Le Cinéma espagnol
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Re: Le Cinéma espagnol
El Pico de Eloy de la Iglesia (1983)
Dans le Bilbao du début des années 80, Paco et Urko, deux adolescents en rupture de ban délaissent leurs études pour les paradis artificiels, partageant tous deux la couche de Betty, une jeune prostituée qui va les initier à l’héroïne. De consommateurs, ils deviennent trafiquants, rapidement emportés dans une spirale criminelle qui va frapper de plein fouet leurs familles respectives.
El Pico est un des sommets du cinéma "quinqui", sous-genre emblématique du cinéma espagnol du milieu des années 70 à la fin des années 80. Le quinqui se défini par des sujets traitant de la délinquance juvénile dans la période socialement agitée de la transition postfranquiste. Le terme quinqui en argot espagnol désigne des personnes vivant en marge de la société et les films de ce courant se caractériseront par le fait de faire jouer de vrais délinquants. Cela a pour but un souci d'authenticité ou parfois tout simplement de basses préoccupations commerciales puisque certains de ces délinquants pouvaient déjà être des célébrités notoires pour leur méfaits, dont on pouvait exploiter la notoriété. Pour les réalisateurs, le quinqui est un moyen de faire leur mue vers la modernité et s'inscrire dans des préoccupations contemporaines comme Carlos Saura lorsqu'il signera Vivre vite (1981), ou un exercice de style comme Pedro Almodovar dans Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? (1984) avant de voguer vers d'autres voies. Eloy de la Iglesia est un des réalisateurs majeurs du quinqui auquel il amènera une touche très personnelle. A travers des films comme Los placeres ocultos (1977), El diputado (1978), Miedo a salir de noche (1980) il scrute cette jeunesse espagnole agitée avant de s'inscrire pleinement dans les codes du quinqui avec des œuvres telles que Navajeros (1980) ou Colegas (1982). Il se caractérise par un mariage de ce fond socio-politique avec une homoérotisation de ces délinquants, développant une ambiguïté en faisant autant des icônes fantasmées que des parias.
El Pico est certainement son œuvre la plus connue et controversée en Espagne. On va y suivre la dérive de Paco (José Luis Manzano) et Urko (Javier García), deux adolescents à la dérive ayant basculé dans la consommation d'héroïne. Désormais accros, ils franchir le pas et devenir trafiquants afin de pouvoir financer leur prochaine dose. Leur destinée ne doit malheureusement rien à un quelconque dénuement matériel, mais s'inscrit dans des maux plus profonds de cette Espagne post-franquisme. Paco est le fils d'un commandant de la Garde Civile (José Manuel Cervino) tandis qu'Urko est celui du dirigeant d’un parti nationaliste de la gauche Basque (Luis Iriondo). Le passé franquiste imprègne l'éducation que donne ce père rigide à Paco, rêvant d'en faire un garde civil à son tour, lui enjoignant par des préceptes machistes à être un "vrai homme" comme cet anniversaire où il lui offre une soirée en maison close pour ses 18 ans - établissement et "employée" qu'il connaît déjà ironiquement très bien par son quotidien de junkie. Le futur offre ainsi peu de perspective tandis que le présent est sous tension par une toile de fond nous rappelant sans cesse la menace terroriste de l'ETA. Eloy de la Iglesia montre en parallèle la prise de conscience des pères de leurs visions dépassées et leur volonté de sauver leur fils, et la vraie descente aux enfers de ces derniers. Bilbao est filmée dans une désolation grisâtre pour ces extérieurs, tandis que les intérieurs se délestent de tout chaleur familiale ou hédonisme juvénile. Le foyer est un lieu de passage, une prison dorée en attendant la sortie pour la prochaine dose, tandis que les appartements de connaissance sont des lieux de négociation, de consommation d'héroïne montrée de façon crue. Même le sexe ne semble qu'un sursis agréable avant la véritable extase qu'est le moment où la seringue s'enfonce dans le bras. Comme toujours dans le cinéma quinqui, la proximité avec le réel n'est jamais loin, ici avec son interprète principal José Luis Manzano dans le rôle de Paco. Il est le héros des quatre œuvres quinqui de Eloy de la Iglesia, et un vrai marginal dans la réalité qui fut longuement hébergé par le réalisateur. Cela contribue à jeter un voile trouble sur la fascination de de la Iglesia pour la plastique de son acteur (les scènes de nudité étant nombreuses), sans compter que le réalisateur souffrait lui-même à l'époque d'une addiction aux drogues dures ce qui renforce l'authenticité des scènes de manque, la souffrance des séquences de sevrage. Eloy de la Iglesia saisi une réalité sans fard tout en explorant ses propres démons.
