Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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halford66
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par halford66 »

Un peu HS mais les 2 disques de Gun des frères Kurvitz sortis en 68 et 69-méconnus et mésestimés-sont excellents!
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AtCloseRange
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par AtCloseRange »

Et 66 c'est du poulet?
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shubby
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par shubby »

Je ne partais pas gagnant avec la ba, mais je vois pas mal de retours positifs intéressants. Je vais sûrement me laisser tenter. Moulin rouge & Roméo + Juliet j'aime bien.
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Supfiction
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par Supfiction »

Laissez vous tenter. Film de l’année pour ma part. Je pense y retourner rapidement.

Par contre j’aimerais bien savoir si le coup de sang d’Elvis lors du concert à Vegas est (un peu) véridique. Je pense que Luhrmann a pris pas mal de libertés, privilégiant le sens profond des relations à la véracité pointilleuse des événements.
Quant à Austin Butler, je me disais avant le film que je n’arriverais pas à le prendre pour Elvis mais dès qu’on l’entend parler, c’est assez incroyable, on y croit immédiatement au point qu’on se demande même par moments si ce sont des images d’archives ou l’acteur qui est à l’écran.
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Profondo Rosso
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par Profondo Rosso »

Supfiction a écrit : 26 juin 22, 17:46 Laissez vous tenter. Film de l’année pour ma part. Je pense y retourner rapidement.
Dans le dernier Rock & Folk il y a un article très élogieux sur le film et à la fin il cite un extrait de texte de Michel Houellebecq qui évoque la scène de concert d'Elvis qui conclut aussi le film de Luhrmann, c'est tellement ça.

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Alibabass
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par Alibabass »

'tain, ça r'bluffes encore.
Laissez vous tenter.
Uniquement parce-que il y a la fête du cinéma et c'est 4 boulettes, ayant vu la bande-annonce, le truc c'est que j'ai VRAIMENT peur que ça soit un parc d'attraction visuelle avec des mises en abymes tout le temps, ça bouge, ça bouge, ça bouge, bam bam plouf ... C'est pas mon délire. Je suis une personne très abstraite, j'ai aimé Il Buco & Plumes, avec des plans fixes, et Nuri Bilge Ceylan est un cinéaste que j'adore.
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Supfiction
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par Supfiction »

Alibabass a écrit : 26 juin 22, 23:56 'Nuri Bilge Ceylan est un cinéaste que j'adore.
Oui mais Elvis par Nuri Bilge Ceylan, j’ai des doutes sur le résultat.

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Ouf Je Respire
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par Ouf Je Respire »

:lol:
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tchi-tcha
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par tchi-tcha »

Je copie/colle depuis le topic du classement des sorties.
Mais attention, c'est pas juste du copier/coller paresseux, j'ai édité aussi, faut pas croire, hein :
tchi-tcha a écrit : 28 juin 22, 02:32
Profondo Rosso a écrit : 23 juin 22, 02:18
Grand film, un des meilleurs de Luhrmann qui devrait le réconcilier avec ses détracteurs les plus virulents.
#teamProfondoRosso

Me réconciler avec Luhrmann peut-être pas. Moulin Rouge ou Australia restent des trucs qui piquent les yeux, font éternuer et me collent la migraine. Le seul film du bonhomme que je retenterais éventuellement serait Roméo + Juliette (et encore, c'est bien grâce à Craig Armstrong, parce que je crains le pire malgré tout). Mais là, grand film oui, très très grand même.

Si le Martin Scorsese des 90's avait tourné un biopic d'Elvis Presley interprété par Ray Liotta, ça aurait peut-être ressemblé à ça. Ne me demandez pas comment le type de Australia peut réaliser son Casino alors qu'il n'a jamais fait son Goodfellas à lui, il l'a fait, c'est tout. Ça commence comme un bon film, ça devient progressivement passionnant, et c'est finalement prodigieusement foisonnant et habité. Ne me demandez pas comment le petit minet Austin Butler peut du jour au lendemain devenir capable d'une interprétation aussi grandiose, il le fait, c'est tout. Très très très grand film, donc.

