Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Entre nous, les yeux dans les yeux et sans filtre, "Triangle of Sadness" :

J'ai a-do-ré
4
17%
C'est à-ger-ber
1
4%
Est-ce que ça méritait vraiment une Palme d'Or ?
9
39%
Est-ce que Ruben Östlund méritait vraiment DEUX Palmes d'Or ?
8
35%
Ruben Östlund est de droite
1
4%
Ruben Östlund est de gauche
0
Aucun vote
 
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tchi-tcha
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Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par tchi-tcha »

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En photo : des classikiens attendant que quelqu'un ouvre un sujet sur "Sans Filtre"


Un film qui vomit son message avec un humour carnassier, une deuxième Palme d'Or pour son réalisateur, le décès de son actrice principale (Charlbi Dean), et toujours pas de topic sur ClaCla. Peut-être parce que les classikiens étaient tous sur leur smartphone à mater le vagin d'Ana de Armas dans Blonde au lieu de se déplacer dans les salles de cinéma. Lorsqu'une couverture du Film Français fait davantage polémique qu'une Palme d'Or, ce n'est pas bon signe...
Bref, comme d'hab', devinez c'est qui qui s'y colle pour ouvrir un sujet sur Triangle of Sadness ?

Image
Non, ce n'est pas l'affiche qui a été choisie pour la France

De quoi ça cause ?

Synopsis copié/collé depuis Wikipédia :
Un couple de mannequins et influenceurs se retrouve embarqué sur un navire de croisière pour l'élite. Là-bas ne règne qu'argent, luxe et inégalité. Du moins jusqu'à ce qu'une tempête pointe le bout de son nez, et avec elle le bouleversement des rapports sociaux entre tous les occupants du navire. Passant du Titanic à Robinson Crusoé, avec l'élite capitaliste américaine et un communiste pour capitaine, tout ce beau monde va devoir finir par cohabiter, quitte à renverser dogmes et hiérarchies.

La presse parle d'un croisement entre Titanic et La Grande Bouffe. Je penserais aussi à Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été, mais pour l'instant je n'ai pas encore vu cette Palme d'Or.
Par contre j'en ai vu la bande-annonce :



Et un extrait peu motivant déjà montré lors du Festival de Cannes :


Image

Je vous connais, ce que vous attendez surtout, c'est le traditionnel festival de multi-quotes :D
Alors c'est parti, même si ça se bouscule pas des masses :
Tina Quintero a écrit : 28 sept. 22, 19:42
Sans filtre 6/10
Je donne ça dès la sortie du cinéma, car c'est évident que ma note va descendre d'heure en heure. Or il serait injuste de ne pas donner la moyenne, ne serait-ce que pour les réactions nerveuses et même physiques que le film réussit plutôt bien à provoquer, du rire au dégoût. Après... Je laisse d'autres en parler, ça ne m'intéresse guère, je passe déjà à autre chose.
Zelda Zonk a écrit : 28 sept. 22, 20:35
C'est le "fameux" film où il vaut mieux y aller à jeun, c'est ça ?
Tina Quintero a écrit : 28 sept. 22, 20:45
Zelda Zonk a écrit : 28 sept. 22, 20:35 C'est le "fameux" film où il vaut mieux y aller à jeun, c'est ça ?
Non : comme l'explique le personnel de bord du film (et je l'avais déjà entendu sur un bateau), contre le mal de mer mieux vaut avoir le ventre plein.
Wulfa a écrit : 28 sept. 22, 21:01
Sans filtre (Triangle of Sadness), Ruben Östlund : 7,5/10.

