La Porte du paradis (Michael Cimino - 1980)

[poet77]

Je suis très étonné de lire, dans certaines critiques, que Cimino a pris le parti de refuser le romanesque! Je ressens l'impression exactement contraire. Bien sûr que Cimino s'est inspiré de faits réels (et, parmi les Américains, il s'en est sûrement trouvé plus d'un pour s'en offusquer!), mais ces faits réels il leur a donné l'ampleur et le souffle du romanesque. En revoyant le film hier soir, c'est aux grands romans russes que je songeais: à Tolstoï et à Dostoïevski. Le personnage de prostituée jouée par Isabelle Huppert fait irrésistiblement songer à la Sonia de "Crime et châtiment". Quant au film dans son ensemble, il a l'ampleur d'une grande fresque du genre "Guerre et Paix". Si ce n'est pas du romanesque, tout ça... En tout cas, malgré sa longueur, j'ai revu hier soir "La Porte du Paradis" avec une fascination et un émerveillement qui n'ont pas faibli un seul instant! 9,5/10

[Lino]

Je suis très étonné de lire, dans certaines critiques, que Cimino a pris le parti de refuser le romanesque! Je ressens l'impression exactement contraire. Bien sûr que Cimino s'est inspiré de faits réels (et, parmi les Américains, il s'en est sûrement trouvé plus d'un pour s'en offusquer!), mais ces faits réels il leur a donné l'ampleur et le souffle du romanesque. En revoyant le film hier soir, c'est aux grands romans russes que je songeais: à Tolstoï et à Dostoïevski. Le personnage de prostituée jouée par Isabelle Huppert fait irrésistiblement songer à la Sonia de "Crime et châtiment". Quant au film dans son ensemble, il a l'ampleur d'une grande fresque du genre "Guerre et Paix". Si ce n'est pas du romanesque, tout ça... En tout cas, malgré sa longueur, j'ai revu hier soir "La Porte du Paradis" avec une fascination et un émerveillement qui n'ont pas faibli un seul instant! 9,5/10

Tout à fait d'accord , c'est un film éminemment romanesque, qui donne lieu à une romance critique , et le cinéma russe et Jivago ne sont pas loin

Je ne sais plus trop pour une bonne histoire de l'Ouest écrite , mais on doit encore en trouver. (Le décor de la ville, on trouve plein de photos d'époque sur le Net, mises en ligne par des archives aux USA).

[gnome]

Après une (petite) déconvenue, parce que le visuel donnait l'impression de quelque chose de plus grand !

Je me suis fait la même remarque en le recevant !
Ceci dit, quand on regarde bien le visuel, on se rend compte que ce qu'on voit derrière, ce sont les boitiers des DVD, BR et CD et donc, on regardant bien, nous aurions pu éviter cette surprise...

[wontolla]

Après une (petite) déconvenue, parce que le visuel donnait l'impression de quelque chose de plus grand !

Je me suis fait la même remarque en le recevant !
Ceci dit, quand on regarde bien le visuel, on se rend compte que ce qu'on voit derrière, ce sont les boitiers des DVD, BR et CD et donc, on regardant bien, nous aurions pu éviter cette surprise...

Exactement; je me suis fait - a posteriori - la même réflexion.
Je me dis que même en ayant tous les éléments sous les yeux le cerveau nous joue parfois des tours !!!!
Mais qu'importe le flacon, pourvu qu'on aie l'ivresse !
D'une première expérience sur 1/5e du film (il faut quand même caler un bon 3h30 pour le visionner): le son et l'image sont très bons.

[Colqhoun]

C'est pas un peu de l'arnaque d'acheter un coffret comprenant le même contenu à double (dvd / blu ray) ?
Bon y a le bouquin (pas d'édition hors coffret dispo ?), mais quand j'ai vu ça, j'ai trouvé assez excessif.

[Alphonse Tram]

C'est pas un peu de l'arnaque d'acheter un coffret comprenant le même contenu à double (dvd / blu ray) ?
Bon y a le bouquin (pas d'édition hors coffret dispo ?), mais quand j'ai vu ça, j'ai trouvé assez excessif.

D'aucuns te diront qu'ils sont très heureux de leur acquisition. Personnellement c'était le seul combo que je souhaitais acheter précisement parce que le contenu était strictement identique en dvd et br (je n'ai pas encore de lecteur br). J'ai finalement annulé ma précommande car les bonus ne me parlent pas trop et que j'ai déjà l'édition criterion.

[Lino]

Un petit clin d'oeil au chef opérateur de Spielberg et Cimino, Vilmos Zgismond :

La Devil's Tower en 1890 , avant Rencontres du 3° Type, mais au moment de l'affaire du Johnson County :





Source :

http://floraurbana.blogspot.fr/2013/02/ ... abill.html


et la vraie Ella Watson ::


Source: Wikipédia, la photo devait être reproduite dans des livres comme celui-ci (je n'ai plus du tout ces ouvrages) :






Et j'aimais beaucoup ce livre de photos (à chaque western -crépusculaire- vu, je consultais).



Yves Berger, America, Balland, 1975.



et celui-ci, sur le western, que je n'ai lu que 30 ans après :



(Seghers, 1973).

[Lino]

Et voilà l'affiche originale qui devait être affichée sur mon Gaumont de province , quand je le vis le mercredi 22 mai 1981 -12 jours après que le France fut passée des ténèbres à la lumière -, séance de 14 heures ou moins le quart....

