Eyes Wide Shut (Stanley Kubrick - 1999)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Max Schreck
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Message par Max Schreck »

gehenne666 a écrit :quel mari, aujourd'hui, se mettrai dans un état pareil parce que sa femme a fait un rêve érotique ?
Le film ne gagne pas à être rationalisé comme ça. Personnellement, ça m'intéresse assez peu de chercher l'analyse et le décryptage. Non pas que je mette mon cerveau en veilleuse, mais c'est plutôt comme si le film éveillait des choses très enfouies en moi, pour lesquelles je n'ai pas de mot.

Après on plonge, ou on ne plonge pas. Ici, comme pour 2001 ou Shining, la fascination suggérée par l'image et le son fonctionnent à plein régime.


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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Max Schreck a écrit : Le film ne gagne pas à être rationalisé comme ça. Personnellement, ça m'intéresse assez peu de chercher l'analyse et le décryptage. Non pas que je mette mon cerveau en veilleuse, mais c'est plutôt comme si le film éveillait des choses très enfouies en moi, pour lesquelles je n'ai pas de mot.

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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Jeremy Fox a écrit :
Max Schreck a écrit : Le film ne gagne pas à être rationalisé comme ça. Personnellement, ça m'intéresse assez peu de chercher l'analyse et le décryptage. Non pas que je mette mon cerveau en veilleuse, mais c'est plutôt comme si le film éveillait des choses très enfouies en moi, pour lesquelles je n'ai pas de mot.

Après on plonge, ou on ne plonge pas. Ici, comme pour 2001 ou Shining, la fascination suggérée par l'image et le son fonctionnent à plein régime.
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Le problème, c'est qu'aucune des deux fois ça n'a fonctionné, donc j'ai essayé de rationnaliser et là, j'en suis venu à me dire que c'était vraiment nul malgré certaines qualités esthétiques
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Message par kyle reese »

Nada a écrit :Pour répondre à Nikita et donner un avis argumenté, je dirais que bizarrement je rejoins à la fois son avis et ceux des aficionados sur ce film.
(qui a dit : celui-là, il se mouille pas !? :D )

Au premier degré, EWS est imbittable (naïf, pompeux, parfois ridicule...)
Mais, à mon avis, jamais Kubrick, même s'il a toujours prétendu le contraire, n'a fait un film au premier degré.

Je projette peut-être dans EWS quelque chose qui n'y est pas mais je vois ce film comme une intense réflexion sur la rapport entre la création et la vie (comme l'étaient déjà barry Lyndon et Shining).
Du coup, EWS devient l'un des films majeur de la filmographie de Kubrick et de ma filmo personelle.

Je m'explique : Harford vit une vie sans problème ni intérêt (exposition des premières séquences).


[] ...


De ce point de vue, la fin donne au quastionnement que je lis dans EWS une réponse tout aussi ambigue que le film lui-même.
Fuck comme acte fondateur de la vie.
Fuck comme au bout du compte, on s'en fout.

voilà, quelques réflexions jetées à la va-vite sur un film qui mérite plus que des jugements à l'emporte pièce.
Très belle analyse que je me suis faite de façon quasi identique en sortant de la première vision.

Mais là ou sa cloche c'est au niveau du Fuck justement ...
Si on s'en fout je trouve alors le film plutôt vein et son intérêt juste esthétique. Du vide d'une vie comblé par le fantasme il n'en ressort pas grand chose juste le fait qu'on n'a pas le choix ... donc continuons jusqu'à la mort. ( et arrêtons de nous prendre la tête avec ces conneries )

Pour moi il manque un peu de profondeur mais pas de fascination sans doute puisqu'il permet au moins aux spectateurs de s'y projeter un peu.

Quand à ceux qui pensent ne pas être atteint par les fantasmes de leurs conjoints/tes ... ils sont très fort, si ma femme avait les fantasmes de Nicole je m'inquiéterais un peu, avec raison ... ou pas !!!

Si c'est juste une nouvelle petite amie, c'est pas bien grave, mais lorsque les sentiments sont fort on peu, on peut interpréter ce genre de fantasme comme l'indice d'un manque quelque part ...