(oui, à ce point)

Lohmann a écrit : 23 juin 22, 12:21
J’en ai vu 2 (Moulin Rouge et Roméo + Juliette), plus jamais je ne remet une pièce dans la machine Luhrmann.
La méfiance est légitime, la bande-annonce m'aurait fait dire la même chose (et après Bohemian Rhapsody ou le bidule sur Elton John, j'étais prêt à recevoir la petite gueule d'Austin Butler à coup de carabine dans la tronche). Un réalisateur plus raisonnable aurait possiblement réussi un "bon" biopic, mais avec un réalisateur déraisonnable dont le style trouve enfin sa raison d'être c'est ébouriffant.

Passionnant, flamboyant, ébouriffant, habité, j'aurais pu ajouter "bluffant" parce que le résultat m'a littéralement bluffé.
(non, je ne bluffe bas :fiou: )


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tchi-tcha
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par tchi-tcha »

Torrente a écrit : 28 juin 22, 03:43
Tu m'as eu jusque Casino, après j'ai tellement ri, que c'était mort mais tu as raison, plus c'est gros, plus ça passe, il fallait la tenter. Il s'en est fallu de peu :wink:
Je précise que j'ai déjà fait mon trollage quotidien ailleurs aujourd'hui :mrgreen:
J'ai vérifié chez Météo France, il n'y a pas eu de soleil à Berck dans les dernières 24 heures, pas davantage que durant les 1237 jours précédents.

Donc nope, c'est pas du bluff, le film est bluffant, deal with it (comme disent les bretons).

À froid ma note baisserait, parce que ce film faustien dit finalement assez peu de choses sur le rock n' roll, parce que pour un biopic il en dit également assez peu sur la vie d'Elvis (la façon dont sa "carrière" au cinéma est traitée, par exemple), et parce qu'il n'a commencé à m'emporter qu'à partir de sa seconde moitié, pour devenir ébouriffant dans son dernier tiers avant de redescendre en douceur pour ses cinq dernières minutes (la première moitié, c'est juste un bon film).

Donc une fois calmé, je passerai peut-être d'un 9,5/10 déraisonnable à un 8,5/10 plus modeste ou à un 9/10 plus crédible. Mais le marchandage sur la note s'arrêtera là, je ne descendrai pas plus bas.
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par Torrente »

tchi-tcha a écrit : 28 juin 22, 04:18Je précise que j'ai déjà fait mon trollage quotidien ailleurs aujourd'hui :mrgreen:
Non, non, le trollage aurait été de mentionner les traces de doigts gras sur la couv' !
... après la pizza 3 fromages qu'il avait sûrement mangé en terrasse, avant de se plaindre de ses poignées d'amour.

Là, j'ai trouvé ta saillie trop sage pour la considérer comme un trollage.
tchi-tcha a écrit : 28 juin 22, 04:18À froid ma note baisserait, parce que ce film faustien dit finalement assez peu de choses sur le rock n' roll, parce que pour un biopic il en dit également assez peu sur la vie d'Elvis (la façon dont sa "carrière" au cinéma est traitée, par exemple), et parce qu'il n'a commencé à m'emporter qu'à partir de sa seconde moitié, pour devenir ébouriffant dans son dernier tiers avant de redescendre en douceur pour ses cinq dernières minutes (la première moitié, c'est juste un bon film).
Oui, donc, 7/10 plutôt. On est bien d'accord, tu bluffais.
tchi-tcha a écrit : 28 juin 22, 04:18Donc une fois calmé, je passerai peut-être d'un 9,5/10 déraisonnable à un 8,5/10 plus modeste ou à un 9/10 plus crédible. Mais le marchandage sur la note s'arrêtera là, je ne descendrai pas plus bas.
Fais gaffe, dans 2 secondes je raccroche et mon offre passe à 6,5/10...
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par tchi-tcha »

Karras, je pense descendre ma note pour Doctor Strange in the Multiverse of Pas Trop Madness et la réduire à 0,5/10 ou 1/10.

Je te contacterai par MP quand j'aurai arrêté mon choix, pardon pour le dérangement.


