C'est pour ça que j'ai précisé "manipulateur".Demi-Lune a écrit :Il me semble que Ford joue plutôt le directeur de l'école, devant lequel comparaît Elliot après la scène de la grenouille. Mais c'est une scène coupée. D'ailleurs, on ne voyait l'acteur que de dos.Ratatouille a écrit :Non, Ford interprète le prof de bio d'Elliott (que l'on ne verra jamais...comme beaucoup d'adultes dans ce film) dans la scène de la grenouille.
Un peu comme J.F.K. qui oblige du spectateur une certaine façon de penser ? Sérieusement, le cinéma est par essence manipulateur et c'est une manipulation que nous acceptons chaque fois que nous voyons un film. Le problème, c'est d'être aspiré ou rester en retrait de l'émotion véhiculée par le film. En ce sens, je ne vois pas quelles seraient éventuellement les "bonnes" raisons qui feraient qu'être ému serait acceptable dans un cas et pas dans un autre. On est ému ou on ne l'est pas. J'ai parfois été moi-même raidi par cette impression qu'on attendait de moi mon abandon émotionnel, comme si le réalisateur poussait des boutons pour commander mon émotion. Mais si on est ému, c'est parce que la scène a touché la sensibilité du spectateur et qu'elle a éveillé quelque chose de profond dans son cœur. Tu parles d'émotion à l'insu de ton plein gré, mais je pense au contraire qu'être envahi par l'émotion relève d'un libre-arbitre. C'est pourquoi tant de gens divergent sur l'appréciation émotionnelle de tas de films. Je ne crois pas qu'un procédé "manipulateur", comme tu dis, te rendrait ému - précisément parce que tu sens bien que le réalisateur derrière n'est pas honnête à ce moment-là. Or, E.T. transpire une honnêteté totale, ne serait-ce que parce qu'il s'agit d'un film fortement autobiographique. La fin d'E.T. est l'aboutissement d'une aventure qui prend fin de manière définitive, l'émotion atteint un climax classique au cinéma (renforcé par le fait que Spielberg a tourné le film de manière chronologique) et je ne vois absolument rien de manipulateur là-dedans, sinon pas plus que dans d'incalculables anciens films qui appuyaient tout par leur musique pour bien baliser le spectateur. Pour moi la fin d'E.T. est une merveille de poésie et d'émotion parce que Spielberg n'établit justement aucune distance avec la scène qu'il filme : il est lui-même touché, tout comme tous les acteurs, par la magie qui prend vie à ce moment-là, cette chose incroyable que d'être bouleversé par les adieux d'une chose qui n'est même pas réelle.AtCloseRange a écrit :l'adjectif approprié serait d'ailleur plutôt manipulateur et la combinaison Spielberg-Williams y est pour beaucoup.
Je suis toujours "ému" à la fin d'ET mais pas vraiment pour de "bonnes" raisons et un peu à l'insu de mon plein gré.
Quant à "mièvre", je rappelle que cela qualifie quelque chose de fade, manquant de vigueur.
Je l'ai déjà dit plusieurs fois ici, la phrase de Spileberg qui dit qu'il met la larme au bord des yeux et que Williams la fait tomber est la preuve qu'on ne pourra jamais être totalement copain, Spielberg et moi.
Elle définit une grande partie de son cinéma.
Sinon quand je parlais d'émotion, je parle de la même émotion qu'il m'est arrivé de ressentir devant un téléfilm édifiant sur M6 sur une histoire vraie et tragique. Un sujet "terrible", la bonne dose de violons et l'"Emotion" vient.
Autrement dit rien de plus simple que de créer ce genre d'émotion et personnellement, je trouve ce poussage de bouton assez déplaisant et m'empêche d'adhérer complètement à ET.
Pour reprendre la phrase que j'ai souligné, le fait que le procédé est flagrant et lourd n'empêche pas qu'il puisse fonctionner de façon assez mécanique.