Un rêve et plus encore un fantasme n'est jamais anodin, même s'il ne faut pas non plus chercher à donner un sens à tout pris.
There is something very important that we need to do as soon as possible.
What's that?
Fuck !
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Nada a écrit : Je m'explique : Harford vit une vie sans problème ni intérêt (exposition des premières séquences).
Il agit comme la société attend qu'il agisse (il est marié à une femme belle, il a un enfant, exerce un travail qui fleure bon la réussite sociale, tout comme son appartement) : en bon petit bourgeois qui a réussi mais qui n'est pas totalement à l'abri du besoin, ni surtout de la rechute dans les classes moyennes. Il envie et craint ceux des classes supérieures.
Je ne suis déjà pas d'accord, à aucun moment il n'est présenté comme un type qui a peur de redescendre, il n'est pas dans la très haute, mais il est suffisamment haut pour être tranquille - il agit même plutôt comme si la haute l'amusait plus qu'autre chose, il semble avoir du recul par rapport à tout le paraître qui l'entoure


Nada a écrit : Mais cette vie parfaite est tellement ennuyeuse qu'il y étouffe. Est-ce vivre que vivre ainsi ?
J'ai l'impression qu'il ne se pose cette question qu'après l'aveu, réel ou non, de sa femme, sûrement pas avant : en gros, j'étais heureux, alors que ça se trouve je suis cocul



Nada a écrit : Les aveux fantasmés (création de l'esprit) de sa femme génèrent chez lui la visualisation (à nouveau fiction) de ce récit. La vie, la vraie, celle qui fait mal, prend le dessus par le fantasme : sa jalousie nait de ce qu'il imagine.
A partir de là, comme il l'espérait et/ou le redoutait, enfin la vie de Bill change sous son implusion. Enfin, il crée sa vie entre fiction et réalité (sans que jamais Kubrick ne donne véritabrlement de clé).
Tout ce que vit Harford se déroule-t-il vraiment (la vie rejoint elle la création et le fantasme) ou tout celà n'est-il qu'une vision de son esprit car il ne lui est pas possible de vivre vraiment tout celà (la création rend la vie plus belle, alors, sans risque, autant vivre une vie fantasmée) ?
Je penche volontiers pour la seconde version à cause de la pauvreté des fantasmes (en particulier ceux de la scène de l'orgie) aussi petit bourgeois que sans intérêt de Bill. Est-ce ainsi que s'amusent les hautes classes ou est-ce ainsi que Harford imagine qu'ils se divertissent ?

Tous les sentiments que ressent Harford le désir, le jalousie, la transgression de la morale, la peur, rendent sa vie plus excitante. Il a le sentiment de vivre vraiment, même si celà lui coûte.

Et au bout du compte, tout rentre dans l'ordre (moral et bourgeois). Harford a vécu une parenthèse qui a rendu sa vie plus intense (réelle ou imaginaire). Harford retourne vers sa femme, son boulot, sa vie...
Si la même chose avait été tourné par, disons, Lynn, n'aurais tu pas glosé ?


Nada a écrit : De ce point de vue, la fin donne au quastionnement que je lis dans EWS une réponse tout aussi ambigue que le film lui-même.
Fuck comme acte fondateur de la vie.
Fuck comme au bout du compte, on s'en fout.
Dans ton analyse, tu fais totalement abstraction du masque que Bill trouve auprès de sa femme et qui provoque sa crise de larmes


Nada a écrit : voilà, quelques réflexions jetées à la va-vite sur un film qui mérite plus que des jugements à l'emporte pièce.
Je n'ai rien ressenti de ce que tu décris, juste un truc pataud et lourd sur un mec qui veut tromper sa femme parce qu'elle a fantasmé sur un marin, et qui n'y arrive pas, même à New York, et qui rentre la queue basse chez lui
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Nikita a écrit :Si la même chose avait été tourné par, disons, Lynn, n'aurais tu pas glosé ?
ou par Joe D'amato...Tout dépend comment le cinéaste arrive à faire ressentir l'émotion des personnage sur ce sujet qui n'est pas plus con qu'un autre. Shining par Brett Ratner ça ne donnerait pas grand chose non plus
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Jack Griffin a écrit :
Nikita a écrit :Si la même chose avait été tourné par, disons, Lynn, n'aurais tu pas glosé ?
ou par Joe D'amato...Tout dépend comment le cinéaste arrive à faire ressentir l'émotion des personnage sur ce sujet qui n'est pas plus con qu'un autre. Shining par Brett Ratner ça ne donnerait pas grand chose non plus
Je n'ai rien ressenti justement et je ne parlais pas du script par Lynn mais bel et bien les mêmes images
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Message par Nada »