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Supfiction
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par Supfiction »

ce film faustien dit finalement assez peu de choses sur le rock n' roll,
Tout est dit je trouve. Cette lutte perpétuelle entre l’énergie de la jeunesse et donc du sexe (trouble) et celle de la raison et de l’argent.
A plusieurs moments clés, Elvis a l’occasion (dans le film) de faire triompher cette énergie contre son vampire de manager mais à chaque fois ce dernier réussi vicieusement (vicious) à reprendre la main.
Dans Presque célèbre/Almost famous, on retrouve le même combat perdu lors de la fameuse scène du manager who needs a manager qui se termine par le troque du bus contre l’avion.
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par franzgehl »

All the rides are over and done
It's late and no prizes are left to be won
The rides are closed, it's the end of the day
The horses are moving away

Yes, the fair's moving on
And I'll soon be gone
Remember the love that we've known
Yes, the fair's moving on
But I won't leave you long
It's the last time you'll be on your own

(The fair is moving on, 1969)

Le biopic est toujours un exercice périlleux, a fortiori lorsqu'il s'agit d'une figure ultra connue comme Elvis. Il s'agit d'attirer le grand public en rendant le film accessible et en même temps contenter les fans ultra pointilleux et attentifs aux moindres détails et méandres de l'histoire.

J'avoue avoir vu le projet d'un oeil circonspect lorsque j'en avais entendu parler l'année dernière (on a déja vu pas mal choses plus ou moins réussies les 40 dernières années, entre téléfilms, mini-séries, documentaires fouillés ou superficiels) puis je me suis laissé tenter lors d'un passage en France le weekend dernier vu qu'un cinéma le proposait en VO.
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Visuellement, c'est féérique, l'impression d'être d'ailleurs sur un manège lancé à toute allure (le rythme se calme un peu à partir de la fin des années 60). On y est à chaque instant, on assiste à la construction d'un mythe puis à l'effritement, le tout vu et raconté par le colonel (du moins sur les séquences où son influence mercantile se fait sentir). Le film permet de comprendre encore plus l'influence qu'a pu excercer le colonel sur Elvis au travers de divers épisodes. Du fait du point de vue narratif, l'histoire n'est pas toujours linéaire (les années 1969-1977 sont condensées/résumées), certaines phases de la vie d'Elvis ne sont pas développées, mais le propos est centré sur Elvis et le colonel, le management d'un phénomène musical/culturel par un forain avide (et as du marketing) et prêts à plumer les gogos (d'ailleurs on retrouve la recette dans la bouche du colonel en 1968: après Elvis le rebelle et Elvis l'acteur, on va jouer la carte de l'Elvis entertainer familial). Pour le colonel, la musique importe peu, pourvu qu'elle soit dans l'air du temps et que cela permette de faire sonner le tiroir-caisse. Le thème de la fête foraine est sous-jacent au film: "plumer les gogos en leur laissant le sourire aux lèvres". Un plan qui en dit long: Elvis de dos à la fête foraine, le colonel derrière lui qui s'apprête à l'aborder, puis focus sur l'arrière plan où l'on voit un panneau marqué "Geek". Tout est dit: un le colonel s'achète LE phénomène de foire qu'il s'agira de rentabiliser et qu'il faudra dompter. Le phénomène en question sera selon les périodes un caniche docile ou bien une panthère prête à bondir hors de sa cage.

La recette est de rendre Elvis rare (pas d'apparitions avec d'autres chanteurs notamment) pour que le public aille voir ses films, achètes les bandes originales et les albums studios, puis plus tard que le public vienne en masse le voir dans la moindre ville moyenne des Etats-Unis, comme une fête foraine qui sillonne les Etats-Unis avec son merchandising.

Les reconstructions de scènes/photos ultra-connues sont époustouflantes: le film donne vie à des photos prises par Alfred Wertheimer (Elvis au piano à New York avant le Steve Allen Show. le concert au Russwood Stadium) ou autres photographes. Egalement sur la reconstitution du 68 Comeback Special et de la séquence à Las Vegas: Austin Butler reprend au millimètre les mêmes mimiques et gestes d'Elvis que dans les séquences d'origines (sur la première à Las Vegas, il secoue la tête en souriant et soufflant en entrant sur scène sous les applaudissements comme dans That's the way it is). Lurhmann se paye même le luxe de reproduire certains détails vus dans That's the way it is (vision fugace de Cary Grant dans le public lors de la première en août 1970 à Las Vegas). Egalement gros travail sur la reconstitution de certaines scènes des films d'Elvis.