Une satire parfois peu fine, mais qui n'oublie pas d'être drôle, avec une très belle photographie et des acteurs au top.
Mosin-Nagant a écrit : 29 sept. 22, 11:35
Sans filtre : 5,5/10
Dunn a écrit : 30 sept. 22, 03:39
Même chez classik, plus grand monde va au ciné.
Tina Quintero a écrit : 30 sept. 22, 06:16
Oui je me faisais la même remarque... Du coup le film qui divise les forumeurs ces jours-ci n'est pas celui qui était annoncé : c'est donc Blonde - et dans une moindre mesure Athena - sur Netflix, mais non Sans filtre sur grand écran. (Pas de plateforme pour moi, les salles et mes DVD-BR me suffisent.)
reuno a écrit : 30 sept. 22, 09:13
Sans Filtre : 8/10
poet77 a écrit : 30 sept. 22, 12:08
Sans filtre: 2/10

Une interminable querelle de couple confinant à l'absurde, une croisière d'ultrariches qui baignent dans leur vomi, une histoire de naufragés qui semble avoir été imaginé par les créateurs de Koh-Lanta! Super, la Palme d'Or!
cinephage a écrit : 1 oct. 22, 00:09
Sans filtre / Triangle of sadness, de Ruben Ostlund (2022) 7,5/10 - Remake contemporain de l'admirable Crichton, assez ludique malgré quelques faiblesses d'écriture. Un film sympathique et cruel, mais un peu court pour une palme d'or...
Demi-Lune a écrit : 2 oct. 22, 12:40
SANS FILTRE (Ruben Ostlund) : 6/10
nobody smith a écrit : 1 oct. 22, 10:26
Sans Filtre 7/10
C'est bien mais sérieux une seconde palme d'or pour ça ?
Spongebob a écrit : 2 oct. 22, 20:44
Dragon Ball Super: Super Hero : 6/10
Ballard73 a écrit : 3 oct. 22, 21:26
Sans filtre : 7,5 / 10
Au delà du message politique caricatural, j'ai pris un vrai plaisir en salle, et à en juger par les rires/gloussements des autres spectateurs, je n'étais pas le seul. L'humour du film vient d'ailleurs beaucoup du montage et de la mise en scène, je ne sais pas si la palme d'or est justifiée, mais en tous cas elle me paraît bien moins incompréhensible que celle de Ducournau l"année précédente.
joe-ernst a écrit : 4 oct. 22, 18:44
Triangle of Sadness, de Ruben Oestlund : 7,5/10
TheGentlemanBat a écrit : 4 oct. 22, 19:44
Sans filtre / Triangle of Sadness : 7/10

Pas complètement embarqué par le nouveau bébé de Ruben Östlund qui m'avait davantage conquis avec The Square. Si la scène du casting servant de prologue au film est une très jolie entrée en matière et donne immédiatement le "La" de cette satire brocardant, entre autres, la vacuité de notre époque, la suite s'en s'avérer véritablement décevante génère un enthousiasme fluctuant je dirais. J'ai eu beau me régaler ainsi de certaines situations/dialogues durant la partie centrale sur le yatch (le fameux dîner mouvementé avec ses vomissements en cascade et son débordement de caca qui sonne le chaos à bord est marrant au début mais perd progressivement de son attrait du fait de sa durée un peu excessive je trouve), c'est surtout le dernier acte sur l'île où les rapports entre le petit personnel et les nantis sont inversés qui, malgré une fin trop abrupte, m'a finalement le plus plu je crois et a permis in fine au métrage d'atteindre cette note.
ballantrae a écrit : 4 oct. 22, 23:30
Sans filtre de R Ostlund peut se montrer drôle et doté d'un bon timing pour la construction d'un gag, d'un trait efficace quand il s'agit d'enfermer tel personnage dans une situation de malaise. Mais comme dans The square, on peut se dire aisément que le métrage est trop long et que Ferreri et plus encore Bunuel étaient bien plus féroces il y a des décennies. Pas mal du tout mais bien en deça de ce qu'on devrait attendre d'une palme. Reconnaissons que l'apologue n'est pas un art très aisé et que les tentatives convaincantes ne courent pas les rues. Dans le genre Parasite était tellement plus puissant et beau... et ma foi on sent que Ostlund a dû songer au succès planétaire du film de B Jong Ho.
6.5/10

Image
On a échappé aussi à cette affiche en France





Oui, le sondage est légèrement bête et polémique. Ce n'est rien d'autre qu'une tentative désespérée pour attirer l'attention afin d'éviter que ce topic fasse un bide :oops:
Dernière modification par tchi-tcha le 27 nov. 22, 18:07, modifié 1 fois.
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Zelda Zonk
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par Zelda Zonk »

Je vais éviter un bide à tchi-tcha...

