Woody Allen

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Solal
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Message par Solal »

GASTON a écrit :
Solal a écrit :... un peu dans la même veine que Broadway Danny Rose, que j'aime énormément...
On est au moins deux ! Pourquoi? Va savoir... Moins bavard que d'autres Allen, tendre, drôle, comme d'autres bien sûr, avec un côté Pieds Nickelés qui rappelle (et a pu inspirer ?) certains films des Coen 8)
Je n'y avais pas pensé mais c'est vrai que c'est assez proche de la veine cartoonesque des Coen... tout ça me donne bien envie de le revoir en tout cas.
Devlin a écrit : Autant manhattan me laisse froid , autant Hannah me touche
J'ai également un peu de mal avec Manhattan (comme avec Stardust Memories et Interiors) et je lui préfère largement, dans cette période, Annie Hall .

Hannah et ses soeurs est également l'une de ses grandes réussites, même si Crimes et Délits (définitivement le meilleur Allen à mes yeux) lui fait un peu d'ombre dans mon souvenir (même type de structure et un ton semblable : il y a une forte correspondance entre les deux films).
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Margo

Message par Margo »

Solal a écrit :Hannah et ses soeurs est également l'une de ses grandes réussites
Dans mes bras, côpain :D

Le film que je mettrai sur mon podium, juste à côté d'Annie Hall et Manhattan. Une merveille, Dianne Wiest dans son plus beau rôle (Aaaaaah, comme j'aime cette actrice), des relations infiniment justes, l'émotion intelligente. Woody Allen à son sommet en ce qui me concerne :!:
Leopold Saroyan
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Message par Leopold Saroyan »

Solal a écrit :Crimes et Délits (définitivement le meilleur Allen à mes yeux) lui fait un peu d'ombre dans mon souvenir (même type de structure et un ton semblable : il y a une forte correspondance entre les deux films).
Ce film est bizarrement peu connu. J'ose sans peine avancer le terme de grand film tant ce film est grand. Un indispensable de la collection.
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Cosmo Vitelli
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Message par Cosmo Vitelli »

Leopold Saroyan a écrit :J'ose sans peine avancer le terme de grand film tant ce film est grand.
Logique et imparable !

Tiens d'ailleurs je n'ai pas vu ce Woody.
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
Leopold Saroyan
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Message par Leopold Saroyan »

Cosmo Vitelli a écrit :
Leopold Saroyan a écrit :J'ose sans peine avancer le terme de grand film tant ce film est grand.
Logique et imparable !

Tiens d'ailleurs je n'ai pas vu ce Woody.
:lol:
Je dirais donc chef d'oeuvre. 8)
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John Constantine
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Message par John Constantine »

Leopold Saroyan a écrit :
Solal a écrit :Crimes et Délits (définitivement le meilleur Allen à mes yeux) lui fait un peu d'ombre dans mon souvenir (même type de structure et un ton semblable : il y a une forte correspondance entre les deux films).
Ce film est bizarrement peu connu. J'ose sans peine avancer le terme de grand film tant ce film est grand. Un indispensable de la collection.
SPOILERS (quelques)

Pour moi la réussite de Crimes et Délits - son meilleur film, et paradoxalement pour une fois, pas le plus drôle - tient au fait que WA illustre une même morale [en gros, les justes écopent et ce sont les méchants qui gagnent, et personne ne sait pourquoi, en particulier lorsque Dieu n'existe pas] avec 2 intrigues au ton différent, mais qui se répondent: il y a d'une part, le crime de Martin Landau [grandiose, avec son regard torturé: oeil droit = Crime; oeil gauche = pas de châtiment] qui le confronte aux contradictions de sa propre culpabilité [après tout, il voulait cette mort] et en face les problèmes comico-tragiques de Allen l'artiste qui vit dans l'ombre d'Alan Alda le comique marchand de tapis [sa fameuse réplique, "if it bends, it works: it's funny"].

Allen finit pr croiser les 2 histoires au cours de la rencontre finale Landau-Allen, mais tout se répond: Landau croit vivre dans un univers privé de sens, puisqu'il est athée et en face le philosophe juif optimiste, spécialiste de la philo post-holocauste [penser Dieu après Auschwitz] - modelé sur Primo Levi - et auquel Allen consacre un docu se suicide sans raisons apparentes; Allen croit en l'art pour l'art: il devrait être béni des dieux, et ben non... et en face, le beau-frère rabbin de Landau [Sam Waterston], qui est un être vertueux finit par devenir aveugle. L'aveuglement semble être au final la métaphore principale du film: nous ne faisons pas jusitice à ceux qui le méritent; nous sommes aveugles face à nos actes et Dieu est soit aveugle ou alors personne n'est foutu de voir s'il est aux abonnés absents.