Le film montre le pire de cet enfer personnel (tel une séquence où, en manque, Paco vole les analgésiques de sa mère souffrante pour sa propre consommation) mais entretient aussi une lueur d'espoir. La transgression de la rigidité de l'ordre établi passera alors par les adultes, leur capacité d'évolution et de compréhension pour emmener la jeune génération vers d'autres perspectives. Le contexte violent et réactionnaire semble s'estomper pour s'ouvrir à une Espagne plus moderne et tolérante. Le film deviendra un vrai phénomène de société largement discuté pour ses excès, et un des grands succès du box-office espagnol de l'année qui entraînera une suite, El Pico 2 (1984). 5/6
Dans le Bilbao du début des années 80, Paco et Urko, deux adolescents en rupture de ban délaissent leurs études pour les paradis artificiels, partageant tous deux la couche de Betty, une jeune prostituée qui va les initier à l’héroïne. De consommateurs, ils deviennent trafiquants, rapidement emportés dans une spirale criminelle qui va frapper de plein fouet leurs familles respectives.
El Pico est un des sommets du cinéma "quinqui", sous-genre emblématique du cinéma espagnol du milieu des années 70 à la fin des années 80. Le quinqui se défini par des sujets traitant de la délinquance juvénile dans la période socialement agitée de la transition postfranquiste. Le terme quinqui en argot espagnol désigne des personnes vivant en marge de la société et les films de ce courant se caractériseront par le fait de faire jouer de vrais délinquants. Cela a pour but un souci d'authenticité ou parfois tout simplement de basses préoccupations commerciales puisque certains de ces délinquants pouvaient déjà être des célébrités notoires pour leur méfaits, dont on pouvait exploiter la notoriété. Pour les réalisateurs, le quinqui est un moyen de faire leur mue vers la modernité et s'inscrire dans des préoccupations contemporaines comme Carlos Saura lorsqu'il signera Vivre vite (1981), ou un exercice de style comme Pedro Almodovar dans Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? (1984) avant de voguer vers d'autres voies. Eloy de la Iglesia est un des réalisateurs majeurs du quinqui auquel il amènera une touche très personnelle. A travers des films comme Los placeres ocultos (1977), El diputado (1978), Miedo a salir de noche (1980) il scrute cette jeunesse espagnole agitée avant de s'inscrire pleinement dans les codes du quinqui avec des œuvres telles que Navajeros (1980) ou Colegas (1982). Il se caractérise par un mariage de ce fond socio-politique avec une homoérotisation de ces délinquants, développant une ambiguïté en faisant autant des icônes fantasmées que des parias.
El Pico est certainement son œuvre la plus connue et controversée en Espagne. On va y suivre la dérive de Paco (José Luis Manzano) et Urko (Javier García), deux adolescents à la dérive ayant basculé dans la consommation d'héroïne. Désormais accros, ils franchir le pas et devenir trafiquants afin de pouvoir financer leur prochaine dose. Leur destinée ne doit malheureusement rien à un quelconque dénuement matériel, mais s'inscrit dans des maux plus profonds de cette Espagne post-franquisme. Paco est le fils d'un commandant de la Garde Civile (José Manuel Cervino) tandis qu'Urko est celui du dirigeant d’un parti nationaliste de la gauche Basque (Luis Iriondo). Le passé franquiste imprègne l'éducation que donne ce père rigide à Paco, rêvant d'en faire un garde civil à son tour, lui enjoignant par des préceptes machistes à être un "vrai homme" comme cet anniversaire où il lui offre une soirée en maison close pour ses 18 ans - établissement et "employée" qu'il connaît déjà ironiquement très bien par son quotidien de junkie. Le futur offre ainsi peu de perspective tandis que le présent est sous tension par une toile de fond nous rappelant sans cesse la menace terroriste de l'ETA. Eloy de la Iglesia montre en parallèle la prise de conscience des pères de leurs visions dépassées et leur volonté de sauver leur fils, et la vraie descente aux enfers de ces derniers. Bilbao est filmée dans une désolation grisâtre pour ces extérieurs, tandis que les intérieurs se délestent de tout chaleur familiale ou hédonisme juvénile. Le foyer est un lieu de passage, une prison dorée en attendant la sortie pour la prochaine dose, tandis que les appartements de connaissance sont des lieux de négociation, de consommation d'héroïne montrée de façon crue. Même le sexe ne semble qu'un sursis agréable avant la véritable extase qu'est le moment où la seringue s'enfonce dans le bras. Comme toujours dans le cinéma quinqui, la proximité avec le réel n'est jamais loin, ici avec son interprète principal José Luis Manzano dans le rôle de Paco. Il est le héros des quatre œuvres quinqui de Eloy de la Iglesia, et un vrai marginal dans la réalité qui fut longuement hébergé par le réalisateur. Cela contribue à jeter un voile trouble sur la fascination de de la Iglesia pour la plastique de son acteur (les scènes de nudité étant nombreuses), sans compter que le réalisateur souffrait lui-même à l'époque d'une addiction aux drogues dures ce qui renforce l'authenticité des scènes de manque, la souffrance des séquences de sevrage. Eloy de la Iglesia saisi une réalité sans fard tout en explorant ses propres démons.