Nikita a écrit : Je n'ai rien ressenti de ce que tu décris, juste un truc pataud et lourd sur un mec qui veut tromper sa femme parce qu'elle a fantasmé sur un marin, et qui n'y arrive pas, même à New York, et qui rentre la queue basse chez lui
D'accord avec ça, à la lecture du film au premier degré.
Je suis conscient que cette lecture plus second degré est personnelle et que je projette certainement ce que j'ai envie de voir dans ce film. J'essayais juste d'étayer cette impression car je suis persuadé qu'un film de Kubrick ne peut se résumer à la lecture premier degré de l'histoire. Shining n'est pas qu'un film d'horreur, Full Metal Jacket pas qu'un film de guerre, 2001 par qu'un film de SF, et EWS certainement pas qu'un film de cul... :wink:
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Nikita a écrit :Je n'ai rien ressenti justement et je ne parlais pas du script par Lynn mais bel et bien les mêmes images
Argument totalement irrecevable votre honneur. C'est d'ailleurs un faux argument mille fois rencontré dans les discussions sur les forums ! Si Lyne avait tourné le film, on, n'aurait pas eu à faire aux "mêmes images". Kubrick c'est Kubrick et Lyne c'est Lyne.
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Roy Neary a écrit :
Nikita a écrit :Je n'ai rien ressenti justement et je ne parlais pas du script par Lynn mais bel et bien les mêmes images
Argument totalement irrecevable votre honneur. C'est d'ailleurs un faux argument mille fois rencontré dans les discussions sur les forums ! Si Lyne avait tourné le film, on, n'aurait pas eu à faire aux "mêmes images". Kubrick c'est Kubrick et Lyne c'est Lyne.
Je suis le premier à reconnaître l'inanité de l'argument, mais, malheureusement, ce sont bien à des chichis dignes de Lyne que ce film de Kubrick m'a fait penser
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Nikita a écrit :
Roy Neary a écrit : Argument totalement irrecevable votre honneur. C'est d'ailleurs un faux argument mille fois rencontré dans les discussions sur les forums ! Si Lyne avait tourné le film, on, n'aurait pas eu à faire aux "mêmes images". Kubrick c'est Kubrick et Lyne c'est Lyne.
Je suis le premier à reconnaître l'inanité de l'argument, mais, malheureusement, ce sont bien à des chichis dignes de Lyne que ce film de Kubrick m'a fait penser
Mais vous allez me le baillonner vite fait nom d'une pipe ! :lol:
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Humpf, mmhmm, pfffgrgh, hummmmm
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Message par Barry »

Bonjour à tous :) Eyes Wide Shut m'a fasciné tout d'abord parce que je me suis dit en le voyant que Kubrick pouvait aborder : notre époque, la sexualité, le couple et sa psychologie, l'inconscient etc...... J'ai même pensé que ce pouvait être son autre chef d'oeuvre avec 2001 mais j'ai pensé que Kubrick avait peut-être vu trop grand aussi peu après la scène des masques je me disais : "hum dommage après nous avoir emmené jusque là il ne rompt pas la trame linéaire du film pour plonger dans une fantasmagorie qui aurait abordé tous les thèmes que je mentionne plus haut pour revenir ensuite à la trame et à son dénouement :<fuck>". Aussi je pensais Kubrick avait vu grand mais n'a pas été jusqu'au bout d'où un sentiment d'insatisfaction malgré la fascination qu'il exerce.
Mais après coup en en discutant avec un ami on se disait il est étrange que Kubrick n'est pas été plus loin et du coup on se disait et si finalement cela était voulu. Le dernier film de Kubrick serait un film contenant plein de germes mais que le cinéaste aurait laissé tel quel non pas par incapacité à aller plus loin mais parce qu'il le souhaitait ainsi en se disant que le spectateur pourra justement plus facilement par lui même donner ses réponses et même sa substance au film. Eyes Wide Shut effleure pour qu'on participe : le spectateur intégré au film.
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MJ
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Message par MJ »

Ce film m'explose de l'intérieur. C'est magnifique de se dire qu'on a affaire au dernier film du maître. Un voyage à la fois cauchemardesque et onirique dans les peurs, les traumas et les dysfonctionnements d'un couple lambda. Chaque scènes, plans, phrases atteignent la perfection et malgré sa froideur habituelle Kubrick frappe à la fois au coeur et au bide. Immense, un de mes film préféré de tous les temps.
Et cette réplique finale de Nicole Kidman!

Au fait, suis-je le seul à trouver l'oeuvre du Stanley profondément freudienne?
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
Encolpio
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Message par Encolpio »

Nikita a écrit : Le problème, c'est qu'aucune des deux fois ça n'a fonctionné, donc j'ai essayé de rationnaliser et là, j'en suis venu à me dire que c'était vraiment nul malgré certaines qualités esthétiques
Nikita mon frère...
Enfin une personne de goût...
Le plus mauvais Kub à mes yeux aussi...
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