Les plus belles années d'une vie...j'en attendais le pire.
Phnom&Penh a écrit :Ici, un troisième Un homme et une femme, ça m'a fait vraiment très peur. L'état de Trintignant, même si Anouk reste superbe...C'était quoi ce délire, surtout après le très mauvais No 2?
mais quelle putain de claque!
Bon, Lelouch, faut être client ou pas. Je comprends très bien qu'on ne le soit pas. Il a vraiment fait des films merdiques...mais le cinéma, c'est sa vie, et à 200km/h, on y reviendra.
Pour les non-clients, il a fait
La bonne année, à mon avis un des plus beaux films de la fin du XXe siècle.
Pour les moyens-clients,
Un homme qui me plaît, et surtout
Itinéraire d'un enfant gâté (rien que le titre, et ce qu'il évoque de la carrière de Lelouch
), du cinéma de premier ordre.
Après (ou avant, je ne parle pas chronologiquement)
Attention bandits!,
Il y a des jours...et des lunes,
La belle histoire,
Le courage d'aimer...je reconnais qu'il fallait commencer à être un bon client du cinéma de Lelouch.
Les uns et les autres, c'est difficile à définir entre le grand public qui a adoré, et savoir si c'est abordable pour les moyens ou pas-clients:
Et là, je vais pouvoir mesurer l’immense fossé qu’il y a entre le public et la critique, en tous les cas en ce qui concerne mes films. Si la critique a ricané sur moi autant que sur Béjart, le public qui a toujours une âme d’enfant, lui, a follement applaudi ce film. En 1966, la Palme d’or des spécialistes, en 1981, la Palme d’or du public. Les deux sont très agréables, et je souhaite à tout cinéaste de connaître ces deux délices. »
Lelouch, Joueur, donc très mauvais perdant
Mais d'un autre côté, Lelouch, grand réalisateur qui a repris un critique sur
Le courage d'aimer (Les Inrocks, je crois) sur sa critique à la con:
"Et Lelouch qui nous refait des 360° à la caméra à l'épaule..." Et Lelouch de lui répondre,
"dans Le courage d'aimer, il n'y aucun plan à 360°, pas de caméra à l'épaule, il serait bien d'avoir vu le film avant de le critiquer".
Les plus belles années d'une vie...c'est d'abord le film d'un très grand cinéaste. La façon dont il reprend, coupe et réintègre
Un homme et une femme dans son film, c'est du super boulot de réalisateur.
C'est le très grand directeur d'acteurs. Bon, moi le premier, je n'étais pas trop inquiet pour la toujours superbe Anouk. Mais Trintignant, j'avais un peu peur. Et il lui livre, lui donne sur un plateau, tout simplement, un des plus beaux rôles de sa vie
En fauteuil roulant, Alzheimer se pointant de très près (mais, bon, vu les poèmes qu'il récite ou invente dans le film, on est pas trop inquiet sur l'Alzheimer). Et surtout, Jean-Louis Trintignant se marre du début à la fin du film (tourné en dix jours, avec un budget de merde, Lelouch
)
Poèmes qu'il invente...Et là, on retrouve Lelouch énorme scénariste.
Bon, OK, c'est pas Bergman, mais
La mort c'est l'impôt de la vie...j'aurais aimé en citer une trentaine d'autres, je n'ai vu le film qu'une fois et franchement, là, c'est moi qui suis coupable de ne pas les avoir retenues. Il y a une bonne trentaine de répliques de folie.
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- Je met en spoiler, même si c'est pas un film à suspens... L'arrivée de Monica Bellucci (toujours Lelouch, grand directeur d'acteurs) ; Oui,je suis ta fille et celle d'Anne, bonjour Papa. Et Trintignant: Ah, tu es très belle et je suis content que tu sois la. Mais j'ai une fille? Et avec qui?"
Du début à la fin, on ne sait même pas s'il a reconnu Anne, la femme de sa vie dont il parle tout le temps. Par contre, il aimerait bien passer une nuit avec sa doctoresse, il est d'ailleurs un peu lourd sur le sujet. Et il passe une superbe soirée avec sa doctoresse...à évoquer Anne
Du cinéma dans le cinéma, une formidable direction photo (les éclairages qui changent en une seconde pour changer l'ambiance), des acteurs extraordinaires, des flash-backs à tomber sur un des plus grands films de l'histoire du cinéma...Jean-Louis et Anouk qui font l'amour chambre 26 (je vous rassure, c'est dans
Un homme et une femme en 1966
). La vache qui rit (citée dans le film), un de mes plus grands pieds des dix dernières années.
Et puis il remet dans le film sa course à la con à 200km/h dans Paris, ses 18 feux rouges passés pour finir à Montmartre...83 ans en Octobre prochain, et toutes ses dents (Anouk et Jean-Louis les ont encore, même si elles ont un peu jaunies
)...Claude Lelouch, merci de nous faire encore bander!
D'ailleurs, la maison de retraite ou Trintignant se retrouve s'appelle...Le Domaine de l’Orgueil! Toujours se tenir droit tant qu'on peut, et faire du charme à sa doctoresse
On est quand même pilote de course, on sait négocier les virages, même le dernier. Quel bel hommage de Claude Lelouch à Jean-Louis Trintignant.
Il fallait le talent, il fallait les couilles (au sens large, hein, je les reconnais à toutes celles qui en ont
) et....pour parler des vieux, il fallait l'humour. Dernier plan du film (faut avoir vu tout le générique, c'est pas Marvel, mais surprise à la fin):
49e Film de Claude Lelouch
Putain, Claude, je t'en souhaite dix de plus, mais si c'est le dernier, là, tu t'es pas vautré