Le film montre le pire de cet enfer personnel (tel une séquence où, en manque, Paco vole les analgésiques de sa mère souffrante pour sa propre consommation) mais entretient aussi une lueur d'espoir. La transgression de la rigidité de l'ordre établi passera alors par les adultes, leur capacité d'évolution et de compréhension pour emmener la jeune génération vers d'autres perspectives. Le contexte violent et réactionnaire semble s'estomper pour s'ouvrir à une Espagne plus moderne et tolérante. Le film deviendra un vrai phénomène de société largement discuté pour ses excès, et un des grands succès du box-office espagnol de l'année qui entraînera une suite, El Pico 2 (1984). 5/6
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Re: Le Cinéma espagnol
Profondo, notre Bruce Randylan du cinéma ibère. Très agaçant
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Re: Le Cinéma espagnol
Ah Eloy de la Iglesia, bien joué !
De lui, je n'ai vu finalement que le très peu connu Medio a salir de noche, une comédie assez féroce sur la transition démocratique, mais pas indispensable à vrai dire.
Sont à voir a priori de cette période El Diputado et Navajeros (l'autre méga classique quinqui).
Parmi ses films antérieurs, j'ai très envie de voir la Semana del asesino qui sorti en avril chez Artus.
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Re: Le Cinéma espagnol
J'ai suivi ton conseil je me suis inscrit sur la plateforme FlixOlé je profite de mes quinze jours d'essais gratuits là , je ne suis pas sûr de maintenir après car il n'y a pas tant de films que ça avec des sous-titres anglais dans ce qui m'intéresse mais c'est pas mal quand même. Par exemple El Pico 2 pas de sous-titres c'est très frustrant et pas de dvd ou BR vosta ou vostf existant pour celui-là. Mais vraiment excellent en tout cas je ne connaissais que Vivre vite de Carlos Saura en quinqui ça donne franchement envie d'en voir d'autres, Navajeros me tente bien notamment.
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Re: Le Cinéma espagnol
Ah super, je me demandais par quel moyen tu l'avais vu
Bon, je me donne ce week-end pour finaliser la liste exhaustive des films dispos sur la plate-forme en STA que je posterai sur ce fil et celui sur le cinéma espagnol naphta.
Bon, je me donne ce week-end pour finaliser la liste exhaustive des films dispos sur la plate-forme en STA que je posterai sur ce fil et celui sur le cinéma espagnol naphta.
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Re: Le Cinéma espagnol
Ah volontiers parce qu'il n'y en a pas tant que ça finalement ce sera intéressant d'avoir une liste, si elle est consistante je garderai peut-être l'abonnement.
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Re: Le Cinéma espagnol
Chose promise, chose due !