Grand film donc. Le montage du docu que présente Allen à Alan Alda est à pisser de rire aussi. :lol:
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Solal
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Message par Solal »

John Constantine a écrit : Pour moi la réussite de Crimes et Délits - son meilleur film, et paradoxalement pour une fois, pas le plus drôle - tient au fait que WA illustre une même morale [en gros, les justes écopent et ce sont les méchants qui gagnent, et personne ne sait pourquoi, en particulier lorsque Dieu n'existe pas] avec 2 intrigues au ton différent, mais qui se répondent: il y a d'une part, le crime de Martin Landau [grandiose, avec son regard torturé: oeil droit = Crime; oeil gauche = pas de châtiment] qui le confronte aux contradictions de sa propre culpabilité [après tout, il voulait cette mort] et en face les problèmes comico-tragiques de Allen l'artiste qui vit dans l'ombre d'Alan Alda le comique marchand de tapis [sa fameuse réplique, "if it bends, it works: it's funny"].

Allen finit pr croiser les 2 histoires au cours de la rencontre finale Landau-Allen, mais tout se répond: Landau croit vivre dans un univers privé de sens, puisqu'il est athée et en face le philosophe juif optimiste, spécialiste de la philo post-holocauste [penser Dieu après Auschwitz] - modelé sur Primo Levi - et auquel Allen consacre un docu se suicide sans raisons apparentes; Allen croit en l'art pour l'art: il devrait être béni des dieux, et ben non... et en face, le beau-frère rabbin de Landau [Sam Waterston], qui est un être vertueux finit par devenir aveugle. L'aveuglement semble être au final la métaphore principale du film: nous ne faisons pas jusitice à ceux qui le méritent; nous sommes aveugles face à nos actes et Dieu est soit aveugle ou alors personne n'est foutu de voir s'il est aux abonnés absents.

Grand film donc. Le montage du docu que présente Allen à Alan Alda est à pisser de rire aussi. :lol:
Oui très juste évocation mais ATTENTION : c'est une ruche de spoilers :D

En plus de ses qualités propres, Crimes et délits a valeur de tournant dans l'oeuvre d'Allen, comme si tous ses précédents films constituaient (rétrospectivement) une série d'essais pour mener à cette grande oeuvre, la plus aboutie formellement (une structure romanesque qui passe parfaitement à l'écran) mais également la plus poussée dans le pessimisme allenien. Comme si, également, Allen ne parvenait pas à s'en relever, ses films ultérieurs ayant tous une très forte tonalité dépressive.

Petite anecdote perso dont tout le monde se foutera : j'ai découvert le film un peu par hasard à sa sortie, alors que je séchais (pour la première fois) un cours au collège (ben oui : y avait français et j'avais pas ouvert le bouquin qu'on avait à lire - 93 de Hugo). Un grand jour, donc, où j'ai pris conscience à la fois de ma cinéphilie et de mon goût immodéré pour l'école buissonière (j'ai remarqué que ça allait souvent ensemble - cf. Doinel et consorts).
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John Constantine
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Message par John Constantine »

Solal a écrit :mais ATTENTION : c'est une ruche de spoilers :D
Tu as raison, je vais un peu corriger cela. :wink:
Solal a écrit :En plus de ses qualités propres, Crimes et délits a valeur de tournant dans l'oeuvre d'Allen, comme si tous ses précédents films constituaient (rétrospectivement) une série d'essais pour mener à cette grande oeuvre, la plus aboutie formellement (une structure romanesque qui passe parfaitement à l'écran) mais également la plus poussée dans le pessimisme allenien. Comme si, également, Allen ne parvenait pas à s'en relever, ses films ultérieurs ayant tous une très forte tonalité dépressive.
Je ne me souviens plus si Maris et Femmes est postérieur à Crimes, mais c'est vrai qu'il n'a plus ensuite persisté dans une veine aussi sérieuse, oscillant entre le comique "fielleux" et un peu plus de légèreté comme pour se purger, car Crimes c'est pessimiste à un niveau cosmique. :shock:
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Message par Solal »

John Constantine a écrit : Je ne me souviens plus si Maris et Femmes est postérieur à Crimes, mais c'est vrai qu'il n'a plus ensuite persisté dans une veine aussi sérieuse, oscillant entre le comique "fielleux" et un peu plus de légèreté comme pour se purger, car Crimes c'est pessimiste à un niveau cosmique. :shock:
Mari et femmes lui est postérieur mais ça ne change rien à ta remarque qui est très juste je pense. Et la légèreté des films que tu évoques a toujours quelque chose de glauque (on sent que ça cache mal un malaise persistant). C'est bizarre mais j'ai l'impression que si Allen a fait des films sur la dépression dans les années 70 et 80 (et il y en a des gratinés dans le genre : Interiors, September, Une autre femme... bref, tout sa veine "bergmanienne"), ce n'est que dans les années 90 qu'il a commencé à faire des films dépressifs, faussement rigolards. Il y a eu quelques réussites (Maris et Femmes, Deconstructing Harry...) mais elles gardent toujours un goût amer.
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