Les 2h40 filent sans temps mort, on regrette même un peu que le film ne soit pas plus long et occulte certains autres aspects (on aurait facilement pu faire un film de 10h) qui auraient encore plus noirci le tableau et souligné la main-mise du colonel: la mise à l'écart de Leiber & Stoller en 1958 (prenant trop de place et partageant le même goût pour Elvis pour la musique noire - et surtout refusant de laisser les 50% de droits habituels à la maison d'édition créée spécialement pour accueillir les tubes chantés par Elvis), le business de Hill & Range des frères Aberbach qui fournissait les chansons à enregistrer (toujours avec la règle des 50% ce qui finit par apauvrir la source de chansons potables).

Autres aspects qui sont absents du film:

- la rencontre avec Alfred Wertheimer qui va suivre Elvis en reportage photo entre mars et juillet 1956
- la virée à Paris lors du service militaire en Allemagne (le contrepoint aurait été intéressant, Elvis étant laissé sans surveillance puisque le colonel ne pouvait pas sortir des USA)
- les oeuvres charitables diverses soutenues généreusement par Elvis (ou le soutien financier à Roy Hamilton et Jackie Wilson)
- la rencontre avec J.D. Sumner dans les années 50 à Memphis dans le cadre des concerts gospel (et qui chantera pour Elvis sur scène avec les Stamps à partir de 1972)
- la rencontre avec Nixon (déjà un film à elle seule)
- l'attirance toujours pour le gospel une fois la carrière établie (les seuls grammys recus l'ont été pour des albums ou performances live de gospel)
- le Million Dollar Quartet à Memphis en décembre 1956 avec Johnny Cash, Carl Perkins et Jerry Lee Lewis
- le travail en studio de manière générale
- les légendaires sessions de 1969 à Memphis aux American Studios (finies les chansons faciles, la construction de hits sous la férule de Chips Moman et la rencontre sur place avec Roy Hamilton, une des ses idoles)
- les guitaristes légendaires (Scotty Moore et James Burton, évoqués mais plutôt furtivement)
- l'épisode allemand est réduit à la rencontre avec Priscilla (ici aussi reproduction fidèle de la Goethestrasse à Bad Nauheim)
- le retour à Tupelo en septembre 1956 pour deux concerts
- les copains/parasites de la Memphis Mafia et leurs goûts de hilbilly/white trash qui l'ont isolé du reste du monde dans les années 60
- l'influence grandissante de son coiffeur/gourou dans les années 60 qui l'a initié à l'ésotérisme
- les quatre films des années 50
- l'amitié avec le fantasque DJ Dewey Phillips dans les années 50
- la rencontre avec les Beatles

Mais comme dit, ca aurait duré 10h facile...

Le film fourmille de mille détails ce qui fait que le film est fait aussi bien pour le grand public que pour les fans pointilleux (un fait évoqué au détour d'une conversation n'évoquera pas grand chose pour le grand public mais n'empêche nullement la compréhension du récit, tandis que pour les fans au fait, ca sera plus un clin d'oeil du réalisateur du style "voyez, je me suis documenté à mort, j'ai lu le bouquin référence de Guralnick, j'ai regardé toutes les images d'archives disponibles, rien
n'a été laissé au hasard"). Même au niveau des dialogues, on retrouve les mots dits par Elvis à un moment donné (avant de chanter au Russwood Stadium à Memphis par exemple, l'amitié avec Fats Domino lors de la conférence de presse - même si l'acteur ne ressemble pas vraiment à Fats Domino).

