Woody Allen

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Strum
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Re: Woody Allen

Message par Strum »

supfiction a écrit :Mais pour moi, c'est du pur Woody Allen et je ne vois aucune différence avec une réalisation Woody Allen.
Les différences sont pourtant patentes. En termes de découpage et de rythme, notamment, Tombe les filles n'a pas la vigueur et la fluidité narrative des films d'Allen. Je me suis souvent ennuyé devant ce film inégal et assez daté.

En tout état de cause, il est paradoxal d'avoir comme film préféré d'un réalisateur un film qui n'est pas de lui...
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Supfiction
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Re: Woody Allen

Message par Supfiction »

Strum a écrit :En tout état de cause, il est paradoxal d'avoir comme film préféré d'un réalisateur un film qui n'est pas de lui...
Je te l'accorde :mrgreen: . On va dire que c'est mon film préféré de l'acteur Woody Allen..
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Re: Woody Allen

Message par Supfiction »

Ta remarque est intéressante concernant le découpage et le rythme. Pourrais tu développer ?
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Re: Woody Allen

Message par Strum »

Je vais plutôt résumer : Les meilleurs Woody Allen sont vifs. Ce ne sont pas seulement les répliques qui pétillent, mais aussi les images, qui s'enchainent dans une économie de plans remarquable. Il y a une osmose entre dialogues et plans, qui possèdent le même rythme. D'où ma remarque sur le découpage vigoureux et fluide des Woody des années 70-80. Souvent il n'y a pas un plan de trop. Dans Tombe les filles, selon mes souvenirs, les séquences s'allanguissent. Le découpage est mou, les plans souvent trop longs, comme s'ils n'étaient là que pour servir d'écrin aux dialogues. Le débit des personnages est bien plus rapide que celui du réalisateur, que celui des images, d'où je présumé l'impression d'ennui que j'ai ressentie dans certaines scènes. Herbert Ross, le réalisateur, est trop lent, pour un type aussi rapide que Woody.
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Re: Woody Allen

Message par locktal »

Strum a écrit :
supfiction a écrit :Mais pour moi, c'est du pur Woody Allen et je ne vois aucune différence avec une réalisation Woody Allen.
Les différences sont pourtant patentes. En termes de découpage et de rythme, notamment, Tombe les filles n'a pas la vigueur et la fluidité narrative des films d'Allen. Je me suis souvent ennuyé devant ce film inégal et assez daté.

En tout état de cause, il est paradoxal d'avoir comme film préféré d'un réalisateur un film qui n'est pas de lui...
Ca fait longtemps que j'ai vu Tombe les filles et tais-toi et j'en avais un bon souvenir, mais il est vrai qu'à l'époque j'étais beaucoup moins sensible au découpage. Ta remarque me donne donc envie de le revoir, pour essayer de distinguer ce qui sépare ce film de ceux réalisés par Woody Allen... Cela dit, même si j'aime beaucoup ce film, je ne le classerai tout de même pas parmi ses plus belles réussites. Je préfère Annie Hall ou Manhattan par exemple !
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Re: Woody Allen

Message par Supfiction »

Des plans plus longs, ce n'est pas à mes yeux un défaut. C'est vrai que comparé à Woody et les robots, par exemple, le film est beaucoup plus long et moins rythmé. Mais comparé à Annie Hall, je n'en suis pas si sûr.

Peut-être a t-il voulu être le plus fidèle possible à la pièce de théatre Tombe les filles et tais-toi. C'est d'un point de vu cinématographique certes un défaut (Le diner de cons, chef-d'oeuvre dans le genre, est beaucoup plus rythmé par exemple, il me semble). Le film n'est pas parfait, je vous l'accorde (de ce point de vue, Manhattan, Annie Hall et Match Point sont clairement au-dessus), mais pour moi, Woody Allen n'a rarement été aussi drôle et le couple qu'il forme avec Diane Keaton magique, ce qui emporte tout le reste..
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Re: Woody Allen

Message par Supfiction »

Revu hier Tombe les filles et tais-toi pour en avoir le cœur net. Enième vision et je rie toujours autant. En revanche, il est vrai que le film ne bénéficie pas de la même mise en scène élégante et raffinée des réalisations Woody Allen, qu'il s'agisse du cadrage ou de la photographie. C'est plus du théâtre filmé finalement. Le film ferait une excellente pièce encore aujourd'hui, à condition de trouver un mec capable d'arriver à la cheville de Woody pour reprendre le rôle.
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Re: Woody Allen

Message par Blue »