Ci-dessous, la liste des films disponibles avec STA de la plateforme VOD espagnole FlixOlé (entièrement dédiée à la production nationale).
https://flixole.com/
Une véritable mine d'or, dont cette liste ne constitue qu'un très faible échantillon :
Mais aussi des classiques naphta invisibles en France :
- Les films de Edgar Neville
- La Tía Tula (adaptation d'Unamuno)
- Plusieurs Berlanga des années 50 + Patrimonio Nacional (seul épisode de la trilogie du même nom disponibles avec ss titres)
- La Gran Familia (comédie populaire culte)
- Des co-productions avec l'Italie (un western spaghetti d'Enzo Castellari qui intéressera sans nul doute les amateurs, Operación Ogro de Gillo Pontecorvo...)
Côté comtemporain :
- Des Saura des années 1980-1990 très peu visibles par chez nous
- Des Vicente Aranda (pas les plus célèbres comme Amantes, ou le culte Cambio de Sexo...), mais tout de même El Amante Bilingüe ou El Luto de l'époque où le cinéma ibérique adaptait énormément de classiques littéraires ou des épisodes historiques du passé proche (période franquiste et début du XXème siècle)
- Le classique El crimen de Cuenca, toujours dans la mouvance décrite juste avant (épisode historique)
- Le multi-primé El Viaje a Ninguna Parte
- Un Agustí Villaronga (99.9. La frecuencia del terror). Pas vu, mais mon expérience de l'incroyable Tras el Cristal me dit que ça doit valoir le détour...
- Des films de cinéastes réputés (Imanol Uribe, José Luis Borau, Guitierrez Aragon, Fernado Colomo...), sur lesquels je ne pourrais pas dire grand chose d'autre, n'ayant pour l'instant pas ou peu vu leurs films.
Encore plus près de nous :
- Le premier long de Roberto Sorogoyen (8 Citas, une curiosité, sûrement bien différente de Qué Dios nos perdone ou El Reino). A noter que son second long, Stockholm, tout aussi éloigné de ceux qui suivront, est quant à lui dispo sur Universciné.
- Familia, le premier long (et premier succès) de Fernando León de Aranoa, dont El Buen Patrón vient de triompher aux Goyas
* Les tarifs : 2,99€/mois (dont 14 jours gratuits à l'inscription) et résiliable à tout moment (probablement que le mois en cours est facturé malgré tout). 29,99€ à l'année (mon abonnement), mais qui n'interessera probablement que les hispanistes.
¡ Disfrutad !
Ci-dessous, la liste des films disponibles avec STA de la plateforme VOD espagnole FlixOlé (entièrement dédiée à la production nationale).
https://flixole.com/
Une véritable mine d'or, dont cette liste ne constitue qu'un très faible échantillon :
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Mais aussi des classiques naphta invisibles en France :
- Les films de Edgar Neville
- La Tía Tula (adaptation d'Unamuno)
- Plusieurs Berlanga des années 50 + Patrimonio Nacional (seul épisode de la trilogie du même nom disponibles avec ss titres)
- La Gran Familia (comédie populaire culte)
- Des co-productions avec l'Italie (un western spaghetti d'Enzo Castellari qui intéressera sans nul doute les amateurs, Operación Ogro de Gillo Pontecorvo...)
Côté comtemporain :
- Des Saura des années 1980-1990 très peu visibles par chez nous
- Des Vicente Aranda (pas les plus célèbres comme Amantes, ou le culte Cambio de Sexo...), mais tout de même El Amante Bilingüe ou El Luto de l'époque où le cinéma ibérique adaptait énormément de classiques littéraires ou des épisodes historiques du passé proche (période franquiste et début du XXème siècle)
- Le classique El crimen de Cuenca, toujours dans la mouvance décrite juste avant (épisode historique)
- Le multi-primé El Viaje a Ninguna Parte
- Un Agustí Villaronga (99.9. La frecuencia del terror). Pas vu, mais mon expérience de l'incroyable Tras el Cristal me dit que ça doit valoir le détour...
- Des films de cinéastes réputés (Imanol Uribe, José Luis Borau, Guitierrez Aragon, Fernado Colomo...), sur lesquels je ne pourrais pas dire grand chose d'autre, n'ayant pour l'instant pas ou peu vu leurs films.
Encore plus près de nous :
- Le premier long de Roberto Sorogoyen (8 Citas, une curiosité, sûrement bien différente de Qué Dios nos perdone ou El Reino). A noter que son second long, Stockholm, tout aussi éloigné de ceux qui suivront, est quant à lui dispo sur Universciné.