Quelques incohérences (ou libertés artistiques ?):
- Les parents d'Elvis ne l'accompagnaient pas en tournée dans les années 50.
- Lorsque Elvis retourne à Memphis en juillet 1956 après sons séjour à New York: il n'habitait pas encore Graceland (acheté en 1957) mais sur Audubon Drive à Memphis, il avait déjà enregistré Tutti Frutti de Little Richard (qu'il voit chanter dans le club sur Beale Street - Little Richard avait enregistré le tube en 1955 et Elvis l'a repris fin janvier 1956 à New York).
- le concert au Russwood Stadium à Memphis en juillet 1956: la chanson Trouble n'a été enregistré qu'en 1958 pour le film King Creole.
- Le retour à la scène en 1969: Elvis est montré comme en 1970 correspondant à l'imagerie de That's the way it is (visuellement plus parlant au public puisque c'est l'image qui ressort souvent, un Elvis tout de blanc vêtu - en 1969 les tenues de scène étaient plus sombres, mais il n'existe quasimment pas de vidéo, mis à part un ou deux enregistrement pirates de mauvaises qualités)
- Sur le fait de virer le colonel en plein concert à Las Vegas: je ne me souviens pas avoir entendu ou lu ca. Par contre, il y a bien eu quelques pétages de plombs sur scène, le plus connu étant sans doute celui de septembre 1974 où il s'en prend à la presse trash/people qu'il accuse de le faire passer pour un junkie (voir le CD Desert storm - bootleg)
- Elvis envoyé au service militaire pour éviter une condamnation suite au concert du Russwood Stadium et se racheter aux yeux de l'opinion: pas d'infos là-dessus, mais le fait est qu'il aurait pu se faire dispenser de service militaire et que le colonel a plutôt poussé dans l'autre sens pour assouvir son plan marketing (montrer un Elvis assagi avec une carrière plus orientée familiale dans la décennie suivante).
- Elvis a-t-il vu jouer Arthur Big Boy Crudup dans sa jeunesse à Tupelo ? Peut-être. Pas de véritables infos là-dessus, mais le fait qu'il ait repris trois tubes de Crudup au début de sa carrière montre une influence/fascination certaine pour ce
bluesman plutôt obscur. En tout cas la séquence est réussie.

Conclusion: allez-y, vous allez en prendre plein les yeux (j'avoue, je n'ai pas vu d'autres films de Baz Luhrmann jusqu'à présent, étant plutôt branché naphta). L'ensemble est très réussi, Austin Butler est bluffant, si la ressemblance n'est pas
évidente parfois au début, il devient véritablement Elvis au fil des scènes tant la gestuelle, les mimiques et la manière de
parler sont confondantes. Les reconstitutions historiques sont au millimètre, les recherches hagiographiques sont
au top. Les chansons sont en grande majorité chantées par Elvis (à partir du 68 Comeback Special). Musicalement et scéniquement on est sur le même niveau que le biopic consacré à Ray Charles. Quelques images d'archives sont habilement ajoutées au montage (les images du public à Las Vegas ou les dernières images filmées en concert à Rapid City en 1977 ou encore les images de conclusion). Dramatique, fascinant, émouvant.

Un deuxième visionnage a été nécessaire quelques jours plus tard (toujours en VO, cette fois en Allemagne) pour saisir les détails et les subtilités qu'un unique visionnage ne permet pas de distinguer. Ca reste une vision de la carrière d'Elvis vue par le colonel, ce qui explique que certains aspects soient laissés de côté. Pour voir les aspects manquants, il y a assez de documentaires disponibles sur youtube qui creusent tous les champs possibles et inimaginables.
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Jeremy Fox
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Re: Elvis (Baz Luhrmann - 2022)

Message par Jeremy Fox »

J'y allais sans grand enthousiasme mais au final je souscris totalement à la critique de Profondo Rosso qui ouvre le topic et notamment à ce propos :
Dès que la narration se raccroche au présent, à la musique, à cette alliance entre Elvis le performer et son public ainsi que la réalité qui l’entoure, Luhrmann atteint des sommets. Le concert de bienfaisance où il sème le chaos, le Christmas Special ou encore la première date de résidence à Las Vegas sont des instants où Elvis corseté retrouve la sauvagerie et l’emphase de son identité de rocker, avec une maîtrise de plus en plus grande.
Le reste est très bien mais si l'ensemble avait été de ce niveau (les répétitions à l'International Hotel sont du niveau des séquences de répétitions des Beach Boys dans Love & Mercy) , c'aurait été le top 100 assuré. Quant à Austin Butler, il est époustouflant.
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