J'ai découvert "Tombe Les Filles Et Tais-Toi" le week end dernier. Je m'étais procuré le film après avoir parcouru la filmo de Woody Allen en tant qu'acteur, sur IMDb (pour une fois que c'est pas grâce à ce forum...). Le fait qu'il ne soit pas réalisé par Woody lui-même m'a fait hésiter, mais franchement, grand bien m'a pris parce que j'ai adoré. C'est un amour de comédie allenienne. J'ai failli lui ouvrir un topic dédié mais je suis tombé sur les messages de supficition un peu plus haut dans celui-ci, en faisant une recherche. Je pense que j'ai le même ressenti que lui par rapport à "Tombe Les Filles...". Je me suis poilé du début à la fin, et qu'importe que la mise en scène soit moins brillante que chez Woody - cela dit je comprends le point de vue de Strum et ses réserves ; le film reste correctement executé et surtout il contient son lot de séquences mémorables grâce au personnage de looser absolu campé par un Woody Allen plus gaffeur que jamais (le passage avec le sèche cheveux, le stress du premier rendez-vous :lol:). L'alchimie avec Diane Keaton est déjà là (d'ailleurs c'est leur première collaboration à l'écran si je ne m'abuse ?), et l'hommage à "Casablanca" avec les apparitions de Bogart apporte un petit plus, d'autant plus appréciable lorsqu'on est cinéphile.
Si vous avez fait le tour de la filmo de Woody Allen réalisateur et que vous souhaitez prolonger le délire, donnez une chance à celui-là.
7/10
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Re: Woody Allen

Message par Federico »

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu m'a bien déçu. L'ami Woody devait filer un mauvais coton ou avoir le bourdon. Je n'y ai vu que la peinture amère de pantins uniquement mus et victimes de leurs petits égoïsmes... ce qui est l'ordinaire chez lui mais là, le ridicule l'emporte sur le sourire. Même le décor semble mal défini (par moments, on ne sait plus si on est à Londres ou dans les quartiers chicos/bobos de New York). J'en veux aussi un peu à Allen d'avoir rendue Naomi Watts aussi peu aimable. Dans l'ensemble, les protagonistes sont assez agaçants. Le pompon du pénible/génant à partager entre Anthony Hopkins, sa bimbo (qui ne fera pas oublier la Mira Sorvino de Maudite Aphrodite) et son Viagra et son ex-épouse, tête à claque maraboutée par une cartomancienne. Josh Brolin est paradoxalement le plus attachant de la galerie... alors qu'il est celui qui a le comportement le plus infâme. Pour le plaisir des yeux, ce coquin de Woody a quand même eu le bon goût de nous proposer Anna Friel et la sublime Freida Pinto.
Image
:oops:
Bon, j'ai forcé mais l'amertume du film est contagieuse. Car il y a aussi de bons passages : Naomi Watts avec son mauvais Prince Charmant Banderas ; le flirt entre Brolin et Pinto... Le dernier twist est amusant mais mal goupillé. Un final en queue de poisson où Woody a oublié les chips.
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Re: Woody Allen

Message par Profondo Rosso »

Zelig (1983)

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Leonard Zelig est un homme-caméléon : en présence de gros, il devient gros ; à côté d'un noir, son teint se fonce ; parmi les médecins, il soutient avoir travaillé à Vienne avec Freud, etc. Bien sûr, les médecins s'intéressent à son cas sans en percer le secret, jusqu'au jour où le Dr. Fletcher s'isole avec Zelig et arrive à le soigner sous hypnose.

Woody Allen aura promené de bien des façons tout au long de sa filmographie son personnage récurrent de petit juif hypocondriaque et névrosé, de la plus tendre, tragique à la plus loufoque. Zelig propose une spectaculaire fusion entre la tonalité potache et farceuse des débuts avec l'émotion dont il est désormais capable depuis les joyaux que sont Annie Hall (1977) et Manhattan (1979). Le point de départ est des plus absurde avec cet être étrange qu'est Leonard Zelig, caméléon humain adopte toutes les caractéristiques physiques et de personnalité de quiconque se trouve en sa présence avec des résultats spectaculaires et délirant : asiatique quand il se trouve à Chinatown, trompettiste noir virtuose en présence d'un orchestre de jazz, médecin plus que convaincant lorsqu'il se trouve dans un hôpital... Leonard Zelig est à la fois tout le monde et personne.