Sans filtre : 7,5/10

Parfois trop démonstratif et simpliste dans son propos (tout le passage laborieux sur les tirades et citations politiques) et sans doute excessif dans sa charge au vitriol, son goût de la provoc' et sa misanthropie (mais n'est-ce pas le prix à payer quand l'angle d'attaque choisi est la satire, le trash et l'humour corrosif ?), le film n'en demeure pas moins poilant, particulièrement bien servi par son casting et très soigné dans sa mise en scène et son montage. Au final, les 2h30, divisées en trois parties, ont été digérées sans problème, contrairement aux huitres servies aux passagers de la croisière :uhuh: . Mon film préféré de Ruben Östlund jusqu'à présent, le plus abouti à mon sens (Snow Therapy et The Square m'avaient moins convaincu). Méritait-il pour autant la Palme d'Or ? Je n'en sais rien, n'ayant pas vu tous les autres films en compétition, mais disons que cela ne suscite aucunement mon incompréhension ou ma sidération, contrairement au choix de Titane l'an passé.

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Nikolai
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par Nikolai »

Je ne vois pas en quoi le film est misanthrope. Est-ce que South Park est misanthrope ? Je vois pas mal de tendresse avec les personnages, je ne trouve pas Ostlund méprisant, taquin bien évidemment et je le vois lui aussi se mettre en scène, s'inclure dans l'absurdité de ce monde, des idéologies, des postures à adopter, des classes sociales.
Y'a une scène très drôle avec une passagère qui se plaint de manière excessive du fait que les voiles sont sales et qu'il faudrait les nettoyer. Ostlund pour moi est à l'image du capitaine, il rigole bien sûr constatant l'absurdité de sa demande de nettoyer les voiles sachant qu'il n'y a aucune voile. Il aurait pu en rajouter pour la mépriser mais au contraire, il reste poli, il a ce regard un peu triste, désabusé sur ces gens qui ne sont que dans l'apparat ou la posture parfois idiote. Le capitaine n'est pas dans la détestation de ses congénères, il est juste fatigué de faire semblant, il ne cherche que la vérité des sentiments pour recréer un lien social.
Le regard misanthrope est plutôt chez le spectateur mais le film ne l'est vraiment pas. C'est pas forcément un film hyper intelligent, ou à l'inverse hyper trash, il est à la frontière de plein de choses, drôle, caustique, plaisant et parfois même touchant.
Vaut mieux en rire de toute cette médiocrité, car on est tous malgré tout un peu médiocre quelque part.
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tchi-tcha
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par tchi-tcha »

Sans grand enthousiasme, mais puisque j'ai ouvert ce sujet je suis bien obligé, copier/coller depuis le topic du classement des sorties :
Sans Filtre (Ruben Östlund) 4,5/10
Félicitations à son réalisateur qui réussit à remporter une Palme d'Or avec un film qui n'est même pas complètement fini. Seules les deux premières parties sont achevées, la troisième - cet interminable Koh-Lanta réinventant la lutte des classes - n'est ni montée ni même écrite. Pas plus radical que subversif, enfonçant des portes ouvertes pour déverser ses torrents de merde, un film qui en dit aussi long sur son auteur que sur cette société qu'il exècre.
Que le trait soit lourd, ça ne me dérange pas, l'attaque est frontale et sa cible est en effet assez détestable pour bien mériter de se faire gerber dessus dans cette comédie satirique féroce. Et même si les scènes s'étirent au-delà du nécessaire pour appuyer lourdement et faire le malin, même si elles sont souvent trop longues et insistantes, je n'ai pas vu le temps passer. Donc je reconnais la maîtrise de l'ensemble... en tout cas pas pendant les deux premières parties.
Ensuite c'est la dégringolade, le troisième segment avec ses naufragés, rachitique à tous les niveaux, étonnement en-deçà de ce qui a précédé, n'a plus du tout fonctionné sur moi. Et c'était interminable, à peine mieux fichu que les épisodes sur l'île mystérieuse de Nadia, le secret de l'eau bleue (pour situer mon degré de désappointement).

