre le public et la critique, en tous les cas en ce qui concerne mes films. Si la critique a ricané sur moi autant que sur Béjart, le public qui a toujours une âme d’enfant, lui, a follement applaudi ce film. En 1966, la Palme d’or des spécialistes, en 1981, la Palme d’or du public. Les deux sont très agréables, et je souhaite à tout cinéaste de connaître ces deux délices. »

Lelouch, Joueur, donc très mauvais perdant :mrgreen:
Mais d'un autre côté, Lelouch, grand réalisateur qui a repris un critique sur Le courage d'aimer (Les Inrocks, je crois) sur sa critique à la con: "Et Lelouch qui nous refait des 360° à la caméra à l'épaule..." Et Lelouch de lui répondre, "dans Le courage d'aimer, il n'y aucun plan à 360°, pas de caméra à l'épaule, il serait bien d'avoir vu le film avant de le critiquer".

Les plus belles années d'une vie...c'est d'abord le film d'un très grand cinéaste. La façon dont il reprend, coupe et réintègre Un homme et une femme dans son film, c'est du super boulot de réalisateur.
C'est le très grand directeur d'acteurs. Bon, moi le premier, je n'étais pas trop inquiet pour la toujours superbe Anouk. Mais Trintignant, j'avais un peu peur. Et il lui livre, lui donne sur un plateau, tout simplement, un des plus beaux rôles de sa vie :) En fauteuil roulant, Alzheimer se pointant de très près (mais, bon, vu les poèmes qu'il récite ou invente dans le film, on est pas trop inquiet sur l'Alzheimer). Et surtout, Jean-Louis Trintignant se marre du début à la fin du film (tourné en dix jours, avec un budget de merde, Lelouch 8) )
Poèmes qu'il invente...Et là, on retrouve Lelouch énorme scénariste.

Bon, OK, c'est pas Bergman, mais
La mort c'est l'impôt de la vie...j'aurais aimé en citer une trentaine d'autres, je n'ai vu le film qu'une fois et franchement, là, c'est moi qui suis coupable de ne pas les avoir retenues. Il y a une bonne trentaine de répliques de folie.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Je met en spoiler, même si c'est pas un film à suspens... L'arrivée de Monica Bellucci (toujours Lelouch, grand directeur d'acteurs) ; Oui,je suis ta fille et celle d'Anne, bonjour Papa. Et Trintignant: Ah, tu es très belle et je suis content que tu sois la. Mais j'ai une fille? Et avec qui?"
Du début à la fin, on ne sait même pas s'il a reconnu Anne, la femme de sa vie dont il parle tout le temps. Par contre, il aimerait bien passer une nuit avec sa doctoresse, il est d'ailleurs un peu lourd sur le sujet. Et il passe une superbe soirée avec sa doctoresse...à évoquer Anne :mrgreen:

Du cinéma dans le cinéma, une formidable direction photo (les éclairages qui changent en une seconde pour changer l'ambiance), des acteurs extraordinaires, des flash-backs à tomber sur un des plus grands films de l'histoire du cinéma...Jean-Louis et Anouk qui font l'amour chambre 26 (je vous rassure, c'est dans Un homme et une femme en 1966 :mrgreen: ). La vache qui rit (citée dans le film), un de mes plus grands pieds des dix dernières années.

Et puis il remet dans le film sa course à la con à 200km/h dans Paris, ses 18 feux rouges passés pour finir à Montmartre...83 ans en Octobre prochain, et toutes ses dents (Anouk et Jean-Louis les ont encore, même si elles ont un peu jaunies :) )...Claude Lelouch, merci de nous faire encore bander!

D'ailleurs, la maison de retraite ou Trintignant se retrouve s'appelle...Le Domaine de l’Orgueil! Toujours se tenir droit tant qu'on peut, et faire du charme à sa doctoresse :uhuh: On est quand même pilote de course, on sait négocier les virages, même le dernier. Quel bel hommage de Claude Lelouch à Jean-Louis Trintignant.

Il fallait le talent, il fallait les couilles (au sens large, hein, je les reconnais à toutes celles qui en ont :mrgreen: ) et....pour parler des vieux, il fallait l'humour. Dernier plan du film (faut avoir vu tout le générique, c'est pas Marvel, mais surprise à la fin):

49e Film de Claude Lelouch


Putain, Claude, je t'en souhaite dix de plus, mais si c'est le dernier, là, tu t'es pas vautré :)
8)
Un grand Lelouch.
Grimmy
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Re: Claude Lelouch

Message par Grimmy »

Tiens j'ai vu son dernier là "La vertus des je ne sais plus quoi" : bon sang que c'est nul ! Nul, nul ,nul ! Les comédiens, appelons les ainsi c'est plus simple, sont tous affligeants, en totale roue libre avec rien à faire. Mention spéciale au duo de flics Agnès Soral/Philippe Lelouche qui nous livrent là une bonne idée de ce que c'est que des comédiens livrés à eux même. Et la musique, la troupe de danseurs chanteurs omniprésents semblant échappés d'une émission de Pascal Sevran, ouille ouille ouille...
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Jeremy Fox
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Re: Claude Lelouch

Message par Jeremy Fox »

Grimmy a écrit :Tiens j'ai vu son dernier là "La vertus des je ne sais plus quoi" : bon sang que c'est nul ! Nul, nul ,nul ! Les comédiens, appelons les ainsi c'est plus simple, sont tous affligeants, en totale roue libre avec rien à faire. Mention spéciale au duo de flics Agnès Soral/Philippe Lelouche qui nous livrent là une bonne idée de ce que c'est que des comédiens livrés à eux même. Et la musique, la troupe de danseurs chanteurs omniprésents semblant échappés d'une émission de Pascal Sevran, ouille ouille ouille...
La Vertu des impondérables : je n'en avais même jamais entendu parler jusque là :o
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