- Familia, le premier long (et premier succès) de Fernando León de Aranoa, dont El Buen Patrón vient de triompher aux Goyas
* Les tarifs : 2,99€/mois (dont 14 jours gratuits à l'inscription) et résiliable à tout moment (probablement que le mois en cours est facturé malgré tout). 29,99€ à l'année (mon abonnement), mais qui n'interessera probablement que les hispanistes.
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Re: Le Cinéma espagnol
Celui-là ils ne le passent pas doublé en espagnol j'espère ? Impossible à disfrutar sinon.cinéfile a écrit : ↑20 févr. 22, 16:22 Chose promise, chose due !
Ci-dessous, la liste des films disponibles avec STA de la plateforme VOD espagnole FlixOlé (entièrement dédiée à la production nationale).
https://flixole.com/
Une véritable mine d'or, dont cette liste ne constitue qu'un très faible échantillon :
Capitães de Abril Maria de Medeiros 2001
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Comme quoi, parler de cinéma ibérique est pratique et plus adéquat.
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Re: Le Cinéma espagnol
Comme indiqué, la plateforme inclut des co-productions (à peine 5% du catalogue à vue de nez), proposées en effet avec piste audio espagnole uniquement. La VOST est très peu ancrée dans les habitudes des spectateurs en Espagne, ce qui fait relativiser la situation en France.
Capitães de Abril est une coprod Portugal/Françe/Italie/Espagne avec des acteurs des 4 nationalités qui sont probablement doublés sur la version portugaise (sauf les locaux évidemment) que j'ai du mal à considérer "originale" du coup et dont la piste espagnole saurait, à titre personnel, tout à fait me contenter. Mais je respecte les critères d'appréciation et préférences de chacun.
Certains films ont été tournés en anglais (certains films d'Isabel Coixet etc), donc je me suis cantonné par commodité (et surtout gain de temps !) aux titres espagnols du référencement.
Capitães de Abril est une coprod Portugal/Françe/Italie/Espagne avec des acteurs des 4 nationalités qui sont probablement doublés sur la version portugaise (sauf les locaux évidemment) que j'ai du mal à considérer "originale" du coup et dont la piste espagnole saurait, à titre personnel, tout à fait me contenter. Mais je respecte les critères d'appréciation et préférences de chacun.
Certains films ont été tournés en anglais (certains films d'Isabel Coixet etc), donc je me suis cantonné par commodité (et surtout gain de temps !) aux titres espagnols du référencement.
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Re: Le Cinéma espagnol
Le Rêve du singe fou de Fernando Trueba (1989)
Dan Gillis, un scénariste américain récemment installé à Paris, est engagé par le producteur de cinéma Julien Legrand pour écrire un script pour un film peu conventionnel mis en scène par Malcolm Greene, jeune réalisateur inconnu. Gillis, intrigué par la personnalité de Greene, accepte malgré les objections de Marilyn, son agent. Gillis rencontre Jenny, la sœur cadette de Malcolm et devient obsédé par cette jeune femme manipulatrice.
Fernando Trueba délaisse son Espagne natale pour la grisaille parisienne et les joies de la production internationale avec Le Rêve du singe fou. Il adapte là le roman éponyme de Christopher Frank dont on ressent en creux le sens du malaise malheureusement bien mieux exploité dans d'autres fameuses transpositions comme L'important c'est d'aimer d'Andrzej Zulawski (1975) ou même L'Année des méduses (1983) qu'il réalisera lui-même. Le tournage en anglais porté par un casting improbable (Jeff Goldblum, Miranda Richardson, Anémone, Arielle Dombasle, Daniel Ceccaldi manifestement en difficulté avec la langue de Shakespeare) trahit un peu le problème ressenti tout au long du film, un certain manque de direction et d'identité.