Pas envie de m'éterniser sur ce film, en fait. De Buñuel à Cameron, de Ferreri à Fellini et avec deux Palmes d'Or, Östlund va finir par y croire lui-même, mais je pense que son cinéma ne me touche tout simplement pas : sous son vernis brillant, il n'a pas grand chose à m'offrir.


(c'était bien la peine de créer un topic pour ça, merci à la surexposition de sa récompense cannoise... :? )
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par Nikolai »

Je pense vraiment qu'il y a un malentendu sur à la fois l'ambition du real, le regard qu'on peut porter sur le film et sur le regard même d'Ostlund. Il faut voir simplement ce qui intéresse Ostlund, ce qu'il aime filmer, et lui c'est avant tout des situations. Il pousse certaines idées de situation jusqu'au bout pour créer des tensions de plus en plus inextricables avec des rapports de force qui peuvent s'inverser selon justement la situation.
La séquence de l'addition c'est la scène emblématique du film au début, il est dans le banal, la quotidien, une situation classique mais qui devient de plus en plus perverse quand on creuse le malaise sur le sentiment dominant/dominé. Et sur ça il est brillant car toutes les situations du film sont exploitées et vont au bout de leurs idées et des conflits liés au rapport de classe voire de genre.
En disant ça, je ne dis pas que le film est parfait ou qu'il n'a pas de problème de rythme notamment dans la dernière partie, mais ça fait plaisir de voir quelqu'un qui réfléchit à un cadre donné pour exploiter tous les enjeux liés à une situation précise. En ce sens il y en a peu des comme lui.
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par tchi-tcha »

Ça y est, ce topic-phare décolle enfin ! :D
(ou alors c'est juste les algorithmes de Netflix qui ont déjà renvoyé Blonde dans le ventre mou des oubliettes...)

Festival de notes palmées :
Lohmann a écrit : 10 oct. 22, 09:43
Sans filtre 4/10 - lourde déception, pas sûr que lui donner une seconde palme pour ce film soit une très bonne idée, j’ai un peu peur qu’Ostlund s’enferme dans un dispositif qui tourne cette fois complètement à vide.
Ah nan en fait, c'est tout. Tu parles d'une Palme d'Or choc... :?

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"Ben alors les classikiens, vous attendez quoi pour venir me voir ?"



D'ailleurs, cette Palme fait peut-être elle-même partie du problème du film :
Nikolai a écrit : 10 oct. 22, 11:00
Je pense vraiment qu'il y a un malentendu sur à la fois l'ambition du real, le regard qu'on peut porter sur le film et sur le regard même d'Ostlund.
(comme d'hab' je souligne ce qui m'intéresse)
Alexandre Angel a écrit : 10 oct. 22, 09:49
Je ne l'ai pas vu encore, mais je me dis qu'il y a vraiment une tradition au festival de Cannes de Palmes d'Or, de temps à autres, qui ne veulent rien dire (qui se souvient des Meilleures Intentions, de Bille August, seconde Palme pour le réalisateur, en 1992 ?). On est habitués à ces Palmes sporadiques dont on comprend mal ce qui les motivent.
À la réflexion, si j'avais tout ignoré du pédigrée de Triangle of Sadness en entrant dans la salle (la deuxième Palme du mec au nom bizarre qui a fait The Square), ma note aurait davantage tourné autour d'un 5,5 ou d'un 6/10. Parce que si j'étais seulement allé voir le nouveau film avec Woody Harrelson embarqué dans une croisière merdique, j'aurais probablement trouvé cette comédie satirique assez féroce, pas très fine dans sa démarche, assez simpliste et naïve dans sa provoc' mais souvent très efficace dans son humour mordant qui se délecte à appuyer pile là où ça fait mal. Ce qui n'aurait pas fondamentalement modifié mon ressenti global, la troisième partie (qui occupe laaaaaaaargement plus qu'un tiers de la durée totale) patine toujours autant dans le sable, bizarrement très en dessous du degré de maîtrise des deux premiers segments.

Sauf que non, je ne suis pas allé voir un nouveau film à l'affiche mais la deuxième Palme du mec au nom bizarre qui a fait The Square. Donc, non seulement lorsque je voyais Charlbi Dean à l'image je pensais à son décès prématuré, mais une petite voix dans ma tête ne cessait de me répéter "est-ce que ce film est vraiment au niveau des plus grandes Palmes d'Or qui l'ont précédé ?" Comme en ce qui me concerne la réponse à cette question est "non, pas vraiment" ça biaise mon regard.


