Franchement, tu t'arrêtes sur des détails. Herrmann a composé pour Scorsese Taxi Driver et ce n'est pas un film hitchcockien pour autant. En revanche, Cape Fear version Scorsese est pour moi clairement un hommage évident à Hitchcock. Mais ce n'est pas qu'à cause de Herrmann. Le générique de Saul Bass (très hitchcockien) qui s'achève sur un regard sur fond rouge (Vertigo), De Niro avec la perruque de Mme Bates de Psychose, les scènes de suspense à partir d'élements anodins (un ours en peluche), et en plus de ça, la partition de Herrmann (qui même si elle était déjà composée pour le premier film, est quand même musicalement plus proche d'un Vertigo que d'un Citizen Kane, par exemple), sont des éléments qui font tout de suite penser au Maître du suspense. Quant à la comparaison avec De Palma, je la trouve totalement fondée dans la mesure où l'outrance et la complexité technique qui caractérisent souvent les thrillers du cinéaste sont ici complètement reprises - et assumées - par Scorsese.angel with dirty face a écrit :Non. Il ne fait qu'utiliser la musique du premier Cape Fear (J. Lee Thompson, 1962), réorchestré par Elmer Bernstein. Je ne vois pas en quoi il paie son tribut à Alfred Hitchcock, et encore moins à Brian De Palma... Est-ce parce que Bernard Herrmann a souvent composé pour Hitch ? Est-ce parce qu'il y a eu Obsession (Brian De Palma, 1976) ? Sincèrement là, je ne comprends pas...Demi-Lune a écrit :Sur fond de musique tonitruante de Bernard Herrmann, Scorsese paie son tribut à Hitchcock et à son pote De Palma
Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese - 1991)
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
Angel ne parlait que de ta remarque sur la musique, déjà présente dans le premier (mais peut être ne l'as tu pas vu)
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
Ce n'est pas un détail que d'utiliser la musique d'un film dont on fait le remake. Comme le rappelle AtCloseRange, Danny Elfman et Steve Bartek adapteront la musique du premier Psycho pour celui de 1998 (signé Gus Van Sant). J'ai rarement vu ça dans un remake...Demi-Lune a écrit :Franchement, tu t'arrêtes sur des détails.
Là, je trouve ton explication plus fondée, même si je n'adhère pas à tout...Demi-Lune a écrit :En revanche, Cape Fear version Scorsese est pour moi clairement un hommage évident à Hitchcock. Mais ce n'est pas qu'à cause de Herrmann. Le générique de Saul Bass (très hitchcockien) qui s'achève sur un regard sur fond rouge (Vertigo), De Niro avec la perruque de Mme Bates de Psychose, les scènes de suspense à partir d'élements anodins (un ours en peluche), et en plus de ça, la partition de Herrmann (qui même si elle était déjà composée pour le premier film, est quand même musicalement plus proche d'un Vertigo que d'un Citizen Kane, par exemple), sont des éléments qui font tout de suite penser au Maître du suspense. Quant à la comparaison avec De Palma, je la trouve totalement fondée dans la mesure où l'outrance et la complexité technique qui caractérisent souvent les thrillers du cinéaste sont ici complètement reprises - et assumées - par Scorsese.
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
Je signe à tout ce que tu dis sur ce film Demi-Lune. Très bonne analyse que je partage.Demi-Lune a écrit : Grandiloquent est le mot qui me vient tout de suite à l'esprit quand je pense à Cape Fear. Non pas que ce soit péjoratif, car je raffole précisément de cette outrance complètement assumée par Scorsese, qui se lâche comme rarement avec son pote De Niro. Film de commande et remake (une première dans la carrière du cinéaste), le film semble constamment vouloir étouffer les quelques faiblesses du script par une virtuosité technique et un festival visuel ininterrompus ; résultat, malgré que ce soit souvent bancal et régulièrement too much, la pillule passe remarquablement bien car le spectacle offert par le père Marty est jouissif comme c'est pas permis - du moment qu'on le considère avec un peu de recul et de second degré. Sur fond de musique tonitruante de Bernard Herrmann, Scorsese paie son tribut à Hitchcock et à son pote De Palma et s'offre un exercice de style ébouriffant, n'ayant jamais peur de la démesure ou de surprendre le spectateur (comme cette très longue séquence dialoguée entre De Niro et Juliette Lewis, brisant tout à coup, et pendant dix bonnes minutes, le rythme survolté du film). Tandis que Scorsese se déchaîne derrière la caméra (et Thelma Schoonmaker à sa table de montage), son alter-ego De Niro nous offre une nouvelle prestation incroyable. L'acteur semble se régaler de jouer au gros méchant, et si l'on accepte les règles du jeu, son jeu cabotin et cartoonesque procure une vraie jubilation. A ses côtés, le reste du casting n'est pas en reste, entre un Nick Nolte totalement dépassé par les évènements, une Jessica Lange névrosée et une Juliette Lewis bouillonnante. Le vrai problème de Cape Fear, c'est que dès qu'arrive le dernier quart (c'est-à-dire toute la séquence du bateau), Scorsese ne semble plus en mesure de contrôler sa machine. Celle-ci, jusque là parfaitement huilée et passionnante, s'embourbe dans un rythme pataud et des situations de plus en plus grotesques et invraisemblables. Après 1h30 de folie furieuse, on attend légitimement ce climax qui, malheureusement, ne tient pas toutes ses promesses, la faute à une écriture vraiment peu inspirée et à un De Niro qui se mute en une sorte de super-méchant indestructible. Malgré cette frustration finale, Cape Fear dégage un charme assez fascinant, à l'image de son générique d'ouverture. A mes yeux, ce n'est pas un Scorsese majeur et incontournable, mais ses partis-pris en font un objet très audacieux et réussi, que je préfère cent fois à des oeuvres plus tardives et consensuelles comme, par exemple, Aviator. Scorsese le contrebandier parvient à s'approprier ce qui aurait pu n'être qu'un pur produit de studio, et appose son style et certaines de ses thématiques à ce film frénétique qui demeure un très, très bon moment de cinéma.