Le postulat intrigue dans un premier temps avec Dan (Jeff Goldblum) scénariste américain installé à Paris qui se voit engagé par un producteur (Daniel Ceccaldi) pour signer le script du premier long-métrage d'un jeune réalisateur anglais, Malcolm Green (Dexter Fletcher). Malcolm s'avère aussi fascinant par son charisme étrange qu'agaçant dans la prétention artistique qu'il dégage lors des scènes de co-écriture où l'on devine le film arty poseur qu'il envisage. Dan s'étonne ainsi face à ce talent pas encore démontré que les portes s'ouvrent si facilement et alors qu'il s'apprête à quitter le projet, comprend pourquoi. Tombé sous le charme de Jenny (Liza Walker) la jeune sœur de Malcolm, Dan poursuit finalement la collaboration. Jenny se montre particulièrement convaincante à le faire rester en cédant à ses avances, mais il y a comme quelque chose de perturbant dans l'attitude de la jeune femme qui va le hanter jusque dans ses rêves. Trueba peine vraiment à distiller l'atmosphère trouble, onirique et sensuelle attendue, quel que soit les directions voulues par le récit. La possible satire du milieu du cinéma tourne court, tout comme l'éventualité d'une mise en abyme par rapport au scénario que compte filmer Malcolm Green (direction explorée par Christopher Frank dans son roman La Nuit américaine qui donnera L'important c'est d'aimer). Ensuite la romance coupable et vénéneuse entre Dan et Jenny ne prend jamais vraiment à cause du manque certain de charisme de la femme-enfant jouée par Liz Walker qui ne provoque aucune fascination ni ambiguïté (victime ou manipulatrice, on ne se pose même pas la question au bout du compte). Cet émoi qu'elle suscite passe soit par le dialogue (quand on comprendra qu'elle se donne aux différents décideurs pour permettre la mise en production du film de son frère), soit par des situations trop timorée ou platement filmée pour saisir ce qui captive les hommes en elle. Il n'y a ni sensualité, ni malaise que pourrait susciter les traits trop juvéniles du personnage (notamment quand plane le spectre de l'inceste fraternel) et finalement il faut tout l'abattage d'un Jeff Goldblum très impliqué pour admettre que Jenny peut perturber l'équilibre d'un homme.
Un dernier point aurait pu sauver l'ensemble, à savoir capturer l'atmosphère d'un Paris 80's interlope façon Frantic de Roman Polanski. Là encore c'est raté, on navigue entre trois appartements, un bout de ruelle et un restaurant sans ressentir la moindre ivresse ni inquiétude à l'exception de la toute dernière scène à la superbe idée morbide mais là encore platement filmée. Une traversée de frontière pas très heureuse donc pour Fernando Trueba pour un film qui vieillit assez mal mais qui étrangement lancera le début de reconnaissance internationale du réalisateur. 2/6
Dan Gillis, un scénariste américain récemment installé à Paris, est engagé par le producteur de cinéma Julien Legrand pour écrire un script pour un film peu conventionnel mis en scène par Malcolm Greene, jeune réalisateur inconnu. Gillis, intrigué par la personnalité de Greene, accepte malgré les objections de Marilyn, son agent. Gillis rencontre Jenny, la sœur cadette de Malcolm et devient obsédé par cette jeune femme manipulatrice.
Fernando Trueba délaisse son Espagne natale pour la grisaille parisienne et les joies de la production internationale avec Le Rêve du singe fou. Il adapte là le roman éponyme de Christopher Frank dont on ressent en creux le sens du malaise malheureusement bien mieux exploité dans d'autres fameuses transpositions comme L'important c'est d'aimer d'Andrzej Zulawski (1975) ou même L'Année des méduses (1983) qu'il réalisera lui-même. Le tournage en anglais porté par un casting improbable (Jeff Goldblum, Miranda Richardson, Anémone, Arielle Dombasle, Daniel Ceccaldi manifestement en difficulté avec la langue de Shakespeare) trahit un peu le problème ressenti tout au long du film, un certain manque de direction et d'identité.