J'ai dû voir un gros tiers, ou une petite moitié, des films de Woody Allen et je n'ai jamais été emballé, mon sentiment allant de médiocre à pas mal, à l'exception de Maris et Femmes qui m'a bouleversé
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Devlin
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Message par Devlin »

Solal a écrit :
Hannah et ses soeurs est également l'une de ses grandes réussites, même si Crimes et Délits (définitivement le meilleur Allen à mes yeux) lui fait un peu d'ombre dans mon souvenir (même type de structure et un ton semblable : il y a une forte correspondance entre les deux films).
Pour moi Crimes et délits , bien qu'étant un grand Allen et aussi un des films les plus désepérant que je connaisse , n"est pas tout à fait au niveau de Hannah et ses soeurs. Les personnages , à l 'exception de celui de Martin Landau, sont un peu carcaturaux. Certains événements , la cécité du rabbin par exemple, ne sont là que pour leur poids symbolique sans réelle nécessité scénaristique . W. Allen force le trait tout à sa démonstration . On n' a pas la sensation , comme dans Hannah de voir la vie de personnages dans toute sa richesse et sa complexité.
La structure de Hannah me parait supérieure : c'est un poéme avec rimes et correspondances entre les différentes histoires. Dans Crimes et délits c'est plutot une démonstration avec un parralléle entre deux intrigues.
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Message par John Constantine »

Solal a écrit : C'est bizarre mais j'ai l'impression que si Allen a fait des films sur la dépression dans les années 70 et 80 (et il y en a des gratinés dans le genre : Interiors, September, Une autre femme... bref, tout sa veine "bergmanienne"), ce n'est que dans les années 90 qu'il a commencé à faire des films dépressifs, faussement rigolards.
As-tu vu Une Autre Femme? Je ne l'ai jamais vu pour ma part, et pense me le prendre au vu de son pitch et de son casting [Gena Rowlands et Hackman, non?]. J'ai peur que September ressemble à du théâtre filmé [et rêverais de mater la 1e mouture avec Chris Walken, mais ça c'est de l'ordre de l'impossible].
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Message par John Constantine »

Devlin a écrit :
Solal a écrit :
Hannah et ses soeurs est également l'une de ses grandes réussites, même si Crimes et Délits (définitivement le meilleur Allen à mes yeux) lui fait un peu d'ombre dans mon souvenir (même type de structure et un ton semblable : il y a une forte correspondance entre les deux films).
Pour moi Crimes et délits , bien qu'étant un grand Allen et aussi un des films les plus désepérant que je connaisse , n"est pas tout à fait au niveau de Hannah et ses soeurs. Les personnages , à l 'exception de celui de Martin Landau, sont un peu carcaturaux. Certains événements , la cécité du rabbin par exemple, ne sont là que pour leur poids symbolique sans réelle nécessité scénaristique . W. Allen force le trait tout à sa démonstration . On n' a pas la sensation , comme dans Hannah de voir la vie de personnages dans toute sa richesse et sa complexité.
La structure de Hannah me parait supérieure : c'est un poéme avec rimes et correspondances entre les différentes histoires. Dans Crimes et délits c'est plutot une démonstration avec un parralléle entre deux intrigues.
Je n'ai pas revu Hannah depuis un bail mais éclairez-moi car j'ai du mal à voir des correspondances avec Crimes: je me souviens d'un film choral très bien fait, mais quand même assez optimiste dans le sens où les personnages se réconcilient à peu près avec eux-mêmes à la fin, non? [Michael Caine, Allen qui finit par se caser avec...]
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lowtek
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Message par lowtek »

Hannah et ses soeurs et Crimes et délits semblent remporter tous les suffrages et c'est bien normal. Le premier des 2 reste mon favoris pour ses actrices formidables. J'aime aussi beaucoup Meurtre mysterieux à Manhattan, sorte de résurrection miraculeuse du comique ébouriffé : le film est totalement jouissif par son rythme et son sens de la situation. C'est aussi une réflexion profonde sur le vieillissement et la routine amoureuse. Est-ce-un hasard si depuis ce film Allen m'intéresse de moins en moins, ces 2 derniers films, en particulier Hollywood Ending m'ennuyent profondément, et je trouve presque insultant les critique français qui continuent à acclamer ses dernières livraisons comme si elles étaient l'égale d'Annie Hall ou de Hannah. Aujourd'hui la critique, et Woody Allen lui-même, médiatisent l'image d'un cinéaste indépendant et marginal au cinéma américain. Mais il ne faut pas oublier qu'à une époque les films de Allen étaient régulièrement nominés aux oscars (4 nominations pour Hannah), qu'Annie Hall a reçu 4 oscars (dont meilleur film et meilleur réalisateur). Si cette période mainstream est désormais révolue, c'est peut-être plus du à l'essouflement de l'auteur plutôt qu'à une incompatibilité avec le goût du public américain.
Martin Quatermass
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Message par Martin Quatermass »

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