Ce Scorsese est un plaisir coupable, que j'assume parfaitement ! Tu me donnes envie de le revoir, tiens.
Quant aux clins d'oeil à Hitchcock, et notamment à Vertigo, ce ne sont même plus des clins d'oeil à ce niveau, mais quasiment des citations, dès le générique de début.
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
Pour ma part, je dirais même que c'est l'une de plus belles scènes jamais écrites (et dirigées) par Scorsese.AtCloseRange a écrit :La reprise de la musique de Herrmann, c'est clairement ce qu'il y a de mieux (avec la scène de séduction de Juliette Lewis dans le théâtre).
Pour la fin du film (plouf fait le bateau), on est tous d'accord, ça tourne au grotesque. J'aimerais savoir si c'était la fin prévue par Scorsese, ou si les Studio ont eu le final cut là-dessus.
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
Trop inégal et bancal à mon goût, c'est un peu le Hitchcock du pauvre ce film.
A noter un générique de début particulièrement hideux (tics visuels dépassés).
Les Nerfs à Vif est le moins bon Scorsese que j'ai vu !
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
Si le film fait des clins d'oeil à Hitch, je ne le trouve pour autant absolument pas hitchcockien. Ni suspense, ni thématique proche de celles qui préoccupaient le maître anglais, ni même son humour pince sans rire ou ses personnages secondaires hauts en couleur.Jericho a écrit :Trop inégal et bancal à mon goût, c'est un peu le Hitchcock du pauvre ce film.
A noter un générique de début particulièrement hideux (tics visuels dépassés).
Les Nerfs à Vif est le moins bon Scorsese que j'ai vu !
J'irais même penser que l'outrance de la seconde partie du film est à mille lieues des emballements hitchockiens si contenus et maitrisés.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
Je suis aussi totalement d'accord avec l'avis de Demi-Lune (sauf que je tiens Les nerfs à vif en encore plus haute estime que lui) et avec son analyse de la référence (révérence?) à Hitchcock et De Palma (période hommage à Hitchcock donc finalement tout se tient concernant les liens de filiation)...
Hitchcock pour l'atmosphère; De Palma pour l'outrance et Scorsese pour l'univers et le style...
Le final, qui m'avait paru très raté à la première vision, s'est bonifié au fur et à mesure des visions, même si elle me convainc pas encore totalement; comme si l'Enfer se déchainait sur le cocon familial déjà bien perverti et au bout de l'Enfer, la redemption (comme le final de Taxi Driver en fin de compte mais version blockbuster, avec la démesure qui va avec).
Hitchcock pour l'atmosphère; De Palma pour l'outrance et Scorsese pour l'univers et le style...
Le final, qui m'avait paru très raté à la première vision, s'est bonifié au fur et à mesure des visions, même si elle me convainc pas encore totalement; comme si l'Enfer se déchainait sur le cocon familial déjà bien perverti et au bout de l'Enfer, la redemption (comme le final de Taxi Driver en fin de compte mais version blockbuster, avec la démesure qui va avec).
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
Je n'ai pas aimé du tout.
L'impression sans discontinuer d'être devant un film de De Palma y est pour beaucoup. Maniéré, grotesque, extrême, même De Niro est à la ramasse complète. Les emprunts au cinéma dudit Brian sont constants jusqu'à l'écœurement, l'omniprésence de la musique d'Hermann n'arrange rien. Comme quoi, déjà en 1991, Scorsese commençait à devenir celui qu'il est aujourd'hui: un cinéaste facile.
kassdédi à Demi-Lune.