Et une hypothèse pour répondre à Alexandre Angel sur cette Palme qui ne voudrait rien dire. Peut-être que le jury a sincèrement apprécié le film (les gens "du milieu du cinéma" peuvent être des spectateurs tout aussi lambda que le commun des mortels ou qu'un classikien), peut-être parce qu'il est entré en résonance avec leur expérience d'un dîner de gala/charité auquel Lindon et ses camarades avaient été contraints de participer la veille alors qu'ils étaient crevés après une journée de projections...
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par Alexandre Angel »

tchi-tcha a écrit : 10 oct. 22, 14:43 Et une hypothèse pour répondre à Alexandre Angel sur cette Palme qui ne voudrait rien dire.
Après je ne permets pas de juger un film que je n'ai pas vu mais c'est une expression à ma sauce (mais ça, tu l'auras compris :mrgreen: ) pour dire qu'il existe une catégorie un peu à part de Palmes, non pas qui ne font pas l'unanimité (ça, c'est Titane ou Sailor et Lula) mais qui paraissent immédiatement faire pschiittt auprès de la critique. Il me semble que c'est un peu le cas ici.
Mais tu dois avoir raison : bon nombre d'avis négatifs le seraient sans doute moins si le film sortait comme ça.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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TheGentlemanBat
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par TheGentlemanBat »

On dirait bien que je suis le seul à avoir (beaucoup) aimé le 3ème acte sur l'île que tout le monde pointe du doigt pour sa faiblesse scénaristique. Peut-être est-ce dû au fait que la partie centrale à bord du yacht, comme je l'ai dit dans mon petit retour, m'a semblé tirer un peu trop en longueur (les tirades avinées par exemple de l'ami Woody et son pote oligarque russe autoproclamé "king of shit" m'ont pas mal gonflé) mais j'ai accueilli ce changement de décor, qui comme les personnages nous propulse pour la 1ère fois à l'extérieur de leur bulle dorée, comme une respiration plutôt bienvenue. Et s'il est vrai qu'en terme d'écriture on navigue plutôt en terrain connu, en terme de divertissement j'ai trouvé cette dernière bobine jouant sur l'inversion des rapports de pouvoir et l'instinct de survie réjouissante à plus d'un titre (en plus d'être très plaisante sur le plan visuel) et donc absolument pas interminable (à la louche, elle représente quoi ? 40-45 min sur 2H30 de métrage ?).
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Zelda Zonk
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par Zelda Zonk »

TheGentlemanBat a écrit : 10 oct. 22, 20:02 On dirait bien que je suis le seul à avoir (beaucoup) aimé le 3ème acte sur l'île que tout le monde pointe du doigt pour sa faiblesse scénaristique. Peut-être est-ce dû au fait que la partie centrale à bord du yacht, comme je l'ai dit dans mon petit retour, m'a semblé tirer un peu trop en longueur (les tirades avinées par exemple de l'ami Woody et son pote oligarque russe autoproclamé "king of shit" m'ont pas mal gonflé) mais j'ai accueilli ce changement de décor, qui comme les personnages nous propulse pour la 1ère fois à l'extérieur de leur bulle dorée, comme une respiration plutôt bienvenue. Et s'il est vrai qu'en terme d'écriture on navigue plutôt en terrain connu, en terme de divertissement j'ai trouvé cette dernière bobine jouant sur l'inversion des rapports de pouvoir et l'instinct de survie réjouissante à plus d'un titre (en plus d'être très plaisante sur le plan visuel) et donc absolument pas interminable (à la louche, elle représente quoi ? 40-45 min sur 2H30 de métrage ?).
Idem : cette 3ème partie sur l'île ne m'a pas paru plus longue que les autres. Comme quoi, cette perception de durée est très subjective.
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par MJ »