La forme sera aussi surprenante que le pitch avec ici un faux documentaire faisant dix ans avant Forrest Gump voyager son héros naïf à travers les grands évènements de son époque (les années 20/30) où il fait figure de bête curieuse dans une illustration oscillant entre recyclage virtuose d'images d'archives, effets optiques stupéfiants intégrant Zelig au côté de personnalités majeures, le tout relié par une voix off tour à tour neutre, impliquée ou farceuse de Patrick Horgan. Le film adopte ainsi un côté très sérieux avec ces intervenants et experts réagissant au présent à ces évènements passés mais qu'Allen conscient de l'absurde de son argument désamorce toujours à coup de gags plus ou moins discret et souvent liés aux transformations improbables de son héros. L'ensemble aurait pu sombrer dans la seule farce mais Allen parvient finalement à susciter l'émotion à travers le poignant destin d'un homme qui se cherche. On peut forcément faire le parallèle entre Zelig et Woody Allen. Même si hypertrophiés, les complexes et les doutes de Zelig furent forcément ceux d’Allen et leurs résolutions partielles similaires. Zelig parvient à s'intégrer au monde en s'identifiant aux autres à l'extrême, Woody Allen gagna l'admiration et l'affection de ses pairs par son bagout et son humour. Tous deux réussissent en devenant des hommes-spectacle, la différence étant que pour Zelig c'est involontaire et qu'il subit cette condition le transformant en phénomène de foire.

Une telle idée propose d'infinies possibilités scénaristiques qu'Allen amène de façon inventive sur ses terrains familiers de l'humour, de la romance et d'une vision captivante de la psychanalyse. La pathologie de Zelig questionne autant d'un point de vue universel chez quiconque aura essayé de s'intégrer et se fondre dans un certain milieu qu'à l'intime et au sociologique avec cet antisémitisme ordinaire encore vivace et bien connu dans l'Amérique de l'entre -deux guerre. La nature changeante des médias et de la population vous faisant passer d'idole à paria en un rien de temps (ce qu'allait d'ailleurs vérifier douloureusement Allen quelques années plus tard) est également largement fustigé, tout en nous faisant néanmoins savourer le côté enjoué et sautillant des Années Folles. La tonalité fantaisiste ne disparait jamais vraiment mais une sourde mélancolie parcoure ainsi l'ensemble laissant peu à peu poindre les failles sous les rires avec notamment les entretiens de la chambre blanche où Zelig tombe le masque et révèle ses peurs. Ainsi mis à nu, le personnage cesse d'être un sujet d'amusement pour le spectateur et de thèse pour sa psychanalyste Eudora Fletcher (Mia Farrow) qui émue par cette fragilité va tomber amoureuse de lui. Et avec l'amour d'une seule personne, l'opinion de toute les autres n'a plus d'importance semble nous dire Allen dans le rétablissement sinueux mais spectaculaire de Zelig. Le mimétisme entre Woody Allen et Zelig devient total lorsque désormais pour chacun cette singularité devient synonyme de reconnaissance, dans le monde du spectacle bien sûr pour le réalisateur et vecteur d'un exploit final invraisemblable pour notre caméléon au nez et à la barbe d'Hitler avec un dernier détournement d'image mémorable. Sans doute un des films les plus personnels de Woody Allen qui y passa près de trois ans entre l'écriture du scénario en 1980 et les tournages parallèles de Comédie érotique d'une nuit d'été (1982) et Broadway Danny Rose (1984), y revenant constamment notamment pour peaufiner les effets visuels. 6/6
Dernière modification par Profondo Rosso le 21 avr. 13, 13:54, modifié 1 fois.
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Re: Woody Allen

Message par Frances »

Merci pour ta critique Profondo Rosso. Zelig figure parmi mon top Woody Allen :D
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" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
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Re: Woody Allen

Message par Profondo Rosso »

Oui comme je suis en train de lire ce bouquin sur les mélanges entre Histoire et comédie où il est longuement évoqué ça m'a donné envie de le revoir, vraiment un de mes Allen favoris aussi !

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Federico
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Re: Woody Allen

Message par Federico »

Je n'ai pas revu Zelig depuis sa sortie mais j'avoue que malgré les déjà excellentes critiques d'alors, j'étais passé complètement à côté... :?
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Re: Woody Allen

Message par AtCloseRange »

Federico a écrit :Je n'ai pas revu Zelig depuis sa sortie mais j'avoue que malgré les déjà excellentes critiques d'alors, j'étais passé complètement à côté... :?
Je l'ai vu tardivement et même constat, je ne comprends pas l'emballement autour de celui-ci, un de ses plus faibles (le plus faible?) dans les années 80.
Blue
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Re: Woody Allen

Message par Blue »

Il y a un film de Woody dans lequel celui-ci a une liaison avec une jeune étudiante (à l'Université je crois), mais impossible de me rappeler du titre. Quelqu'un aurait une idée ?
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