Pas de doute, vendu comme une belle romance, avec le belle Isabelle et le beau Kris sur fond de fresque à l' américaine, petit rappel à la Leone. (L' autre belle Isabelle du cinéma français , elle, avait échoué avec le beau Ryan dans un décevant Driver, vu dès sa sortie, à la fin de l'été 1978)

Il semble que des animaux aient été vraiment massacrés sur le tournage, bien moins sympathique que l'approche romantico-saturno-marxiste de maintenant....

[Lino]

Et une belle photo de 1890 , Helena, au Montana :



En grand ici, on peut voir tous les détails (architecture, urbanisme ) qui ont pu inspirer La Porte du Paradis :
http://www.helenahistory.org/1890_annot ... ena_MT.htm



Butte, toujours au Montana, 1890 :



En grand, ici :
http://www.flickr.com/photos/buttepubli ... 231527075/

[Federico]

Ces clichés vintage me font penser que j'ai une photo assez extra de mon arrière-arrière-grand-père posant avec un groupe de jeunes hommes à la Nouvelle Orléans, prise une dizaine d'années avant la période où se déroule le film de Cimino... et ils ont tous exactement le look qu'ont John Hurt et ses camarades au début (gros ou faux-col, costume à gilet cintré, lavallière, chaîne de montre à gousset...).

[A serious man]

Le film lui, reste, je pense, essentiellement un film de chef-opérateur -qu'on ne saurait ou pourrait plus faire- et de décorateur, au meilleur sens du terme, visuellement magnifique, et en tire de là sa grande puissance d'attraction (une très belle idée de mise en scène à la fin, dans le bateau : tout ça pour ça ? )

Je ne comprend pas bien tu ne vois qu'une belle idée de mise en scène dans ce film? alors qu'il en regorge
il n'y a pas qu'une belle idée de mise en scène a la fin et autant qu'un film de décorateur et de chef op, c'est un très grand film de metteur en scène: la répétition du motif de la spirale dans le bal du début et lors de la scéne de la bataille a la fin si ça n'est pas une belle idée de mise en scène je ne sais pas ce que c'est. La scène du bal en patin a roulette est elle aussi un grand moment, et n'oublions pas la première apparition de Christopher Walken.
Quand au contenu marxiste de l'ensemble il me semble quand même assez évident tant l'aspect lutte des classes est souligné tout au long du film que ce soit dans la mise en scène ou dans les dialogues, et le personnage de Kriss Kristofferson bourgeois déclassé rattrapé comme chacun par son origine sociale , ce n'est pas forcément ce qu'il y a de plus subtile dans le film mais c'est bel et bien là
En revanche c'est aussi clairement une grande fresque romanesque (et ce ce qui fait sa force)

[Alphonse Tram]

A propos de Théodore Roosevelt, on peut trouver sur le net d'interressants articles sur sa manière de vivre - très rude - dans son ranch du Dakota du nord vers 1885. Une drôle de vie pour un sacré personnage.

[Lino]

r A serious man


Tout cela ne m'avait pas frappé en salles, après j'ai revu la version complète MGM l'an dernier, j'ai bien aimé la fin (une signature du metteur en scène ?- je verrai dans les mois qui viennent le Carlotta, mais franchement je trouve cela très exagéré

De l' expérience de la salle, je me souviens surtout avoir été frappé par la photo, extraordinaire, la côté documentaire impressionnant, et quelques séquences style "dirty western", la présence de Isabelle Huppert (mais qui ne m'avait pas vraiment convaincu, Kristofferson, je connaissais par Le convoi et peut-être Pat Garett déjà ? ) le reste (construction en spirale et autres), je serai malhonnête si je vous disais l'avoir perçu ou reçu comme un discours "engagé" . Question de point de vue et de temporalité -on est en 1981 -. (Le bal, les patins à roulettes, et le reste, je trouvais très ennuyeux comme une grande partie de Voyage au bout de l'enfer, après en DVD, chez soi, le sentiment peut changer, le temps du film n'est pas ressenti de la même façon ).

C'est, finalement, très loin d'être le film de ces années là dont je me souviens le plus, on verra de nouveau ce qu'il en reste d'ici quelques années .

[Roy Neary]

C'est vrai que la mise en scène s'est faite toute seule... non mais sans blague.
Et attention à ne pas confondre "je" et "on".

[Lino]

On verra de ce qui reste du discours tenu aujourd' hui sur ce film dans quelque temps donc, à suivre, mais pas maintenant , c'est bien trop tôt.

Et on était bien en 1981 au mois de mai où le film est sorti, avec quelques autres qui l'avaient déjà vu ou en avaient une perception différente de 2013 -ce qui ne veut pas dire négative-... -la mienne était mitigée alors

Je verrai assez dans le scène finale comme l' aveu, ou tout au moins le constat, d'une impuissance du metteur en scène (Cimino) à faire changer les choses,à avoir su les prendre en main, mais bien sûr, ce n'est qu'une interprétation personnelle -on peut voir aussi le film comme du cinéma en train de se faire ou se défaire -patiner -...comme dans pas mal d'autres cinémas, le récit racontant pour partie la propre histoire du film-.

Le reste des films de Cimino, dont Le Sicilien avec Lambert/Giuliano , je ne les ai même jamais vu en salles . J'en étais donc resté, au cinéma, à La porte du Paradis.

J'apprécierais par contre une bonne édition DVD du Canardeur