Zelda Zonk a écrit : 5 oct. 22, 11:23 (tout le passage laborieux sur les tirades et citations politiques)
Peut-être ce que j'ai préféré - en partie bêtement parce que le film s'en tire à citer dans le texte de la pensée radicale à la Chomsky ou Eugene Debs (les citations marxistes-léninistes, parfois apocryphes, sont plus connues ou attendues)... Apparemment, faut en faire beaucoup autour dans la même scène pour s'en tirer avec ça.
Sinon la mort de Charlbi Dean rend étrangement poigants les derniers plans (très réussis, contrairement au dernier segment, que je trouve en fait pas moins démonstratif que le second - le premier est le plus troublant parce que plus imprévisible).
La détestation dont bénéficie Östlund auprès d'une certaine presse française me donnerait envie de l'aimer plus, mais je vois une limite claire à son travail, qui est plus son vrai problème que la misanthropie dont on le taxe en lieu et place de ce diagnostic : il s'enferme dans les situations qu'il crée et sur lesquelles il se repose. C'est ce qui fait que celles-ci marchent au mieux quand elles deviennent réellement imprévisibles (comme celle de l'addition et ses suites ici, ou Elizabeth Moss demandant au personnage principal dans The Square s'il se souvient du prénom du sien après avoir couché avec). Quand il tiendra un film entier sur ce genre d'hésitations malaisantes ça deviendra autre chose à voir.
Un cinéaste qui en l'état ne mérite ni la hype festivalière qui l'entoure, ni la réaction outrée qui lui répond.
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par ballantrae »

Entièrement d'accord avec toi MJ: ni aussi important que l'énonce son aura festivalière, ni aussi détestable ou négligeable que le scande une partie de la critique française ( les Inrocks, les Cahiers en tête).
C'est un cinéma intéressant, parfois très drôle, parfois un peu trop amoureux de ses idées au point de les étirer au delà du nécessaire.
Question style, Ostlund privilégie des plans parfois longs, un cadre plutôt soigné mais je pense plus adhérer aux visions d'un autre auteur d'apologues venus du Nord Roy Andersson qui me semble plus énigmatique, plus complexe même si ses films ne sont pas bavards. Chansons du 2 ème étage comme Un pigeon perché... semblaient résulter de la rencontre entre Beckett et Tati.
Ostlund est un bon satiriste mais un conteur perfectible: il sait pleinement réussir une scène ( j'aime beaucoup le dialogue du couple de models/influenceurs au restau puis à l'hôtel, la scène de la piscine ou encore le couple de petits vieux anglais "charmants") mais moins la structure du récit qui me semble un peu schématique. Ceci dit c'est le propre de l'apologue y compris chez des grands comme Pasolini mais celui-ci en jouait avec plus de liberté.
On a beaucoup cité Bunuel ou Ferreri concernant Ostlund mais Pasolini aurait aussi pu être évoqué lui qui a inventé Théorème, Uccelacci et uccelini, Salo.
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par TheGentlemanBat »

ballantrae a écrit : 11 oct. 22, 10:48 Question style, Ostlund privilégie des plans parfois longs, un cadre plutôt soigné mais je pense plus adhérer aux visions d'un autre auteur d'apologues venus du Nord Roy Andersson qui me semble plus énigmatique, plus complexe même si ses films ne sont pas bavards
Invité du Cercle sur Canal y'a de ça une dizaine de jours, Östlund a dit justement qu'Andersson était une influence majeure pour lui et qu'il vénérait son œuvre.
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par Alibabass »

