Armageddon Time (James Gray - 2022)

[G.T.O]

J'ai eu la gorge nouée et fut au bord des larmes lors de la séquence de l'hôpital.
Quand Paul insiste pour rester jusqu'au bout...

C'est ça, il ya quelque chose de bouleversant chez Paul, dans le fait de soutenir ou pas le regard vers l'agonie de son grand-père adoré, et par cette façon qu'à le film lui, de regarder sa mort, sans faux fuyants. Le plan dure, il ne se coupe pas, mais se termine, avant la complaisance, dans un mélange direct et pudique. J'ai été très impressionné par la netteté de la mort du personnage de Aaron, par ce qu'elle figure : une disparition que le film semble questionner. L'enjambement opéré par la coupe, plan du cimetière, semble retenir, mettre en suspens, toute la tristesse contenue, qui va, ensuite, se propager au film.

[tenia]

Tout en sobriété et simplicité, sans avoir l'air d'y toucher ni de déclamer de grandes choses importantes (pas de violons ni de scènes pathos ou misérabilistes pour bien appuyer son propos), Gray en dit autant de son enfance personnelle que du racisme, de l'obsession pour la réussite (on est au début des années Reagan, après tout), de l'injustice et des inégalités sociales, qui gangrènent déjà les Etats-Unis.

Sur ces points, je trouve le film particulièrement efficace pour ce que voulait montrer Gray : hormis le fait qu'il voulait plutôt montrer les inégalités de classes que le racisme, il a expliqué avoir voulu montrer cette période sans donner de leçons puisque pour lui, les USA n'ont, justement, tiré aucune leçon de cette période qu'il trouve étonnamment sous-évaluée comme charnière pour les USA : c'est la bascule du pays dans le tout-capitalisme, avec à quelques mois d'intervalles l'élection de Reagan et l'assassinat de John Lennon, et Gray voulait montrer ce que le pays était, ce qu'il est devenu et ce qu'il aurait pu être. Et en cela, je trouve le film extrêmement réussi, à la fois sur la peinture qui est faite, mais aussi sur le ton, effectivement assez distant, qui est utilisé.

À un autre endroit de l'interview citée plus haut, on demande carrément à James Gray d'expliquer le symbole d'une boîte aperçue sur la table de la cuisine, c'est dire à quel point le moindre détail est autobiographique :

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Un "détail" que Gray a révélé à Lyon après la projo du film à une spectatrice lui ayant demandé si ses parents étaient fiers de sa carrière de cinéaste : la mère de Gray est morte 2 ans après les évènements décrits dans le film, et c'est pour ça que le personnage de la mère dans le film est régulièrement montrée se massant les tempes ou se plaignant de migraines. Je crois qu'absolument personne n'avait relevé cela.

[Mosin-Nagant]

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la mère de Gray est morte 2 ans après les évènements décrits dans le film, et c'est pour ça que le personnage de la mère dans le film est régulièrement montrée se massant les tempes ou se plaignant de migraines.

J'avais bêtement pensé à la charge mentale.

[Flol]

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Un "détail" que Gray a révélé à Lyon après la projo du film à une spectatrice lui ayant demandé si ses parents étaient fiers de sa carrière de cinéaste : la mère de Gray est morte 2 ans après les évènements décrits dans le film, et c'est pour ça que le personnage de la mère dans le film est régulièrement montrée se massant les tempes ou se plaignant de migraines. Je crois qu'absolument personne n'avait relevé cela.

Effectivement, c'est bien le genre de détails qui ne peut parler qu'à Gray lui-même. Et ça me rend ce geste autobiographique encore plus touchant.

[tchi-tcha]

Fataliste, je croyais qu'une fois passé son premier week-end d'exploitation, Armageddon Time disparaitrait rapidement des écrans, mais non. Et même si le film ne suscite pas beaucoup d'échanges ici (c'est normal, sur ClaCla on est en boucle sur la mort du cinéma, la fin du support physique et le déclin de la cinéphilie chez les nouvelles générations, c'est tout), les quelques notes postées par celles et ceux qui ont fait le déplacement en salle continuent d'être très globalement positives.
La preuve :

Armageddon Time : 7/10

Armageddon Time 9/10

Armageddon time (Gray) : 7.5/10

Armageddon Time 7

Armageddon Time : 5/10

Armageddon time (Gray) : 7/10

Armageddon Time : 9/10

Armageddon Time de James Gray 6/10

James Gray - Armageddon Time => 8/10.

L.R

Armageddon Time : 7/10
- Cette subtile chronique du cinéaste qui regarde son passé n'est pas si anecdotique et mineure que cela. Un peu comme Don't Worry, He Won't Get Far on Foot, le dernier film de Gus Van Sant, son honnêteté prime, et on sait que s'enfoncer dans les racines de son passé, de son environnement et de ses origines n'est jamais simple. J'avais lu ici que c'était une forme des 400 coups, et c'est assez judicieux cette référence. Anne Hathaway est magnifique, la confiance qu'elle a sur son fils, d'une grande tolérance, tiens aussi à la douceur des films de James Gray. Reste une chose : la vision du père chez James Grey est assez effrayante, ne voulant jamais devenir comme lui, son métier de cinéaste à toujours était de répondre aux tics de son père, sur terre que dans l'espace.