Le postulat intrigue dans un premier temps avec Dan (Jeff Goldblum) scénariste américain installé à Paris qui se voit engagé par un producteur (Daniel Ceccaldi) pour signer le script du premier long-métrage d'un jeune réalisateur anglais, Malcolm Green (Dexter Fletcher). Malcolm s'avère aussi fascinant par son charisme étrange qu'agaçant dans la prétention artistique qu'il dégage lors des scènes de co-écriture où l'on devine le film arty poseur qu'il envisage. Dan s'étonne ainsi face à ce talent pas encore démontré que les portes s'ouvrent si facilement et alors qu'il s'apprête à quitter le projet, comprend pourquoi. Tombé sous le charme de Jenny (Liza Walker) la jeune sœur de Malcolm, Dan poursuit finalement la collaboration. Jenny se montre particulièrement convaincante à le faire rester en cédant à ses avances, mais il y a comme quelque chose de perturbant dans l'attitude de la jeune femme qui va le hanter jusque dans ses rêves. Trueba peine vraiment à distiller l'atmosphère trouble, onirique et sensuelle attendue, quel que soit les directions voulues par le récit. La possible satire du milieu du cinéma tourne court, tout comme l'éventualité d'une mise en abyme par rapport au scénario que compte filmer Malcolm Green (direction explorée par Christopher Frank dans son roman La Nuit américaine qui donnera L'important c'est d'aimer). Ensuite la romance coupable et vénéneuse entre Dan et Jenny ne prend jamais vraiment à cause du manque certain de charisme de la femme-enfant jouée par Liz Walker qui ne provoque aucune fascination ni ambiguïté (victime ou manipulatrice, on ne se pose même pas la question au bout du compte). Cet émoi qu'elle suscite passe soit par le dialogue (quand on comprendra qu'elle se donne aux différents décideurs pour permettre la mise en production du film de son frère), soit par des situations trop timorée ou platement filmée pour saisir ce qui captive les hommes en elle. Il n'y a ni sensualité, ni malaise que pourrait susciter les traits trop juvéniles du personnage (notamment quand plane le spectre de l'inceste fraternel) et finalement il faut tout l'abattage d'un Jeff Goldblum très impliqué pour admettre que Jenny peut perturber l'équilibre d'un homme.
Un dernier point aurait pu sauver l'ensemble, à savoir capturer l'atmosphère d'un Paris 80's interlope façon Frantic de Roman Polanski. Là encore c'est raté, on navigue entre trois appartements, un bout de ruelle et un restaurant sans ressentir la moindre ivresse ni inquiétude à l'exception de la toute dernière scène à la superbe idée morbide mais là encore platement filmée. Une traversée de frontière pas très heureuse donc pour Fernando Trueba pour un film qui vieillit assez mal mais qui étrangement lancera le début de reconnaissance internationale du réalisateur. 2/6
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Re: Le Cinéma espagnol
Aïe. (je l'ai peut être un peu trop survendu le mois dernier celui-là = c'était mon film du mois)
Car au fond, je suis tout à fait d'accord avec toi sur les faiblesses/maladresses, et plus globalement le manque de direction du film. Mais finalement, c'est le plaisir d'être devant un objet cinématographique aussi improbable qu'en même temps très "de son époque" (mode du thriller vénéneux + le lien avec Frantic qui m'a aussi sauté aux yeux, même une évocation par anticipation de la partie parisienne de Lunes de Fiel etc), qui a pris clairement le pas dans mon évaluation générale. J'ai d'ailleurs, et pas plus tard que ce jour, commandé le roman de C. Frank pour me replonger dans cette histoire.
Ce qui m'a étonné après quelques recherches, c'est que contrairement à ce que j'avais imaginé au départ, il ne s'agit absolument pas d'un film de commande ! Trueba avait déclaré à la sortie qu'il constituait en fait son film "le plus personnel" jusqu'à alors. Il avait en effet lu le roman et avait été très touché par le personnage principal : un scénariste trentenaire immature, qui quitté par sa femme, se retrouvait à élever seul (et pas très bien) son fils, tout en développant une obsession pour une autre femme (qui aurait pu quasiment être sa fille). Puis, il s'était précipité vers son producteur. Il est vrai que cet intérêt initial du réalisateur n'est pas très clairement et efficacement exploité dans l’œuvre finale. En revanche, et même c'est rendu plus souterrain par la casting international et le tournage en anglais, on peut tout même deviner la (grande) francophilie de Trueba, qui deviendra de plus en plus manifeste avec le temps.