L'impression sans discontinuer d'être devant un film de De Palma y est pour beaucoup. Maniéré, grotesque, extrême, même De Niro est à la ramasse complète. Les emprunts au cinéma dudit Brian sont constants jusqu'à l'écœurement, l'omniprésence de la musique d'Hermann n'arrange rien. Comme quoi, déjà en 1991, Scorsese commençait à devenir celui qu'il est aujourd'hui: un cinéaste facile.
kassdédi à Demi-Lune.
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
Je ne sais pas trop ce que tu entends par "cinéaste facile", mais c'est vrai que Le Temps de l'Innocence, Casino et Kundun, ça verse vraiment dans la facilité.Père Jules a écrit :Comme quoi, déjà en 1991, Scorsese commençait à devenir celui qu'il est aujourd'hui: un cinéaste facile.
kasdédi, ne me remercie pas
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese, 1991)
Cape Fear est le premier symptôme de sa période post-2000...Demi-Lune a écrit :Je ne sais pas trop ce que tu entends par "cinéaste facile", mais c'est vrai que Le Temps de l'Innocence, Casino et Kundun, ça verse vraiment dans la facilité.Père Jules a écrit :Comme quoi, déjà en 1991, Scorsese commençait à devenir celui qu'il est aujourd'hui: un cinéaste facile.
kasdédi, ne me remercie pas
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese - 1991)
Vu hier en bluray et on tient dans ce Scorsese dit "mineur", un film majeur
Scorsese rend un hommage appuyé à Hitchcock (entre la musique d'Herrmann, le générique de Saul Bass ou encore le travail sur les couleurs vives, notamment dans cette superbe scène du feux d'artifice) et à De Palma (dans le travail sur les miroirs, très présents dans les scènes avec la famille Bowden) dans ce superbe thriller complètement épique et dérangeant.
La peloche est haletante de bout en bout, la violence monte crescendo, une alternance parfaite de scènes tantôt grandiloquentes (le défilé, le final) tantôt intimistes (la scène de l'amphithéâtre qui fait froid dans le dos, avec la séduction de Cady qui n'est pas physique, mais psychologique), mais toujours étouffantes.
Un De Niro complètement habité par son rôle de psychopathe (il a improvisé le sucage de pouce pour la scène de l'amphi, c'est dire à quel point il était dans son personnage) mais aussi un Nick Nolte parfait dans ce connard qui se laisse petit à petit ronger et envahir par la violence (mention aussi aux très appréciables caméos des acteurs d'origine dont Mitchum et Peck).
J'ai lu par contre que la fin décevait pas mal de monde, personnellement je l'ai trouvé certes complètement over the top, mais totalement justifiée
10/10
(ah et l'image du bluray est vraiment superbe, un plaisir de le découvrir comme ça)
Scorsese rend un hommage appuyé à Hitchcock (entre la musique d'Herrmann, le générique de Saul Bass ou encore le travail sur les couleurs vives, notamment dans cette superbe scène du feux d'artifice) et à De Palma (dans le travail sur les miroirs, très présents dans les scènes avec la famille Bowden) dans ce superbe thriller complètement épique et dérangeant.
La peloche est haletante de bout en bout, la violence monte crescendo, une alternance parfaite de scènes tantôt grandiloquentes (le défilé, le final) tantôt intimistes (la scène de l'amphithéâtre qui fait froid dans le dos, avec la séduction de Cady qui n'est pas physique, mais psychologique), mais toujours étouffantes.
Un De Niro complètement habité par son rôle de psychopathe (il a improvisé le sucage de pouce pour la scène de l'amphi, c'est dire à quel point il était dans son personnage) mais aussi un Nick Nolte parfait dans ce connard qui se laisse petit à petit ronger et envahir par la violence (mention aussi aux très appréciables caméos des acteurs d'origine dont Mitchum et Peck).
J'ai lu par contre que la fin décevait pas mal de monde, personnellement je l'ai trouvé certes complètement over the top, mais totalement justifiée
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese - 1991)
Mouais, j'ai trouvé ça très très grotesque. La mise en scène est inventive, c'est vrai, mais malheureusement le scénario l'est aussi. Quand le personnage joué par Ileana Douglas décide de ne pas porter plainte pour coups et blessures, puis disparait totalement de l'histoire par enchantement alors que sa présence est requise après l'agression de Cady par les trois mercenaires engagés par le "héros", on se dit qu'y a quelque chose qui cloche quand même. Plus généralement, les évènements du film sont totalement invraisemblables - le psychopathe qui se fait passer pour le prof de la jeune fille au téléphone ET ridicules - "Non, quelqu'un a tué le chien !"
Bref... je suis sorti du film au bout d'une demi-heure et ai regardé le reste avec un sourire en coin
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Re: Les Nerfs à Vif (Martin Scorsese - 1991)
La chronique de Ronny Chester, le film étant présenté au Festival Lumière et sa reprise en salles ayant lieu le 21 octobre prochain.
- Jeremy Fox
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