Finalement, y'a encore des gens qui vont au cinéma


La prédiction du jour :

Après le 2/10 de G.T.O et en attendant le 4/10 de Demi-Lune, nos prévisionnistes vedettes Flol et Watkinssien avaient une nouvelle fois vu juste concernant la note de mannhunter. On peut les applaudir :

Armageddon Time: 6/10

traduire par : mannhunter a adoré.

Ou traduire par : "mannhunter a vu un chef-d'œuvre et en est ressorti totalement bouleversé au point de lui mettre une note au-dessus de la moyenne, chose qui n'était pas arrivée depuis mars 1992".

La polémique du jour :

Armageddon Time - 4/10

Si un jour on m'avait dit qu'un GIF de Ian Nepomniachtchi, l'un du Top 5 mondial des joueurs d'échecs, serait posté sur Classik, je ne l'aurais pas cru.

Alors moi j'avais cru que c'était Colin Farrell, le gif
Du coup c'est tout pour aujourd'hui, je

[damdouss]

Vu le film il y a une semaine et je lui mettrai généreusement un 6/10. J'étais avec un ami fan de James Gray qui en est ressorti déçu également. Non que le film soit totalement loupé mais il est surtout inintéressant dans ses développements et caricatural dans ses aspects morlisateurs déjà vu mille fois genre "je découvre le racisme et le racisme c'est pas bien" et "je suis fan de la nouvelle vague et des 400 coups de Truffaut"... Et puis surtout aucun attachement aux personnages (tout au plus Hopkins) : le héros principal est un Antoine Doinel newyorkais assez insupportable quoique bien joué, mais Anne Hathaway et Jeremy Strong c'est loin d'être bien terrible. Par ailleurs la description d'une époque est assez mal rendue (en dehors de voir Reagan à la télé) mais bon comme l'a dit Gray, Covid oblige, il a fait avec les moyens du bord. Sur ce point Anderson avait beaucoup mieux réussi et avec originalité avec son "Licorice pizza". Au crédit de Gray c'est d'avoir fait un film assez personnel qui lui tenait à coeur mais artistiquement on est très très loin de "Two lovers" ou "La nuit nous appartient"....

[MJ]

J'ai aimé le film, mais... la perf' de Jeremy Strong : pour ou contre ?

[Alexandre Angel]

J'ai aimé le film, mais... la perf' de Jeremy Strong : pour ou contre ?

Je ne connaissais pas cet acteur et je l'ai trouvé bien : ce côté qui ne paie pas de mine à priori, peu charismatique, et qui peut se révéler coléreux, à la limite du tyrannique, m'a paru vrai. J'ai l'impression de croiser ce genre de mecs dans mon boulot (service médico-social) dans le domaine de la Protection de l'Enfance au sein de certaines familles en conflit parental qui n'ont pas spécialement de soucis de précarité. C'est un profil crédible je trouve.

[MJ]

C'est un profil crédible je trouve.

Je trouve que l'acteur fait déguisé, mais ça ne dessert pas complètement ses scènes... d'où le fait de refiler la patate chaude à d'autres.

[Watkinssien]

J'ai aimé le film, mais... la perf' de Jeremy Strong : pour ou contre ?

Pour, je l'ai trouvé formidable.

[Alibabass]

Par ailleurs la description d'une époque est assez mal rendue

Pourtant, il y a des pistes qui donnent un bien avis du réel : la musique de Sugarhill Gang + la scène dans le métro avec deux afro-américains qui regardent l'enfant lui-aussi afro-américain, et dont son souhait est de travailler à la Nasa : la réponse est typique d'une négation que le peuple blanc US à donné et qui est régit dans la tête, paradoxalement, de la communauté. En clair, rien à perdre, tout à gagner dans la destruction : c'est l'époque de The Warriors de Walter Hill.

[Flol]

J'ai aimé le film, mais... la perf' de Jeremy Strong : pour ou contre ?

Au milieu.
Un peu comme toi, je ne suis pas trop fan de son aspect déguisé (pourquoi tout simplement ne pas avoir pris un acteur plus âgé, au lieu de l'affubler de faux cheveux gris ?), mais au-delà de ça, il nous sort quand même une excellente prestation.

[Mosin-Nagant]

J'ai aimé le film, mais... la perf' de Jeremy Strong : pour ou contre ?

Au milieu.
Un peu comme toi, je ne suis pas trop fan de son aspect déguisé (pourquoi tout simplement ne pas avoir pris un acteur plus âgé, au lieu de l'affubler de faux cheveux gris ?), mais au-delà de ça, il nous sort quand même une excellente prestation.

Rien à voir mais c'était pas De Niro qui devait jouer le grand-père ?

[cinéfile]

la perf' de Jeremy Strong : pour ou contre ?

C'est pas loin d'être ce que j'ai préféré dans le film. Film qui ne m'a pas totalement emporté par ailleurs malgré toutes ses qualités.
Je n'ai à aucun moment ressenti le côté "acteur grimé".

Comme Alexandre, le personnage m'a en + paru assez crédible, tout en apportant une certaine humeur et une humanité - certes pathétique et inquiétante - au film, là où le personnage d'Hopkins s'avère beaucoup plus spectral, reconstruit par le souvenir, et du coup moins incarné.

[Flol]

Rien à voir mais c'était pas De Niro qui devait jouer le grand-père ?

Si.