Sans Filtre : 3/10
- Dans une séquence au début du film, nous avons affaire à un défilé de mode avec un écran LED et une punchline : Le cynisme est le nouveau positivisme. Ruben Ostlund, pas malin je trouve et un peu hypocrite, joue à la lettre cette phrase : soit ou joue dans le grand-guignolesque, soit on joue la nuance. Je vous laisse juge après avoir vu le film, mais d'un point de vue personnel, à part l'aspect technique du bateau qui tangue pour sa symphonie de merde (l'introduction subtile de la lumière est très belle pour ce qu'elle amène) et les sourires des mannequins H&M/Balenciaga, qui raconte bcq de choses en peu de temps, c'est un pétard mouillé ... pardon ... de merde ^^.
La séquence de l'addition c'est la scène emblématique du film au début, il est dans le banal, la quotidien, une situation classique mais qui devient de plus en plus perverse quand on creuse le malaise sur le sentiment dominant/dominé. Et sur ça il est brillant car toutes les situations du film sont exploitées et vont au bout de leurs idées et des conflits liés au rapport de classe voire de genre.
Il a fait la même chose dans Snow Therapy. Son redux est un peu vain sur le coup.
La détestation dont bénéficie Östlund auprès d'une certaine presse française me donnerait envie de l'aimer plus, mais je vois une limite claire à son travail, qui est plus son vrai problème que la misanthropie dont on le taxe en lieu et place de ce diagnostic : il s'enferme dans les situations qu'il crée et sur lesquelles il se repose.
Exactement, et c'est vraiment dommage car contre-productif. Qu'il fasse son Bruno Dumont (qui, dans le genre lutte des classes, avec Ma Loute, c'était pas du tout repos).
Ensuite c'est la dégringolade, le troisième segment avec ses naufragés, rachitique à tous les niveaux, étonnement en-deçà de ce qui a précédé, n'a plus du tout fonctionné sur moi. Et c'était interminable, à peine mieux fichu que les épisodes sur l'île mystérieuse de Nadia, le secret de l'eau bleue (pour situer mon degré de désappointement).
La purge la troisième partie, j'étais en mode facepalm là. Pourquoi tu fais ça ? Alors tu te raccroches à la photographie, et c'est tout.

Bon, bref ... film que je vais oublier rapidement, mais, fait positif, la séquence punchline avec les citations politiques donne envie de (re)voir Film Socialiste de Godard. Et de prendre des claques, et des notes.
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tchi-tcha
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par tchi-tcha »

Dans une lettre ouverte sans filtre, notre camarade Flol balance ses quatre vérités à Ruben Östlund.
T'as raison, frérot, on va pas se laisser impressionner par deux palmes en caoutchouc :
Flol a écrit : 27 nov. 22, 13:54
Triangle of Sadness : 5/10

Alors je t'aime bien Ruben, tu n'es pas dénué de talents (loin de là), mais je t'ai déjà trouvé bien plus inspiré qu'ici.
Ta démonstration est rigolote, avec ses airs de farce volontairement grotesque - même si je m'attendais à quelque chose de plus extrême, lors de la fameuse séquence des multiples vomis...j'espérais quelque chose à la Monty Python alors que c'est finalement plutôt sage, en terme de jets.
Mais ta démonstration est aussi assez facile et lourdaude : ok tu mets tout le monde (littéralement) dans le même bateau, les riches et les pauvres sont finalement tous des pourritures égoïstes, tu traites à la fois de luttes des classes, de lutte des genres, etc...tu te moques des bourgeois, alors que non seulement tu en es un toi-même, mais en plus ils sont les premiers à t'applaudir et à te filer non pas une mais carrément DEUX Palme d'Or ! (et on ne va pas se mentir : celle-ci, tu ne la méritais pas forcément)
Heureusement, ton sens de l'observation toujours aussi assez acérée m'a réjoui à plusieurs moments (le coup de l'addition au resto), quand d'autres me sont quasiment tombés des yeux (la bataille de citations entre mecs bourrés).
Et puis 147 minutes pour nous dire ça ? Était-ce vraiment nécessaire ?
La structure en blocs de ton récit n'aide pas non plus à l'implication. Certaines situations, en tant que telles, sont plutôt marrantes ; mais elles forment un tout pas forcément homogène, et dont la dernière partie tire méchamment en longueur.

Et puis de toute façon, le meilleur Ruben, c'est celui de la Pat' Patrouille.
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LeRationaliste
Doublure lumière
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Re: Sans Filtre (Ruben Östlund - 2022)

Message par LeRationaliste »

Vous enlevez l'intro et la dernière phrase, c'est exactement ce que j'ai ressenti devant le film. J'enlève même un point tant ça sent le périmé si on enlève les technologies et le dialogue avec l'oligarque russe qui situent l'action dans notre époque.

Quoique non, la remarque sur le bourgeois, je ne l'aurais pas prononcé : on peut critiquer une caste sociale très efficacement en en ayant fait partie : demandez à Karl Marx.

L.R
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