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Re: Le Cinéma espagnol
Oui pareil j'ai lu que Trueba a vraiment noué une vraie fascination pour le roman mais pour moi malheureusement ça ne se matérialise pas de manière réussie à l'écran, dommage. Ca fait même un peu peur à tenter son autre production internationale, Two Much avec Antonio Banderas et Melanie Griffiths qui n'a pas très bonne réputation D'ailleurs grosse tuile avec Trueba j'ai commandé le BR Universal espagnol de La Reine d'Espagne qui était indiqué avec sous-titre anglais sur la fiche Amazon et il n'y a en fait que la seule VO. A l'inverse le film est sur Amazon Prime mais que en vf. J'avais beaucoup aimé La Fille de ses rêves et avait bien hâte de voir la suite mais ce ne sera pas pour tout de suite...cinéfile a écrit : ↑23 févr. 22, 18:26 Ce qui m'a étonné après quelques recherches, c'est que contrairement à ce que j'avais imaginé au départ, il ne s'agit absolument pas d'un film de commande ! Trueba avait déclaré à la sortie qu'il constituait en fait son film "le plus personnel" jusqu'à alors. Il avait en effet lu le roman et avait été très touché par le personnage principal : un scénariste trentenaire immature, qui quitté par sa femme, se retrouvait à élever seul (et pas très bien) son fils, tout en développant une obsession pour une autre femme (qui aurait pu quasiment être sa fille). Puis, il s'était précipité vers son producteur. Il est vrai que cet intérêt initial du réalisateur n'est pas très clairement et efficacement exploité dans l’œuvre finale. En revanche, et même c'est rendu plus souterrain par la casting international et le tournage en anglais, on peut tout même deviner la (grande) francophilie de Trueba, qui deviendra de plus en plus manifeste avec le temps.
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Re: Le Cinéma espagnol
Comme la majorité de la distribution est portugaise, Stefano Accorsi/Salgueiro Maia est certes (pas trop mal) doublé parmi les premiers rôles, mais pas Maria de Medeiros ni Joaquim de Almeida parmi les noms les plus connus, que l'action se passe au Portugal, la version portugaise est bien entendu la V.O, cf. IMDB et Wiki, surtout pour une langue dont un dialecte est langue officielle régionale en Espagne me semblait acquis a priori.cinéfile a écrit : ↑21 févr. 22, 00:29 Comme indiqué, la plateforme inclut des co-productions (à peine 5% du catalogue à vue de nez), proposées en effet avec piste audio espagnole uniquement. La VOST est très peu ancrée dans les habitudes des spectateurs en Espagne, ce qui fait relativiser la situation en France.
Capitães de Abril est une coprod Portugal/Françe/Italie/Espagne avec des acteurs des 4 nationalités qui sont probablement doublés sur la version portugaise (sauf les locaux évidemment) que j'ai du mal à considérer "originale" du coup et dont la piste espagnole saurait, à titre personnel, tout à fait me contenter. Mais je respecte les critères d'appréciation et préférences de chacun.
Un des acteurs italiens est aussi lusophone, parmi les Espagnols il y a un Galicien donc pas besoin de les doubler non plus.
À l'étranger, le film n'est sorti qu'en portugais au ciné, en France notamment (un doublage exécrable pour la vidéo et la télé existe pour les pervers).
Sur le doublage en Espagne, seules l'Italie et l'Allemagne/Autriche font pire dans l'ouest de l'Europe (Zweikanalton jadis limité à Madrid et Barcelone à l'époque du mono doublage en France cela dit).
Doublages espagnols bien entendu médiocres en général, pire que la moyenne déjà pas brillante en France. Pour le portugais, je suis presque tenté d'y jeter une oreille pour rire ; accent galicien pour le castillan ?
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Re: Le Cinéma espagnol
Je te rejoins sur la qualité du doublage en Espagne, qui est vraiment un ou deux tons en dessous de celui en France. Ponctuellement, je peux cela dit m'en satisfaire (film rare, version disponible sur le moment etc).
J'ai personnellement moins de réticence à me contenter d'une version totalement doublée lorsque un ou deux acteurs principaux sont eux-mêmes doublés dans la VO (même si on y perd indéniablement dans l'immersion propre au contexte culturel, sensoriel et original de l'histoire). C'était le vrai sens de ma remarque. Et comme je le disais, cela concerne un nombre très très minoritaire du catalogue de la plateforme. Dans ce contexte, le cas de Capitães de Abril me semble être de l'ordre de l'anecdote, non ? Mais discussion à poursuivre pourquoi pas sur le fil dédié au doublage. C'est un sujet qui m'intéresse énormément, et sur lequel je planche même un peu en ce moment pour tout te dire !
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Re: Le Cinéma espagnol
Il y a un fil (enfilade vu le niveau abyssal du doublage) sur le doublage espagnol ou juste le doublage ? Où ? À part réitérer ma position sur l'utilité du doublage pour les nanars, que ce soit en France ou ailleurs, je me vois mal contribuer autrement.